Chapitre 3
Assise à son bureau, Lyana ne parvenait pas à se concentrer sur ses devoirs. Ses pensées revenaient sans cesse à Kayden, à ce château imposant, et aux regards furtifs échangés dans les couloirs de l’école. Elle n’arrivait pas à se défaire de ce mélange d’intrigue et de mystère qui entourait la famille Valmont. Comme si quelque chose, une force qu’elle ne comprenait pas, l’attirait irrémédiablement vers eux. Elle ouvrit son ordinateur portable, tapant les mots « château Valmont Crescentville » dans le moteur de recherche, espérant en apprendre davantage.
Les premières pages de résultats offraient des informations assez banales : quelques articles sur l’architecture, des photos floues prises de loin, et une liste d’événements organisés par la famille Valmont pour la communauté il y a plusieurs années. Mais, en plongeant plus profondément, elle tomba sur des blogs, des forums obscurs remplis de théories et de récits troublants. Certains prétendaient que le château abritait une ancienne famille liée aux rites et aux secrets des temps passés. D’autres mentionnaient de mystérieux rassemblements qui se tiendraient dans la forêt environnante.
Une histoire en particulier attira son attention. Il y a des siècles, selon cette légende, un Valmont aurait conclu un pacte avec les esprits de la forêt. Depuis lors, disait-on, les héritiers de cette famille étaient liés à une malédiction — ou une bénédiction, selon certains — les transformant en protecteurs de la région, dotés de capacités extraordinaires. Elle ne pouvait s’empêcher de frissonner en lisant ces lignes, bien que cela ressemblât davantage à une légende que la réalité. Pourtant, quelque chose en elle voulait y croire, comme si cette histoire expliquait enfin ce sentiment de danger et d’attirance qu’elle ressentait.
Un bruit dans le couloir la fit sursauter, et elle réalisa qu’elle avait passé plusieurs heures plongée dans ses recherches. Elle éteignit rapidement son ordinateur, son cœur battant toujours à la lecture de ces contes étranges. Elle se coucha, tentant de repousser les images de Kayden et du château qui persistaient dans son esprit. Mais cette nuit-là, son sommeil fut habité de rêves troublants où des ombres se mouvaient silencieusement dans la forêt, où des yeux brillants observaient dans l’obscurité.
Le lendemain, lors d’une pause au lycée, Lyana retrouva Sarah dans le hall. Elle avait besoin d’en parler à quelqu’un, même si elle n’était pas certaine de comment aborder le sujet.
« Sarah, » commença-t-elle timidement, « tu en sais plus sur l’histoire de la famille Valmont ? Le château et tout ce qui l’entoure ? »
Sarah haussa les épaules, mais son regard se fit plus sérieux. « Eh bien, tout le monde connaît les histoires, tu sais. C’est une famille ancienne, et il y a toujours eu des rumeurs. Certains disent qu’ils… pratiquent des choses un peu mystiques. Mais moi, je pense que ce sont juste des inventions pour effrayer les curieux. Pourquoi ? »
Lyana hésita, ne voulant pas paraître trop enthousiaste. « Oh, pour rien… J’ai juste lu des choses. Des légendes, je suppo »e. » Elle s’efforça de sourire, mais Sarah la regarda avec un mélange de curiosité et d’amusement.
« Tu sais, maintenant que tu en parles… » Sarah se pencha vers elle, comme si elle allait révéler un secret. « Il y a une vieille légende ici qui parle des loups-garous. Les habitants de Crescentville racontent que, les soirs de pleine lune, on peut entendre des hurlements dans la forêt autour du château. On dit que les Valmont sont des descendants d’une lignée de protecteurs ou de… créatures, je ne sais pas. Ça fait partie du folklore local. »
Lyana sentit un frisson courir le long de sa colonne vertébrale. Elle tenta de rire, mais sa voix trahissait un certain malaise. « Des loups-garous ? Tu ne crois pas à ces histoires, n’est-ce pas ? »
Sarah haussa les épaules. « Bien sûr que non ! Enfin, c’est fascinant, mais ce ne sont que des histoires, non ? »
Pourtant, en entendant ces mots, Lyana se sentait encore plus attirée par le mystère. Comme si quelque chose l’appelait, un murmure silencieux mais puissant qui la poussait à en apprendre davantage. Après les cours, au lieu de rentrer directement chez elle, elle prit le chemin menant à la forêt bordant le château. L’air était frais, et la lumière de fin d’après-midi s’infiltrait entre les arbres, créant une atmosphère envoûtante.
