Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

Chapitre 6 : La rencontre face à face

Selena

L’air était lourd, saturé de tension. La pluie battait contre les vitres du hangar désaffecté, mais à l’intérieur, le silence pesait davantage, un silence qui pesait sur chaque respiration, chaque mouvement. Viktor n’avait pas bougé d’un centimètre. Il se tenait là, immobile comme une statue, ses yeux perçants cherchant la moindre faiblesse, la moindre erreur. Je savais que j’étais à sa merci. Mais je ne pouvais pas me permettre de flancher. Pas maintenant.

Je me tenais dans l'ombre, recroquevillée dans un recoin du hangar, le dos contre le mur froid. Mon souffle était rapide, mais contrôlé. Mes yeux suivaient Viktor sans relâche, et même si je savais qu’il me cherchait activement, une part de moi ressentait presque une étrange forme d’excitation. C’était une bataille d’esprits. Et même si je savais que j’étais en train de perdre, je n’avais pas l’intention d’abandonner.

Viktor s'avança d’un pas, l’expression glacée et déterminée. Il n’était plus qu’à quelques mètres de moi, mais il n’avait toujours pas remarqué ma présence. Pourtant, je le savais. Il avait déjà repéré mes traces. Il savait que j’étais là.

Il cherche à me faire bouger, à me faire commettre une erreur, pensai-je, mes yeux glissant furtivement sur les environs. Mon esprit était en alerte totale, cherchant une issue. Mais chaque direction semblait bloquée, chaque chemin semblait le mener directement vers lui. Je devais réfléchir plus vite. L’espace autour de moi semblait se refermer, les murs se rapprochaient, et l’air devenait de plus en plus oppressant.

Il s'arrêta. Un silence lourd. Puis, sa voix rauque brisa la quiétude de l’entrepôt.

« Tu crois vraiment pouvoir m’échapper ? »

Viktor venait de me trouver, ou du moins, il le pensait. Mais je, tendue comme un arc, ne bronchai pas. Je ne répondis pas tout de suite, mon regard fixé sur lui, analysant chaque mouvement. Ce n'était pas un homme qui croyait aux demi-mesures. Quand il décidait de capturer quelqu’un, il ne laissait aucune place à l'erreur.

Viktor esquissa un sourire, un sourire presque imperceptible, mais qui ne faisait qu’amplifier la menace qu’il représentait. Il savait que j'étais là, tapie dans l’ombre, et il savourait cette sensation de contrôle. Mais je ne le laisserais pas me déstabiliser si facilement.

« Tu es donc là… toute seule, sans issue. » Il dit ces mots comme si cela avait un sens pour lui. Il n'avait pas encore bougé, mais chaque mot qu'il prononçait semblait résonner dans l’espace clos, augmentant la pression autour de nous. Il jouait avec moi, comme un prédateur avec sa proie.

Je sentais la tension monter en moi, mais je ne cédais pas. Mes pensées étaient un tourbillon, mais je devais garder le cap. Je pris une inspiration profonde, ma main effleurant ma poche où je savais que mon couteau était dissimulé. Mais je n’attaquerais pas. Pas encore. Je savais que chaque geste devait être calculé avec une précision millimétrée. Si je faisais une erreur, tout serait fini.

« Tu es un homme du contrôle, Viktor. » Je ne haussais pas la voix, mais mes mots portaient. « Tu veux tout régner, tout contrôler. Mais tu n’arrives pas à contrôler ça. » Je désignai vaguement l’espace autour de nous, comme pour illustrer qu’il ne maîtrisait pas la situation. Il croyait qu’il contrôlait tout, mais il n’avait pas compris que je n’étais pas aussi docile que les autres.

Il fronça les sourcils, un éclat d'agacement traversant ses yeux sombres. Mais il ne réagit pas. Il attendait quelque chose. Il attendait que je fasse le premier mouvement. Ce jeu de regards et de silences n’était qu’une phase avant la confrontation. Je savais qu’il se contentait d’observer, de m’évaluer, comme une bête prête à bondir.

