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Chapitre 3

Ring ! Ring ! Ring !

La sonnerie venait de retentir. Abiba, domestique des Sabi, se pressa de la chambre vers la cour pour aller ouvrir. À peine qu’elle ouvrit, elle fit face à une jeune fille au teint clair et d’une taille bien élancée.

– Bonjour demoiselle, que puis-je pour vous s’il vous plaît ?

– Bonjour ! Excusez-moi pour le dérangement.

– Je vous en prie !

– Je recherche la maison d’une certaine femme. C’est une femme un peu grosse. Elle dispose d’une voiture. Elle est mère de quatre enfants si je ne me trompe pas…

– A-t-elle des cicatrices sur le visage ?

– Oh, non !

– C’est ici !

– Merci ! Alors, est-elle là ?

– Non, elle est allée à la boutique.

– Oh, c’est une commerçante ?

– Oui !

– Ah, d’accord ! Et vous, êtes-vous sa fille ?

– Sa domestique.

– Oh, je vois ! Y a-t-il quelqu’un à l’intérieur ?

– Non, je suis seule à la maison parce que le patron est allé en voyage. Il sera de retour dans quatre jours.

– Ah, je vois ! En fait, je suis venue pour une doléance. Je pensais voir madame elle-même ou le patron pour lui en parler. Mais vu que personne d’entre eux n’est là, je préfère t’en parler.

– Je vous écoute !

– Merci ! Je suis à la recherche d’un boulot.

La domestique, calée contre le portail, secoua la tête.

– Désolée, mademoiselle ! Il n’y a pas de travail dans cette maison.

Les deux femmes parlaient encore lorsqu’arriva un monsieur ; c’était le gardien.

– Mademoiselle Abiba, appela ce dernier, je suis de retour.

– Ah d’accord, bonne arrivée.

– Merci !

La visiteuse, se penchant, salua l’homme venu. L’autre répondit d’un « Bonne arrivée » avant de se diriger dans la cour.

– Donc comme je vous le disais, mademoiselle, il n’y a pas de travail dans la maison. Chaque tâche est déjà occupée par le gardien et moi.

La visiteuse, observant tout autour d’elle, ne bronchait mot.

– Mademoiselle, j’ai abandonné de la nourriture sur le feu, ajouta Abiba au bout de quelques secondes de silence.

– D’accord, je vais partir. Je reviendrai peut-être la prochaine fois…

– Si serait-ce pour le même but, je pense que votre visite sera vaine parce que ni madame ni monsieur, personne ne veut d’employée.

Ceci dit, Abiba poussa le portail et pénétra dans la cour. La visiteuse, quant à elle, resta debout, là, pendant quelques secondes et prit une direction.

Abiba, ayant traversé la cour de la maison à la hâte après avoir rabattu le portail, traversa le salon, dévala les escaliers et se rendit à la cuisine. À sa grande stupéfaction, elle aperçut une jeune fille en train de frotter à l’éponge, les assiettes qu’elle avait rassemblées et dont elle estimait laver dans les prochaines minutes. Abiba, tiquée de peur, se retira subitement en arrière avant de s’arrêter. Reconnaissant le visage de la jeune fille, elle lui demanda : « Par où avez-vous pris pour entrer dans la chambre ? ».

La questionnée, se concentrant sur sa besogne, ne broncha mot.

– C’est à vous que je parle ! répéta-t-elle.

L’autre, continuant le travail, ne tourna guère son regard pour l’observer. Dans son entrain, elle répondit : « Peux-tu arrêter de me gronder s’il te plaît ? »

– Je ne te gronde pas, mademoiselle ! Je demande comment est-ce que tu as fait pour te retrouver ici ?

Ce fut en ce moment que l’intruse tourna son regard pour fixer la domestique de la maison. Un sourire muet autour des lèvres, elle lui répondit : « N’est-ce pas toi qui as dit qu’il n’y a pas de tâches dans la maison ? »

– Et c’est pourtant vrai ! C’est moi qui m’occupe de ces devoirs !

– D’accord, c’est compris ! Permets que je t’aide !

– M’aider ? s’enquit la domestique, le cœur battant.

Apeurée, elle se dirigea vers sa compagne et restant un peu à l’écart d’elle, lui lança : « Par quelle magie es-tu arrivée jusqu’ici ? »

– Je t’ai devancée, c’est toi qui ne m’as pas vue…

– Mensonge !

– Arrête de me traiter de menteuse sinon, ça va chauffer ici, maintenant, et tout de suite !

Trouvant cette phrase menaçante, Abiba se retourna dans la cour, en courant pour aller appeler le gardien.

