CHAPITRE 02
Quand Mat est rentré ce soir-là, je ne l’ai pas entendu. Éreintée par le voyage ainsi que par le décalage horaire, je suis tombée comme une masse sur le canapé. Un cauchemar m’a réveillée. Toujours le même. J’étais en train de courir dans une forêt, quand je me suis retrouvée face au vide et j’ai eu la sensation d’être absorbée par le néant. C’est limite si cela ne me donne pas des nausées. Cette sensation de tomber et de basculer paraît plus réelle à chaque fois. Bref, un peu secouée par tout ça, je me suis traînée jusqu’à ma chambre, mais non sans rencontrer un certain nombre d’obstacles. Mes orteils ont souffert contre la table basse et mon genou a fait connaissance avec le rebord du canapé. Et oui, c’est aussi ça de déménager, j’ai du mal à me situer dans l’espace encore plus la nuit, encore ensommeillée !
Malheureusement à 5h du matin, mes paupières sont grandes ouvertes. J’ai beau essayer de fermer les yeux et de compter les moutons : impossible de me rendormir, vive le décalage horaire. N’osant pas me lever de peur de faire trop de bruit et de réveiller Mat, j’attrape doucement mon ordinateur portable que je dépose sur mes jambes. Une fois allumé, je branche le casque audio et balance ma playlist. Le son d’Imagine Dragon envahit mes tympans et la voix de Dan Reynolds résonne dans mes oreilles.
Je suis littéralement tombée amoureuse de ce groupe de rock et de l’énergie de leurs mélodies. J’adorerais les voir en concerts, ça doit être terrible et quand je regarde leurs interviews sur YouTube, ils ont l’air d’adorer ses moments d’échange avec leur public. Sur le titre I beat my Life, je joue à la curieuse. Internet est une source de données importante et non négligeable pour toute personne voulant assouvir ses besoins de curiosité. J’ai l’impression d’être Joe dans la série You, en moins flippant quand même, n’exagérons pas ! Ceci dit oui, je préfère être honnête dès le départ je suis super curieuse. C’est mon défaut number one. Mais je n’y peux rien, j’adore fouiller partout et mettre mon nez là où il ne faut pas. Alors un bon conseil : surtout ne me laissez jamais seule chez vous. Voilà ça c’est dit ! Vous êtes donc prévenus !
Alors autant j’adore en apprendre sur les autres, autant je déteste que l’on en sache trop sur moi. Ainsi, dans un souci de discrétion concernant ma vie privée et après la mésaventure « Bastien », j’ai supprimé mon compte Facebook. De toute façon, les personnes qui tiennent vraiment à moi ont mon adresse email et je leur réponds avec plaisir. D’ailleurs, Émeline m’a envoyé une photo d’elle, les pouces en l’air devant le centre de formation en soins infirmiers. Cette fille est faite pour être infirmière, c’est sa vocation et je ne doute pas une seule minute de sa réussite.
Cela me fait bizarre d’être loin et de vivre ça par internet. La nostalgie me guette déjà et je me dis qu’en temps normal, c’est moi qui aurais pris ce cliché.
Stop ! Pas de mélancolie, pas de retour possible alors stop ! Tu as fait un choix, alors tu assumes ! me hurle ma conscience.
Pour me changer les idées, je me perds sur la toile et jette un coup d’œil sur les choses incontournables à faire dans la grosse pomme. Coney Island ? Pourquoi pas, ça me tente bien... Quand je sens un regard fixé sur moi, je relève la tête surprise par la présence de Mat. La porte légèrement entrouverte, il me fait signe de la main de le rejoindre puis s’en va. Doucement, je m’extirpe des draps tout en posant l’ordinateur sur la petite table de chevet. Vêtue d’un short et d’un débardeur, je le rejoins dans la cuisine et l’observe en train de se préparer un café, les cheveux partant dans tous les sens, torse nu, les yeux fixés sur le percolateur. Il se retourne et me sourit.
— Bonjour Camille, bien dormi ? me demande-t-il en me faisant passer un mug de café tout chaud.
