chapitre 3
Mère : j’espère que tu sais ce qui t’attends si tu continues ce comportement maladif. Six mois, tu n’arrives toujours pas à t’aligner ?
Même en dix années je ne pouvais pas m'habituer à cette vie. Je la regardai, je ne vis aucune once de pitié dans ses yeux. Elle n'avait pas d'enfants, se disait-il. Elle me regarda, elle me toisa.
Mère : tu as cinq minutes pour sortir de cette chambre et nous rejoindre à table. Nous n'allons pas t'attendre éternellement.
Je dû me dépêcher. J'avais déjà pénaliser mes sœurs la veille, je ne voulais pas que cela se répétât. Comme d'habitude, je n'avais pas vérifié le contenu de mon sac. Je me l'étais juste lancé sur le dos. En moins de cinq minutes, j'étais dans la salle à manger. Je regardais le lustre accroché sur le plafond staffé, les tableaux de peinture hors de prix accrochés au mur, un sol marbré sur toute son étendue. Tout ce luxe au prix de la souffrance des jeunes filles comme moi.
Aïcha était venue vers moi, constatant comment j'avais de la peine à marcher. Elle voulut me soutenir jusqu'à la table mais je la repoussai.
Alida : je peux marcher, ne t'inquiète pas pour moi.
Aïcha : j'espère qu'il ne t'a pas trop fait du mal
Alida : le mal se trouve dans mon cœur. Je ne sais plus comment vivre avec ça.
Aïcha : plus vite tu vas t'habituer, moins tu auras mal. Il n'y a rien d'autre à faire. On ne peut s'enfuir de cet endroit, on ne peut désobéir aux ordres. On doit juste s'y faire.
Belinda : si elle veut, qu'elle continue à se morfondre chaque jour. Je ne sais même pas pourquoi tu passes ton temps à vouloir la soutenir. C'est une idiote, cette fille.
Aïcha : Ne pense pas que tout le monde est comme toi.
J'avais rejoints la table. Mère n'était pas encore là. Je mangeais avec appétit. J'avais très faim malgré tout. Alors que je comblais mon creux, mère arriva toute joyeuse, avec des billets d'argents en main.
Mère : vous avez assuré, les filles. Voyez un peu tous ces billets, n'est-ce pas magnifique ? Je ne vous demande que ça. Comme vous avez bien travaillé, je vous laisse cette nuit pour vous reposer. Bon, Alida à toute la semaine comme elle est encore petite.
Belinda : je ne veux pas me reposer, mère, je veux travailler cette nuit. Ces deux paresseuses devraient faire comme moi.
Mère : je t'assure ma fille. Elles sont là à chialer chaque jour. Voilà comment vous devez vous comporter. Faites comme votre grande sœur.
Alida : la grande sœur de qui ?
Toutes me regardèrent. Mère s'approcha de moi.
Alida : tu veux me frapper ? Tu veux me battre ? Ne te gêne pas. Fais de moi ce que tu veux, je suis ton jouet. Qu'est-ce que je peux dire ? Nous sommes tes esclaves, tes jouets. J'espère pour toi que tu n'as réellement pas d'enfants parce que je ne connais pas l'être qui aimerait t'avoir comme mère.
Mes mots avaient touché le fond. Son aire de grande dame venait de se refroidir. Elle s'était assise.
Alida : tu vas me punir comment cette fois ? Tu vas me mettre dans la cage du chien ? Ou bien tu vas me faire coucher avec le chien une fois ? C'est ton travail de nous faire écarter nos jambes un peu de partout. Non attend, tu vas sûrement m'attacher sur un arbre. Tu sais ce que je souhaite pour toi, que si ta mère vie encore, qu'elle te renie.
Mère : assez !
Alida : assez ? Quand nous crions assez, tu nous écoutes ? Donc quelque chose peut te blesser ? Je sais déjà que tu vas me faire tabasser par tes gorilles ou bien me faire violer par un monstre. Dans tous les cas, je vais être maltraitée donc c'est mieux que je m'exprime.
Aïcha : ne parle plus, Alida. N'aggrave pas la situation.
Alida : la situation est déjà très grave. Nous sommes prostituées par cette sorcière pour remplir plus rapidement sa gamelle. Les femmes de son âge sont assises au marché, vendant toute sorte de chose pour s'en sortir. Elles gagnent leur vie honnêtement tandis que cette sorcière nous vend.
Belinda : tu veux voir, non ? Parle toujours
Alida : le plus grand conseil que je peux te donner, c'est de me tuer tant que je suis encore vulnérable, mère. Lorsque je serai plus grande et plus forte, je vais certainement te faire payer pour tout ce que je vis actuellement. Je serai certainement plus démoniaque que tu ne l'es. Laisse-moi en vie et je serai ton pire cauchemar.
J'en avait terminé. Mon courage était de naissance. Je voulais désormais être forte physiquement pour pouvoir faire face à ma réalité. J'étais de plus en plus surveillée. Mère avait mis un garde du corps sur mon dos. Je n'avais plus la possibilité de fuguer pour faire quelques marches seules.
La scène du matin m'avait donné du pouvoir. Mère ne m'avait rien fait. Je me disais qu'elle avait été touché par les mots, ne sachant pas ce qu'elle me préparait pour le retour des classes.
Nous étions arrivés à l'école avec un peu de retard. Nous étions toujours privilégiés alors le portier ouvrit sans problème. Avançant à pas lents vers ma salle classe, je me foutais des appellations du surveillant. Il vint vers moi, en colère à cause de mon ignorance.