– S’il te plaît, dit-elle, il se passe quelque chose que je ne comprends pas, dit-elle.

– Comme quoi ?

– La jeune fille avec qui tu m’as vue tout à l’heure, à mon entrée à la cuisine, je l’ai vue en train de laver les assiettes…

– Ce n’est pas vrai ! Tu étais pourtant la seule à marcher par ici tout à l’heure n’est-ce pas ?

– C’est ce qui m’étonne aussi ! Elle est là, au lavabo, lavant les assiettes.

– C’est quel mensonge cette parole. Allons je vais voir.

Le gardien, se penchant, attrapa son coupe-coupe et se mit à la suite de la jeune fille. Les deux marchèrent jusqu’à arriver dans la cuisine où travaillait une jeune fille. Mais à leur grande surprise, il n’y avait personne dans la cuisine. Abiba, entrouvrant la bouche, observa partout, le cœur submergé de peur.

– C’est pourtant ici que je l’ai abandonnée !

– Et où est-elle ?

Un silence naquit aussitôt.

– Peut-être que c’est une erreur !

– Quelle erreur ? demanda Abiba, le cœur meurtri. Je l’ai laissée ici il y a quelques minutes. Ces assiettes, c’est elle qui les a lavées.

La domestique, confuse, ne savait que faire d’autres.

La sonnerie retentit et le gardien, se dépêchant, demanda la permission de s’en aller. Il partit à peine que la jeune fille quitta le couloir et pénétra dans la cuisine.

– J’étais allée à la selle, dit-elle, sourire aux lèvres. Maintenant, je suis à toi ! Alors, je voudrais te demander une dernière doléance !

– Une dernière doléance ?

– Oui ! Et c’est avec obligation !

– Avec obligation ?

– Bien sûr !

Abiba, continuant de fixer sa compagne, ne la détacha guère du regard.

– Bien, continua l’intruse, tu vas me céder la place dans cette maison.

Abiba, secouant la tête, rejetait la proposition de son interlocutrice.

– C’est sans commentaire, ma chère ! Soit tu acceptes de partir pour me libérer la maison ou je te tue et tu meurs pour toujours.

La domestique, continuant de secouer la tête, déclinait la proposition.

– Abiba, appela l’intruse, tu n’as aucune proposition. Et une chose : je reviendrai ici dans trois jours. Gare à toi si tu n’es pas partie.

Sans attendre le dernier mot de la domestique, la visiteuse disparut.

Abiba, courant de la chambre, alla dans la cour. S’approchant du gardien, elle lui fit le compte rendu de sa discussion avec l’intruse.

– N’est-ce pas que tu es en train de devenir folle par hasard ? questionna le gardien, étonné.

– Je te jure, Bio, elle m’a menacée de partir de la maison.

– Pourtant tout à l’heure quand nous étions entrés ensemble dans la cuisine, on n’avait vu personne n’est-ce pas ?

– C’est vrai ! Elle s’était cachée. Elle est revenue après ton départ.

– En toute sincérité, je ne te crois pas ! Si tu projetais à abandonner tes devoirs, tu es libre. Maintenant, je veux me reposer un peu…

– S’il te plaît Bio, aide-moi ! Je te jure que ce n’est ni de la blague ni du mensonge.

– Ma chère, va travailler ! Toute la nuit, je veillais sur la maison pendant que vous autres, enfermés dans vos chambres respectives, étiez en train de ronfler comme un lion assoiffé. Laisse-moi me reposer aussi parce que la nuit n’est nulle part. Elle apparaîtra bientôt.

Ceci dit, le gardien de la maison tira la porte de sa chambre et la verrouilla derrière lui.

Abiba, debout, se remémorant l’avertissement de celle avec qui elle venait de parler à la cuisine, resta immobile et, fouillant dans la tête, ne savait que faire.

Calmement, elle retourna à la cuisine et, descendant la sauce du feu, elle le désactiva. Elle rangea tout et se retourna dans sa chambre. Les meubles, elle ne les essuya guère. Il lui fallait du temps pour bien réfléchir sur sa vie. Démissionner de son job pour survivre ou rester pour passer sa vie à trépas ?

Dans un dilemme total et presque fatal, la jeune fille ne savait que faire. Se levant, elle se promenait, faisant le tour de la chambre. La partie qui la tracassait le plus était la manière dont sa visiteuse a pu entrer dans la chambre sans passer par la cour ni par la porte d’entrée.

– Comment est-ce que je peux traduire cela ? se demanda-t-elle, morose. Pire, comment démissionner d’un travail où je suis bien payée et où il n’y a jamais eu de retard de paiement ? Oh, Je ne peux pas ! Si quelque chose va arriver, que la chose arrive.

