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Chapitre 4

La nuit était obscure et très profonde. Tout était calme. Les rues étaient désertes. Certes, il y avait bien sûr quelques noctambules qui roulaient.

La cour de la maison des Sabi dormait. Tout était calme. Abiba, dans sa chambre, dormait paisiblement quand tout à coup, le mur du côté de son lit se fendit en deux, laissant pénétrer une silhouette habillée en noir.

– Ha ha ha ha ha ! ricanait la silhouette de toutes ses forces.

Le mur, étant toujours fendu, laissant pénétrer une nouvelle silhouette. Comme la première, celle-ci aussi se mit à ricaner de toutes ses forces. Du même endroit, pénétrèrent cinq autres silhouettes.

Doucement, le mur se referma et reprit sa forme normale et habituelle.

Les sept ombres, ensemble, se dirigèrent vers la jeune femme domestique qui dormait calmement dans son lit. Ensemble, elles se mirent à rire de toutes leurs forces. Parmi les sept ombres, il y avait cinq femmes et deux hommes, tous tenant dans leurs mains respectives, des chicottes.

– Voici la maudite qui refuse de me céder la cour afin que j’accomplisse ma mission, dit une voix féminine.

– Ha ha ha ha ! Elle a osé s’entêter ? questionna une voix grave.

– Oui, c’est ce qu’elle a fait ! répondit la même voix féminine.

– Appelons son âme et amusons-nous avec elle, ordonna la voix grave.

Sur ce, l’un parmi les hommes commença à réciter des incantations ; une sorte de parole qui ne dura quelques secondes seulement et soudain, quelque chose d’extraordinaire se leva calmement du corps de la dormeuse et s’assit à côté d’elle.

– Mets-toi ici, imbécile, ordonna l’homme au torse nu.

L’âme obéit et se positionna au milieu des ombres noires.

– Mets-toi à genoux ! ordonna quelqu’un d’autre.

L’âme obéit et se mit à genoux. Chacun, levant sa main droite en l’air avec sa chicote, commença à fouetter l’âme à genoux. Celle-ci était tellement encerclée qu’elle ne pouvait pas bouger et fuir. Les sept ombres la frappaient de toutes leurs forces et elle s’étirait. Dans le lit, le corps d’Abiba tournait dans tous les sens. Pendant qu’on fouettait son âme, elle sentait les douleurs et gesticulait dans tous les sens.

Pendant longtemps, on l’a frappée. L’ombre détenant la voix grave appela quelqu’un et lui dit : « Va m’apporter un peu de notre viande d’aujourd’hui ».

L’adressé, sans un mot, disparut et revint encore immédiatement avec une chair dans la main.

– Remets-lui ça, elle va manger.

L’ordonné tendit la chair à l’âme d’Abiba. L’âme, sans volonté aucune, tendit la main et attrapa la viande. Sous l’ordre de l’ombre à la voix grave, elle mit la viande dans la bouche et commença à la mastiquer.

– C’est le poison qui va pourrir ta vie, ordonna-t-elle.

Ses accompagnateurs, émergés de joie, se mirent à rire à gorge déployée.

– Maintenant, retourne-toi dans ton corps, ordonna la voix grave.

Doucement, l’âme se leva et alla s’asseoir à côté du corps couché dans le lit. En moins de quelques secondes seulement, elle pénétra dans le corps.

Continuant de rire, la cheffe d’équipe parla au mur et celui-ci ne tarda pas à se diviser en deux, laissant de passage. À tour de rôle, chacun commença par sortir, s’en allant.

***

C’était dimanche, jour de repos de presque toute la maisonnée.

Le soleil, s’élevant dans le ciel, dardait ses rayons partout ; dans les rues comme dans les cours des maisons.

Chancelle, l’aînée de la famille des Sabi, ne voyant pas les signes de la domestique depuis l’aube, demanda à sa mère si elle l’avait envoyée quelque part.

– Comment ? demanda la mère, je ne l’ai envoyée nulle part.

– Comment ça ? reprit la jeune fille, très surprise ; je ne la vois pas depuis qu’on est au salon !

La jeune fille se leva et se dirigea vers les escaliers.

– Un instant, j’irai la voir dans sa chambre.

