CHAPITRE 05

Ethan

Cela fait bien cinq minutes que je l’observe en silence, ahuri, étourdi mais surtout émerveillé. Cette femme est tentante. Très tentante. Un visage d’ange et un corps de diablesse. Elle est sublime surtout vêtue uniquement de ce micro-bout de tissu. Devant moi se dresse une vision érotique que je n’aurais jamais osé imaginer jusque-là. Au début elle semblait gênée sans doute à cause de la posture dans laquelle je l’ai trouvée. Mais maintenant, ses yeux me foudroient sur place et honnêtement cela m’excite davantage.

Son caractère tout feu, tout flamme me plaît beaucoup, elle me fait rire et j’adore sa répartie même si à midi, lors de notre percutante rencontre je lui aurais bien fait tourner sa langue plusieurs fois dans sa bouche avant de parler. Camille n’a pas peur de moi et ose me remettre à ma place, elle est déconcertante. Magnifique et étonnante.

Sa peau hâlée contraste avec la blancheur de la serviette, ses cheveux touchent légèrement ses épaules. Mon regard descend au fur et à mesure, scrute le moindre morceau de peau avec l’envie d’y déposer mes lèvres pour la goûter. Impossible d’imaginer autre chose que mes mains sur elle, partout. Impossible de refréner mon désir qui grandit et durcit dans mon pantalon. Des fantasmes se mettent en place dans ma tête. Je me délecte du spectacle et à la voir si immobile j’en déduis qu’elle aime ça elle aussi. À plusieurs reprises, au fil de la journée, il m’a semblé que Camille était réceptive. Son langage corporel ne laissait aucun doute, elle avait envie de moi.

Pourrais-je l’inciter à assouvir ses envies ? Est-ce réalisable ?

Pendant un instant fugace j’ai l’impression qu’il n’y a que nous. Mon regard remonte sur sa bouche et s’y fixe. Même avec toute la volonté du monde je n’arrive pas à m’en décrocher. Elle plante ses dents dans sa lèvre inférieure et ce geste allume un feu en moi. Je suis à deux doigts de me jeter sur elle pour la plaquer contre le mur, quand la voix de Mat parvient enfin à mes oreilles.

— Je dérange ? demande-t-il les bras croisés, à seulement quelques pas de nous.

Il me lance un regard sombre qui vaut tous les discours du monde. Pas besoin d’en dire plus, je sais ce qu’il pense. Camille représente le fruit défendu par excellence. Elle vient à peine d’intégrer l’entreprise et c’est la petite sœur de mon meilleur ami, alias Mat mon associé. Elle est l’image même de ce qui m’est interdit tant sur un plan professionnel, que sur un plan personnel.

Deux raisons en béton pour ne pas craquer !

— Non absolument pas, comme tu peux le voir ta petite sœur m’a réservé un accueil des plus charmants, dis-je en souriant tout en m’adressant à mon meilleur ami.

Tant bien que mal j’essaie de reprendre le contrôle de mon corps, j’aperçois Camille qui détourne la tête et lève les yeux au ciel, exaspérée par mon comportement.

— Depuis quand tu te balades à moitié à poil dans l’appartement ? demande Mat d’un ton tranchant et hautain.

Camille ne perd pas de temps pour répondre, elle relève la tête furieuse et plante ses beaux yeux dans ceux de son frère.

— Tu te fous de ma gueule là ? répond-elle offusquée. Il me semble que tu devais rentrer tard et puis je suis aussi chez moi et je fais donc ce que je veux. Si ça me chante de me balader à poil je le fais, je n’ai aucun compte à te rendre ! ajoute-t-elle en le pointant d’un doigt accusateur d’une main et l’autre fermement agrippée à sa mini-serviette.

L’idée qu’elle puisse réellement se balader nue toute la journée, ici-même, me tire un large sourire et me donne envie de m’installer avec eux, surtout avec elle. Je la désire. Intensément. Ma détermination à rester loin d’elle vacille pendant un court instant. Son air si buté, si révolté la rend irrésistible. Sous ses airs de jeune fille bien sous tous rapports se cache un démon au caractère volcanique qui ne demande qu’à s’exprimer.

— Putain et t’es censée avoir mûri c’est ça ? On est en colocation ce qui signifie qu’il y a un minimum de règles à respecter vis-à-vis de son colocataire. Se promener à poil est interdit et non négociable Cam.

