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Ses yeux embués de larmes. Sa main tremblante tenant ce dossier.
- Prêt pour demain soir? me demande une voix lointaine.
Mon verre à la main, mon reflet dans la liqueur, je l'amène à ma bouche.
Demain.
Le Zag.
Sous le silence qui s'était installé, je ne rebondis pas. Mes pensées prennent bien trop de place face à ma place devant la cheminée.
- Je ferme le Ritz demain. Je sais que tout le monde sera au Zag affirme Azid l'air de rien.
- Bien. Puerte viendra? demande Éric.
J'hoche négativement la tête. Depuis l'arrestation de l'un de leurs "coéquipiers", leurs réputations en a salement prit un coup. Ils essaient alors de rétablir "l'ordre."
- J'espère que les flics seront pas là dit Alexy derrière mon dos.
Un silence s'installe, ma main serrée inconsciemment autour de mon verre. Elle connait l'existence du Zag. J'ai essayé par tous les moyens de ne plus rentrer dans sa vie. Même si suivre ses mouvements encore à l'heure d'aujourd'hui sont de la triche.
Alors, malgré moi, je peux m'empêcher de me demander: Est-ce qu'elle sera là ?
- Il y'a de fortes chances qu'il y'en ai affirme Clarice.
Non, elle est même sure.
Tout comme moi.
Je me dirige, toujours sans avoir dit un mot, vers les escaliers.
- Hice pour commence Alexy.
Face à l'entente de mon prénom, mon corps se raidit et mes poils s'hérissent. Je ne veux plus entendre ce prénom sortir de la bouche de quiconque.
- M'appelle pas comme ça lui crachais-je hargneusement.
Je ne peux pas voir sa réaction au vu de mon dos qui lui fait face.
- Excuse le se rattrape Éric rapidement. Il voulait simplement dire que pour fêter ton retour tu devrais passer au QG ce soir.
Sa voix n'étant qu'en bruit de fond, moi dés à présent à l'étage.
Qu'est ce qui tourne pas rond chez moi? Depuis presque un an, je n'arrive toujours pas à la sortir de ma tête. Elle est omniprésente dans mes pensées, dans mon sommeil, du peu que je m'en donne. Et malgré tout ce temps écoulé, je ne me suis jamais senti vide et aussi seul.
Elle voyait en moi ce que personne n'a su voir auparavant. Et j'ai tout niqué, comme moi seul en ai le secret.
Éna:
Le reste de mon service de la veille et de celui d'aujourd'hui ne s'est résumé qu'à faire des rondes et discuter avec mes collègues. La boule légèrement au ventre grandissant quelque peu face à ce qui m'attend ce soir.
Mia est venue me chercher, évidemment, toute joyeuse au vu de ses canines qu'elle a su m'offrir tous le long du trajet jusqu'à mon appartement.
L'entièreté de ma tenue a été préparé soigneusement par elle. La robe, les talons. Elle est même partie fouiller dans mes sous-vêtements.
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Il était assoiffé de Vengeance et j'étais tout simplement la cible parfaite. Malgré cet épisode, j'ai été rongé par les regrets. J'ai remit en cause l'efficacité de mes compétences. Parce que je l'ai incarcéré pour un crime qu'il n'avait pas fait.
Mais rien ne justifie sa cruauté.
Les moments en Italie, les moments chez lui, et j'en passe, n'était qu'une illusion. Un faux paraître. Ma sœur a compris tous ça, et même si nous n'en avons que très peu parlés au début, elle savait.
Savait qu'il ne faillait pas parler de lui. Et qu'il ne faut plus jamais parler de lui.
- Prête ?
- Comme si j'avais le choix lui répondis-je.
Elle rit légèrement avant de me pousser à ouvrir la porte d'une tape sur l'épaule et d'un regard vers la porte. Chaussures aux pieds, je défroisse ma robe avant de poser ma main sur la poignée, tout juste le temps pour Mia de se cacher.
J'ouvre donc la porte et suis face à un homme à l'allure plutôt charmante.
Le début de la trentaine.
Une barbe de trois jours.
Les cheveux noirs.
Les yeux noisettes.
