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chapitre 3

Chapitre 3

La soirée s’étira dans un vide lourd, un silence oppressant qui se déversait dans la petite pièce où elle s’était réfugiée. Elle avait tout perdu. Son honneur. Son espoir. Et la dignité qu’elle avait cru mériter s’était effondrée sous le poids des mots d’un homme qu’elle n’aurait jamais dû croire. Elle s’était accrochée à l’idée d’un avenir partagé, d’un amour réciproque, mais tout cela s’était brisé comme du verre sous la violence de la réalité. Les rires moqueurs, les regards glacés, tout cela la hantait encore.

Elle n’avait nulle part où aller. Nulle part où se cacher. Loin du regard de la meute, loin du jugement, il n’y avait que l’obscurité de la nuit qui l’enveloppait. Une nuit sans fin, une nuit où les pensées se bousculaient sans cesse, lui brûlant le cœur comme un incendie dévorant. Elle avait besoin d’échapper, de fuir cette douleur, même si ce n’était que pour un instant. Le désir de disparaître dans les bras de l’inconnu, de tout oublier, de se laisser emporter par le moment, devenait irrésistible.

Elle avait entendu des voix au loin, des rires, des éclats de voix. Les membres de la meute étaient encore là, se réchauffant autour des feux, riant de ce qui venait de se passer. Elle les avait laissés derrière elle, comme des fantômes lointains. Les éclats de lumière du feu frappaient encore la nuit, mais pour elle, tout cela était devenu une mer lointaine. Un monde auquel elle n’appartenait plus.

Elle se leva brusquement, le besoin de fuir plus fort que la raison. Ses pieds la guidaient sans qu’elle le veuille, emportée par une force qu’elle ne contrôlait pas. Les rues étaient désertes, seules quelques ombres traversaient çà et là, leurs murmures se perdant dans l’air frais de la nuit. L’odeur de la pluie était lourde, et l’air semblait presque vibrer autour d’elle, comme si la terre elle-même ressentait son désespoir. Elle se laissa guider, poussée par un besoin animal, une pulsion incontrôlable. Ses pensées se brouillaient dans sa tête, et seule l’envie de disparaître dans l’oubli comptait.

Elle s’engagea dans une ruelle sombre, loin de l’agitation de la ville, loin des regards. Ses yeux scrutaient l’obscurité, cherchant une échappatoire, une brèche dans cette nuit infinie. Puis, sans prévenir, il apparut. Un homme. Il était là, comme s’il avait été attendu, comme une ombre faite de désir. Il s’arrêta devant elle, sans un mot, simplement une présence. L’air autour d’eux semblait soudainement se charger d’électricité, de cette tension muette qui ne demandait qu’à éclater. Il n’était pas comme les autres. Il y avait en lui quelque chose de sauvage, de mystérieux, quelque chose qui résonnait profondément en elle.

Elle le fixa, hésitante, mais ses lèvres se firent plus douces. Il n’avait pas besoin de dire un mot, son regard parlait pour lui. Un regard intense, brûlant, comme une invitation. Elle ressentit une chaleur monter en elle, une chaleur qu’elle n’avait pas connue depuis trop longtemps. Il se rapprocha lentement, d’abord doucement, puis plus pressé, comme si la nuit elle-même les poussait ensemble.

Sans réfléchir, sans penser aux conséquences, elle se laissa entraîner. Ses lèvres trouvèrent les siennes, et ce fut comme une explosion. Chaque toucher, chaque frôlement semblait briser la douleur accumulée, l’angoisse, la solitude. Il n'y avait plus de passé, plus de souffrance. Il n’y avait que lui et elle, dans cette danse fiévreuse, dans cette fusion brute. Elle ne connaissait pas son nom, il ne lui en avait pas donné. Et cela n’avait aucune importance. Elle n’avait rien à perdre, rien à sauver. Tout ce qu’elle voulait, c’était cet instant, cette chaleur, cet abandon total.

Ses mains se perdirent dans ses cheveux, dans la chaleur de sa peau, et elle se laissa emporter. Il la serra contre lui, son corps contre le sien, et elle sentit la puissance en lui. Pas celle de l’homme qu’elle avait cru être son compagnon. Mais quelque chose d’autre. Un feu qu’elle n’avait pas connu depuis trop longtemps.

Ils se retrouvèrent dans une ruelle sombre, leurs corps se frôlant dans une étreinte désireuse. Aucun mot. Juste des gestes, des souffles, des mains qui se cherchaient, qui exploraient. Les murs autour d’eux semblaient se refermer, les murs de la réalité s’effondrant sous la folie de ce moment. Loin de tout, loin des attentes, loin des humiliations.

Elle ne savait pas combien de temps cela dura. L’instant s’étirait, suspendu dans un espace hors du temps, hors de tout ce qui existait avant. La seule chose qui comptait maintenant était la chaleur de cet homme contre elle, l’étreinte d’un corps qu’elle ne connaissait pas, mais dont elle avait plus besoin qu’elle n’aurait pu le dire.

Quand la folie de l’instant s’estompa, il la regarda, toujours sans un mot. Ses yeux étaient pénétrants, comme s’il voyait à travers elle, comme s’il savait, comme s’il comprenait. Elle détourna les siens, honteuse de ce qu’elle avait fait, de ce qu’elle était devenue. Mais quelque part au fond de son âme, quelque chose brûlait encore. Quelque chose de plus fort que la culpabilité, plus fort que la honte.

Il s’éloigna sans un mot, disparaissant dans la nuit aussi silencieusement qu’il était venu. Elle resta là, seule, dans la ruelle, le corps encore en feu de cette rencontre intense, mais l’esprit lourd, emprisonné dans la réalité de ce qu’elle venait de faire. Elle se laissa glisser contre un mur, haletante, la tête basse.

Pourquoi avait-elle fait ça ? Pourquoi s’était-elle abandonnée à l’inconnu, à cette tentation qu’elle savait être interdite ? Elle avait cherché un moyen d’oublier la douleur, mais au lieu de cela, elle s’était enfoncée encore plus profondément dans un abîme sans fin. La réalité, si dure, si cruelle, semblait l’engloutir à nouveau. Elle ne savait même pas s’il serait capable de la voir, de la reconnaître, ou si ce qu’ils avaient partagé était simplement une illusion. Un accident. Un besoin passager, une échappatoire.

Elle se redressa lentement, ses jambes faibles, son esprit brisé. Mais au fond de ses entrailles, une petite lueur persistait. Un espoir, peut-être. Ou une folie. Peu importait. Ce qui était fait, était fait. Et demain serait un autre jour. Un autre jour où elle devrait encore faire face à la vérité. Mais pour l’instant, elle avait vécu. Elle avait ressenti quelque chose de plus fort que la douleur. Elle n’était pas morte, encore. Pas tout à fait.

Et ça, au moins, était tout ce qu’il lui restait.

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