-on te parle tu ne regardes même pas ? Tu es en retard et tu ne te presses pas ? Tu te prends pour qui ?
Alida : que je marche vite ou pas, ça change quoi dans ma vie ? En ce moment qu'est-ce qui peut apporter un plus dans ma vie ?
Il me regarda Sans comprendre où je voulais en venir. Ne voulant avoir aucun problème avec mère, il me laissa dans ma course d'escargot. J'arrivai devant ma salle de classe. L'enseignant avait commencé depuis plus de trente minutes. Je restai à la porte, sans jamais demander à entrer. Au terme d'une explication qu'il donnait, il vint me rejoindre à l'extérieur. J'étais adossé sur le mur. C'était le même enseignant qui m'avait mis dehors à la veille. Il dispensait le cours de mathématique.
-pourquoi tu es en retard aujourd'hui ?
Alida : qu'est-ce que ça peut vous faire que j'arrive à l'heure ou pas ? Si vous ne voulez pas me faire entrer, c'est très bien au cas contraire c'est pareil.
-tu es grossière, irrespectueuse, on a l'impression que tu es frustré. C'est quoi ton problème ? C'est ton degré de richesse qui te monte à la tête ?
Alida : monsieur, allez donner votre cours. Il ne m'intéresse pas pour commencer. S'il y'a un moyen pour que je sorte de cet établissement ou même de cette vie, dites-le-moi.
-je vais te donner un conseil et je suis sûr que tu vas l'ignorer mais un jour tu vas me chercher pour ça. Peu importe ce qui se passe dans ta vie en ce moment, tu as la possibilité contrairement à d'autres d'étudier et de tout changer par toi-même un jour. Tu ne le fais pas, tu veux que les choses changent comment ?
Alida : vos conseils et votre vie vous regardent. Tout ça n'est pas mon problème. Et puis vous me voulez quoi ? Donnez vos conseils à vos élèves.
Il me laissa sur ma position et retourna en salle, secouant la tête à la négative. Je restai sur cette position jusqu'à la première pause. Aïcha qui passait devant ma salle vint me voir.
Aïcha : pourquoi tu es placée ici comme ça ? Tu n'as pas fait le cours du matin ?
Alida : que je fasse le cours ou pas, est-ce que ça doit être ton problème ? Si tu te souciais vraiment de moi, on se serait déjà enfuie de cet endroit où on nous maltraite.
Aïcha : pourquoi tu me parles comme ça ? Tu as fui combien de fois ? On t'a retrouvé combien de fois ? Tu penses qu'on s'en va de là comme ça ? Si tu veux mettre ta vie en péril, continue avec ton comportement. Je te conseille chaque jour mais tu te comportes toujours comme l'enfant. Même s'il faut qu'on s'enfuie, tu penses que c'est en le faisant voir par mère qu'on va y parvenir ? En tout cas bonne journée. Je dois apprêter mon exposé.
Je ne comprenais pas comment Aïcha parvenait à étudier dans de telles circonstances. Elle restait la première de sa classe et recevait des primes. Belinda n'était pas mal non plus, je le trouvais parfois au salon à étudier pendant les jours où il n'y avait pas de clients à la maison. Moi, j'étais là, à me morfondre sur mon sort.
Je quittai ma position pour une petite marche. Je longeais le couloir, regardant les filles de mon âge parlant entre elles. Je les observais, jalouse. J'avançai vers elles, je voulus écouter ce qu'elles se disaient mais elles s'éloignèrent de moi. Furieuse, je m'approchai davantage.
Alida : vous me fuyez pourquoi ? Je veux entendre ce que vous dites.
L'une d'elles eut le courage de me répondre.
-tu es toujours en train d'insulter les gens, même les enseignants, tu insultes. On ne veut pas d'une fille comme toi dans notre groupe. Il faut respecter les gens. Parce que vous êtes riches, tu penses pouvoir faire ce que tu veux ?
Alida : tu me réponds ? Tu me connais ? Tu es malade ?
Je courus vers elle avec toute la rage de mon cœur. Par les cheveux, je l'attrapai. Elle venait tout juste de se coiffer. Je les lui tirais tellement fort qu'elle avait hurlé de toutes ses forces. Un enseignant était arrivé, un surveillant et puis le principal du collège. On l'avait ôté de mes griffes. Elle était toute amochée. J'avais été chassé ce jour. Le chauffeur et mon garde du corps m'avaient ramené à la maison où m'attendait mère car étant au courant de ce que j'avais fait.
Lorsqu'on était arrivé sur la cour de la maison, mère y était placée et m'attendait. Le chauffeur et le garde étaient retournés à l'école. J'étais là, regardant cette femme que je détestais plus que tout.
Mère : tu m'as mis au défi ce matin, tu as dit que je n'avais qu'à te faire coucher avec des chiens si bons me semble. N'est-ce pas ?
Je ne répondis pas. Je n'avais pas peur de ses dires. Je la pensais incapable d'une telle horreur. Un bruit me fit sursauter. C'était un aboiement. Un homme sortit de la maison, suivi par un chien.
Mère : je veux que tu comprennes qu'on ne me met pas au défi.
La peur qui m'avait envahi me fit mouillé mon dessous d'urines. Je suppliai, genoux à terre, je suppliai.
Alida : je suis désolée mère, je te promets de bien me tenir dorénavant. Je ne vais plus faire des choses qui ne te plaisent pas. S'il te plaît, ne me fais pas ça.
Elle se foutait de mes supplications.
