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chapitre 2

Belinda : espèce d'idiote, on subit ceci à cause toi. Mère nous puni parce qu'elle nous tient pour responsable de ta disparition. N'est-ce pas tu es rebelle ? Elle va te faire ça dure.

Alida : je suis juste allé travailler pour gagner de l'argent et montrer à mère qu'on peut gagner sa vie sans avoir à faire ce qu'elle nous fait faire. Est-ce que j'ai mal fait ? Je vais lui expliquer. Ne vous en faites pas.

Mère arriva, tenant un fouet en main. Elle était furieuse contre moi.

Mère : tu viens d'où ?

Alida : j'étais à la plage, je travaillais pour gagner de l'argent pour toi. Comme ça je vais dormir pendant la nuit. Ne me frappe pas, s'il te plaît.

Mère : où est donc l'argent que tu as gagné ?

Toute souriante, je lui tendis les sept cent francs que j'avais gagné honnêtement. Elle éclata de rire. Je la pensais joyeuse alors je ris avec elle. Dans mes vagues de rire, je reçus un coup de fouet oblique sur mon dos dépourvu de mon sac. Un cri aigu sortit de fond de ma gorge, je tombai sur mes genoux.

D'un geste brusque, elle balança mon gain de la journée très loin d'elle.

Mère : ce que tu as gagné peux payer les factures d'électricité ? Tu es stupide ? Tu sors même d'où ?

À chacune de ses paroles, elle me donnait un coup sur le dos. Je sentais ces coups me pénétrer mais je ne pleurais pas. J'étais bien trop forte pour pleurer de ces simples coups. Ceux de la nuit allaient être bien plus violents.

Aïcha pleurait à ma place. Elle souffrait bien plus que moi. Elle suppliait mère de ne plus me faire de mal.

Aïcha : je vais la contrôler désormais, ne le frappe plus. Elle est encore petite, avec le temps elle va comprendre. Il faut la laisser, s'il te plaît mère.

Cette sorcière ne l'écoutait pas. Elle me battait de plus en plus. J'étais là à la regarder sans jamais laisser couler la moindre goutte de larme. Tous étaient étonnés de mon caractère de fer.

Après cette scène, Aïcha m'amena dans ma chambre. On y enleva mes vêtements et on alla directement sous la douche. Mère lui avait remis une pommade pour faire taire mes douleurs. Aïcha s'occupait toujours de moi comme si je fus sa sœur de sang. Mère me voulait en forme avant minuit.

Nous dînions toujours tous ensemble. Autour de cette table ronde à huit heure du soir, Belinda et Aïcha étaient déjà en tenue pour les activités nocturnes. Elles mangeaient en attendant l'arrivée de leurs clients. Je ne mangeais pas. J'observais mon plat et me demandais pourquoi la vie ne me souriait pas comme à d'autres. Mère me cria dessus.

Mère : si tu continues à regarder ce plat sans le toucher, je vais encore te chercher un client comme celui d'hier.

Je me mis à manger très rapidement. Je savais ce que j'avais vécu à la veille, je ne voulais pas vivre à nouveau une telle situation. Même si je n'avais pas vraiment faim, je mangeai copieusement.

Dès que je finis mon plat, je voulus me retirer.

Mère : tu pars où ? Tu es toujours en train de faire comme si tu ne connaissais pas les règles de cette maison. Tu dois attendre que nous autres finissions de manger.

Belinda : je ne sais même pas où tu as trouvé cette fille. Elle est stupide, elle ne veut rien apprendre. Elle part même travailler, avec cette belle vie que nous avons. J'espère que c'est juste la naïveté et que bientôt tu vas te ressaisir. Tu penses que la vie est trop facile dehors ?

Alida : je sais qu'il faut toujours travailler honnêtement pour gagner sa vie. Je sais que ce que nous faisons n'est pas bien et que nous devons arrêter.

Mère : ferme ta bouche, tu veux donner les leçons de morale à qui ? Tu es même normale ?

Alida : je n'ai pas besoin d'être normale pour savoir que tu es une sorcière.

Elle me visa de son regard. Je l'esquivai en l'ignorant. Pendant qu'on mangeait, un homme entra sans frapper. Mère alla vers lui, toute joyeuse.

Mère : tu es là en avance, je pensais que tu allais être là même à minuit.

-j'ai décollé plus tôt que prévu. Je suis directement venu ici. Je vois que tu as agrandit les lieux.

Mère : j'avance petit à petit. Installe-toi, je vais préparer ton paquet. Il faut manger doucement, elle est encore toute jeune.

-tu connais mon goût

Mère me regarda et me fit signe de la suivre. Je quittai la table, sachant déjà ce qui m'attendait. Elle m'amena dans sa chambre et me fit asseoir sur son lit.

Mère : tu as vu ce monsieur ? Tu as intérêt à bien te comporter avec lui ce soir. Il va venir rester avec toi ici. Si jamais tu boudes, demain je vais te nuire. Il paie bien et il ne dure pas. Il en a pour moins de trente minutes avec toi.

Alida : je ne veux plus faire ça. Ça me fait mal, s'il te plaît mère. Je ne veux plus.

Mes larmes coulaient en ce moment. La peur envahissait tout mon être.

Mère : si tu résistes il va te brutaliser. Si tu es calme il va vite faire et partir.

Elle parlait en me retirant mes vêtements. Elle m'avait laissé toute nue sur son lit. Mon corps était tout minuscule. Au bout d'une dizaine de minutes, la porte s'ouvrit et l'homme entra. Comment un être comme lui pouvait désirer la jeune enfant que j'étais ? Jusqu'au jour d'aujourd'hui, je n'ai jamais compris ce phénomène.

