Chapitre 5
Elle raccrocha l’appel et fixa sa fille.
– Pourquoi cette mine ?
– Maman, pourquoi es-tu allée chez Jo sans mon consentement ?
Déposant calmement son téléphone, la mère ne répondit aucun mot.
– Maman, c’est bien à toi que je parle ! Pourquoi es-tu allée chez Jo sans mon consentement ?
– Parce que je n’ai pas besoin de ton consentement pour agir.
– Vraiment ? Oh, maman, tu me déçois ! Je t’aimais bien mais actuellement, je ne t’aime plus !
– Quel qu’en soit le degré de ton amour à ma personne, le degré du mien ne changera jamais. Je t’aime et je continuerai toujours à t’aimer. Aujourd’hui, tu ne comprends pas la cause pour laquelle je te défends ce mariage. Je ne vais pas attendre que le pire t’arrive. Je ferai tout ce qu’il faut pour que votre union ne soit pas effective.
Exaucée, se gardant silencieuse pendant quelques secondes, s’explosa en larmes.
La mère, très touchée, se leva et s’approcha de sa fille bien-aimée et tant aimée. Elle l’attrapa contre sa poitrine et la serra contre elle. Dans ses oreilles, elle murmura : « Ma chérie, je ne veux pas que tu souffres ».
Se retirant légèrement de sa mère, la jeune fille malheureuse répondit à son tour : « Maman, je te jure que Josaphat m’aime ».
– Il ne me fera pas souffrir, ajouta-t-elle. Depuis quelques mois que nous nous sommes rencontrés, il m’a tout le temps prouvé son amour. Auprès de lui, je me sens en sécurité. Il est l’homme que j’aime. Je ne peux aimer personne d’autre comme lui. C’est pour cela que je voudrais que tu acceptes notre union, maman. Tu es la seule personne qui peut me soutenir. Ne sois pas l’objet de mes pleurs, je t’en supplie.
Ginette, compatissant aux douleurs de sa fille, laissa échapper de son œil gauche, une larme tiède.
– Ma fille, ce n’est pas ce que tu penses. Je veux que tu sois heureuse. Une fois encore, permets-moi de te dire que ton bonheur n’est pas avec ce jeune homme. Mais si tu ne veux pas m’écouter, je peux te laisser aller jusqu’au bout. Mais une chose : Ne reviens pas pleurer dans ma chambre.
La jeune étudiante, faisant confiance à son mec, promit à sa mère que ce moment malheureux ne viendra jamais sur son chemin.
– D’accord ! À partir d’aujourd’hui, je ne suis plus contre votre relation. Si tu trouves que ton bonheur est avec ce jeune homme, alors, je vous laisse aller jusqu’au bout.
La mère, avec le pan de son pagne, essuya les larmes des yeux de sa fille.
– Calme-toi, je ne vais plus te rendre triste, c’est promis, d’accord ?
– D’accord, maman ! Merci pour tout !
– Je t’en prie. Et une chose, ce n’est pas ta copine qui m’a indiqué la maison de Josaphat. J’ai appliqué la règle qu’une mère qui voudrait voir son enfant heureux doit appliquer. Donc, Clarisse n’en est pour rien.
– D’accord, c’est entendu !
La mère, calmement, s’est dirigée vers les escaliers.
***
Quelques jours plus tard.
Josaphat, cet après-midi, écoutait de la musique sur son téléphone quand quelqu’un bougea le rideau.
Il se redressa et tout sourire, accueillit la nouvelle venue.
– Tu aimes trop la musique, Jo !
– C’est une très belle remarque que tu as faite. J’ai une passion pour la musique.
– Mais c’est bien ! Deviens alors un artiste chanteur !
– Ma chérie Ex, tu ne me croiras pas. J’ai plein de lyrics actuellement. Oui, je vais de temps en temps en studio pour aller faire des enregistrements. C’est seulement les moyens qui me manquent. Mais je sais qu’un jour, je réaliserai ce rêve. Un jour, je me placerai devant un peuple, sur un grand podium, micro en main, en train de chanter pour la nation.
Exaucée, émerveillée par les paroles de son compagnon, souriait silencieusement.
– Puisse le Seigneur t’aider dans tes rêves, murmura-t-elle.
– Amen !
– Je compte sur toi ! Je sais que tu as un talent caché. Continue d’écrire tes chansons et sois sûr qu’un jour, tu réaliseras ton rêve.
– Merci pour l’encouragement. Je sais que le trajet sera long mais un jour, je dis bien, un jour, j’arriverai à la destination !
