Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

chapitre 5

Je lui lançai un regard froid. Elle me toisa. Ce qu'elle avait dit n'était pas loin de la vérité. Je n'aimais pas la vie malhonnête mais je ne faisais pas d'efforts pour avoir une meilleure vie non plus. Tout ce que je voulais c'était de partir de cet endroit. J'avais finalement accepté de continuer avec l'école. Rester dans cette maison toute seule n'était pas du tout plaisant.

Vingt heure sonna, c'était l'heure du dîner en famille. La table était toujours bien garnie, mère faisait la cuisine elle-même. Belinda et Aïcha avaient gardé leur documents d'études, chacune dans sa chambre. Ma curiosité était sans limite, je voulais savoir ce qu'elles me cachaient. Pendant qu'elles installaient la table avec mère, je me glissais peu à peu vers la chambre de Belinda. J'y fus enfin. Les documents étaient sur son lit. J'ouvris le grand livre de mathématique. Il y avait en plus des écrits, un téléphone portable bien caché. Un sourire m'envahit. Vide de toute réflexion, désireuse de nuire à Belinda, je courus au séjour avec le téléphone.

Alida : mère, regarde un peu ce que ta préféré cache dans ses livres d'école. Elle dit qu'elle apprend alors qu'elle manipule son téléphone. N'est-ce pas c'est interdit ici ?

Mère se leva avec rage et vint vers moi. Je vis la peur dans le regard de Belinda, elle en pleurait déjà. Je vis la souffrance future dans ses gestes, elle en grelottait. Aïcha lui tint la main, elle la regarda dans les yeux.

Mère pris le petit téléphone et l'alluma. Il n'était même pas multimédia. Il servait juste à appeler et écrire des messages. Mère se mit à le manipuler. Elle tomba sur des messages échangés par Belinda et un homme, un agent de police à qui elle demandait de l'aide. Après avoir lu le message à voix haute, mère se retourna vers Belinda et lui visa le téléphone sur le visage. Son front éclata, du sang se mit à couler.

Mère : vous voulez me montrer que vous êtes forte ? Hein Aïcha ?

Belinda : non mère, c'est moi seule. Aïcha n'est pas au courant, elle ne sait pas que j'ai un téléphone. Elle ne sait rien.

Mère : tu parlais d'elle dans tes messages.

Belinda : oui mais je ne lui ai rien dit. Elle ne sait rien du tout. Je te jure qu'elle ne sait rien. Je suis désolée mère, j'ai mal fait.

Mère : oh ma chérie ! Je vais te remettre à ta place. Après manger, on va au sous-sol. Tu connais ce qui t'attend.

Elle tomba sur ses genoux, pleurant, criant, suppliant. Aïcha fit de même, elle souffrait pour sa sœur. Je les regardais, je me rendais compte en ce moment que j'étais plus mauvaise que mère. Ce que je venais de faire était tout simplement horrible.

Après le repas, mère avait quitté la table avec Belinda. J'étais assise avec Aïcha. Je n'osais pas la regarder. J'avais honte de ce que j'avais fait. Je savais que Belinda allait être punie mais j'ignorais le degré de cette punition. Tout ce que je voulais c'était de lui rendre les paroles méchantes qu'elle me lançait. Ce jour, je vis la rage dans le regard d'Aïcha. Elle ne put se contenir, elle me parla avec colère.

Aïcha : s'il arrive quelque chose à ma sœur, si elle ne sort pas de cet endroit, je te jure que je vais te tuer de mes propres mains. Pourquoi avoir fait ça ? (Pleurant) Pourquoi avoir un cœur aussi mauvais ?

Je ne répondis pas. Je ne savais pas quoi lui dire.

