Chapitre 3
Je la plante là. Je sais ce que je fais. Je lui tourne le dos; elle reste scotchée sur place et je l’entends bredouiller je ne sais quoi. J’émets un de ces rictus. Je sais que j’ai gagné un point. Avant même que je n’atteigne ma chambre, j’entends le bruit du claquement violent de sa porte, preuve qu’elle n’a pas digéré l’humiliation. Je ris presque fort et je sifflote longuement. Pour une fois, je finis par passer une merveilleuse nuit, tout en faisant de beaux rêves. Mais j’ai bien l’intention d’aller lui dire bonjour en premier au réveil le lendemain.
Mais justement le lendemain, en allant cogner à sa porte, personne ne répond, j’insiste, aucune réponse. J’ouvre c’est fermé à clé. Je me dis juste que la bonne dame boude un peu. Je confirme qu’elle ressent forcément quelque chose pour moi, ce qui me rassure pleinement. C’est plus tard je constate qu'elle est sortie depuis belle lurette.
En début de soirée, je reçois la visite de ses copains, André, Serge et Odette ; la sympathie qui s’est très vite installée entre nous trois depuis la veille à la fête n’a fait que nous rapprocher. Je perçois dans leur regard une certaine admiration et surtout les questions qu’ils ont tendance à me poser, ce qui me fait directement penser à ce qu’Irina à bien pu leur dire. J’ai quand même le temps de bien me rattraper, en devinant et en déviant leurs questions. Odette je la sens un peu trop près, bref, elle donne l’impression de vouloir me faire du rentre dedans.
-Erwin? Tu sais qu’ici chez nous on a tendance à dire que les amis de nos amis sont aussi nos amis norrrr ? Même si Irina n’est pas là, c’est surtout toi qu’on venait voir et savoir comment tu as dormi.
-Bien sûr. On est potes. C’est gentil d’être passé et de savoir que vous, vous ne dormez pas. Vous avez l’esprit fêtard on dirait.
Pendant qu’on papote, Irina entre, l’air de rien, tout en gardant son calme et un naturel qui en dit long, mais tellement flagrant. Elle salue tout le monde en faisant la bise à chacun, et elle m’évite proprement. Je souris timidement, en baissant la tête. J’ai le temps de lancer un coup d’œil à l’assistance ; Serge et André, se regardent et finissent par faire comme si de rien n’était; ils tentent plutôt de détendre l’atmosphère. André lance en premier, et tout cela à son encontre.
-Eh Mam’selle! C’est quoi ces façons de débarquer de nulle part ? Paraît-il tu es sortie depuis longtemps et…
Elle l’interrompt et lui répond froidement…
-C’est pas tes oignons André. On ne t’a pas sonné.
Je la dévisage sournoisement et je l’ignore, sans placer un mot. Tout le monde éclate de rire, et moi aussi. Je me rapproche sciemment d’Odette et je la taquine avec des mots fins, mais qui choquent l’autre ; elle se rapproche plus près et me murmure à l’oreille.
-Tu rends ta go jalouse tu sais ?
J’éclate encore plus d’un fou rire. Et Je lui réponds à haute voix.
- Aahahha ! Ne dis pas de conneries.
Irina, je la sens gonflée à bloc et sûrement prête à exploser. Je calme le jeu et me rapproche un peu d’elle. Honteuse, elle fait mine de se détendre, mais je connais ça, c’est comparable à un volcan prêt à cracher ses larves au moment où tout est calme. Je suis prêt et préparé d’avance. Ils finissent par s’en aller, et on programme encore une autre sortie, avant la prochaine rentrée, question d’en profiter encore avant que les choses sérieuses ne commencent. On se fait des accolades et on se claque les doigts.
-Hein man ? On remet ça non ? Et cette fois-ci c'est dans la bonne ambiance Naija qu’on le fera. Ironise Serge.
-Je suis partant. Ai-je répondu.
Une fois partis, je suis Irina et je la rattrape par la taille.
-Attends ! Attends ! On a à se dire.
- Comme quoi ?
-Tu sors d’où?
-Pardon ?
-Tu m’as bien entendu. Ce n’est pas parce que tes parents ne sont pas là que tu vas te permettre ce genre de…
-Tu n’es ni mon père, ni mon mari, ni même mon gars!
-Tu sors de chez lui n’est-ce pas? Monsieur X ! Et puis quoi encore ?
- Ça ne te regarde pas.
-Pourquoi tu fais ça ? Tu me prends pour qui ?
- Et toi tu me prends pour qui ? Tu crois que tu peux te permettre de me peloter et ensuite me mépriser comme tu l’as fait hier nuit?
-Moi ? Te… te mépriser ? Mais qui méprise l’autre franchement ? Tu sors avec cet homme n’est-ce pas ? Tu veux que je le prenne comment ? Ok ! Je vois je ne suis qu’un passager, un étranger et je n’ai pas de place. Lui, il est là bien avant moi et ça compte plus, désolé.
-Ce n’est pas ça, c’est que… c’est que…
-Tu sors d’où? Tu sais ? Je n’aime pas les filles qui ont un comportement ambigu. Parfois tu me donnes l’impression d’être une fille bien, et parfois tu me fais croire le contraire… Ne donne pas raison à tes parents. C’est qui cet homme qui est venu te chercher à une heure si tardive ? Tu peux me le dire ? Parlons en toute franchise, et laissons toutes nos émotions de côté. Si tu veux te confier, c’est le moment.
Elle sanglote légèrement, se frotte les mains, avant de me répondre.
-Ok. Si je te dis est-ce que tu … est-ce que tu seras en mesure de garder ton calme et de ne pas me juger ?
-C’est promis. Je veux savoir qui est ce monsieur X et où tu étais pendant tout ce temps?
-D’accord. Monsieur X… en fait… c’est celui qui m’a mise enceinte il y a deux ans. Il revient en force tous ces derniers temps, depuis que… depuis qu’il sait que toi tu vis ici à la maison et…
-Quoi ? Il me connaît ?
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