- Éna ? me demande-t-il le ton joyeux.
- En chair et en os répondis-je en souriant.
Pourquoi cette conversation me remémore un flash-back?
- Tu es ravissante m'affirme-t-il sincèrement.
Il me fait la bise suivit d'un sourire. Il a l'air gentil, comme me l'a dit Mia.
- Toi aussi répondis-je poliment.
Costard noir.
- On y va?
J'acquiesce alors avant de prendre mon sac sur la table de ma cuisine, où tout ce dont j'ai besoin pour la soirée y est logé. Ma porte fermée, je peux imaginer Mia sautée d'excitation même de la où je suis.
Je passe mon sac sur mon épaule droite et Paul prend l'initiative de poser, délicatement, sa main sur ma taille lorsque nous longeons le couloir.
Je me crispe instantanément. Paul le remarque lorsqu'il l'enlève subitement.
- Oh désolé. Je voulais pas paraître trop brusque affirme-t-il l'air peiné.
Je me reprends en lui souriant quelque peu voyant qu'il a l'air de s'en vouloir.
- Ne t'en fais pas dis-je simplement.
Il acquiesce alors et nous rentrons dans l'ascenseur, silencieusement. Cette soirée va être longue alors il vaut mieux que je fasse un effort, au risque de vouloir partir à tout prix.
Sortant de l'immeuble, dès à présent dans sa voiture, je vois Paul d'un geste de stress ou de gêne, tapoter son volant de l'index. Je prends l'initiative de faire la conversation, afin de remplir ce silence qui le taraude:
- Depuis combien de temps tu travailles avec Mia? demandais-je, faussement, curieuse.
Passant une allée éclairer par les lampadaires nocturnes de la ville, je peux voir la surprise de ma proposition de conversation lui traverser les iris. Il s'élance dans son explication.
- Pas très longtemps. J'ai été muté il y'a un peu plus d'un mois.
J'opine.
Rapidement il se gare devant un restaurant des plus charmants et qui a sûrement du lui coûté la blinde. Il a vraiment mit les petits plats dans les grands me montrant son investissement.
Si seulement il savait.
Je me sens mal de lui donner de faux espoirs en acceptant son dîner. Et même si quelque part en moi j'aimerai croire qu'il peut potentiellement m'intéresser, au fond, je sais que je ne veux rien de lui.
Sortant de la voiture, nous deux côte à côte nous marchons vers l'entrée du restaurant. Devant, un serveur de l'intérieur nous ouvre la porte.
- Bienvenu au Gusta affirme le serveur.
Nous lui sourions en guise de remerciement et passons le pas. À l'accueil, Paul donne le nom sur lequel il a réservé avant que le serveur acquiesce.
- Si vous voulez bien me suivre nous affirme-t-il conventionnellement.
Nous le suivons, à deux pas devant nous, me laissant le temps d'analyser les alentours. L'allure chic, les alentours sont d'un blancs cassé, les rideaux d'un blanc étincelants. Sans parler des lustres, de diamants, pendants du plafond.
Mon Dieu.
Combien a-t-il prit de son salaire pour m'emmener ici ?
La clientèle a l'allure sérieuse et élégante me montre que la plupart viennent d'un rang social plutôt élevé.
À destination lorsque le serveur nous fait signe, Paul en tant que gentleman ramène ma chaise afin que je puisse m'y assoir.
- Merci.
Il me sourit en guise de réponse avant de s'assoir face à moi. Il me regarde avec joie contrairement à moi qui doit avoir l'air désinvolte. Je croise mes doigts entre eux en posant mes coudes sur la table.
Je dois faire la conversation. J'ai promit à Mia que je ferai un effort.
- Alors Paul parle moi de toi lui demandais-je.
Le serveur arrive en posant les cartes l'un pour l'autre sous nos remerciements. Il prend la parole après s'être raclé la gorge.
- Eh bien j'ai trente deux ans. J'habite à New York depuis un an. J'ai fait un cursus en psychologie mais me réforme afin de me diriger dans la psychiatrie.
J'acquiesce essayant d'être, sérieusement, intéressée par ses paroles.
- Tu habites seul?
