Chapitre 2
Les Diamants de la famille Nguessi
Chapitre 2 : L'HÉRITAGE
**Nathan et Georges Nguessi**
Basile leur a balancé ce discours d’un trait, et d’une manière si spontanée. Dieu seul sait qu’il aime sa famille plus que tout et que pour lui le seul fait de penser à leur léguer à chacun sa part en est une très belle preuve…
-C’est ce que j’avais à vous dire ! Je prendrai le temps de tout détailler.
-Quand ? Tu le feras quand papa ? Demande Georges avec un empressement sans pareille.
-Quand le temps me semblera propice ! Lui répond Basile.
-Papa ! Nous n’avons pas beaucoup de temps ! Et puis ce…
-C’est ainsi que tu parles à ton père ? S’indigne Rita. Georges à ton âge tu devrais être plus posé, et plus responsable !
-Mais maman ! Qu’ai-je dit de mal ? Rétorque Georges. Demande juste à papa de nous préciser quand est-ce qu’il compte nous détailler tout ça ! C’est quand même très important ! Sans oublier que je suis attendu à Yaoundé la semaine prochaine. Je ne suis pas sûr de rester plus longtemps !
-Je te trouve bien impoli ! Lui répond-t-elle.
Basile qui assiste à toute la scène n’a dit mot ; il s’est juste contenter d’écouter sa femme et son cadet se chamailler ; puis il s’est levé, laissant toute l’assemblée presque sur sa faim. C’est Nathan qui se lève le premier et suit son père…
-Papa ? Papa ? Tu as une minute ?
-Oui ! Suis-moi !
En se levant, il prit la peine de lorgner son frère Georges avec arrogance.
Les deux frères ont toujours été proches ; même si l’un a toujours été l’opposé de l’autre, ce qui semble vouloir tout dire. Mais il ne faut pas trop se poser des questions ; les deux frères se sont toujours bien entendus, et ce depuis leur tendre enfance. Nathan était ce grand frère protecteur qui a passé toute sa vie à guider son cadet, Georges. Inséparables, ils ont pratiquement fait les mêmes écoles et tout, à en croire que Basile leur père voulait les forger dans le même moule. Et c’est ce qu’il a toujours fait. Mais il a oublié une chose : c’est chacun qui choisit sa route…
Calme, posé et assez responsable, Nathan est celui qui semble se référer à certaines exigences de son père, contrairement à Georges, qui est tout son contraire. C’est un fourbe, méchant et un hypocrite de première. Mais ce n’est pas ça qui a créé cette sorte de petit fossé entre les deux frères ; ce sont des frères, c’est clair, et même ! Ils ont aussi été amis. Mais d’un commun accord ils ont préféré garder de bonnes distances, sans toutefois en faire toute une histoire.
-Bah ! C’est toi le grand frère après tout ! Lui avait dit Georges il y a encore quelques années de cela. Je te dois du respect. Mais stp ! Ne provoque pas ma femme !
-Georges. Tu as choisi ta route, ça je le respecte, je ne te jugerai jamais pour ça. Mais laisse-moi te dire que Brigitte… ta femme, c’est une vipère ! Elle fait partie de cette race de serpents venimeux et dangereux ! Je ne m’approcherai jamais d’elle ! Alors qu’elle se tienne aussi à carreaux !
-Par respect pour toi grand frère je vais encaisser ! Mais… laisse ma femme en dehors de ça ! C’est bien toi qui monte tout le monde contre elle ! Elle n’a rien fait !
-Tu sais qu’avec toi je t’ai toujours dit la vérité. Mais qu’à cela ne tienne, moi je n’ai rien contre toi.
-Moi non plus ! Brigitte n’emmerdera personne ! Je te prie de respecter ça !
Les deux frères sont donc restés sur ce fait, celui de rester chacun dans son coin, et jusqu’alors. On ne sait pas s’ils sont parvenus à respecter ce principe ; mais autant Brigitte la femme de Georges est omniprésente, autant Bertine la femme de Nathan est plus effacée, mais assez percutante pour ne rien laisser passer quand le besoin se fait ressentir. C’est d’ailleurs elle qui motive leurs enfants Walter et Palome, à ne jamais se laisser faire…
-Walter ? Ta sœur et toi suivez votre père ! Le voilà qui va causer avec votre
grand-père ! Leur dit-elle.
-Mais dans ce cas tout le monde doit les suivre ! S’insurge Brigitte. C’est quoi ces petites messes basses là ?
-On se calme ! Intervient Rita. Ce n’est pas parce que Nathan suit son père qu’il aura les détails du testament. Vous êtes sans ignorer comment Basile est, alors prière de garder votre calme.
-En tout cas ! Moi je dis qu’on n’a pas fait tout ce chemin pour rien ! Dit Aurora, la fille aînée de Georges et Brigitte. J’ai tout laissé en plan à Paris pour venir ici.
-Ouais ! On a tout laissé pour venir ici. Alors Papi a intérêt à nous donner à chacun sa part ! Rajoute Perla, la cadette de Georges et Brigitte.
-C’est quoi ? Vous discutez même quoi ? Comme s’il n’allait rien donner ! S’irrite
Palome, la fille de Nathan et de Bertine. Arrêtez de vous prendre la tête !
-Hé ! On ne t’a pas sonné Palome ! Je ne m’adressais pas à toi ! Rétorque Aurora avec une vive énergie. Je ne m’adresse pas à toi ! Occupe-toi de tes oignons !
-Ah bon ? Depuis que Papi parle là vous êtes seulement concentrées sur vos téléphones ! Vous ne l’écoutiez même pas ! Maintenant qu’il se retire vous commencez à vous agiter parce qu’il a parlé d’héritage ?
