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Chapitre V

Non mais il se prend pour qui celui-là ? Il donne rendez-vous à une femme pour la première fois, et il n’est même pas foutu d’arriver à l’heure. Vraiment les jeunes d’aujourd’hui ! Même mes clients millionnaires ne me manquent pas de respect comme ça. Il m’a supplié d’attendre en me disant qu’il sera là dans 10 minutes. Voilà 15 minutes, toujours rien. Je rentre chez moi, c’est même qui ça ?

Je fais ma manœuvre pour faire demi-tour. Mais je suis tellement énervée que je ne fais pas attention aux voitures qui viennent derrière. Une voiture manque carrément de me cogner.

Le conducteur : Mais vous ne pouvez pas faire attention ?

Je connais cette voix. On dirait celle d’Alexis. Les vitres de ma voiture sont fumées, il ne sait pas que c’est moi. Je ne sais pas si je dois les baisser pour qu’il voit que c’est moi. J'étais déjà en train de partir donc... Mais non. J’ai envie de lui passer un savon à ce mal élevé. Moi intérieur: « Oui c’est ça. Avoue que tu veux voir l’homme ». Tsuip !

Je baisse les vitres malgré les remontrances de mon Moi Intérieur. Je garde la mine froissée pour qu’il comprenne que je suis vraiment fâchée. Sur son visage, je vois la surprise quand il découvre que c’est moi qui suis dans la voiture. Je redémarre ma voiture pour bien la garer sur le bas côté, mais je reste dans la voiture. Alexis gare derrière moi. Il descend. A travers mon rétroviseur, je l’observe. Il a un costume gris qui lui va à merveille. Il est vraiment sexy dans sa tenue. Et je ne peux m’empêcher d’imaginer ce qu’il a sous sa chemise. Moi intérieur :« Son ventre évidemment. Tu crois quoi ? »

Alexis : Bonsoir Olivia.

Moi : Bonsoir.

Alexis : Sincères excuses. J’ai été retardé au travail.

Moi : Je partais déjà.

Alexis : Ah ! Heureusement alors que j’ai failli te cogner.

Il se croit drôle ?

Alexis : Bon j’imagine que pour un premier rendez-vous je commence mal.

Moi : Et je ne pense pas qu’il y en aura un deuxième.

Alexis : Et moi je pense le contraire. Tu sais quoi ? On va changer de restaurant. Un nouveau lieu pour effacer les gaffes de tout à l’heure.

Moi : Pour aller où encore ? Vaut mieux laisser tomber.

Alexis : Tu vas voir. Suis moi avec ta voiture.

Il retourne vers sa voiture. Je ne peux m’empêcher de mâter son postérieur pendant qu’il rentre. J’aime regarder le postérieur des hommes. Je sais, c’est bizarre. En général ce sont les hommes qui aiment faire ça. Mais j’aime les hommes avec de petites fesses légèrement musclées.

Je suis curieuse de savoir où il a l’intention de m’amener. S’il a envie de se faire pardonner comme il le dit ce sera certainement un meilleur restaurant. Je l’espère. Il pourra peut-être remonter dans mon estime comme ça. Et franchement je suis sortie contente ce soir, il ne faut pas qu’il me gâche ma soirée alors que j’ai envie de me changer les idées après les deux derniers jours.

On sort de Bonapriso. Je m’interroge un peu. Dans quel restaurant compte-t-il m’amener ? Ce n’est pas qu’il n’y a pas de bons restaurants à Akwa. Il y a la Fourchette par exemple, mais je doute fort que c’est le genre de restaurant où il part souvent. C’est vrai que je ne sais pas combien il touche exactement, mais je suis sûre d’une chose ça n’atteint même pas le million. S’il gagne trop, il approche les 700.000 FCFA. Ça c’est l’argent des beignets journaliers de certains de mes clients. Même pour moi c’est des broutilles. Si je fais le calcul, je suis en moyenne à 2.000.000 FCFA en espèce par mois sans compter les cadeaux en nature.

Sois réaliste Olivia tu perds ton temps avec ce type. C’est évident. Ou plutôt c’est à lui que tu fais perdre ton temps. Bon sauf si... sauf si tu décides de tirer un bénéfice en nature de cette rencontre. Il est beau, canon, distingué tout de même et je suis prête à parier qu’au lit il est... voilà quoi! Pourquoi ne pas suivre pour une fois dans ta vie les conseils de ton amie Hilda et profiter de ce chat aux fesses bien fermes qui s’offrent à toi ? Tu perds quoi ? Rien. Au contraire, tu gagneras certainement une nuit de plaisir.

