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chapitre 2

Je ne voulais pas avoir d'enfant, je l'avais fait comprendre au gynécologue avant de me faire mettre un stérilet. Et si cela arrivait, je voulais que ce soit un garçon pour briser le sort. Pour moi, c'était un sort. J'étais tombée enceinte trois fois. La première grossesse, ma mère s'était chargée de la faire disparaitre. Les deux autres, je m'en étais chargée. Je n'avais que 23 ans et ma place en enfer me semblait déjà être assurée. Qu'avais-je encore à perdre ? Sans mes parents, je n'avais plus rien sur terre.

Il venait d'être 19h. Je devais m'apprêter pour rejoindre la rue. Mes collègues y étaient certainement déjà. Avant mon départ, j'avais déguster un dernier plat de pommes de terre pilées avec du haricot noir. Je prenais toujours mon temps pour cuisiner ce qui me faisait envie.

Mon programme était bien établi. Je devais me choper trois ou quatre clients, rentrer garder mon argent et aller à la recherche de ce fou pour récupérer ce qu'il me devait. Avant de sortir de la maison, je me répétais devant le miroir ce que ma mère m'avait enseignée, même si elle avait regretté cet enseignement jusqu'à son dernier souffle.

Ava : tu es belle, Ava. Tu as du potentiel. Tu fais rêver tous les hommes. Tu peux gagner ta vie avec tous ces atouts. Il suffit que tu te laisses aller quand ils viennent vers toi. Ne te soucie pas du jugement des autres. Concentre-toi sur ton avenir. C'est avec ton corps que tu auras tout ce que tu veux.

C'était mon Hymne. Je la récitais tous les jours de ma vie. Cette nuit, j'avais toujours une robe en cuir mais rouge pour cette fois. Au-dessus de mes escarpins noirs, je contemplait mes jambes, je faisais ressortir mes seins jusqu'à la pointe du mamelon. J'exposais la marchandise pour espérer pêcher le plus gros poisson ce soir.

Je n'oubliais jamais ma boîte de cigarettes et ma bouteille de whisky. J'avais besoin d'être dans un état de folies ivre pour mieux travailler. À mon arrivée à mon poste de travail, mes collègues étaient déjà là. Je m'étais adossée sur une voiture garée là depuis toujours. Son propriétaire l'avait abandonné et j'en avais fait mon QG (quartier général). Pour ceux qui n'avaient pas les moyens de l'hôtel, on gérait tout dans cette voiture.

Je présentais mon derrière presque nu à la grande rue. Si une main y frappait, je me retournais et on entrait directement dans la voiture. Si une voiture clayonnait, alors c'était un gros poisson à-côtés emporter un peu plus loin de là.

Pendant que je remuais mon fessier rebondi, à peine recouvert par le bout de ma robe, une main ferme et viril y avait donné un coup flasque. Toute excitée par cette première prise, je m'étais rapidement retournée. Grande fut ma déception.

Abosso : HAHAHAAHHA... ELLE SURSAUTE COMME LA SAUTERELLE. DONC C'EST TA PLACE ICI HEIN...

Ava : mais... Mais... Toi c'est qui ?

Abosso : hahaha... Tu as oublié mon bébé ? C'est moi, c'est bébé Abosso. Tu es alors mielleuse ce soir hein. Rouge rouge comme le ''keptou''. Ashhh... Tu me rends fou.

La honte s'était emparée de moi. Je me sentais diminuer. Comment cet homme avait trouvé mon emplacement ? Était-il réellement fou ? J'étais plus qu'enragée contre lui. Non seulement il m'avait volé la veille mais il me gâchait complètement le marché. Il n'y avait aucun moyen de le faire partir.

Ava : je te supplie, pars. S'il te plaît laisse-moi tranquille. Pars même avec mon argent, il n'y a pas de problème mais pars. Je ne veux plus te voir, ni te sentir. Tu me gâches la vie. C'est même quoi ?

Abosso : c'est ce qu'on appelle l'amour, le vrai. Je pars où ? Tu es ici et je pars où ?

Ava : on t'a seulement envoyé sur moi ? Hier tu prends mon argent, je laisse. Aujourd'hui tu ne veux pas que je travaille ? Je vais appeler mes gars du quartier. Ils vont te faire ça dure. Ne me pousse pas à bout, espèce de fou errant. Quand tu me regardes, je suis ta pointure ? Tu ne vois pas que je suis au-dessus de toi ? Mais c'est quoi cette histoire ?

Abosso : c'est notre histoire d'amour. Je ne peux plus m'éloigner de toi. C'est seulement hier que je suis venu te parler hein. Sinon je t'avais aperçu depuis très longtemps.

Je n'en pouvais plus. Je sortis mon téléphone et lançai l'appel. Dans cette rue, il y'avait un patron. Nous version tous 30% de nos gains chez lui tous les soirs avant de rentrer. Il garantissait ainsi notre sécurité. Il s'appelait William. Son faible pour moi me rendait intouchable dans cet endroit. J'étais celle qui faisait entrer le plus d'argent. J'étais sa poule aux œufs d'or.

À l'autre bout du fil, je lui expliquais ma situation sans peser mes mots.

Ava : Salut Will ! J'ai un problème à mon QG. Y'a un fou qui ne veut pas me laisser travailler tranquillement. Si tu pouvais envoyer quelqu'un m'en débarrasser, cela me permettrait d'atteindre mon objectif de ce soir.

William : oulala ma belle ! Mets le téléphone sur hautparleur, que cet enfoiré sache à l'avance ce qui va lui arriver si jamais je le trouve sur place.

