Chapitre 6
Anna fit son entrée dans la maison, immédiatement reconnue par l'un des gardes qui se trouvait au portail. Celui-ci lui adressa la parole et, après quelques échanges, il lui demanda d'aller prendre place dans le hall. Il appela ensuite un autre garde ayant libre circulation dans la demeure pour informer Ayo, la servante personnelle de la reine, de la présence de sa fille.
Assise dans le hall, Anna contemplait la pièce et réalisa que beaucoup de choses avaient changé depuis sa dernière visite. Les décorations étaient plus somptueuses, et l'atmosphère, bien que empreinte de tristesse, restait digne et majestueuse. Elle était en pleine contemplation lorsque sa mère vint la voir. Ayo était tellement contente de voir sa fille qu'elle se précipita vers elle, les bras ouverts. Anna se leva aussitôt et se réfugia dans ses bras, serrant sa mère très fort.
— Je rêve ou tu es devenue une femme maintenant ? dit Ayo avec un sourire plein de fierté.
— Mais maman, ça fait déjà des années que je ne suis plus une gamine. J'ai vingt-deux ans, ne l'oublie pas.
Ayo commença à rire, et elles prirent place dans le canapé du hall, entamant une conversation légère. Cependant, Ayo remarqua que quelque chose perturbait sa fille. Ne voulant pas la laisser dans cet état, elle décida de lui demander ce qui n'allait pas. Anna, d'abord réticente, finit ipar craquer sous l'insistance bienveillante de sa mère et lui raconta ce qui s'était passé avec Ahmed, les larmes aux yeux.
— Maman, je ne comprends toujours pas comment Ahmed a pu me faire ça... avec ma meilleure amie en plus.
— Oh ma chérie, je suis tellement désolée que tu aies dû traverser ça, dit Ayo en la prenant dans ses bras. Tu sais, parfois les choses arrivent pour une raison. Peut-être que cela signifie simplement qu'Ahmed n'était pas l'homme qu'il te fallait. Tu rencontreras quelqu'un de bien, j'en suis sûre. Il y avait toujours quelque chose chez Ahmed qui ne me plaisait pas, même si je ne savais pas quoi.
Les mots réconfortants de sa mère commencèrent à apaiser Anna. Elle se ressaisit et demanda des nouvelles de la reine mère.
— Où est la reine mère ?
— Elle est sortie avec sa sœur et le prince Hélios, répondit Ayo.
Anna fut surprise d'entendre cela, car elle n'avait jamais rencontré le prince depuis qu'il était devenu adulte. À chaque fois qu'elle venait au palais pour aider sa mère, Hélios était en Amérique, s'occupant des affaires de la famille.
— Le prince est ici ?
— Oui, n'oublie pas que le roi nous a quittés et que le prince est le seul héritier. Tu auras la chance de voir l'homme qu'il est devenu. Il sera un bon roi, j'en suis sûre.
— Tu sembles l'adorer.
— Oui, je l'aime beaucoup. Pour moi, il est toujours ce garçon que j'ai bercé, même s'il est maintenant un homme remarquable. La femme qui l'épousera sera très chanceuse.
— D'accord maman. Si ce n’était pas pour les circonstances, j’aurais assisté aux obsèques du roi. C’était une bonne personne. Que Dieu l’accueille dans son royaume.
— Amen, répondit Ayo avec une voix émue.
Après ces paroles, Ayo et Anna prirent la direction de la chambre d'Ayo pour déposer les affaires d’Anna. En chemin, Ayo continuait à parler de la bonté et de la grandeur du défunt roi et de l’avenir prometteur de Hélios.
— Tu verras, Anna, le prince Hélios a beaucoup changé. Il est devenu un homme admirable. Et avec le soutien de tous, il saura guider ce royaume vers un avenir brillant.
Anna écoutait sa mère avec attention, se sentant déjà un peu plus intégrée dans cette nouvelle phase de sa vie.
Quelques heures plus tard…
Au Palais d'Agbara…
Après plusieurs heures de route, Hélios, sa mère la reine et sa tante Becca arrivèrent enfin au palais d'Agbara. À leur arrivée, ils furent accueillis chaleureusement par les servantes et les gardes. La reine, la femme du roi, vint à leur rencontre et les invita à entrer dans le hall principal, où ils prirent place. Les servantes apportèrent de quoi se rafraîchir, et les invités s'installèrent confortablement. Quelques minutes plus tard, le roi Akintola fit son entrée pour les rejoindre.
— Reine Angela, c'est un honneur de vous accueillir dans notre humble demeure, dit le roi en souriant.
— Le plaisir est partagé, répondit la reine Angela. Nous sommes venus pour sceller une nouvelle ère d'amitié et de coopération entre nos royaumes.
— Oui, bien sûr, répondit le roi Akintola. Permettez-moi d'appeler mes filles.