Il me regarda, il sourit. Je détournai le regard, pleurant, suppliant.

Alida : je vous en prie Monsieur, je ne veux pas. Je ne peux pas. Ne me touchez pas, s'il vous plaît.

Il semblait être dépourvu de tout cœur. Il se déshabillait en avançant vers moi. Je reculais, je grelottais de peur. Il n'eut aucun mal et sortir sa queue sous mes yeux. Je criai, j'hurlai. Il sauta sur le lit, sans parler, il me tint fermement. Sans aucune gêne, il m'écarta les jambes. Il semblait être fasciné par mes cris, par mes souffrances.

C'était là tout mon quotidien entre les murs de ce manoir, cette maison de mon cauchemar.

Étendue sur ce lit douillet, je sentais mon corps se déchirer. Le monsieur avait fini son travail. Il m'avait touché et balancé comme les autres. J'avais échappé à la bastonnade cette fois. Je cherchais un bout de sommeil pour oublier, il fallait que mon esprit s'en allât pour quelques heures.

Je m'endormis en me disant que c'était mon destin. Souffrir était ma marque, mon slogan, ma devise. Alors que mes amis vivaient la vie de leur âge, j'étais dans ce manoir à ruiner les parties intimes de mon corps.

Comme tous les matins, le soleil faisait étendre ses doux rayons depuis le ciel jusqu’à la terre, illuminant tous les recoins qui lui étaient exposés. Me levant de même humeur, sans jamais sourire, sans jamais bayer comme un être normal, je posai mes pieds sur ce sol froid. Toute nue, j’étais, toute sale, j’étais. Ma vie était ce résumée de nuits agitées, de paix lointaine.

Allant à pas lent jusqu’à la douche, je ne voulais pas qu’on sût que j’étais déjà réveillée. Pour cette matinée, je voulais être tranquille, seule et surtout en paix. Devant le miroir rond bordé de bleue brillant, je me touchais le visage, caressant mon intimité. Comme je voulais que cela cessât, comme je souhaitais avoir une vie des plus normales ! Je me brossai les dents, malgré mes douleurs, je dus me rincer le visage. Personne n’était réveillée alors je pris une douche rapide.

Les blessures sur mon corps étaient douloureuses, ma chair semblait vouloir se déchirer tellement j’avais mal. Placée sous la colonne de douche, caressant ma peau déchirée par des coups de fouets de mère, je pleurais. Je pleurais pour cette mère que je n’avais pas, je pleurais pour ce père que je ne connaissais pas. Mon cœur s’assombrissait, mes rêves n’existaient pas. Je n’en avais jamais eu, ni de loin, ni de près. Après ce petit moment que j’appelais mon moment de paix, je sortis de la douche. Ma chambre était juste en face. Au premier pas lancé pour la rejoindre, mon nom sonna dans la bouche de mère.

Un coup de peur atterrit sur mon cœur, je pressai le pas jusqu’à ma chambre et je sautai sur mon lit. Alors que je faisais semblant de dormir, elle arriva, poussa fortement la porte et entra.

Mère : qu’est-ce que tu fais encore au lit ? Est-ce que tu n’as pas école aujourd’hui ? Lève-toi de ce lit. Tes sœurs sont déjà en train de prendre le petit déjeuné. Sors rapidement.

Je me levai, elle constata ma mine froide.

Mère : il n’y est pas allé de main morte, celui-là. En tout cas tu as une semaine pour te remettre sur pieds. N'oublie pas de prendre des antis inflammatoires avant de sortir.

Elle voulut sortir, sur mes genoux, je tombai à ses pieds. Du haut de mes dix-huit ans je lui tins les pieds, mes lèvres sèches la supplièrent.

Alida : oh mère, je t’en prie, je n’en peux plus. Je ne veux plus faire ça, trouve moi autre chose à faire. Je veux gagner de l’argent par un autre moyen. Je ne me sens pas bien, ces gens sont trop brutaux avec moi. Je n’en peux plus, je t’en supplie.

Mère : ça te regarde, c’est ton problème. Tu penses qu’ici à Kribi, quel métier peut payer plus rapidement que celui que tu fais ? soit réaliste ma fille, fais ce que tu fais avec amour. Je ne veux pas avoir à te punir pour rien. Lève-toi et apprête-toi pour l’école. La voiture va partir te laisser.

Alida : j’ai mal, mère, j’arrive à peine à marcher. Je ne peux pas aller à l’école aujourd’hui.

Mère : tu vas pourtant y aller, tu dois y aller. Vous devez représenter cette maison de la meilleure des manières. Vous devez être les filles les plus belles et instruites. Comme ça, vous touchez plus de client. Fais vite, je suis de très bonne humeur aujourd’hui. Tu as rapporté beaucoup d’argents hier.

Alida : vous avez choisi cette vie, pourquoi nous mêler à ça ? Pourquoi faire comme une femme aux grandes valeurs, aux grands principes alors que tout cela n’est qu’une coque ? Vous êtes mauvaise, madame. J’espère qu’un jour vous allez le payer.

Une gifle ferme me propulsa par terre. Avant que je n’eus le temps de me relever, une autre me couvrit le visage. Pendant que je me recouvrais le visage, des coups de poings descendirent sur ma tête. Je ne pleurais pas, j’avais cessé de pleurer depuis des années. Ma vie dans la rue avait forgé mon corps.

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