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chapitre 2

Chapitre 2

Mathilda n’avait pas cessé de penser à lui depuis cette fameuse soirée. Il occupait ses pensées d’une manière à la fois dérangeante et fascinante. Elle avait fait des recherches discrètes pour découvrir qui il était, s’étonnant de la simplicité de sa vie en comparaison avec la sienne. Nicolas occupait un poste dans une entreprise modeste, à mille lieues des cercles prestigieux qu’elle fréquentait habituellement. Ce contraste l’intriguait encore plus, renforçant ce besoin étrange de le comprendre.

En feuilletant les notes de son assistant, elle eut une idée : un projet de mécénat. Ce serait une excuse parfaite pour le revoir. Elle savait que sa fondation cherchait à élargir ses actions en soutenant des entreprises locales, et celle où Nicolas travaillait correspondait parfaitement. Elle pourrait l’approcher, lui proposer une collaboration, tout en observant son comportement.

Lorsqu’elle franchit la porte de l’entreprise, elle ressentit une vague de nervosité inhabituelle. L’endroit était modeste, presque spartiate, très loin des bâtiments de verre et d’acier auxquels elle était habituée. Elle passa une main dans ses cheveux, réajusta son sac, et s’avança dans le hall.

Nicolas l’attendait près de la réception, l’air légèrement surpris, mais il garda cette expression impassible qui l’avait tant déstabilisée. Il lui fit un signe de la tête en guise de salut, l’invitant à le suivre dans une salle de réunion plus en retrait. Elle remarqua son regard, froid et attentif, comme s’il essayait de deviner ce qu’elle faisait ici.

Une fois la porte fermée, il croisa les bras, l’observant sans cacher sa méfiance. « Je suis surpris de vous voir ici, Mathilda. Dites-moi, quel hasard vous amène dans un endroit si… éloigné de vos habitudes ? »

Elle lui sourit avec assurance, dissimulant parfaitement la petite pointe d’appréhension qui montait en elle. « Disons que je suis une femme qui aime surprendre. Vous travaillez ici, et je trouvais que cet endroit mériterait un coup de pouce. Ma fondation pourrait peut-être soutenir certains de vos projets, si cela vous intéresse. »

Il haussa un sourcil, visiblement peu convaincu. « Vraiment ? Vous croyez que notre modeste entreprise attire soudainement l’attention d’une femme comme vous ? » Ses mots étaient presque ironiques, teintés d’un scepticisme qu’elle trouvait à la fois frustrant et intriguant.

Elle garda son sourire, déterminée à rester calme face à son attitude défiante. « Les grandes fortunes, Nicolas, ne se construisent pas uniquement en investissant dans ce qui brille déjà. Parfois, il faut savoir regarder là où les autres ne voient rien. Je pensais que c’était quelque chose que vous pourriez comprendre. »

Il émit un léger rire, sans chaleur. « Permettez-moi d’en douter. Vous n’êtes pas venue ici par pur altruisme, Mathilda. Alors, pourquoi ne pas être honnête ? »

Ses yeux le défièrent, piqués par sa remarque. « Et vous, Nicolas ? Pourquoi cette réticence à accepter une opportunité ? Peut-être que votre fierté vous empêche de voir les possibilités. »

Ils se fixèrent en silence, le poids de leur confrontation suspendu dans l’air. Nicolas soupira finalement, comme s’il abandonnait une bataille intérieure, et s’adossa à la table de la salle de réunion, observant Mathilda avec une expression indéchiffrable.

« Très bien. Imaginons que j’accepte de croire à vos bonnes intentions, » dit-il en croisant les bras. « Qu’est-ce que vous attendez de moi ? »

Elle prit une inspiration, soulagée de sentir une petite ouverture. « Rien d’extraordinaire. Je voudrais simplement qu’on étudie ensemble ce que ma fondation pourrait apporter ici. Peut-être même que nous pourrions collaborer sur un projet qui mettrait en valeur le savoir-faire de votre entreprise. »

Il la dévisagea un moment, semblant peser ses mots, puis finit par acquiescer. « D’accord. Mais je préfère être clair dès le départ : je ne suis pas du genre à m’engager dans des jeux. Si votre intention est simplement de jouer à la bienfaitrice sans réelle implication, vous pouvez économiser votre temps. »

Elle retint un sourire amusé, ravie de le voir enfin mordre à l’hameçon. « Vous verrez que je ne suis pas ici pour perdre mon temps, Nicolas. Donnez-moi une chance de vous prouver que j’ai des intentions sérieuses. »

Ils discutèrent un moment des détails, du type de projets qui pourraient être envisagés, de la manière dont sa fondation pourrait s’impliquer. Mais chaque mot échangé entre eux restait tendu, chargé de sous-entendus qu’ils semblaient seuls à comprendre.

À la fin de leur conversation, il la raccompagna jusqu’à la sortie, gardant toujours cette distance froide qui le caractérisait. Pourtant, Mathilda perçut un léger changement dans son regard, une curiosité peut-être, un fragment de confiance en devenir.

« Bien, je suppose qu’on va se revoir, alors, » dit-elle en lui tendant la main. Il la serra, mais sa poigne était ferme, presque possessive, comme s’il voulait lui rappeler qu’elle ne le dominerait pas aussi facilement.

« À bientôt, Mathilda, » murmura-t-il. « J’ai hâte de voir si vous êtes aussi déterminée que vous le prétendez. »

Sur le chemin du retour, elle sentit un sourire se dessiner sur ses lèvres, malgré elle. La façon dont il l’avait mise au défi, cette méfiance qu’il lui opposait… Elle n’avait jamais rencontré un homme qui lui tenait tête de cette manière, et elle aimait ça.

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