Sur ces paroles, la jeune fille retourna à ses devoirs.

***

Le jour, ayant fini son séjour dans le ciel, disparut, laissant le tour à la nuit.

Abiba, après avoir servi ses patrons et ses enfants, s’était retirée dans sa chambre. Enfermée, elle pensait au scénario du matin. Dans sa tête, résonnait la voix de cette jeune fille qu’elle n’a jamais rencontrée nulle part. À la suite des voix qui se mêlaient, elle se rappelait de la partie où cette dernière lui a donné des menaces. S’adossant contre le mur, la jeune fille se cala et relevant la tête vers le plafond, s’enfouit dans ses imaginations. Seule dans la chambre, Abiba réfléchissait sur son sort. Elle ne savait à qui en parler. Elle était là, faisant des calculs mentaux.

– Le mieux, c’est d’attendre les trois jours et voir si elle va revenir, se dit-elle, tout bas en s’allongeant sur le lit. Elle se drapa de sa couverture et se laissa aller par le sommeil.

***

Trois jours plus tard.

Il sonnait dix heures. C’était un jour ouvrable et toute la maisonnée était sortie. Dans la maison, ne restait-il qu’Abiba, la domestique. Elle est chargée de s’occuper de tous les devoirs de la maison. De l’intérieur jusqu’à la cour. La cour de la maison, étant faite en pavés, ne demandait pas grand-chose pour être propre. Juste piquer avec le balai, les quelques déchets apportés par le vent. La première des choses que la domestique faisait après son réveil, c’est le chauffage des miettes de la veille afin que ceux qui en veulent manger en mangent avant de sortir de la maison. Ensuite, elle balais toutes les chambres et essuie également les carreaux dans le cas du possible. En bref, elle travaille selon une chronologie.

Après le départ de ses maîtres, elle lavait les assiettes desquelles ils avaient mangé quand tout à coup, elle entendit une quinte de toux dans son dos. Sursautant, elle regarda derrière, toute effrayée.

Et là, contre le mur, elle aperçut une jeune fille qui avait les bras croisés. Lui souriant, celle-ci lui souhaita "bon travail".

– Merci, répondit-elle ! Tu es encore revenue ?

La questionnée, se décollant du mur, marcha jusqu’à s’approcher de son hôtesse.

– Ne t’avais-je pas dit que je reviendrai dans trois jours ?

Abiba, au lieu d’une réponse, ne broncha mot.

– Alors, continua la nouvelle venue, où en sommes-nous ?

– Pour quoi ?

– Est-ce à moi que tu poses la question ?

– Bien sûr, parce que je ne comprends pas le vrai sens de ta…

– Ça va ! Allez, figure-toi, ne t’avais-je pas dit que tu allais quitter cette maison et me laisser la place ?

– Je m’en souviens ! Mais dis, d’où viens-tu et qui t’a envoyée ?

La questionnée, esquissant la tête, souriait silencieusement. Joignant les deux mains, elle se mit à taper les mains comme pour applaudir.

– J’aime trop ton courage ! Alors, voudrais-tu vraiment connaître d’où est-ce que je viens et celui qui m’a envoyée ?

– Oui, dis-le-moi !

L’étrangère, observant silencieusement son interlocutrice, lui dit tout bas : « Si je te le dis, tu vas mourir sur-le-champ ».

– Alors, vas-tu céder ou vas-tu perdre la vie ? Sinon, je suis capable de te tuer sans que nul ne sache ce qui t’est arrivé. Tu as quelques secondes pour me dire ton dernier mot.

Un silence s’installa et régna pendant quelques minutes, deux minutes environ.

– D’accord, je vais réfléchir, murmura Abiba.

– Non, tu dois partir au plus tard, demain…

– Et pourquoi cette pression ?

– Inutile de te l’expliquer ! Et une chose : je vais partir ! Mais au plus tard ce soir, je vais revenir voir si tu as déjà fait ta valise. Dans le cas contraire, je t’envoûte…

– Sang de Jésus !

– Ha ha ha ! Ton sang de Jésus ne peut rien faire ! Cette expression que tu emploies est sans puissance et sans effet. Tu ne vas pas à l’église sinon, je n’aurais pas le courage ni la force de t’approcher ! Donc, dis-toi que tu n’as aucune puissance pour contrecarrer mes actions sur ta vie. Comme dernier avertissement : il faut ranger tes affaires dès ce soir et demain, cède-moi la maison sinon, dès ce soir, commencera le malheur de ta vie. Tu es prévenue.

Ceci dit, l’intruse disparut en un clin d’œil comme le vent.

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