chapitre 5
Chapitre 5
Les journées passaient avec une monotonie oppressante, chaque moment pesant davantage sur Sienna. Le manoir Valenti, bien que magnifique, était une prison déguisée. Les couloirs semblaient sans fin, les portes fermées comme pour dissimuler des secrets qu’elle n’était pas autorisée à découvrir. Chaque employé, chaque garde, agissait avec une rigidité presque mécanique, comme s’ils avaient peur que la moindre erreur les expose à la colère de Dominic.
Elle se heurta rapidement aux règles strictes de la maison. Tout mouvement devait être signalé, toute demande devait passer par Alessio ou un des intendants. Même ses repas étaient surveillés. Cette surveillance constante la mettait sur les nerfs, renforçant la sensation qu’elle était une intruse.
Un après-midi, alors qu’elle descendait l’escalier principal, un garde s’interposa brusquement sur son chemin.
— Vous ne pouvez pas aller dans cette aile du manoir, Madame, déclara-t-il d’un ton neutre, mais ferme.
— Cette maison est aussi la mienne maintenant, non ? répondit-elle sèchement. Alors pourquoi ai-je l’impression d’être une invitée non désirée ?
Le garde ne répondit pas, se contentant de rester immobile. Frustrée, elle tourna les talons, mais son sang bouillonnait. Ce mariage n’était rien de plus qu’un arrangement, elle le savait. Mais la froideur de cet environnement la poussait au bord de l’explosion.
Plus tard dans la soirée, alors qu’elle dînait seule dans la grande salle, Dominic fit une entrée silencieuse. Son regard perçant se posa sur elle, et pendant un instant, elle crut y voir une ombre d’émotion, peut-être de la fatigue. Mais l’illusion s’évapora rapidement lorsqu’il prit la parole.
— Tu n’as pas besoin d’explorer chaque recoin du manoir, déclara-t-il en s’asseyant à l’autre bout de la table. Certaines choses ne te concernent pas.
Elle posa sa fourchette avec un bruit sec, le défiant du regard.
— Peut-être que si tu me traitais comme un être humain au lieu d’un problème à contenir, je n’aurais pas besoin d’aller chercher des réponses par moi-même.
Il esquissa un sourire glacé, mais ses yeux brillaient d’un avertissement.
— Ce n’est pas une question de traitement, Sienna. C’est une question de survie. Il y a des choses ici qui pourraient te détruire si tu mets le nez où tu ne devrais pas.
Elle se redressa, croisant les bras.
— Tu parles toujours en énigmes, Dominic. Tu t’attends à ce que j’accepte tout sans poser de questions, mais tu ne fais rien pour mériter ma confiance.
Il se leva, sa chaise raclant le sol avec un bruit sourd.
— La confiance est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre, répliqua-t-il froidement. Si tu veux rester en vie, apprends à suivre les règles.
Elle sentit la colère monter en elle, mais il quitta la pièce avant qu’elle ne puisse répliquer. Chaque interaction avec lui ressemblait à une bataille, et elle en sortait toujours épuisée.
Plus tard cette nuit-là, alors que le manoir sombrait dans le silence, elle décida d’ignorer les interdictions. Si Dominic pensait qu’il pouvait la contrôler par des menaces voilées, il se trompait. Elle se faufila dans les couloirs, son cœur battant à tout rompre.
Après plusieurs minutes d’exploration, elle trouva une porte entrouverte. À l’intérieur, une bibliothèque immense s’étalait devant elle, les étagères regorgeant de livres anciens et de documents. Mais ce qui attira son attention fut un bureau en bois massif, sur lequel était posé un journal.
Curieuse, elle s’approcha et ouvrit la première page. Les mots étaient écrits d’une main ferme mais pressée, presque désespérée. Ce n’était pas un simple journal ; c’était un exutoire pour quelqu’un tourmenté.
Elle lut quelques lignes, son souffle se coupant à mesure qu’elle avançait. Les passages parlaient de pouvoir, de sacrifices, mais aussi d’une malédiction. Les mots étaient entrecoupés de notes cryptiques, mentionnant des noms qu’elle ne reconnaissait pas et des événements qui semblaient liés à des luttes internes au sein de la meute.
Avant qu’elle ne puisse continuer, une voix glaciale retentit derrière elle.
— Tu joues avec le feu, Sienna.
Elle se retourna brusquement, son cœur manquant un battement. Dominic se tenait dans l’ombre, son visage partiellement illuminé par la faible lumière. Il s’avança lentement, sa présence remplissant la pièce.
— Ce journal n’est pas pour toi, dit-il en s’approchant.
Elle serra le livre contre elle, refusant de céder.
— Si tu as tant de secrets, peut-être que tu devrais commencer à les partager. Tu ne peux pas m’enfermer ici sans explications !
Il tendit la main, son expression impassible, mais ses yeux trahissaient une tension.
— Donne-le-moi.
Elle hésita, mais son instinct lui disait qu’elle ne gagnerait pas cette bataille. Reluctante, elle lui tendit le journal. Dominic le prit sans un mot, le refermant avec une précision presque rituelle.
— Si tu veux des réponses, apprends à poser les bonnes questions au bon moment, dit-il en rangeant le livre dans un tiroir qu’il verrouilla.
Elle le regarda avec défi, mais il se détourna, laissant la pièce sans un mot de plus. Seule, Sienna sentit un mélange de frustration et de curiosité grandir en elle. Ce journal était une pièce du puzzle, et elle était déterminée à découvrir ce que Dominic essayait de cacher, peu importe le prix.