Nos regards se croisèrent, et pendant un instant, dans cet espace clos, dans ce jeu de pouvoir silencieux, tout sembla se figer. Tout autour de moi disparut. Je n’étais plus consciente du bruit de la pluie qui martelait les vitres, ni de l’obscurité qui semblait engloutir l’entrepôt. Il n'y avait que lui et moi, et la question de savoir qui allait céder en premier.

Puis il parla de nouveau, sa voix plus basse, plus menaçante cette fois.

« Tu es audacieuse, Selena. Mais tu as fait une erreur. »

Je sentis une bouffée d'adrénaline m’envahir. Une erreur. Quelle erreur ? Mon regard ne quittait pas Viktor. Mon cœur battait la chamade, mais je ne pouvais me permettre d’hésiter. Ce n'était pas le moment de perdre le contrôle.

Il s’approcha d’un pas. Un pas de plus, et il serait à portée de main. Un pas de trop, et il deviendrait une menace réelle. Mon instinct me cria de bouger, de frapper avant qu’il ne me donne l’occasion de regretter de ne pas avoir agi plus tôt. Mais quelque chose dans l’air me disait qu'il fallait attendre. Un instant de plus.

Je me glissai alors, aussi silencieuse qu’une ombre, vers l’arrière de la pièce, cherchant un moyen de l’encercler, de le surprendre. Je pouvais sentir le sol sous mes pieds, chaque mouvement calculé pour ne pas faire de bruit. Viktor, comme si tout était déjà sous contrôle, suivait mes mouvements du regard, un sourire toujours plus large s’étendant sur son visage.

« Où crois-tu aller, Selena ? » La question était glaciale, mais il semblait amusé par la danse silencieuse qui se jouait entre nous. Il savait que, d’une manière ou d’une autre, il finirait par me capturer. Il n'était pas pressé. Il savourait chaque instant.

Je me figeai soudain, un frisson parcourant mon dos. Un bruit sourd se fit entendre à l’extérieur du hangar, un son qui brisa la concentration de Viktor, même si son visage ne laissa rien transparaître. Il avait entendu. Il savait qu’il n’était pas seul.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-il, ses yeux s’écartant brièvement de moi pour scruter l’obscurité qui régnait à l’entrée du hangar.

Je ne pris pas de risques. Je me dissimulai davantage dans l’ombre, tout en surveillant Viktor, qui semblait plus agité. Un homme, un de ses hommes, fit une apparition dans l’embrasure de la porte, couvert de sueur et apparemment paniqué.

« Boss… » Il s’arrêta, haletant. « C’est… c’est une embuscade. »

Le regard de Viktor se durcit instantanément. Une embuscade. Cela ne pouvait signifier qu'une chose : quelqu’un voulait nous voir tous deux morts. Mais qui ? Mon esprit tourna à toute vitesse, cherchant à assembler les pièces du puzzle. Une embuscade… Qui oserait venir jusqu’ici, jusqu’à cet endroit reculé, pour nous attaquer ?

Avant qu'il n'ait le temps de réagir, des bruits de course se firent entendre, et une silhouette jaillit de l'ombre, se dirigeant droit vers Viktor et moi. Un homme masqué, armé, sa démarche déterminée.

Je n’avais pas le temps de réfléchir. La confusion m’offrait une chance inespérée. L’opportunité était là. Je n’hésitai pas. Je me lançai sur le côté, me faufilant dans l’ombre, à la recherche de l’arme que je savais être là, près du barillet. Mon cœur battait dans ma poitrine, chaque battement me donnant la force de foncer.

Viktor, toujours en alerte, tourna son regard vers moi. Cette fois, il n’y avait plus de sourire. Il savait que la partie venait de changer. Mais il ne laissait jamais rien au hasard.

« Tu n’as pas idée à quel point tu m’agaces, » dit-il, son ton transformé en un grondement. Sa patience avait atteint ses limites. Il était prêt à tout.

Je n’eus pas le temps de répondre. Le bruit du métal résonna dans l’air, puis un coup de feu éclata dans la pièce. Le chaos venait de commencer.

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.