Celle-ci marcha jusqu’à arriver vers les escaliers. Doucement, elle commença à les monter un à un jusqu’à arriver devant la porte de la chambre de la domestique. Poussant la porte, elle pénétra dans sa chambre et se dirigea vers le lit d’Abiba. Celle-ci, couchée dans le lit, continuait de dormir. La nouvelle venue, se courbant sur elle, commença à la réveiller. Elle lui donnait de petits coups mais malheureusement, la dormeuse ne se réveillait pas. Prise de peur, elle se dirigea à son chevet pour voir l’expression de son visage. Là, Chancelle aperçut une grande quantité de salive et de morve en-dessous de la tête de leur domestique. Apeurée, elle s’accourut vers la sortie pour aller appeler la famille. En moins de quelques secondes, la chambre d’Abiba fut remplie par tous les membres de la famille. Parmi ceux-ci, seul Gaston, le maître de la famille, eut le courage de s’approcher d’Abiba. Les sourcils froncés, il observa sa domestique pendant quelques secondes avant de baisser sa tête sur sa poitrine. Prêtant attention au battement de son cœur, papa chancelle se mit à secouer la tête. Ses enfants et son épouse, debout à quarantaine, l’observaient, le cœur chaviré.

L’homme quitta la chambre, désespéré, avec le visage rempli de larmes. De l’expression de son visage, tout le monde comprenait ainsi déjà la raison de cette expression. Un à un, chacun commença à regagner la porte, le cœur triste.

***

Quelques jours plus tard.

Il sonnait sept heures quand la sonnerie du salon des Sabi retentit. Juliette, la cadette de la famille, essuyant les carreaux sous la véranda, se précipita vers la cour et alla ouvrir. Devant le portail, se tenait debout une jeune fille, décemment habillée, tenant dans sa main droite, un sac à main.

– Bonjour mademoiselle, fit l’étrangère, comment allez-vous ?

– Je vais bien, tata ! Et vous ?

– Je vais bien ! Excusez-moi beaucoup pour le dérangement, est-ce que maman est là ?

– Oui, voudriez-vous la voir s’il vous plaît ?

– Oui, oui, je voudrais la voir si vous me le permettez !

– D’accord, entrez ! Mais actuellement, elle est sous la douche, en train de se laver.

– Il n’y a pas de souci, mademoiselle ! Je peux l’attendre si cela ne vous dérange pas.

– D’accord, venez avec moi, dit Juliette en rabattant le portail et en se mettant devant la nouvelle venue.

Les deux jeunes femmes marchèrent jusqu’à arriver à la salle d’attente.

– Asseyez-vous ici, tata ! Le temps que j’aille dire à maman qu’elle a de la visite.

– D’accord, merci beaucoup.

Juliette, marchant vers l’entrée, abandonna l’étrangère au bout de quelques secondes. Cette dernière, scrutant toute la maison, s’impatientait du retour de celle qui l’a reçue.

Quelques minutes plus tard, revint la jeune fille à la taille élancée.

– Maman me charge de vous dire qu’elle vient dans quelques minutes.

– Merci beaucoup, mademoiselle !

– Je vous en prie.

Juliette retourna à son devoir. S’inclinant, elle continua le nettoyage des carreaux quand tout à coup, la porte du salon claqua et s’ouvrit sur une géante femme.

L’étrangère, s’agenouillant, présenta ses civilités à madame Sabi.

– Bonne arrivée jeune femme ! Comment vas-tu ?

– Je vais très bien, maman ! Je m’excuse beaucoup pour le dérangement…

– Oh, ne t’inquiète pas ! Est-ce pour un souci que tu es venue matinalement dans la cour de ma maison ?

La questionnée baissa la tête et secouant la tête d’un air triste, poussa un long soupir.

– C’est à cause des situations de la vie, commença-t-elle. Je travaillais dans une grande entreprise et j’étais bien payée. Il y a quelques semaines seulement, notre entreprise est tombée à l’eau, nous plongeant au chômage. Et puisque je ne suis pas une femme du genre à espérer le bonheur en fixant mon regard vers le ciel, je me suis donné le plaisir de chercher un petit job. Ce matin, en passant, une voix intérieure m’a dit de m’approcher de vous, vous auriez peut-être besoin d’une domestique. Et très souvent, mon intuition ne me trompe jamais. Je ne sais pas si c’est aujourd’hui qu’elle veut me tromper pour la première fois. Sinon, si vous avez effectivement besoin d’une domestique, je vous en prie, chère maman, veuillez agréer ma demande, je vous en supplie. Sinon, j’ai ma mère que je dois nourrir. Même si c’est dix mille francs le mois, je pourrai l’aider à trouver de quoi rompre sa faim.