— Oui merci, j’en avais bien besoin, mais ça fait plus d’une heure que je tourne dans mon lit et que je m’occupe comme je peux, le décalage horaire a eu raison de moi... dis-je en m’asseyant sur un tabouret.
— Je connais ça. Remarque ça tombe bien que tu sois levée aussi tôt. On va pouvoir profiter de la ville tranquillement, il y a moins de monde dans les rues de New York le dimanche matin à 8h. Tu as des envies particulières, des choses que tu veux absolument voir ? me demande-t-il tout en ouvrant une boîte remplie de donuts glacés au sucre.
J’en saisis un et mords dedans. Huuuummm... c’est délicieux ! Tout plein de sucre mais vraiment bon. Des vrais Dunkin’ Donuts. Une institution ici, passage obligé pour tout touriste qui se respecte.
— J’ai le temps pour visiter, on peut se la jouer cool et flâner. Montre-moi les lieux que tu aimes aux alentours et ça sera très bien, dis-je en avalant une gorgée de ma boisson chaude pour faire passer le beignet.
Mat me regarde, un sourire malicieux se dessine sur ses lèvres, il rigole doucement et je le dévisage, ne comprenant pas pourquoi.
— Excuse-moi Cam mais tu as le contour de la bouche plein de sucre, dit-il en me passant de l’essuie-tout.
— C’est mission impossible d’en manger sans s’en mettre partout... Au fait, tu es rentré tard hier soir ? Je ne t’ai pas entendu cette nuit, le questionné-je aussi discrètement que possible.
Il hausse les épaules puis attrape sa tasse de café.
— Je n’ai pas fait attention à l’heure. On rencontre quelques soucis au travail et j’ai passé la soirée à tout contrôler avec Ethan.
— Rien de grave j’espère ? dis-je intriguée en le regardant par-dessus ma tasse fumante.
Il me jauge du regard et semble hésiter quelques secondes sur la réponse qu’il va me donner, ce qui n’est pas très rassurant.
— Rien qui ne te concerne et que l’on ne puisse gérer pour le moment. Ne t’inquiète pas Cam. Bon, je vais me doucher et ensuite on décolle ça te va ? répond-il en changeant de sujet rapidement.
Il finit son café puis pose sa tasse dans l’évier. Il passe derrière moi tout en me décoiffant un peu plus avec sa main. Il m’énerve quand il fait ça !
— Je termine le petit-déjeuner puis je vais aller enfiler un jean et j’irai me laver les dents quand tu auras fini, lui réponds-je.
Je continue de savourer mon beignet comme si de rien n’était, sauf que c’est tout le contraire. Je suis persuadée que Mat rencontre des soucis plus importants qu’il ne le laisse paraître, seulement il ne veut pas m’en parler.
Y’aurait-il une enquête à mener ? Stop ma grande ! Tu ne vas pas jouer à l’inspecteur Gadget dès ton premier jour ici, me recadre ma conscience. Quelle rabat-joie celle-là !
Malgré mes suspicions, je décide de ne surtout pas prendre la tête à Mat avec mes interrogations, il m’en parlera quand il sera décidé. Plus d’une fois je me suis mêlée de ce qui ne me regardait pas et à chaque fois, cela s’est retourné contre moi. Donc j’ai bien retenu la leçon : se mêler de ses oignons est essentiel !
Il fait un temps superbe dehors, la journée s’annonce particulièrement agréable alors je ne dois pas la gâcher. A peine avons-nous franchi la porte de l’immeuble que je suis émerveillée par tout ce que je vois.
Le quartier est très bohème, il y règne une douceur de vivre qui me fait chaud au cœur et me fait me sentir bien tout de suite. Au fur et à mesure de notre avancée dans les rues, je suis surprise par le mélange de culture et d’architecture. Des constructions anciennes, faites de briques et de bois côtoient des monuments plus modernes, structurés tout en acier et en verre. Le mélange pourrait paraître curieux voire carrément mal assorti mais bizarrement, cela fonctionne plutôt bien. Le contraste est saisissant mais réussi. Finalement, en y regardant de plus près, je me dis que l’architecture est à l’image des New-Yorkais : différente, mélangeant les cultures mais de manière harmonieuse. Parce qu’il s’agit d’une ville remplie d’espoir, qui pousse à imaginer la concrétisation de ses rêves les plus fous. Une ville qui vous donne envie d’y rester et d’arpenter ses rues pour la découvrir davantage.