Aïcha : Belinda et moi avons connu la misère dans la rue. Depuis toujours nous souffrons. Ça c'est la deuxième maison dans laquelle on nous fait vivre de telles horreurs. Ici est même un peu mieux, on nous permet de fréquenter. Tu crois qu'on va devenir des monstres à cause de ça ? On utilise tous les coups de la vie pour forger un meilleur avenir. Toi tu as choisi de devenir méchante, pourquoi avoir mêlé ma petite sœur à ça ? Je n'ai qu'elle dans la vie, elle est ma seule famille. Elle est tout pour moi, s'il lui arrive malheur, je vais devenir quoi ?

Elle pleurait, elle souffrait. Depuis le sous-sol, on entendit un cris d'horreur. C'était la voix de Belinda. Aïcha courut jusqu'à la porte menant au sous-sol, je le suivis. La porte était verrouillée, il n'y avait pas moyen d'entrer. Elle se colla à la porte, elle la frappa en criant.

Aïcha : j'étais au courant, je savais aussi. Prenez-moi aussi...

J'eus peur qu'elle passa aussi par ce que passait Belinda.

Alida : ne dis plus ça, mère va venir te prendre aussi.

Aïcha : tout ça c'est à cause de toi. C'est toi qui cause la souffrance de ma petite sœur. Est-ce que tu sais que c'est ma vraie sœur ? On est sorti du même ventre même si on ne sait pas de quel ventre. Est-ce que tu comprends ça ? Tu es pire que mère. Tu m'as fini Alida, tu m'as fini.

Elle s'assit sur le sol. Attristé par ce que je venais de faire, je m'assis avec elle. Pendant des heures, on resta là à entendre la voix horrifiée de Belinda. Au bout d'un moment, on n’entendit plus rien. Aïcha se leva brusquement.

Aïcha : elle ne crie plus pourquoi ? Mon Dieu, elle a quoi ? Aïcha courut jusqu'à la cuisine et revint avec un couteau en main. J'en fus apeuré.

Alida : tu veux faire quoi avec ça ?

Aïcha : si ma sœur ne sort pas de cet endroit en vie, tu vas y passer, mère va y passer et je vais y passer.

Alida : tu sais qu'il y a les gorilles de mère là-dedans. Si tu tentes quelque chose et ça rate, tu vas rejoindre ta sœur là-dedans. Ne fais pas ce que tu vas regretter.

Aïcha : on t'a juste demandé de te calmer, de mieux réfléchir. On t'a juste demandé de faire l'école et de te fondre à la masse comme tout le monde. Tu penses que quelle vie est facile ? Voilà dans quoi tu as mis ma petite sœur. Je vais supporter cet enfer avec qui ?

Pendant qu'elle pleurait, je la regardais. Au fond, je ne ressentais pas grand-chose. Vingt-et-deux heure sonna. Mère et ses hommes sortirent de la pièce. Belinda n'était pas avec eux. Aïcha courut se jeter sur les pieds de mère, pleurant.

Aïcha : où est ma sœur ?

Mère : voyez ce que je lui aie fait et prenez-en de la graine. La prochaine fois qu'une chose pareille va se répéter, vous allez comprendre.

Aïcha engagea les escaliers menant au sous-sol. J'étais juste derrière elle. On trouva Belinda toute nue, allongé sur le sol, devant une porte verrouillée. Aïcha s'assit et tira sa sœur dans ses bras.

Aïcha : ça va passer petite sœur, tu es forte. Tu es la plus forte du monde. Demain sera mieux, on va se sortir de tout ceci. Tu sais qu'à deux, nous sommes plus fortes. Toi et moi c'est pour la vie, il faut vite te ressaisir.

Belinda ne parlait pas. Elle s'était enfouie dans les bras de sa sœur.

Aïcha : je vais te laver, je vais penser tes blessures. Je vais te parfumer et on va dormir ensemble. Demain tu iras beaucoup mieux.

Je les regardais, je les jalousais. Pourquoi étais-je toute seule sur la terre et elles étaient deux ? Je trouvais leur bonheur injuste à mon égard. Au lieu d'aider Aïcha à faire monter sa sœur jusqu'à la chambre, je restai là à la regarder. Elle avait du mal à soulever Belinda.

