Chapitre 1
Les Diamants de la Famille Nguessi
Chapitre 1 : LA SURPRISE
**Basile et Rita Nguessi**
Basile n’a pas eu besoin d’attendre que la sonnerie de son réveil retentisse ; il a anticipé. Même Rita, son épouse qui dort à ses côtés depuis presque une décennie, n’est pas habituée aux changements de comportement de son époux…
-Papa ? Qu’est-ce qui se passe ? Demande-t-elle. Tu t’es encore réveillé sitôt ? Il n’est que 6h00. Tu n’as pas d’obligation majeure.
-Rita ! C’est mon cerveau qui me joue de vilains tours ! Je n’arrive plus à dormir
à partir de cette heure.
« Papa » c’est ainsi que Rita a toujours appelé son mari, et ce depuis toujours. On pourrait penser que la différence d’âge entre les deux est considérable, mais non. Du haut de ses 76 ans, Basile est un homme solide, qui a toujours eu de la poigne ; très entreprenant de nature et battant depuis la nuit des temps, il n’a jamais presque rien laissé passer, et même jusqu’à à présent. C’est ce côté-là, cet aspect d’homme fort qui a sûrement séduit Rita, 70 ans. Elle a toujours vu en lui cet homme fort de caractère, intelligent, beau et très protecteur. Il l’a toujours bien couvée et entretenue depuis leur rencontre ; se souvient-elle. Et elle en retour n’a pas manqué une seule fois à son devoir d’épouse.
Aujourd’hui le temps n’ayant pas toujours raison d’eux, ils sont quand même en pleine forme et jouissent à plein temps de leur retraite au soleil. La vieillesse ne leur faisant pas défaut, au contraire, ils apprécient chaque jour les bienfaits d’être parents et grands-parents ; ce qui leur a valu, il y a quelques années de cela, d’avoir l’honneur de célébrer tant d’années de mariage en compagnie de leurs enfants, et petits-enfants.
Mais ça fait aujourd’hui trois ans qu’il n’en est plus rien ; chacun est parti faire sa vie comme on dit, et on sent que cela leur pèse énormément sur la conscience…
-Tes fils te manquent n’est-ce pas ? Devine Rita, en le regardant arpenter de part
et d’autre la chambre.
-Mes fils… ces deux grands bonshommes ! Me manquer ce serait trop dire !
-Avoue qu’ils te manquent un peu ! Papa je te connais depuis ! Ne fais pas comme si tu ne ressentais rien ! Je ne t’ai jamais vu comme ça !
-Rita ! Montrer ses états d’âme est une grande faiblesse ! Tu le sais !
-Jusqu’à quand papa ? Je sais que tu as toujours été cet homme fort et solide, qui n’affiche pas facilement ses émotions. Regarde toi-même ! Tu l’as bâti cet empire de tes propres mains, sans jamais faillir ! Sans jamais te plaindre malgré les difficultés, rien ! Alors je pense qu’aujourd’hui tu devrais un peu lâcher du lest ! Tu n’as plus 30 ans ! Heureusement que tu es solide de nature.
-Je te remercie ma douce ! Sans toi je n’en serais pas arrivé là.
-Ne me remercie pas ! On a fait ce qu’il fallait, ensemble ! Moi je t’avoue que
Nathan et Georges me manquent aussi.
Basile se radoucit davantage…
-T’as raison ! Il faut que je les appelle ! Ce n’est pas normal ! Ça fait trois ans qu’ils ne sont pas venus ici ! Tu te rends compte ?
-Je m’en rend bien compte ! Mais en même temps il faut comprendre qu’ils sont occupés. Venir ici n’est pas évident tu sais ! Avec la distance et tout !
-Ce sont des dignes fils de l’Est ma chère ! A quel moment se rendront-ils compte que leurs racines se trouvent ici ? La base !
-C’est pas faux ! Mais tu sais que Nathan avec son poste de Directeur ne peut pas se libérer facilement et Georges non plus !
-Et c’est grâce à qui tout ça ?
-A toi bien sûr ! T’inquiète pas ! Ils assureront bien la relève.
-J’ai une idée ! Je ne sais pas si ça vaut le coup, mais je pense que je devrais tous les inviter à venir ici.
-Tu le penses ? C’est pas mal comme idée ! 3 ans c’est pas rien quand même !
-3 ans qu’ils n’ont pas mis les pieds ici à Bertoua ! Ce qui n’est pas normal Rita ! Je suis peut-être comme je suis, mais je pense qu’il est temps que je fasse quelque chose. Je ne suis plus très jeune ; tout peut arriver.
-Tu as raison papa ! Il… il faut faire quelque chose ! Ils doivent venir ! Déjà je me souviens que l’année dernière tu leur en avais parlé, mais ils n’ont pas réagi.
-Je vais m’organiser. Je t’avoue que je n’en dors presque pas. Chaque fois que
je les appelle, ils sont très réticents à cette idée de venir ici.
-Je comprends maintenant pourquoi tu es très matinal tous ces jours-ci. C’est
à cause de ça !
-Oui. Je cogite. J’y pense tout le temps !
-Fais-les venir papa ! Fais-les venir ! C’est important !
-Je vais faire plus que ça ma chère !
-Comment ?
-Tout le monde ! Je dis bien TOUT le monde doit être là !
-Je ne te suis pas ! Nous n’avons que deux fils !
-Oui. Je veux qu’ils viennent ici avec leur monde ! Leurs femmes et enfants, et
dans les plus brefs délais !