C’est exactement ce que disent Jay Z et Alicia Keys dans Empire State of Mind :
« In New York, Concrete jungle where dreams are made of
There’s nothin’ you can’t do. »
Mat me fait traverser le quartier de Greenwich, puis on se dirige vers East Village en traversant Washington Square Park. Le parc a en fait peu de verdure, à part quelques arbres et des parterres de fleurs, il est presque entièrement pavé et des jeux d’échecs y sont installés. Nous déjeunons dans l’un des nombreux pubs qui longent la rue et font la réputation de ce quartier. Sans aucun complexe, je déguste un hamburger avec des frites. Et oui, je vous annonce la couleur d’entrée, cette journée est faite pour exploser mes apports caloriques de la semaine. Mais je m’en tamponne le coquillard, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué je suis à New York !
C’est mon premier jour alors j’en profite, puis le week-end les calories ne comptent pas. C’est archi-connu ! Si, si je vous assure…
— Mat peux-tu m’en dire plus sur ton entreprise et sur le poste que je vais occuper ? Je commence demain et je ne sais presque rien, dis-je entre deux bouchées de mon burger, les doigts pleins d’huile de bacon.
— Oui bien sûr, KeepSafe est à la base un Cloud Computing, c’est à dire un espace de stockage privé et protégé, grâce à une technologie innovante développée au sein de notre entreprise. On ne se contente pas de conserver des données, on crée aussi des logiciels encore en cours d’expérimentation, m’explique-t-il comme si c’était banal et simple.
— D’accord, c’est du domaine de l’abstrait pour moi, dis-je en le fixant.
Mat se redresse en acquiesçant, il avale un peu de soda et reprend.
— C’est une fourniture de services informatiques avec des options de sauvegarde, des gestions de réseaux, des outils d’analyses et tout cela à la portée de nos clients qu’ils soient professionnels ou qu’ils soient des clients pour leur usage personnel, des clients comme toi et moi quoi. En gros on est un disque dur externe mais moins contraignant car tu n’as pas besoin de te balader avec, tu as juste à te connecter à ton compte.
— C’est quand même une sacrée responsabilité d’avoir tout ce stock d’informations personnelles, je ne sais pas si je serais prête à utiliser votre application, dis-je en lâchant mon reste de hamburger et en fixant Mat.
— C’est beaucoup plus sûr que ta boîte email ou tes paiements sur internet. Sans compter toutes les informations que tu partages sans même t’en apercevoir via les réseaux sociaux.
— Ok, tu marques un point !
— Notre but est d’offrir des ressources flexibles, sécurisées et à moindre coût. Grâce à cette entreprise et à l’assise financière qu’elle nous donne, on peut en parallèle investir dans d’autres applications.
— Facebook ou Instagram, dis-je en plaisantant.
— Les deux.
— Tu plaisantes ?!
— Non, d’ailleurs crois-moi sur parole et fais toujours très attention à l’utilisation que tu as d’internet, on ne sait jamais... lâche-t-il en me faisant un clin d’œil.
— Big Brother me surveille, dis-je en buvant une gorgée de mon Coca light.
Mat rigole avant de me répondre.
— Tu n’as qu’un seul grand frère et oui il te surveille. Pour ce qui est d’internet j’aimerais que tu me passes ton ordinateur ce soir, pour que je t’installe un vrai anti-virus ainsi qu’un pare-feu.
— Ok ça marche, tant que tu ne mets pas un traceur ou autre logiciel espion, ça me va.
— Pourquoi pas ? Tu me donnes une bonne idée.
— Pas moyen ! C’est une pratique portant atteinte aux libertés fondamentales et à ma vie privée alors tu t’y connais peut-être en informatique, mais moi je suis douée en droit mon coco !