Mais bon, je ne vais pas m’offrir à lui ce soir. Il ne faut pas qu’il pense que c’est aussi facile. Oui ! Je sais ! Je suis une prostituée et je me soucie du fait de coucher ou pas le premier soir avec un homme. C’est bizarre. Mais les autres hommes mettent le prix qui te fait oublier ce qu’on pourra bien penser de lui. Avec Alexis ce n’est pas le cas. Il va me donner quoi ? 10000 pour le carburant ? Et en plus pour son manque de condescendance il faut qu’il trime un peu.

Subitement Alexis s’arrête devant l’hôtel Beauséjour. Quand je vois ça j’ai envie de hurler. Non mais il est malade ? Direct monsieur m’amène à l’hôtel ? Je suis déjà prête à redémarrer ma voiture quand je vois écrit « restaurant Chez Justine ». Ah oui ! Il y a le restaurant de l’hôtel. Mais même comme ça. Je le soupçonne d’avoir dans l’idée de me proposer de continuer la soirée après dans une des chambres de cet hôtel. Onong ! S’il tente hein. C’est là qu’il va voir que les filles de l’Est savent être sauvages.

Je suis tellement entrain de penser à ce que je lui ferai que je ne me rends même pas compte qu’il est déjà descendu de sa voiture et qu’il frappe à ma vitre.

Alexis : Tu ne descends pas?

Moi : On va où ?

Alexis : Tu vas voir. Fais-moi confiance.

Moi : Faire confiance à un inconnu que je ne connais ni d’Adam ni d’Eve?

Alexis : Oui c’est exactement ça. Allez viens.

Comme ce type m’énerve ! On dirait qu’il a toujours réponse à tout. Qu’il s’en fout d’être justement en train de m’énerver. Pourquoi moi-même je me torture comme ça ?

Nous entrons dans l’hôtel. Monsieur joue les galants en m’ouvrant la porte. S’il croit que c’est avec ces gestes de blancs qu’il va m’avoir. Hum ! On dépasse la réception. Ensuite on dépasse l’entrée du restaurant. Et là je commence à vraiment m’inquiéter.

Moi : Je pensais qu’on allait manger.

Alexis : Oui, c’est ce qu’on va faire.

Moi : Où ? On vient de passer l’entrée du restaurant.

Alexis : Tu n’es jamais venu ici ?

Moi : Si mais... ça fait un bail.

Alexis : Bon arrête de me fatiguer avec tes questions. J’ai l’air d’un psychopathe ? Entre dans l’ascenseur.

Je me convaincs qu’il y a un restaurant à un autre niveau du restaurant. Il ne va pas oser m’amener dans une chambre et prétendre que c’est dans la chambre qu'on va manger. C’est comme les gars au lycée qui voulaient faire croire qu’ils pouvaient dormir sur le même lit que moi sans chercher à ce qu’on couche ensemble.

L’ascenseur s’ouvre et je trouve l’extérieur bizarre.

Alexis : Mais sors !

Je le regarde avec des yeux de suspicions, mais je sors quand même. Je me rends compte qu’on est sur le toit de l’hôtel. Comme j’ai l’air hébété, Alexis me prend par la main et me tire à gauche. Je découvre donc un décor de lounge. Je ne connaissais pas. Mais plus on avance, plus je découvre une table dressée au centre de l’espace.

Moi : C’est quoi ici ?

Alexis : C’est notre restaurant. Assieds-toi.

Moi : Mais il n’y a personne.

Alexis : Comme ça je pourrais faire ce que je veux de toi.

Moi : Pardon ?

Alexis : hahahaha ! Détends-toi, je rigole. Je me suis dit que pour une fille hors du commun comme toi, il fallait que le rendez-vous soit hors du commun.

Moi : Je ne vois rien d’exceptionnel là-dedans.

Alexis : Mauvaise joueuse !

Moi : D’accord je reconnais que ça sort un peu de l’ordinaire. Quand as-tu préparé ça ?

Alexis : Pendant que je venais te rejoindre. J’ai compris que tu étais très en colère alors j’ai imaginé un truc pour faire le mec super romantique.