— Très bien, j’ai compris mais sache que j’ai été prise au dépourvue. Je ne pensais pas que vous débarqueriez de si bonne heure. Alors vu que nous en sommes aux règles de la colocation je t’en impose une à mon tour. Obligation de me prévenir quand tu rentres à l’appartement surtout si c’est accompagné.

— Ok ça marche, dans ce cas le sujet est clos mais s’il te plaît vas te changer et mets quelque chose qui te couvre davantage. Et toi, ajoute-t-il en se tournant vers moi, cesse de suite de la regarder c’est ma petite sœur bordel ! ordonne-t-il d’une voix tonitruante.

Camille nous jette un rapide regard avant de se retourner et de s’enfermer dans la salle de bain. Ed Sheeran chantonne toujours son fameux Thinking Out Loud tandis que je fixe cette porte blanche. J’imagine Camille en train de s’habiller ce qui me perturbe davantage. Mat me passe devant pour éteindre la musique. Il ne prononce pas un mot, les bras croisés sur son torse il attend une réaction de ma part.

— Désolé Mat, mais quand une jolie femme fait une telle apparition il est difficile de regarder ailleurs.

— C’est de ma sœur dont tu parles Ethan, répond-il d’une voix tendue.

— Oui, j’avais bien compris mais elle n’en reste pas moins une jolie femme.

— Qui est du domaine de l’intouchable est-ce bien clair ? dit-il d’une voix cassante en me mitraillant des yeux. Fait chier !

— Limpide, oui, affirmé-je en tentant de cacher mon agacement.

Un sentiment de culpabilité m’envahit petit à petit et ça m’agace prodigieusement. Je n’ai rien fait de mal merde ! Ok c’est sa petite sœur mais elle n’en reste pas moins une femme avec un corps superbe et je suis un homme qui réagit en tant que tel !

— Tu n’as qu’à la considérer comme ta demi-sœur. Une personne avec qui il t’est strictement interdit d’avoir des rapports trop intimes et que tu devras protéger comme la prunelle de tes yeux, lâche-t-il comme si c’était tout à fait logique et normal.

Une demi-sœur ? Non mais ça va pas la tête !

Juste avec ce mot Mat vient de démolir tous les fantasmes que j’avais en tête. C’est d’un malsain... Je suis disposé à tout accepter de sa part mais là, c’est au-dessus de ce que je suis capable de supporter. Après ce que je viens de voir, l’image de ce petit bout de femme appétissante va être impossible à sortir de ma mémoire.

— Super... j’ai déjà un petit frère casse-couilles et tu essaies de me fourrer dans les pattes une pseudo petite sœur ? Il faut vraiment que tu te détendes Mat, Camille ne m’intéresse pas... elle semble beaucoup trop naïve et jeune, et ce n’est pas mon genre... dis-je d’une voix claire et sans équivoque.

La plupart des filles avec qui j’ai des aventures sont expérimentées et savent très bien à quoi s’en tenir. Je n’ai ni le temps, ni l’envie d’une relation amoureuse. Seulement, il me semble que Mademoiselle Imbaud est au-dessus de tout cela. Malgré son évidente inexpérience, allez savoir pourquoi cette fille m’attire. Irrémédiablement. En définitive, je suis dans la merde. Le cul entre deux chaises.

— Désolé mais je préfère que l’on soit clair là-dessus même si je te fais confiance, déclare-t-il.

Il ne devrait pas. Moi-même je doute de pouvoir tenir longtemps sans tenter quelque chose.

— Je comprends Mat, j’aurais agi pareil si la situation avait été inversée. Bon et si on allait manger un morceau en buvant une bière ? proposé-je pour clore le sujet. Lentement, un sourire se dessine sur les lèvres de mon ami et je suis presque soulagé.

— Carrément. Allons-y ! lance-t-il en avançant dans le salon. D’un pas plus lent je le suis en me retenant de jeter un coup d’œil une dernière fois à sa porte. Je me demande si elle sait à quel point elle me perturbe ? Si elle a une idée de tout ce que j’ai envie de lui faire ?

Bordel... comment vais-je m’en sortir ?

Sur cette dernière pensée qui me déstabilise, je referme la porte d’entrée et descends les escaliers de cet immeuble. Maintenant plus que jamais il me faut faire preuve de sang-froid. Je me dois de rester loin de Camille, autrement je ne garantis rien quant à mon comportement envers elle.