chapitre 6
Chapitre 6
La tension dans la salle était presque palpable, un mélange de domination, de crainte et de respect. Chaque visage tourné vers Sienna lui rappelait à quel point elle était étrangère à ce monde. Pourtant, elle savait qu’elle devait tenir bon. Dominic, à ses côtés, irradiait cette assurance froide et inébranlable qui faisait plier les hommes les plus redoutables. Mais il ne la protégeait pas ouvertement. Il ne l’avait pas ramenée ici pour la garder sous son aile ; il l’avait mise au centre d’une arène où chaque regard, chaque sourire dissimulait un poignard potentiel.
Une voix grave brisa le silence : « Alors, c’est elle, la nouvelle reine de l’Alpha. »
L’homme qui venait de parler était grand, imposant, et portait une cicatrice qui traversait sa mâchoire. Son ton était empreint d’ironie, mais il n’y avait rien d’amical dans ses yeux. Dominic ne répondit pas immédiatement. Il tourna lentement la tête vers Sienna, comme pour lui laisser la chance de répondre elle-même.
Elle sentit tous les regards se poser sur elle. Son cœur battait à un rythme affolant, mais elle refusa de détourner les yeux.
— Et vous êtes ? demanda-t-elle finalement, sa voix plus ferme qu’elle ne l’aurait cru possible.
Un ricanement parcourut l’assemblée. L’homme sourit, révélant des dents légèrement pointues, un rappel troublant de sa véritable nature.
— Marco Bellini. Je m’occupe des affaires… discrètes de Dominic.
Elle hocha la tête, essayant de masquer son malaise. Chaque personne présente semblait être une pièce maîtresse dans cet empire criminel qui mélangeait le monde des loups et celui des humains. Des alliances, des trahisons, des secrets. Sienna pouvait presque sentir le poids des intrigues dans l’air.
Dominic prit enfin la parole, sa voix coupant le brouhaha comme un couteau.
— Sienna est sous ma protection. Si quelqu’un a un problème avec elle, il a un problème avec moi.
Les mots étaient simples, mais la menace sous-jacente était claire. Marco sourit, levant les mains en signe de reddition.
— Aucun problème, boss. Juste de la curiosité.
Le reste de la soirée continua dans une étrange danse de conversations et d’observations silencieuses. Sienna apprit rapidement à naviguer dans cet environnement, répondant prudemment, observant davantage. Une femme, Isabella, semblait différente des autres. Plus subtile, plus calculatrice. Ses sourires semblaient sincères, mais ses questions étaient truffées de sous-entendus.
— Vous devez vous sentir un peu perdue dans tout ça, murmura Isabella à un moment donné.
— Peut-être, répondit Sienna, esquivant habilement la remarque.
— Ne vous inquiétez pas, ajouta Isabella avec un sourire. Vous finirez par comprendre comment les choses fonctionnent ici.
Elle n’en doutait pas. Mais avant qu’elle ne puisse s’interroger davantage sur le rôle d’Isabella, une agitation se fit sentir. Dominic se redressa légèrement, ses yeux scrutant la foule avec une intensité nouvelle.
— Qu’est-ce qui se passe ? demanda Sienna, à voix basse.
Il ne répondit pas tout de suite, mais elle vit son corps se tendre, ses instincts prenant le dessus. En un instant, le chaos éclata. Une explosion retentit à l’entrée de la salle, projetant des éclats de verre et de métal dans toutes les directions. Des cris résonnèrent tandis que des silhouettes se précipitaient dans tous les sens.
Sienna sentit une main ferme l’attraper par le bras, la tirant violemment en arrière. Dominic. Sa prise était implacable, mais protectrice.
— Reste derrière moi, ordonna-t-il, sa voix grondant comme un avertissement.
Elle n’eut pas le temps de répondre. Une deuxième détonation secoua le bâtiment, suivie par l’irruption d’hommes armés. Leurs visages étaient masqués, mais leur objectif était clair : elle.
Dominic ne perdit pas une seconde. Son loup, jusque-là contenu, commença à se manifester. Ses yeux brillèrent d’une lumière surnaturelle, et une puissance brute émanait de lui. Il se plaça devant Sienna, utilisant son propre corps comme un bouclier.
— Toi, suis-moi, lança-t-il sans détourner les yeux des intrus.
Elle hésita une fraction de seconde, mais obéit. Ils se déplacèrent rapidement, Dominic éliminant toute menace sur leur passage avec une efficacité glaçante. Elle vit ses griffes percer la chair, sa force surhumaine réduisant les assaillants à néant.
Lorsqu’ils atteignirent une pièce plus isolée, il referma la porte derrière eux, ses yeux toujours brillants d’une rage contenue.
— Qu’est-ce qui vient de se passer ? demanda-t-elle, le souffle court.
— Un avertissement, répondit-il, ses mots tremblants de colère.
— Mais pourquoi moi ?
Il la fixa, et elle sentit qu’il pesait ses mots.
— Parce que tu es un moyen de m’atteindre.
Elle sentit une vague de terreur l’envahir, mais aussi quelque chose d’autre. Une détermination qu’elle ne se connaissait pas.
— Je ne vais pas me laisser utiliser comme une arme contre toi, dit-elle finalement.
Dominic sembla surpris, mais il n’avait pas le temps de répondre. La porte s’ouvrit brusquement, et Marco entra, le visage grave.
— On a besoin de vous, boss.
Dominic hocha la tête, mais avant de sortir, il se tourna vers Sienna.
— Reste ici. Ne bouge pas.
Elle voulut protester, mais il était déjà parti. Le silence qui suivit était assourdissant. Elle s’assit, ses pensées tourbillonnant dans sa tête. Chaque fibre de son être lui disait de fuir, mais elle savait que ce n’était pas une option.
Dominic revint une heure plus tard, son visage sombre et couvert de traces de combat. Il s’arrêta devant elle, la scrutant comme s’il cherchait à s’assurer qu’elle allait bien.
— C’est terminé, dit-il simplement.
Elle hocha la tête, mais quelque chose dans son regard la troubla. Ce n’était pas seulement de la colère ou de la fatigue. C’était une promesse silencieuse.
— Qui étaient-ils ? osa-t-elle demander.
— Des ennemis, répondit-il, laconique. Mais ils ne s’en prendront plus jamais à toi.
Le ton de sa voix ne laissait aucune place au doute.
— Et toi, qu’est-ce que tu vas faire maintenant ?
Dominic se pencha légèrement, son visage à quelques centimètres du sien.
— Protéger ce qui est à moi.
Ces mots résonnèrent en elle avec une intensité qu’elle ne comprenait pas encore tout à fait. Pour la première fois, elle sentit qu’il ne s’agissait pas seulement d’un arrangement ou d’un contrat. C’était quelque chose de bien plus grand, de bien plus dangereux.