Il fit signe à un garde, qui partit aussitôt chercher les princesses. En attendant, le roi engagea la conversation avec Hélios, curieux de connaître ses impressions sur le voyage et la situation au palais.
— Prince Hélios, comment trouvez-vous notre royaume ?
— C’est un endroit magnifique, répondit Hélios poliment. Je suis impressionné par la grandeur et la beauté de votre palais.
Peu de temps après, les deux princesses firent leur apparition. L'aînée, Adaeze, entra avec grâce et élégance, suivie de sa sœur cadette, Amara. Elles saluèrent les invités avec respect et prirent place à côté de leur père.
— Mesdames et messieurs, voici mes filles, Adaeze et Amara, dit le roi avec fierté.
— Enchanté de faire votre connaissance, dit Hélios en les saluant.
Les conversations commencèrent alors à tourner autour de sujets variés : l'union des royaumes, les traditions et les responsabilités qui attendraient Hélios en tant que futur roi. Adaeze, l'aînée, semblait particulièrement intéressée par les projets de Hélios et lui posait des questions pertinentes sur ses plans pour le royaume d'Ife.
— Prince Hélios, quels sont vos projets pour renforcer les liens entre nos deux royaumes ? demanda Adaeze.
— Je crois qu'un lien basé sur l'amour, le respect mutuel et la coopération économique serait bénéfique pour nos royaumes, répondit Hélios. Nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres.
Adaeze acquiesça, semblant impressionnée par la vision de Hélios. Amara, quant à elle, était plus réservée, mais ses yeux pétillaient de curiosité. Elle écoutait attentivement chaque mot, tout en échangeant des regards complices avec sa sœur.
Après plusieurs échanges, Hélios prit une décision.
— Roi Akintola, dit-il, j'aimerais prendre le temps de mieux connaître votre fille, particulièrement Adaeze, avant de prendre une décision définitive concernant notre union. Je pense que cela nous permettra de bâtir une relation basée sur l'amour, la compréhension et le respect mutuel.
Le roi Akintola fronça légèrement les sourcils, visiblement contrarié par cette réponse.
— Bien sûr, prince Hélios, répondit-il, essayant de cacher son mécontentement. Prenez le temps qu'il vous faut. Mais n’oubliez pas que c’est après votre mariage que vous pourrez être couronné roi et qu'il ne vous reste plus beaucoup de temps.
— Je le sais très bien, répondit Hélios calmement. Ne vous inquiétez pas pour cela. Cependant, je dois m’assurer de certaines choses avant de m’y lancer. Je ne veux pas me précipiter pour me marier simplement pour être couronné roi, sans prendre en compte mon bonheur et celui de votre fille. Si nous ne sommes pas faits l'un pour l'autre, cela deviendra une nouvelle source de problèmes pour nos deux royaumes, et c’est ce que je veux éviter à tout prix.
Adaeze regarda Hélios avec admiration, touchée par son honnêteté et sa sagesse. Elle prit alors la parole.
— Prince Hélios, je comprends votre point de vue. Moi aussi, je pense qu'il est important que nous apprenions à nous connaître avant de prendre une telle décision.
Hélios sourit, reconnaissant de la compréhension de la princesse. Le roi Akintola, bien que toujours un peu contrarié, réalisa que la prudence du prince était en réalité un signe de respect pour sa fille et pour le royaume d'Agbara.
— Vous avez raison, Hélios, concéda-t-il. Prenons le temps nécessaire. Je suis certain que cette approche sera bénéfique pour nous tous.
Les deux princesses ne cachaient pas leur intérêt pour Hélios. Elles échangeaient des sourires et des regards charmants, espérant attirer son attention. Cependant, Hélios restait impassible et concentré sur les discussions sérieuses.
Après un moment, la reine , la femme de Akintola proposa une visite du palais pour détendre l'atmosphère.
— Voulez-vous voir nos jardins ? Ils sont magnifiques en cette saison, suggéra-t-elle.
— Avec plaisir, répondit la reine Angela.
Le groupe se leva et suivit la reine Akintola à l'extérieur. Les jardins étaient effectivement splendides, avec des fleurs exotiques et des fontaines élégantes. Hélios, marchant aux côtés d'Adaeze, commença à échanger des paroles plus personnelles.
— Vos jardins sont magnifiques, Adaeze. Aimez-vous y passer du temps ?
— Oui, j'aime beaucoup la nature. Cela me permet de me ressourcer et de réfléchir, répondit Adaeze avec un sourire.
Hélios hocha la tête, appréciant la simplicité de sa réponse. Il savait qu'il lui faudrait du temps pour vraiment connaître Adaeze et comprendre ses véritables intentions. Mais pour l'instant, il se contentait de faire connaissance et de profiter de la beauté du palais d'Agbara.
Pendant ce temps, le roi Akintola observait de loin, espérant que tout se passe comme prévu. Il ne pouvait se permettre d'échouer dans ses plans, mais il savait que la patience serait essentielle pour atteindre ses objectifs.
