Chapitre 5 : Les premiers indices
Selena
La pluie battait contre les vitres sales de l’entrepôt, mais le bruit de l'eau qui frappait ne suffisait pas à étouffer les battements rapides de mon cœur. Mon esprit tournait à toute vitesse, scrutant chaque possibilité, chaque mouvement. Viktor n'était pas le genre d'homme à se laisser surprendre, et je savais qu'il ne tarderait pas à me retrouver. La question n'était plus de savoir si, mais quand.
Je m’étais installée dans un coin de l’entrepôt, accroupie derrière des caisses en bois. Mon sac reposait à mes pieds, et l'argent volé à Viktor était encore là, bien caché. Mais même cette fortune ne suffisait pas à calmer mes nerfs. Mon instinct me poussait à partir, à fuir encore plus loin. Pourtant, je savais que Viktor ne me laisserait pas partir si facilement. Il était trop calculateur pour ignorer une telle perte.
Je scrutais l’obscurité à travers une fissure dans le mur, tentant de capter le moindre mouvement. Rien. Pas encore.
Puis un bruit de moteur. Doucement, comme si quelqu’un essayait de ne pas faire de bruit. Je me figeai, tendue. Les pneus crissèrent brièvement sur l’asphalte. Une voiture, peut-être deux. J'attendis un instant, mes sens en alerte, avant de me glisser hors de ma cachette.
Des pas. Légers mais déterminés. Ils venaient de l’entrée principale. Je reculai d’un pas, me fondant dans l’obscurité. Une silhouette se dessina dans la lueur tamisée de l’éclairage public extérieur. Un homme, grand, portant un manteau sombre. Un frisson parcourut mon dos. Ce n'était pas un simple passant. L'homme se dirigeait droit vers l’entrepôt.
Je n’eus pas besoin de plus. Viktor était déjà sur mes traces.
Je n’avais pas le temps de paniquer. Mon esprit fonctionnait à toute vitesse, anticipant mes mouvements. Je cherchais un moyen de fuir avant qu'il ne me trouve, mais l’angoisse serra ma gorge. Je me dirigeai discrètement vers la sortie arrière, consciente que chaque seconde comptait. Mais avant même d'atteindre la porte, des voix s’élevèrent, étouffées mais distinctes. Des hommes. Ils étaient entrés.
La panique menaça de m’envahir, mais je réussis à la repousser. Pas encore. Pas maintenant.
Je jetai un regard par une petite ouverture dans le mur, observant les silhouettes des hommes de Viktor s'avancer dans l’entrepôt. Ils se déplaçaient méthodiquement, comme des prédateurs traquant leur proie. L’un d’eux s’arrêta près de la pile de caisses où je m’étais cachée quelques secondes plus tôt. Il jeta un coup d'œil, scrutant chaque recoin avec une intensité inquiétante.
Je me figeai. Chaque fibre de mon corps était tendue. Un de leurs hommes s'approcha encore plus près, et je m'efforçai de ne pas faire un bruit. Mon souffle se fit plus léger, plus discret.
Mais il s’arrêta juste avant de me trouver. Le soulagement me serra la poitrine. Mais il n'était que temporaire.
« Il faut fouiller chaque recoin, tout le coin et recoin. » La voix de Viktor résonna dans l’air, froide et perçante. « Elle est encore là. Et je vais la retrouver, peu importe ce qu'il en coûte. »
Les mots de Viktor résonnèrent comme une menace. Même si je me cachais dans l’ombre, je savais qu’il ne me laisserait pas partir.
J’entendis ses pas approcher. À moins d’un miracle, il allait me trouver. Je n’aurais pas d’autre choix que de me rendre, ou de me battre.
Tout à coup, j’entendis une porte s'ouvrir dans l’entrepôt. Il y avait un mouvement, un bruit de pas rapides. Puis un cri.
« Là, derrière! » L'un des hommes de Viktor s'écria. « Je l’ai vue, elle est là ! »
Mon cœur se serra. Ils m’avaient repérée.
Je n’eus même pas le temps de réfléchir avant que la porte à l’arrière ne s'ouvre brutalement. Viktor, calme et implacable, entra, suivi de ses deux hommes. Il se tenait droit, sa posture imposante remplissant la pièce. Il n'avait pas l'air pressé. Ce n'était pas une simple traque. Non, c'était une démonstration de pouvoir. Il venait pour me capturer, pour me soumettre à son autorité. Le regard de Viktor croisa le mien, et l’intensité de son regard fit naître une boule de chaleur dans mon ventre. Pas de pitié. Pas d’échappatoire.
Je me levai lentement, n'ayant nulle part où fuir. Mes mains se serrèrent sur le bord d’une vieille caisse métallique, et je me forçai à garder mon calme.
Viktor s'approcha lentement, chaque pas résonnant lourdement dans l’entrepôt déserté. Ses yeux noirs étaient fixés sur moi, et je pouvais sentir la tension entre nous, comme une corde tendue prête à se rompre.
« Selena... » Sa voix douce, presque amusée, vibra dans l'air. « Tu pensais vraiment que tu pouvais t'échapper, hein ? »
Il fit un pas de plus, mais cette fois, il n’y avait pas de menace immédiate. Il voulait me voir réagir. Il voulait observer chaque mouvement.
Je me redressai et le défiai du regard. « J'ai survécu à pire que toi. »
Viktor sourit légèrement, un sourire qui n'atteignait pas ses yeux. « C'est ce que je trouve fascinant chez toi, Selena. » Il s'avança encore, se maintenant à une distance suffisante pour que je puisse sentir la pression de sa présence, mais pas assez près pour que je puisse l’attaquer. « Tu es audacieuse, mais tu te caches encore derrière ta bravade. »
Je haussai les épaules, consciente qu’il était sur le point de jouer ses cartes. Je devais être plus maline que jamais. Je me forçai à respirer calmement.
Puis, soudain, un bruit sourd se fit entendre à l’entrée. Un de ses hommes s'effondra sur le sol, une balle sifflant dans l'air. L'autre se retourna brusquement, mais avant qu'il n'ait le temps de réagir, un autre coup de feu résonna dans l’entrepôt.
Le corps du second homme s'effondra, et dans l’ombre, une silhouette s’avança, une arme à la main.
Viktor tourna la tête, ses yeux s’illuminant de rage. « Qui diable... »
La silhouette s’approcha. Je sentis une vague d'espoir m'envahir, mais je me concentrerai. Ce n’était pas le moment pour des sentiments de soulagement. Ce n’était que le début de la fin.
« Tu veux jouer à ce jeu-là, Viktor ? » La voix de l'inconnu résonna dans l’entrepôt, pleine de défi. Et, même sans voir son visage, je savais que cette personne allait tout changer.