Mat éclate de rire tandis que je pointe un doigt accusateur dans sa direction.
— C’est noté ! Je m’en tiendrais à la sécurité de ton ordinateur, pas plus. Pour en revenir à l’entreprise, tu verras par toi-même mais l’ambiance est plutôt agréable et le personnel accueillant. Ne perds pas de vue ton objectif, à savoir valider tes unités d’enseignements, répond-il avec une voix plus tranchante, l’avertissement résonnant à travers son ton.
— Ne t’inquiète pas pour ça, je n’oublie pas que si je suis ici, c’est surtout pour bosser et décrocher mon année.
— Et être avec ton grand frère aussi, non ?
Un petit sourire étire ses lèvres et ses yeux vairons pétillent d’amusement. J’éclate d’un rire franc et bon sang, ça fait du bien de le retrouver ! Je ne me rappelle pas la dernière fois où je me suis sentie aussi légère et heureuse.
— Oui bien sûr ! Tu es ma priorité numéro un ! Mais puisque nous abordons le sujet du travail j’aimerais que nous restions discrets sur nos liens de parentés. Ne le prends pas personnellement, c’est juste que je souhaite être une employée comme les autres, je ne veux aucun traitement de faveur. Alors si cela ne te dérange pas, je me suis inscrite à Erasmus sous le nom de famille de jeune fille de notre mère. Imbaud et non Castel.
— Alors n’ai aucune inquiétude, je ne le prends pas mal, bien au contraire. Je trouve ta décision très mature et tout à fait appropriée. Honnêtement, si tu ne me l’avais pas proposé je l’aurais fait. C’est difficile de mélanger vie privée et vie professionnelle, alors on est en phase sur ce sujet. Pour l’ensemble du personnel, quel que soit le grade, l’ancienneté ou autre tu es juste Camille Imbaud, vingt-deux ans, étudiante en Master de Droit, venue dans le cadre d’un échange Erasmus. Par contre dans un souci de franchise et de confiance, mon associé, qui est également associé majoritaire, Ethan Williams est au courant de ton identité ainsi que ta responsable de service.
— Parfait ! Je suis entièrement de ton avis !
— Tu seras sous la responsabilité de la chef du service juridique. Il s’agit de Mme Perry, retiens ce nom tu la vois demain matin, à la première heure. C’est ta responsable de service. Tu vas être l’assistante juridique d’une avocate de son équipe, m’annonce-t-il en plongeant son regard dans le mien.
Oooooooookkkkkkkk...
Non je n’ai absolument pas peur. Du tout. Bon ok, un peu quand même, c’est toujours impressionnant et angoissant de commencer un vrai job, surtout en milieu inconnu.
— D’accord, je retiens. Mat ?
— Oui ?
— Tu ne comptes pas me demander pourquoi j’ai quitté la France, ni même me poser des questions plus personnelles ? Je sais que nous avons déjà abordé le sujet il y a deux ans, mais c’était de façon plutôt superficielle. Depuis de l’eau a coulé sous les ponts et je suis prête à en discuter plus en profondeur si tu le souhaites, dis-je d’une petite voix plus douce.
Il ne bouge pas, se contente de me regarder avec une intensité suffisamment forte pour que je ressente tout ce qui se joue en lui. Fureur-colère-compassion et enfin de l’amour.
— Non. Le passé est derrière nous, ce qui m’intéresse c’est l’instant présent. Ne te méprends pas, ce qu’il t’a fait me dégoûte, jamais un homme qui se respecte n’agirait comme un tel queutard mais malheureusement on n’y peut rien, ce qui est fait est fait. On a tous traversé des périodes sombres pendant lesquelles on s’est senti comme des sous merdes mais ce qui est important, c’est pas le fait de chuter, c’est celui de se relever. Tu es forte Camille, ne doute pas de toi, jamais.
Ses paroles réconfortantes et cette force, cette foi en moi qu’il porte pour deux me touchent infiniment. Les larmes menacent de couler sur mes joues mais je me retiens, à la place je me lève de ma chaise et saute sur ses genoux pour lui faire un câlin. Ça a beau être mon grand gaillard de frère ça n’en reste pas moins une de mes personnes préférées sur Terre.
