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Chapitre 1

J’attends que tu me donnes les bonnes raisons de ce refus ; tu ne te rends même pas compte de la chance que tu as. Il y a beaucoup de jeunes qui remueraient ciel et terre pour occuper ta place, mais tu ne vois pas plus loin que le bout de ton nez. Je te laisse le temps de bien réfléchir; tu as deux jours, pas plus. La prochaine rentrée académique a lieu dans un mois et nous n’avons encore rien entrepris.

-Moi j’aimerai ajouter quelque chose. S’exclame tout bonnement James, assis dans un coin de la pièce en nous observant nous envoyer des phrases piquantes.

-Petit frère. Tu ferais mieux de ne pas tout foutre en l’air. Un conseil, ressaisis toi vite. Je ne vais pas passer tout mon temps à te couvrir et à supporter tes caprices d’enfant gâté. En France, ni toi ni les Bonnaire n’ont jamais voulu nous raconter ce qu’il s’est passé. Mais toi tu peux nous le dire. Nous sommes entre nous.

James c’est mon frère aîné, et malgré la grande différence d’âge qui nous sépare, tout nous lie. Il est mon aîné de dix ans, et même si nous sommes frères de sang, et même si toute la famille n’a d’yeux que pour James et le considère comme le fils prodigue, moi je le connais mieux que quiconque. Sous ses airs de garçon modèle, James est tout le contraire de ce qu’il laisse paraître ; célibataire endurci et très volage de nature, mon père vient de le nommer Directeur Général d’une de ses société, à seulement 30 ans. Quelle erreur de sa part. Je suis piqué au vif lorsqu’il me balance cette phrase selon laquelle j’ai dû commettre une bévue en France, ce qui m’a poussé à rentrer définitivement.

-Je… je n’ai rien à dire! James je ne suis pas au tribunal je te rappelle! Et tu n’es pas mon père à ce que je sache. Papa m’a demandé les raisons qui me poussent à ne plus retourner là-bas. Je vais lui donner une réponse dans deux jours.

-Tu as intérêt ! Dit James en me pointant du doigt.

-Ne m'énerve pas stp. Je lui répond agacé.

-Mais c’est toi qui énerve. Tu nous pousses à bout! Rétorque-t-il.

-Quoi ?

-Ooooh ! Ne joue pas les victimes Erwin.

-Tu peux répéter? C’est pas toi qui…

Mon père se redresse de sa chaise on dirait un lion bondissant sur sa proie ; il s’en prend à moi avec un tel acharnement que je finis par me taire.

-Ça suffit Erwin. Tu n’as rien à dire. C’est toi qui déçoit, et tu oses nous manquer de respect ? Je te rappelle que tu n’as pas droit à la parole ni devant moi, ni devant ta mère et encore moins devant ton frère aîné.Tu nous dois le respect. Deux ans ici à ne rien foutre. Il faut friser la folie pour agir de la sorte.

-Je suis donc fou? Entre James et moi qui est…

Tu arrêtes! M’interrompt mon père. Oui ! Nous pensons que tu as des problèmes dans la tête et qu’il faudrait que tu te ressaisisses au plus vite.

-Dans ce cas…

Voilà pourquoi je suis parti précipitamment d’Abuja il y a deux semaines sans leur dire au revoir. Je préfère m’éloigner d’eux comme ça pendant plusieurs jours, même si c’est le style de vie que j'ai choisi de mener, et même si je perds la tête selon eux. Ma tête je l’ai bien sur les épaules, mais il est hors de question que je retourne en Europe, du moins pas pour le moment, je ne me sens pas prêt. C’est Peter qui m’a aidé à transcender toute cette douleur que j’ai ressenti lorsque j’ai décidé de quitter la France ; les miens n’en savent rien.

-Tu es décidé à ne rien leur dire ? Demande Peter.

-Non. Je crois qu’ils me tueraient s’ils l'apprennent. Je leur ai juste dit que je ne retournerai pas là-bas.

-Je comprends Bro ! Et comment comptes-tu régler ça ?

-I no no (Je ne sais pas). Je trouverai une bonne raison. Mais tu sais, j’ai parfois envie de changer, de devenir quelqu’un d’autre, mais… Bref j’en sais rien !

- Bro, one day one day, God don butta your bread.(Un jour Dieu va exaucer tes prières mon frère).

-Oui, tu as sans doute raison. Aller ! Je veux plus y penser, allons nous détendre…

Tout est prévu pour que l’ambiance soit au summum de ce que nous avons prévu. Nous devons nous rendre ce soir même à Lagos Island, mes parents y ont construit une espèce de château, plus précisément à Lekki Peninsular. C’est là-bas qu’ils se rendent souvent lorsqu’ils viennent à Lagos. J’ai tout simplement dérobé les clés, sans protocole, et c’est moi qui gère tout.

-Ne m’en voulez pas les amis. C’est moi qui offre. La villa est occupée d’un système de sécurité ultra sophistiqué, alors une fois à l’intérieur on ne viendra pas nous emmerder… Que la fête commence !

Tout se passe très bien, c’est une vraie réussite, nous sommes tous heureux de nous retrouver comme d’habitude, mais cette fois-ci c'est dans la somptueuse villa de mes parents et dont ils ne sont au courant de rien. On trinque, on rigole, on s’amuse comme des fous. Quatre filles font leur apparition à tour de rôle en fin d’après midi,

dont Wendy ; je l’a prend par la taille, je l’embrasse, on se dirige au bar et je lui verse une coupe de champagne. S’ensuivent alors une série de morceaux bien choisis par Kingsley qui s’improvise DJ du moment. La musique diffusée en même temps sur l’écran, nous amène à nous trémousser avec les meufs agrippées chacune contre son mec. Je décale subitement, Wendy me suit et je la prends par la main ; je l’attire au bord de la piscine. Pendant qu’elle se déshabille sans gêne, je l’observe et je souris.