Rita a ouvert grand les yeux…
-Tu es sérieux Basile ? Tu penses que tes petits-enfants vont laisser leurs activités en Europe aussi facilement ?
-Je leur donne à tous 6 mois ! Ils vont se démerder ! Toi tu les connais tous ? Tu connais encore tous tes petits enfants ?
-Mais oui ! Ils sont quatre ! Nathan en a 2 et Georges 2 !
-Je sais ! Mais est-ce que tu sais ce qu’ils font ? Tu sais à quoi ils ressemblent aujourd’hui ? Quels sont leurs projets respectifs ?
-Euh…
-C’est bien là le souci ! Moi je ne les connais plus ! Voilà !
Cette question restée longtemps en suspens et pendue aux lèvres de Rita, lui a mis la puce à l’oreille. Et en quelques jours elle était la première à marteler cela à leurs deux fils, afin de les motiver à venir les voir…
-Nathan ! Tu es quand même le fils aîné ! Tu devrais être interpellé pour cela. Tu te rends même compte de ce qui se passe ? Ça fait 3 ans ! 3 ans que vous
n’êtes pas venus !
-Maman ! Tu sais ce qui se passe ! Et je te rappelle que nous ne sommes plus des
gamins ! J’ai 52 ans maman ! Tu es sans ignorer comment je…
-Je sais ! Et Georges en a 50 ! Je sais ! Mais ça ne vous empêche pas toi et ton frère de venir nous voir. Ne serait-ce que pour l’honneur de votre père. Est- ce que tu sais que quand il vient souvent à Yaoundé il préfère vous éviter ? Parce que soit disant il ne veut pas être encombrant ?
-Bon ça va ! On va venir ! Je vais le dire à Georges ! Mais pourquoi papa lui-même ne le fait pas ? C’est quoi le thème de cette réunion de famille ?
-Tu le connais ! Il n’aime pas supplier les gens. Mais venez d’abord ! On va arranger tout ça ! Il n’y a pas de thème, c’est une surprise a-t-il dit.
-Ok ! On va s’organiser.
-Oui ! Mais autre chose… tes deux enfants doivent être là. Pareil pour Georges. Nous… nous ne les avons pas vus depuis tout ce temps ! C’est quand même
honteux !
-Quoi ? Tu veux que… Walter et Palome viennent ? Mais…
-Je sais ! Mais démerdez-vous ! Ça prendra le temps qu’il faut, mais organisez- vous pour être tous là dans les 6 mois à venir. C’est un ordre qui vient de votre père. Je vais en toucher deux mots à Georges, je lui demanderai de venir avec sa femme et leurs deux filles, Aurora, Perla.
6 mois plus tard…
Basile qui a continué de déléguer cette tâche à Rita de rassembler toute la famille n’y est pas allé de main morte, parce qu’au départ c’est chacun qui avait ses principes à suivre, ses conditions à poser, ou alors pour d’autres qui n’arrivaient pas à caler une bonne date pour se libérer. Il a fallu que Basile tape du poing sur la table pour se faire obéir et pour sensibiliser tout le monde sur ce point. La date du 6 décembre a donc été arrêtée…
-J’attends tout le monde ce 6 décembre à Bertoua ! Nous passerons ainsi les fêtes de fin d’année ensemble ! A-t-il fini par trancher. Et j’exige que chacun vienne avec sa femme et ses enfants, au même moment !
Nathan est arrivé le premier avec sa femme Bertine et enfants, bien que ceux-ci soient déjà majeurs ; Walter 30 ans et sa sœur Palome, âgée de 28 ans, tous deux venus de Londres. Quant à Georges, il est arrivé plus tard en soirée avec son épouse Brigitte et leurs deux filles, Aurora, 27 ans et Perla, 25, venues de Paris. Tout ce qu’ils ont ressenti en arrivant, n’était qu’appréhension et anxiété, jusqu’à ce que le patriarche lui-même leur ouvre chaleureusement les bras…
-Bienvenus à vous mes chers ! Je suis très heureux de vous revoir ! Vraiment mon émotion est grande ! Je suis très ému de savoir que vous vous êtes décarcassés pour atterrir ici à Bertoua ! Aller ! Dans mes bras !
Intrigués, mais contents, c’est dans une belle ambiance de retrouvailles que chacun s’est donné à cœur joie, entre embrassades, rires et blagues…
Ce n’est que deux jours plus tard après un bon festin, et de grandes réjouissances que le patriarche a décidé d’entrer dans le vif du sujet…
-Déjà je vous remercie d’être venus passer les fêtes ici avec votre mère et moi. Si je vous ai fait venir ici mes enfants et petits-enfants, c’est avant tout pour dire que nous sommes une famille ! A nous tous nous représentons une force inimaginable ! Vous ne vous rendez même pas compte de la chance que nous avons. J’ai bâti cet empire de mes propres mains et c’est grâce à ça que vous vivez et respirez ! Personne n’est parvenu à nous déstabiliser, personne ! Nous sommes l’empire Nguessi, l’un des plus puissants de la région, du pays et même au-delà des frontières, je dirais. Et jusqu’ici personne n’est parvenu à percer notre mystère, ni à nous égaler. Vous le savez bien ! Hein ? Nathan ? Georges ! Mais à ce jour, l'un de mes vœux les plus chers est celui de toujours rester unis et aussi solides comme du roc. J’aimerai que chaque année que nous nous retrouvions ici, au quartier Météo, pour célébrer notre gloire. Je me fais déjà bien vieux. Et on ne sait pas de quoi est fait demain. La surprise que je vous ai donc réservée est celle de désigner mon successeur…
Tout le monde se regarde, surpris.
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