– Ainsi soit-il au nom de Jésus !
– Amen !
Josaphat, saisissant son téléphone, lança la lecture d’une belle musique ; une musique au cours de laquelle, sa visiteuse n’entendait seulement que sa voix et les instruments de musique.
– Nonnnn, ce n’est pas vrai ! Tu chantes comme ça ? Oh, non non non ! Et que vas-tu chercher encore sur le campus ?
– Ma chérie, le temps n’est pas bon ! Dans cette génération, personne ne veut épauler l’autre. J’ai plus de vingt mélodies composées…
– Quoi ? Ce n’est pas vrai ! Mais c’est énorme !
– Merci !
– Ah, non, là, il faut que je t’aide !
– Vraiment ?
– Bien sûr ! Quelle femme ne serait pas heureuse de voir son mari devenir une grande célébrité ! Combien va coûter la sortie d’un album ?
– C’est énorme !
– Ne me sous-estime pas, Jo ! Ma mère est énormément riche. Elle a beaucoup d’argent en compte. Pourquoi ne pas lui en demander ?!
– Oh, je t’en serai très reconnaissant !
– Écoute, ton succès fera ma fierté ! Alors, renseigne-toi de combien ça va coûter et reviens-moi.
– Il n’y a pas de problème !
– Bien ! Il faut que je rentre ! J’ai été de passage afin de passer quelques moments avec toi.
– Oh, merci beaucoup ! J’aime ta présence !
– Moi aussi ! Allez, va manger vite ton repas avant qu’il ne se refroidisse.
– Je le ferai en même temps.
– Merci ! À très vite !
La jeune fille se dirigea vers la sortie, sac calé dans le dos.
***
Ce soir-là, Clarisse était au salon, manipulant son ordinateur quand une voix masculine a appelé son prénom.
– Oui, papa, a-t-elle répondu en mettant une pause à son devoir.
– J’espère que tu ne rencontres pas de difficultés dans les cours !
– Aucune, papa !
– Je suis fier de toi. Bientôt, c’est la fin de toutes ces souffrances.
– C’est vrai, merci papa.
– Toute souffrance a toujours une fin et les fins sont toujours radieuses.
– Merci papa !
Pendant ce moment où père et fille s’entretenaient, Exaucée, attablée avec sa mère, la petite famille partageait le repas du soir.
Exaucée avait la tête dans son assiette quand elle entendit la voix de sa mère l’interpeller.
– Oui maman, répondit-elle en levant la tête à l’adresse de sa mère.
– Après ta soutenance, je prévois t’envoyer en France, auprès de ta tante pour une expérience professionnelle de deux ans, tu en penses quoi ?
Au lieu d’une réponse, la jeune fille garda spontanément son silence avant de pousser un soupir de désolation.
– Ne te plaît-il pas ?
– Non, ça ne me plaît pas !
– Vraiment ? Il y a pourtant quelques mois tu disais que tu rêvais voyager un jour en France !
– C’est vrai, maman ! Mais actuellement, ce rêve n’est plus d’actualité.
La mère, silencieuse, observa sa fille pendant une quinzaine de seconde avant de reprendre sa cuillère.
– Je sais pourquoi tu ne veux plus réaliser ce rêve de voyage !
– C’est vrai, c’est à cause de Josaphat ; je ne peux pas rester loin de lui. Il est le souffle de ma vie.
– Que le Seigneur soit avec toi.
– Amen, merci ma…
La jeune fille n’avait pas encore fini de parler quand son téléphone portable s’est mis aussitôt à sonner.
– Maman, excuse-moi, je vais dans ma chambre…
– Désolée, tu peux rester parce que moi, je vais sous la douche.
Ceci dit, maman Exaucée se leva et se dirigea vers les escaliers. Exaucée, au lieu de décrocher, raccrocha et composa de nouveau le numéro. En quelques secondes seulement, le correspondant décrocha.
– Oui, comment vas-tu, Jo ?
– Je vais bien, merci, et toi ?
– Je vais très bien ! J’ai vu ton appel.
– C’est vrai, c’est pour te dire que je me suis renseigné sur le coût de la sortie d’un…
– Oui, je t’écoute !
– Comme je te l’avais dit, ça demande beaucoup d’argent.
– Oui, vas-y !
– Neuf cent cinquante mille.
– Ah, c’est vrai ; c’est vraiment énorme ! Mais ne t’inquiète pas, je vais gérer ça. On aura cet argent au plus tard demain.