-J’aime les filles entreprenantes. J’ironise.

-Hum ! C’est bien toi qui m’a demandé d’apporter mon bikini.

-I wan chop yo body (J’ai envie de toi)

Son téléphone sonne et elle le décroche devant moi. Je sursaute lorsque je l’entends prononcer… Sheila. Quand elle raccroche, je ne tarde pas à lui poser la question, pour me rassurer.

-C’est qui cette Sheila ?

-Oh ! C’est une amie. Je lui ai dit que mon gars m’a invitée à passer du bon temps dans un château digne de ce nom. Et tu ne connais pas la meilleure… elle m’a fait comprendre qu’elle compte aussi se rendre chez son copain qui l’invite dans un château ici à Lekki. Drôle de coïncidence non?

-Je vois. Heureusement qu’il y’en a plein ici.

-Exact! On va bien se marrer quand on se verra à notre retour.

Je finis par froncer discrètement les sourcils et je me rends compte que les deux pétasses se connaissent. Il faut changer la donne vite fait, je n’aurai qu’à l’appeler, Sheila et à annuler le truc, même si Wendy n’est là que pour 24 heures. J’aurai l’air moins con. A la fin de la soirée bien arrosée et après que chacun ait eu le temps de bien cuver son vin et sa « Kele » (Petite amie), j’ai l’esprit très engourdi au point où je finis par m’assoupir sur le coup, sans m’en rendre compte. J’ai encore le cerveau endormi lorsque Wendy me réveille avec une violence qui me mets hors de moi.

- Hé mais… mais c’est quoi ces manières ? Tu me réveilles comme s’il y avait mort d’homme .

Elle semble encore plus paniquée que jamais, elle tremble de tous ses membres et peine à parler, elle respire très fort, je perds patience.

-Il y a quoi?

-C’est… C’est… C’est …

Kingsley et Olawade entrent en trombe dans la chambre.

-Omo ! (Copain) c’est grave ! Peter… Il… il ne respire plus. Me dit Kingsley aussi paniqué que le reste.

Je bondis du lit.

- Quoi ? Comment ça il ne respire plus ?

-On … on a tout fait, on ne voulait pas t’alarmer, mais là c’est… On ne sait pas quoi faire. Me dit Olawade.

Le même état d’esprit me gagne sur le champ, la panique, mais surtout la peur. Peter git effectivement sur son lit, inanimé. Sa copine est à côté de lui en larmes. C’est elle qui a alerté Wendy en premier lieu, suivi des garçons ; elle nous explique bien plus tard qu’au moment de s’endormir, Peter se serait étouffé dans son sommeil.

-Il… Il a émis un cri, j’ai eu peur et je lui ai demandé ce qui n’allait pas, mais il ne m’a pas répondu. J’ai donc allumé et je l’ai trouvé comme ça, il… il ne bougeait plus.

Nous entourons Peter et je me rapproche de lui ; ma respiration se fait grandissante et en une fraction de seconde je vois tout défiler devant moi. Peter, mon meilleur ami… Non ! Je ne réalise pas et je tente de me ressaisir.

-Dégagez, faites de la place, il manque d’air. Il … il n’est pas mort !

J’ai encore quelques petites notions de secourisme acquises quand je faisais partie de l’équipe des boy scouts. Je tente de lui faire un massage cardiaque, je le fais avec conviction car j’ai encore espoir qu’il va se réveiller… Au bout de 15 minutes, Kingsley et tout le reste me demande d’arrêter.

-Omo … Laisse c’est fini. Il… est… mort.

Je n’écoute personne, je n’écoute que moi, j’entends encore sa voix, sa dernière phrase avant que nous ne montions nous coucher avec nos copines respectives. Je m’affale sur son buste et je crie de toutes mes forces…

-Noooon ! C’est pas possible !

Un mois plus tard…

Assis dans ma chambre, je regarde les quatre murs de cette pièce familière mais qui tout d’un coup me semble si austère et étrange. Je ne me sens plus du tout à l’aise ici. Je me lève subitement et je me dirige vers la salle de bain; je me regarde devant la glace, et je pense à ma vie, qui me semble en fin de compte bien plus compliquée que ça. Je me rapproche lentement et je me regarde moi-même, mais sans me voir. C’est alors que je perçois le déclic. Ça y est, je sais ce qu’il me faut, je crois que j’ai la réponse, et je crois qu’elle se trouve de l’autre côté de la glace… Il me faut la franchir, peut-être pour être en paix avec moi-même et surtout me retrouver. Plus tard dans la soirée, mon père et ma mère viennent frapper à ma porte.

- Fiston. Tu as demandé à nous parler. Dit mon père.

-Oui… Je … Voilà c’est décidé, je vais retourner à l’école, à l’université.

-Enfin ! C’est bien, c’est une très bonne chose ! Après tout ce qui s’est passé, tu as finalement compris qu’après tout il vaut mieux se caser au lieu de vivre à 100 à l’heure ! Je vais donc contacter cette université à…

-Non papa ! Je ne retourne pas là-bas.

-Je ne te suis pas. Mais tu veux aller où?

-Je me suis déjà renseigné sur internet, j’ai deux options, la Côte d’Ivoire ou le Cameroun.

C'est parti!

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