Abosso le connaissait certainement et savait de quoi il était capable. Sans perdre une seconde, je mis le téléphone sur hautparleur avant de le rapprocher d'Abosso.

William : je ne vais pas envoyer mes hommes, je vais venir avec eux. Si à mon arrivé tu es encore aux alentours de cette rue, je te ferai rejoindre l'au-delà. Tu as intérêt à fuir avant que je n'arrive.

Abosso : que beubeubeu... Sort un peu du téléphone et viens parler devant moi. Il reste à l'intérieur du téléphone il raconte sa vie. C'est à dire que je trouve ma moitié, ma perle rare. Et puis je la laisse parce que son téléphone me menace ? Jamais !

William : je t'aurai prévenu. J'arrive.

Abosso ne semblait avoir peur de rien. Il s'était adossé sur la voiture avec moi. J'avais envie de disparaître. Une voix m'avait lancé à côté :

-c'est maintenant avec les fous que tu gères ?

Toutes les autres avaient éclaté de rire. Je m'étais couverte le visage. J'avais tellement honte. Abosso ne me laissa pas sans défense. Il hurla à la fille.

Abosso : tu parles ? Un fou t'a déjà ce ne serait-ce que regarder par erreur en route ? Avec ses fesses penchées. Tu parles comme ça à ma femme hein.

Ma honte avait doublé. Tout le monde se tordait de rire. Mais au fond de mon cœur, je le voyais déjà autrement. De toute ma vie, personne n'avait jamais pris ma défense de cette manière. Si William le faisait, c'était pour son argent et le sexe. Mais ce fou lui, le faisait pour me redonner du sourire. Mais à cet instant, je ne voyais en lui qu'une pierre dans ma chaussure.

Au bout d'une trentaine de minutes, William s'était pointé avec ses hommes. Ils étaient 5 au total. Abosso s'était mis devant moi en voyant les gourdins qu'ils avaient en main.

Abosso : ne touchez pas à ma femme, si quelqu'un tente, je finis avec la personne. Vous n'avez pas intérêt.

Gros et court, il semblait ne pas faire le poids contre cette meute prête à le dévorer. Malgré cela, il était devant moi, prêt à me protéger.

William : espèce de vieux fou, c'est toi qu'on vient tabasser.

Abosso : euillll... C'est toi la voix du téléphone ? Donc c'est à dire que tu as fait tout ce chemin pour venir me taper ? Sur ma chose ? On aura tout vu.

Il se tourna vers moi.

Abosso : bébé ohhh, dis-moi, je fais comment d'eux ? ils nous importunent. Je n'aime pas ça.

William et ses hommes avaient éclaté de rire. Abosso avait pris la position du combat, les jambes écartées et les points en avant. Je ne m'étais pas empêché de rire aussi.

Abosso : bébé C'est moi qui te donne le sourire comme ça ? Avec moi tu seras heureuse toute ta vie. Il faut seulement que tu m'acceptes. Ne me juge pas parce-que je n'ai pas les habits. Je suis l'homme.

N'en pouvant plus de l'écouter, William envoya ses hommes porter Abosso pour l'amener assez loin avant de le bastonner. Lorsqu'ils furent prêts de lui, Abosso se courba d’un pied et tendit l'autre. Il tourna à 360 degré sur le pied courbé et racla tous les hommes de William avec le poids tendu. Ils se retrouvèrent tous à terre, sous le regard apeuré de tous. Qui était-il au juste ? Jusqu'à ce jour, je ne saurais réellement le dire.

Abosso : quand on vous parle, il faut écouter. Vous avez fini dans la rue comme ça parce-que vous n'écoutez pas. Quelqu'un dit de laisser sa femme tranquille, vous refusez. Bon maintenant vous avez fait j'ai cassé vos pieds. Vous allez marcher avec quoi ?

William : Ava, mais c'est qui ce mec ? Dans quoi tu nous as fourré au juste ?

Abosso : bébé donc tu t'appelles Ava hein... Ava et Abosso, ça donne nor ?

Ava : mais que veux-tu que je te dise ? C'est un fou qui me dérange depuis hier. Je voulais juste que tu l'emmène loin d'ici. Je...

Abosso : c'est même mon heure d'aller dormir. Bébé si tu veux ton argent, demain à midi on se retrouve au marché. À côté de la mère qui vend les habits. Comme ça je t'achète même les habits. Tu ne dois plus marcher sans caleçon comme ça.

Il parlait en s'éloignant. J'étais stupéfaite. Était-il conscient de ce qu'il faisait ? Était-il fou ? Je ne savais plus quoi penser de lui. Ma soirée était déjà perdue. Je n'avais plus aucune envie de travailler. Je voulais rentrer mais William ne me laissa pas faire.

William : ohhh non ma jolie. Après tout ce vacarme que tu as causé, tu dois réparer. Je vais amener mes hommes à l'hôpital, il va falloir payer les factures. Tu penses prendre l'argent où ?

Ava : parce-que c'est de ma faute si tes hommes n'ont pas été fichus d'attraper un fou ?

William : tu vas doublement travailler cette nuit et me rapporter l'argent en intégralité demain très tôt. Sinon, tu sais ce que je peux te faire.

J'étais obligée de travailler. Il avait l'habitude de battre sur les femmes. Pour avoir vu mes parents se bagarrer toute leur vie, j'avais horreur de la violence. Pendant mes services, j'avais toujours ma petite arme bien cachée dans mon porte-monnaie. Tout homme essayant de lever la main sur moi se calmait lorsque je la lui pointais. J'étais une dure à cuire mais je ne pouvais faire le bras de fer avec William.

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