Chapitre 2 : Le jeu des apparences
Elena Morel referma son dossier avec un claquement sec, sentant encore l’adrénaline de l’audience couler dans ses veines. Elle avait eu des adversaires coriaces au tribunal, mais Nathaniel Darlington était d’une autre trempe. Sous ses airs de playboy insouciant, il dissimulait une intelligence affûtée et une capacité troublante à manier l’art du contre-argument. Mais elle ne se laisserait pas distraire.
Tandis qu’elle quittait le palais de justice, son téléphone vibra dans la poche de son tailleur. Julia, son assistante, lui avait laissé un message : « Appelle-moi dès que tu sors. Urgent. »
Curieuse, Elena s’arrêta sous le porche du bâtiment et composa rapidement le numéro. La voix pressée de Julia ne tarda pas à répondre.
— Elena, tu ne vas pas aimer ça. Les médias s’enflamment déjà sur ton affrontement avec Nathaniel Darlington. Les tabloïds parlent de ‘l’affaire la plus sexy de l’année’ !
Elena roula des yeux.
— Génial. Exactement ce dont j’avais besoin. Et qu’est-ce qu’ils racontent ?
— Que la tension entre vous est plus que professionnelle… Certains vont même jusqu’à insinuer qu’il y aurait une alchimie entre vous.
Elena soupira profondément. Elle savait que la presse pouvait être impitoyable, mais voir son travail réduit à un simple jeu de séduction médiatique l’irritait au plus haut point.
— C’est ridicule, répondit-elle sèchement. Cet homme est l’ennemi juré de cette affaire, et rien de plus.
— Peut-être, mais tu devrais voir les photos…
Intriguée, Elena ouvrit le lien que Julia lui avait envoyé. Les clichés la montraient en pleine confrontation avec Nathaniel dans la salle d’audience. Sur l’une d’elles, il l’observait avec un sourire amusé, tandis qu’elle lui lançait un regard assassin. Avec le bon cadrage et un titre racoleur, la tension judiciaire prenait des allures de flirt à peine dissimulé.
Elena serra les dents. Si Nathaniel pensait pouvoir jouer à ce jeu, il allait être déçu.
— Peu importe, déclara-t-elle en refermant l’application. On se concentre sur le procès. Je ne vais pas me laisser distraire par des ragots.
Mais au fond d’elle, une petite voix murmurait que ce ne serait peut-être pas aussi simple. Car Nathaniel Darlington adorait jouer… et elle détestait perdre.
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Le lendemain matin, alors qu’Elena se rendait à son cabinet, elle trouva une enveloppe glissée sous la porte de son bureau. Elle l’ouvrit avec précaution et découvrit un mot écrit d’une main élégante :
« Vous êtes plus fascinante que vous ne le laissez paraître. Ne me sous-estimez pas. — N.D. »
Elle serra le papier entre ses doigts, irritée par l’audace de Nathaniel. Ce n’était pas seulement une provocation, c’était un défi. Et elle ne pouvait pas l’ignorer.
Elle passa la matinée à préparer la suite du procès, mais l’ombre de Nathaniel planait dans son esprit. Lorsqu’elle arriva au tribunal pour la seconde audience, elle savait qu’il tenterait encore de la déstabiliser.
— Maître Morel, toujours aussi ravissante sous la pression ? lança Nathaniel avec un sourire en coin dès qu’elle entra dans la salle.
— Et vous, toujours aussi persuadé que le charme peut remplacer des arguments solides ? répliqua-t-elle froidement.
L’audience démarra, plus tendue encore que la veille. Elena exposa ses nouveaux éléments avec une précision chirurgicale, mais Nathaniel répliqua avec une aisance déconcertante. Chaque attaque était contrée, chaque point contesté avec une confiance presque insolente.
Et pourtant, au milieu de cette joute intellectuelle, quelque chose d’inattendu se produisait. Une sorte de complicité naissait dans leurs échanges, un respect tacite mêlé à une rivalité brûlante.
Lorsque la séance fut levée pour la journée, Nathaniel s’approcha d’elle.
— Vous m’intriguez, Maître Morel. J’aimerais en savoir plus sur la femme derrière l’avocate.
— Vous perdez votre temps, Darlington. La seule chose que vous devez savoir, c’est que je vais vous faire tomber.
Il sourit, visiblement amusé.
— Nous verrons bien.
Elena quitta le tribunal, troublée malgré elle. Elle savait qu’elle jouait avec le feu. Mais peut-être que, cette fois, elle n’avait pas envie d’éteindre les flammes si vite.