Moi : Ce que tu n’es pas, ça c’est sûr.

Alexis : Faut pas croire chérie. En fait, la gérante est une amie qui me devait un service.

Moi : Et tu as gâché ce service pour pouvoir m’épater.

Alexis : J’ai réussi ?

Moi : Non. Mais j’aime l’attention.

Alexis : Enfin ! Quelque chose de gentil sort de ta bouche à mon propos.

Moi : Tsuip !

Alexis : Tu sais que tu es encore plus belle quand tu boudes ? Je trouve ça super sexy.

Moi : N’importe quoi !

Plus je discute avec Alexis, plus j’apprécie vraiment sa compagnie. Cette façon de prendre les choses au deuxième degré et de retourner toutes mes bouderies pour lancer une blague. C’est énervant mais c’est bien de voir quelqu’un qui arrive à gérer vos caprices. Oui je sais que je fais ma capricieuse mais c’est normal. D’abord, un, parce que je suis une femme. Deux, parce que lorsque tu es capricieuse, le mec fait tout pour t’avoir. C’est comme un défi. Bon en même temps faut pas abuser dans les caprices.

Dix minutes après que nous soyons arrivés, un serveur est venu nous donner une carte de menu. Comme je tiens à ma ligne parce que mon corps est mon outil principal de travail, je prends une assiette de crudités aux choux et carottes. Quand je passe ma commande, je vois les yeux d’Alexis s’ouvrir d’étonnement.

Moi : C’est quoi ? Tu crois que je fais comment pour avoir ce corps de rêve?

Alexis : Ah c’est ça ? S’il te plaît mange toutes les herbes que tu veux du moment que tu gardes ce corps.

En me disant ça, son regard sur moi change littéralement. Il me déshabille tellement du regard que j’ai vraiment l’impression de sentir ses mains qui se baladent sur mon corps. En pensant à ça, un frisson ne peut s’empêcher de passer à travers mon dos. Pourvu que mes rêves soient proches de la réalité. Ce serait vraiment une honte que ce type ne sache pas faire l’amour comme je l’imagine. Son baiser dans ma joue me conforte dans mon idée. C’est un as au lit.

Moi : Qu’est-ce que tu fais dans la vie ?

Alexis : Je suis banquier.

Mon moi intérieur, qui bien évidemment est très pervers ne peut s’empêcher de se dire : « ces gens qui sont toujours en costume clinquant mais qui pour la plupart n’ont presque rien dans leur poche ».

Moi : Banquier ça veut dire quoi.

Alexis : Bah que je travaille à la banque c’est clair non. En bref, je fais un peu un boulot de commercial en charge des grandes entreprises.

Moi : Ah ok !

Bref un simple cadre quoi. Exactement ce que je disais. Même pas un million dans les poches.

Moi : Et tu travailles dans quelle banque ?

Alexis : City Bank.

Heureusement, ce n’est pas ma banque. Parce qu’on vous connaît. Après tu vas aller vérifier ce que j’ai dans mon compte.

Alexis : Et toi alors, qu’est-ce que tu fais ?

Moi : Euh ! Moi ?

Alexis : Oui toi bien sûr.

Moi intérieur : « dis alors que tu es prostituée, j’entends. Pas ta gueule que tu fais souvent là. J’assume, j’assume. »

Moi : Je travaille à mon compte. Le commerce.

Alexis : Ah ok ! Pas de pression de patron qui te saoule. Et tu vends quoi ?

Moi : Des affaires de femmes. Sacs à main, chaussures, etc.

Alexis : Ok cool.

Je n’allais quand même pas lui dire que je suis une prostituée. Pourquoi faire ? Il va croire que j’en veux à son argent alors qu’il n’est capable de me donner quoi que ce soit. Ça sert à rien de gâter mes chances de m’amuser un peu avec lui.

Alexis et moi restons discuter pendant plus d’une heure encore après avoir fini de manger. Il est pratiquement 23 heures, mais ce qui est marrant c’est que je ne suis pas pressée de rentrer. J’avoue, j’ai passé une bonne soirée. Ce n’était pas dans un restau chic mais c’était un garçon canon et très sympathique. Et surtout drôle. Parce qu’après avoir tout fait pour jouer à ma dure, je me suis retrouvée plusieurs fois dans la soirée à rire aux éclats suite aux histoires d’Alexis. Je pense qu’il y aura un second rendez-vous.

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