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chapitre 4

Chapitre 4

C’était une soirée comme une autre, mais elle n’avait plus l’habitude de ces événements. Les galas, les cocktails, les sourires forcés. Elle avait laissé tout ça derrière elle, comme un mauvais souvenir. Mais là, ce soir, elle était là, pour une cause qui la touchait. Un événement caritatif, de ceux où l’on se présente pour la forme, avec des gens qu’on ne connaît pas mais qui se sont invités à partager un instant de “solidarité”. Elle avait accepté d’y aller, mais ce n’était ni par obligation, ni par envie réelle. Juste une occasion de se retrouver hors du tourbillon de son passé.

Elle s’était glissée dans la foule, écoutant sans vraiment écouter, observant sans vraiment voir. Elle s’efforçait de sourire, d’échanger quelques mots polis avec des visages qu’elle avait déjà croisés à maintes reprises. Des faux-semblants. C’était devenu sa spécialité. Mais au fond, ce n’était plus qu’un masque.

Puis il y eut ce moment.

Un homme, seul à l’écart, sans l’arrogance habituelle. Sans ce regard de “je suis quelqu’un d’important”. Il était là, à l’opposé de tout ce qu’elle connaissait. Aucun costume trois pièces ni air supérieur. Juste une chemise simple, des manches retroussées, comme quelqu’un qui n’avait pas l’intention de se montrer, mais juste d’être là, d’écouter. Pas de façade. Il ne jouait pas le jeu. Et pour la première fois en beaucoup trop de temps, Sophie se sentit… à l’aise.

Ils se croisèrent au buffet. Elle hésita un instant, cherchant une échappatoire. Elle n’avait pas vraiment envie de parler à qui que ce soit. Mais il la fixa juste assez longtemps pour qu’elle n’évite pas son regard. Un petit sourire en coin, comme une invitation silencieuse. Elle hocha la tête, se sentant un peu idiote mais approcha tout de même.

“Vous êtes nouvelle dans le coin, non ?” Il n’avait même pas dit bonjour, juste une question qui semblait naturelle, sans malice.

Elle le regarda, un peu surprise. Il n’avait pas l’air de chercher une conversation de convenance. Il ne cherchait pas à lui vendre son image ou à jouer son rôle.

“Je ne suis pas vraiment habituée à ce genre d’événements,” répondit-elle, un sourire un peu gêné, mais sincère. “Je préfère mille fois les affaires sérieuses.”

Il éclata de rire, un rire qui sembla briser quelque chose en elle, comme une cloche qui retentit dans une pièce silencieuse. Ça la déstabilisa un peu, mais aussi… ça la libéra.

“C’est exactement ce que je pense,” répondit-il, et il ajouta avec un petit air complice, “Mais on se fait souvent embarquer dans ce genre de trucs, n’est-ce pas ?”

Sophie sourit, surprise par la facilité de la conversation. Un instant, elle se sentit… normale. Pas une femme divorcée, pas une avocate en guerre contre un passé qui ne voulait pas la laisser tranquille. Juste une femme qui échangeait des mots avec quelqu’un d’autre, sans masque, sans crainte.

“Vous vous y habituez, finalement ?” demanda-t-elle.

Il haussait les épaules, d’un air de celui qui a vu et fait beaucoup, mais qui garde encore une forme de détachement. “Non. Pas vraiment.” Il marqua une pause, cherchant ses mots. “Mais parfois, on se dit que ça ne peut pas être pire. Et puis, un jour, on rencontre quelqu’un qui rend tout ça… supportable.”

Ses mots la frappèrent de plein fouet. Il avait cette simplicité qui, paradoxalement, rendait tout plus profond. Il n’essayait pas de séduire, il ne cherchait rien d’autre que de partager un moment sans fioritures.

“Et vous ?” Il la regarda avec une curiosité franche. “Vous trouvez ça supportable ?”

Elle eut un léger rire. Un rire qui n’était pas teinté de la douleur habituelle, un rire pur. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentit libre.

“Non. Mais il faut bien essayer.” Elle avait répondu du tac au tac, sans trop réfléchir. “Et vous, qu’est-ce qui vous pousse à venir à ces soirées ?”

Il la regarda avec un air pensif, un instant comme perdu dans ses pensées. “Pour être honnête, j’ai pas de réponse. Peut-être que je cherche un peu de sens dans des endroits où il n’y en a pas. Ou peut-être que je suis juste fatigué de ce monde.”

Elle hocha la tête. Quelque part, dans ses paroles, il y avait une vérité qui résonnait en elle. Elle avait l’impression d’entendre ce qu’elle n’avait pas eu le courage de se dire à elle-même. La fatigue de ce monde, de cette société qui se disait perfectionnée mais qui n’avait de perfection que l’apparence.

Ils échangèrent encore quelques mots, mais le temps sembla se dilater autour d’eux. Il n’y avait plus de pression, plus d’obligations. Ils étaient juste deux inconnus dans un monde où tout semblait aussi faux qu’il était inutile.

Les discussions autour d’eux devenaient floues, comme si tout se dissolvait en arrière-plan. Il lui parla de ses rêves simples, de ses échecs aussi. Un homme qui n’avait pas honte de ses faiblesses. Elle le regarda, amusée par cette simplicité qui la charmait de plus en plus.

Puis il se tourna vers elle, un sourire sincère sur les lèvres. “Alors, Sophie, pourquoi je vous sens soudainement moins seule ?”

Elle resta un moment silencieuse, un peu émue, avant de répondre. “Parce que vous êtes l’un des rares à ne pas me regarder comme si j’étais un puzzle à résoudre.”

“J’ai l’impression que je pourrais vraiment aimer ça,” dit-il sans détour.

Elle se retrouva presque incapable de répondre. C’était étrange, ce sentiment. Pas d’angoisse, pas de peur. Juste un apaisement. Comme si un voile s’était levé.

Ce fut à ce moment-là qu’elle réalisa qu’il y avait une vraie complicité entre eux. Ce n’était pas juste de la politesse ou une simple distraction. C’était une vraie connexion.

Ils passèrent une partie de la soirée ensemble, à parler de tout et de rien, mais surtout de la vie. De leur vision de ce monde dans lequel ils vivaient, des choix qu’ils avaient faits, de ceux qu’ils allaient faire. Des erreurs. Des regrets. Mais surtout, des rires. Des rires sincères, comme des explosions de liberté.

Elle s’était oubliée pendant une heure. C’était comme un oubli total, un saut dans un univers parallèle où les mensonges et les compromis n’existaient pas. Simplement l’instant.

Quand il se leva pour partir, il la regarda une dernière fois. “On se revoit bientôt ?”

Elle sourit, une réponse qui venait du cœur, sans hésitation.

“Oui. On se revoit.”

Il s’éloigna dans la foule, et elle se retrouva seule dans un coin de la salle, le regard perdu dans la vague d’inconnus. Mais cette fois, quelque chose avait changé. Elle n’était pas seule. Pas tout à fait.

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