Aïcha : s'il te plaît Alida, aide-moi au moins. On doit l'amener sous la douche.

Je l'aidai à contre cœur. On amena Belinda jusqu'à la douche. Je les laissai et pris la route de ma chambre. Étendue sur mon lit, je repensais aux belles paroles que Aïcha avait dit à sa sœur. Personne ne m'avait jamais parlé de cette façon. J'étais seule au monde. Je cherchais le sommeil mais en vain. Ce que j'avais fait à Belinda me hantait. Je refusais de m'avouer que cela était méchant de ma part. J'étais plutôt certaine que Belinda allait plus me respecter à l'avenir. Pendant que je pensais, la porte de la chambre s'ouvrit. Je me levais brusquement. C'était mère. Elle ferma et vint s'asseoir à côté de moi.

Alida : je veux dormir mère, s'il te plaît. Je suis très fatiguée.

Mère : je suis fière de toi, tu es aussi diabolique que moi. En même temps je dois avoir peur de toi, tu es capable de trahir ton propre sang par méchanceté. C'est difficile de te comprendre. On ne sait pas si tu veux ta liberté ou juste faire du mal. Normalement tu devais t'aligner derrière Belinda pour partir. Pourquoi l'avoir trahi ?

Alida : je ne savais pas que ça allait se passer comme ça. Je ne connaissais pas ce qu'il y avait dans le téléphone.

Mère : ça ne veut rien dire. Même si tu connaissais, tu allais faire pareil. Je dois faire attention à toi. De toutes les jeunes filles que j'ai eu à recevoir dans cette maison, tu es certainement la plus particulière. Tu me ressemble comme si tu étais ma fille. Malheureusement je n'ai jamais eu d'enfants. Je me demande bien de qui tu peux être l'enfant.

Alida : moi, je ne me le demande pas. Peu importe qui sont mes parents, ils m'ont abandonné. S'ils m'avaient gardé près d'eux, sûrement je ne serais pas dans ce merdier avec toi.

Mère : ma mère m'a élevé, elle m'a tout donné. Sauf que je suis dans ce merdier avec toi. Tu comprends que tu n'es pas différente de moi.

Alida : je suis différente, je ne vais jamais prostituer les jeunes filles pour gagner de l'argent.

Mère : non, tu as tes principes comme moi. Tu vas les faire du mal juste pour assouvir les désirs de ton cœur jaloux. Tu as ce sentiment de jalousie et de haine qui va nous mettre en guerre un jour. J'espère que je t'aurai tué d'ici-là.

Alida : on va voir qui va tuer qui

Mère : en attendant, vous direz demain à l'école que Belinda est tombée du haut des escaliers. Qu'elle sera à l'école dans une semaine. On va l'amener à l'hôpital demain. Elle va très mal.

Alida : tu lui as fait quoi ?

Mère : un jour, je vais te faire passer un quart d'heure dans le sous-sol. Tu comprendras ce que je lui ai fait.

Elle s'en alla, souriante. En elle, je ne voyais que de l'horreur. Je finis par m'endormir. Au petit matin, je n'allai même pas voir comment se portait Belinda. Je fis vite de m'apprêter pour l'école. J'étais seule à table pour le repas. Je trouvais cela bien mieux. Je mangeai à ma guise et j'allai attendre dans la voiture. Au bout d'une dizaine de minutes, Aïcha arriva. Elle avait des cernes autour des yeux. Elle n'avait pas dormi de toute la nuit.

Alida : comment va Belinda ?

Elle ne répondit pas. Elle s'assit et me donna son dos. Mère arriva et nous donna nos sous pour la journée. Pendant toute la route, Aïcha ne m'avait pas parlé. Cela me faisait mal. Une fois à l'école, chacune alla vers sa salle de classe.

Lorsque J'arrivai en salle, mon banc était vide. On avait l'habitude de s'y asseoir à trois mais les deux autres personnes avaient préféré allé s'asseoir au dernier banc. Tous avaient peur de moi. Sans me gêner, je pris place.

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.