Les paroles de l’étrangère étaient si touchantes que madame Sabi, les écoutant, avait eu la chair de poule.

– D’accord, dit-elle, je t’ai comprise. Toi-même, où est-ce que tu habites ?

– Je suis à deux kilomètres d’ici. On m’appelle Abèni. Je suis orpheline de père depuis ma naissance. Ma mère a fait de son mieux pour m’élever. Actuellement, elle a déjà un âge avancé et il est temps que je la récompense pour tout ce qu’elle a fait pour moi. C’est grâce au salaire de l’autre entreprise qu’on se débrouillait mais puisque ça ne va plus, il me faut chercher mieux ailleurs en attendant.

Madame Sabi, prêtant minutieusement attention à la visiteuse, l’écoutait religieusement.

– D’accord ! dit-elle, je t’ai écoutée. Nous sommes effectivement dans le besoin d’une domestique pour bien s’occuper de notre maison. On en avait une mais malheureusement, personne ne sait ce qui lui est arrivé et elle a rencontré la mort…

– Oh, Seigneur ! Elle est tombée malade ?

– Aucunement ! On s’est levé un matin seulement et c’est son corps sans vie que nous avons vue dans son lit. On l’a enterrée il y a quelques jours seulement.

– Oh, que la terre lui soit légère…

– Amen ! Donc avec cette dernière, je ne parle jamais beaucoup. Elle sait quand et comment il faut faire les choses. Sinon, la plupart des domestiques, elles sont souvent têtues et c’est ce qui n’est pas bien qu’elles font. Mais si tu es sûre que tu pourras faire le travail sans qu’il n’y ait de reproches comme Abiba en a l’habitude de le faire, qui suis-je pour refuser ton aide !

– Merci maman, soyez richement bénie.

– Amen ! Alors, dis, as-tu un mec ?

– Oh, non ! Voudriez-vous le voir ?

– Non ! Parce que je n’aime pas les domestiques qui ont de mec. Parce que la plupart de ces genres de domestiques ne respectent pas et très souvent, elles demandent de temps en temps de jours de repos.

– Oh, je vous comprends ! Je n’ai pas de mec. J’en avais mais actuellement, nous nous sommes séparés.

– D’accord ! Voici ce que nous allons faire. Je suis déjà en retard pour la boutique. Tu vas rentrer et revenir mardi Aujourd’hui, nous sommes vendredi. Donc dans quatre jours. Avant de te prendre chez moi, il faut que j’aille connaître chez toi.

– Il n’y a pas de problème, maman !

– Quant au salaire, je payais trente-cinq mille francs à Abiba. C’est exactement ce que je te paierai…

– Oh, merci maman ! Soyez bénie abondamment !

– Amen ! Si telle que te trouve gentille et polie, tu continues ainsi, toi et moi serons de bonnes amies. Parce que j’aime les gens qui sont très gentils.

– Oh, maman, c’est ma nature ! Même dans notre entreprise, c’est comme ça tout le monde m’apprécie. C’est ma nature qui est ainsi faite.

– Là, c’est très bien ! On sera de bonnes amies. Pourquoi ne pas te confier mes secrets si possibles !

– Et je vous promets que vous n’allez jamais le regretter !

– Ça me va droit au cœur ! Mademoiselle Abèni, merci pour ta visite et ne manque pas de repasser le mardi prochain.

– Je n’y manquerai pas !

L’étrangère se leva et une fois encore, s’inclina pour souhaiter ses adieux à son hôtesse. Madame Sabi, tout sourire, lui souhaita au revoir.

– Merci maman ! Pour cette journée, je vous souhaite une très bonne journée de vente.

– Amen et merci beaucoup !

N’ayant personne dans la cour, madame Sabi achemina la jeune fille jusqu’à la porte !

– Allez, bye ! dit-elle en refermant le portail.

De retour dans la chambre, elle s’approcha de son mari à qui elle dit, l’air gai et enthousiaste : « Nous avons une nouvelle domestique ; une domestique plus respectueuse et plus gentille qu’Abiba ».

Maître Sabi, sans mot, continua de serrer sa cravate.

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