-Ah ! Palome parle pour toi hein ? Nous n’avons pas les mêmes intérêts de toutes les façons ! Lui lance Perla en la minaudant.
Palome se lève sur le champ et veut foncer sur les deux, qu’elle est vite rattrapée par le reste de l’assemblée. S'ensuit alors une violente dispute entre tout ce beau monde. Georges, lui , se lève et disparaît de la pièce, tandis que Brigitte s’en prend à Bertine. Rita la grand-mère tape des mains sur la table et tente malgré tout d’apaiser la situation, en vain. Walter le fils de Bertine extirpe violemment sa sœur de cette bagarre et l’emmène avec lui à l’extérieur…
-Lâchez-moi ! Walter lâche-moi ! Je vais battre les filles là ! J’en ai marre !
Vocifère Palome à tout va.
-Chuut ! Calme-toi ! Calme-toi Palome ! Viens !
-Weee ! Walter j’allais leur faire la fête je te dis ! Aurora et Perla sont de vraies teignes ! Elles sont irrespectueuses !
-Je sais ! Mais stay cool ! Ne les gère pas !
-Tu as raison ! Mais je ne vais pas les laisser le tour-ci ! Pas le tour-ci ! Tu te
rappelles ce qu’elles m’ont fait ? Mais ça va sortir ! Je vais tout dire !
-C’est pour ça que je te demande de te calmer. Tu as toutes les cartes en mains pour les faire tomber devant Papi et Mamie. Pire encore quand tonton Georges leur père va apprendre qu’elles ne sont pas ce qu’elles laissent croire.
-Tu te rends compte ? Elles mentent à tout le monde ! Si je n’étais pas partie à Paris la dernière fois, personne n’aurait su.
-Ouais ! Carrément quoi ! Les filles sont bonnes à rien ! Rétorque Walter.
-Des dévergondées je te dis !
-Et tu sais quoi ? Je parie que tata Brigitte leur mère est au courant de toutes leurs manigances !
-Ca on ne peut pas savoir. Mais ça ne m’étonnerait pas. Cette mégère de Brigitte! Je me suis toujours demandé ce que tonton Georges lui trouve. Elle m’énerve ! Mais je te jure Walter le tour-ci je vais tout déballer, en pleine assemblée !
-Garde ton calme petite sœur.
-Non mais je te jure que…
-Laissez-les ! Elles dérangent pour rien !
Walter et Palome sont interrompus par Boris. Jusqu’ici silencieux, on ne l’a pas entendu depuis son arrivée. Resté dans son coin depuis, Boris s’est fait très discret. Il a assisté comme tout le monde à cette fameuse réunion, et n’a jusqu’ici pas dit un mot… Boris n’est autre que le fils que Brigitte a eu bien avant de se marier avec Georges. Il a été reconnu officiellement par ce dernier, bien qu’on le considère très souvent comme un intrus…
-Boris ? Mais…
-Palome laisse mes sœurs ! Je sais qu’elles embêtent, mais tu n’as rien à dire sur ce qui ne te regarde pas ! Reprend-t-il.
-Ekie ! Boris ! Je sais que ce sont tes sœurs ! Mais elles emmerdent et tu le sais ! Rétorque Palome avec autant d’énergie.
-J’ai tout suivi tout de votre conversation. Moi je ne veux pas les problèmes, alors laisse comme ça !
-Ok ! Boris ! Ça va ! J’étais en train de la calmer. Dit Walter. Ne t’en fais pas.
-Ce qui se passe ici avec grand-père est très important. Alors de grâce laissez les querelles derrières et contentons-nous de ce qui est important. Dit Boris.
Palome et Walter se regardent un court instant, avant de céder et de rentrer à l’intérieur.
C’est dans un calme plat et une atmosphère très lourde que Basile a repris son discours…
-Comme vous le savez, je suis arrivé à un âge où je ne peux pas me rabaisser et me limiter à toutes sortes de querelles inutiles ! La guerre en famille est pire qu’un poison ! Et c’est ce que je ne veux pas ! Je le dis et redis, que nous sommes une famille et nous avons toujours brillé par l’excellence ! Tout le monde nous connaît comme tels, et je veux que ça perdure. Même si le feu brûle dans la maison, faites tout pour l’éteindre, avant que la fumée n’arrive au dehors. Personne n’est parfaite, mais nos problèmes internes ne doivent pas être affichés dehors, parce que c’est ça qui constituera notre plus grande faiblesse. Comme je le disais tantôt, j’ai décidé de vous léguer à chacun la part qui lui revient ; et je souhaite que chacun en fasse bon usage…
Le silence qui règne dans la pièce est plus assourdissant qu’un vrai tintamarre. Basile qui tient une chemise en carton, l’ouvre et il lit…
-Sans plus tarder, j’ai tenu compte du niveau intellectuel de chacun, du niveau d’études, des conditions de vie, etc… Nathan c’est donc à toi que revient la gestion de toutes les entreprises NGUESSI, tu deviens ainsi le PDG. Ton fils Walter prend la direction de la NGUESSI DIAMOND Sarl. Palome devient la Directrice administrative et financière de la même entreprise. Georges, toi tu assureras la gestion du patrimoine immobilier, maisons, hôtels, terrains. Tes filles Aurora et Perla se chargeront du suivi des ventes et autres.
Le même silence pesant règne dans la pièce ; aussitôt on entend une porte claquer violemment… tout le monde sursaute ; on ne l’avait pas venu venir…
-Qu’est-ce qui se passe ? Demande le patriarche.
-C’est Boris qui est sorti ! Répondent en chœur Aurora et Perla.