Elle s'aventura sur un petit sentier, son cœur battant d’excitation et de crainte mêlées. À chaque pas, elle sentait une connexion étrange avec l’endroit, une impression de déjà-vu comme si ces bois lui étaient familiers. Pourtant, c’était la première fois qu’elle mettait les pieds ici. Elle se disait qu’elle était sans doute influencée par les histoires qu’elle avait lues, mais cela n’expliquait pas cette sensation oppressante d’être épiée.
Le silence de la forêt était lourd, interrompu seulement par le bruissement des feuilles sous ses pieds. Elle avançait lentement, observant chaque arbre, chaque ombre, sentant quelque chose bouger à la périphérie de sa vision. Parfois, un souffle de vent faisait frémir les branches, et elle se retournait brusquement, s’attendant presque à voir une silhouette dans l’ombre.
Perdue dans ses pensées, elle ne réalisa pas tout de suite qu’elle s’était rapprochée du château. Elle pouvait voir les contours des hautes tours entre les arbres, comme une présence imposante, presque menaçante. C’était comme si le bâtiment lui-même la scrutait, la jaugeait. Elle s’arrêta, son souffle court, fascinée par cette proximité.
Soudain, un bruit de pas sur le sol l’interrompit. Elle se retourna, mais ne vit personne. Son cœur s’emballa, et elle tenta de se rassurer. « Ce n'est rien, juste un animal, » murmura-t-elle pour elle-même, mais l’idée ne la calma pas. Alors qu’elle faisait demi-tour pour retourner sur le sentier, elle aperçut une silhouette apparaître entre les arbres.
C’était lui. Kayden.
Il avançait lentement vers elle, son regard sombre et perçant, et elle sentit une chaleur inexplicable envahir son corps. L’air autour de lui semblait vibrer, comme s’il émanait une énergie brute, une force presque palpable. Il s’arrêta à quelques mètres d’elle, et un sourire en coin étira ses lèvres, lui donnant un air à la fois séduisant et menaçant.
« Qu’est-ce que tu fais ici, Lyana ? » Sa voix était basse, calme, mais il y avait une intensité qui la fit frissonner.
Elle se sentit prise au piège, mais elle ne voulait pas montrer sa peur. « J’explorais. J’avais entendu des histoires… sur le château. Sur ta famille. »
Il la fixa en silence, ses yeux semblant lire en elle avec une facilité déconcertante. Elle se sentait vulnérable sous ce regard, comme si toutes ses pensées, ses secrets, étaient exposés.
« Tu ferais mieux de ne pas écouter tout ce que les gens racontent, » dit-il enfin, sa voix devenant presque un murmure. « Certaines histoires sont faites pour éloigner ceux qui ne devraient pas s’approcher. »
Elle soutint son regard, défiant son avertissement. « Et toi, tu penses que je ne devrais pas m’approcher ? »
Un sourire mystérieux s’épanouit sur ses lèvres. « Je pense que tu as déjà fait ton choix. » Il fit un pas en avant, réduisant la distance entre eux, et elle sentit son souffle se mélanger au sien, la chaleur de son corps irradiant le sien. Elle aurait dû reculer, mais quelque chose la retenait. Une envie inexplicable de rester, de découvrir ce qu’il cachait derrière ce masque de froideur.
« Les bois peuvent être dangereux, Lyana, surtout pour quelqu’un comme toi, » murmura-t-il. « On pourrait se perdre dans les ombres. »
Elle serra les poings, défiant cette mise en garde. « Peut-être que j’aime prendre des risques. »
Kayden la fixa un long moment, et elle crut voir une étincelle d’amusement traverser son regard. « Alors je te conseille de faire attention. Parce que certains chemins… une fois empruntés, on ne peut plus revenir en arrière. »
Et sur ces mots, il se détourna et disparut dans l’ombre des arbres, la laissant seule au milieu de la forêt. Elle resta immobile un instant, son cœur battant la chamade. Chaque mot qu’il avait prononcé résonnait en elle, comme un avertissement et une invitation à la fois. Elle sentait que cette rencontre n’était que le début, le prélude à quelque chose de plus grand, de plus intense.