Une fois le repas terminé on rentre à l’appartement. Mat ne reste pas longtemps, il est très demandé, son portable n’arrête pas de sonner. Je le soupçonne de l’avoir mis en silencieux le temps de notre repas. Être seule ici ne me dérange pas, j’en profite pour ranger mes affaires et m’organiser dans cet environnement que je découvre. Un peu plus tard je révise un peu mes cours de droit que j’avais sur mon ordinateur. Le stress monte mais rien de bien méchant, c’est un stress positif qui me pousse souvent à donner le meilleur de moi-même.
Je prépare mes vêtements pour demain, j’opte pour une petite robe bicolore, blanche en haut et noire à partir de la taille, elle s’arrête au-dessus de mes genoux, c’est classique et sobre. J’ai une paire d’escarpins noirs à petits talons qui fera très bien l’affaire. Bon, elle date de l’été dernier mais je ne suis pas vraiment habituée à porter des talons tous les jours alors cette année cela représente aussi un défi pour moi ! Normalement j’aurais mis un jean et des Converses, mon look basique et de référence. Mais je ne crois pas que cela passe pour demain...
***
Vers 19h, mon frère revient avec les cheveux en bataille et un parfum de femme flotte autour de lui. Je reste silencieuse mais mon regard et mon petit sourire en coin me trahissent. Il est clair que le rendez-vous extérieur n’était pas du tout professionnel. Mat est beau garçon, il le sait et en abuse auprès des femmes. A trente ans mon frère est incapable de se poser, il profite de la vie et comme il le dit si bien « pourquoi se caser à tout prix quand la vie t’offre tellement de sources de plaisir ?! »
Il pourrait presque passer pour un enfoiré, je dis bien presque car je le connais. Mat est clair dès le départ, il est franc et entier. A mon avis les filles avec qui il a des aventures savent à quoi s’en tenir. Pas de faux-semblants. Aucun mensonge.
Après une bonne douche, il se dirige vers la cuisine d’un pas tranquille et commence à nous préparer le repas. Nous discutons de tout et de rien, c’est léger et quand Mat sort les gros dossiers de notre enfance je me mets à rire franchement. Honnêtement, je l’adore même si je l’avoue, j’ai été parfois jalouse de ce qu’il peut représenter pour nos parents. Ce n’était pas évident pour moi de vivre dans son ombre mais je l’aime ce grand crétin prétentieux...
Nous n’avons pas forcément évolué ensemble, notre différence d’âge étant tout de même assez grande. Mat a huit ans de plus que moi et croyez-moi, à la maison ça se ressentait. Durant toute notre scolarité nous ne nous sommes pas croisés une seule fois. Mat avait toujours des coups d’avance sur moi et forcément nous n’avions pas non plus les mêmes centres d’intérêt. Sans compter que nos amis n’avaient strictement rien en commun ! Bref, l’opposé l’un de l’autre mais cela ne nous a pas empêchés de construire une belle relation. Mat a ce côté surprotecteur qui me rassure et je sais que je peux compter sur lui. C’est mon roc, mon pilier. Je suis ce que mes parents ont appelé pendant des années, un bébé surprise, un imprévu dans leur vie... charmant non ? Imprévue ? C’est mon deuxième prénom.
Notre différence d’âge n’a pas empêché Mat de veiller sur moi comme un grand frère. Et en grand frère protecteur qu’il est, il m’a aidée à faire mes premiers pas, mes premières bêtises aussi. Il m’a gardée quand nos parents sortaient, m’a réconfortée quand mon premier béguin n’a absolument pas fonctionné. Bref, en grand frère il assure.
Par la suite, il est parti à la fac à Paris pour finir à New York. Un océan s’est mis entre nous... mais je n’ai pas dit mon dernier mot et je suis prête à saisir chaque instant de cette foutue aventure à ses côtés. Pas question de me gâcher la vie et de m’enterrer dans un futur de vieille fille dont les seuls colocataires seraient une dizaine de chats ! Comme l’a dit si bien Mat, je su
