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chapitre 2

Chapitre 2

Elle s’était tenue là, au centre de la grande salle du clan, les yeux baissés, chaque fibre de son être battant contre l’humiliation. Le rugissement des voix des autres membres résonnait dans ses oreilles comme une mer en furie, comme un écho interminable de leur mépris. Elle n’avait jamais voulu ce moment. Elle n’avait jamais voulu être là, sous les projecteurs d’un monde qui ne voulait pas d’elle, et pourtant, elle s’y trouvait, comme une proie incapable de fuir. Les murs de la grande salle, qui avaient vu tant de festins et de rires, semblaient maintenant être une prison de verre dans laquelle elle se sentait piégée, vulnérable, exposée. Le silence pesant qui suivit la déclaration du chef de la meute n’était que le prélude d’un cataclysme qu’elle n’aurait jamais pu anticiper.

Son compagnon, ce loup implacable qui avait été désigné par la déesse de la lune pour être à ses côtés, se tenait devant elle. Il n'était pas seul. Entouré de ses alliés, ses frères de meute, il était l’incarnation de l’autorité, de la puissance. Son regard glacial, ses yeux d’acier qui se posaient sur elle avec une froideur distante, la faisaient frissonner. Il n’avait pas l’air de la voir, pas vraiment. Elle n’était qu’un fardeau. Un souvenir qu’il aurait aimé oublier. Un fardeau que la déesse avait décidé de lui infliger.

Quand il parla, la salle entière se tut.

« Elle n’est pas digne de ma présence. Elle n’est pas digne de ma meute. » Sa voix résonnait dans l’air, froide, implacable, comme une sentence de mort. Le poids de ses mots s’abattit sur elle avec une brutalité qu’elle n’aurait jamais cru possible. La déesse de la lune avait voulu unir leurs âmes, mais lui n’avait jamais voulu cette union. Jamais.

Elle se sentit transpercée par son regard, figée dans une douleur sourde qui se propageait lentement à travers tout son corps. Un frisson glacé, comme une morsure, se propagea sur sa peau. Il se tourna vers les autres membres de la meute, et ses paroles s’enchaînèrent, encore plus cruelles. « Elle est une erreur, un piège que le destin m’a tendu. Je n’ai pas choisi cela. J’ai été forcé. La déesse m’a trompé. »

Les rires se firent entendre, d’abord timides, puis plus francs, plus mordants. Les membres de la meute se mirent à chuchoter entre eux, jetant des regards furtifs dans sa direction, se réjouissant de sa souffrance. Chacun d’eux savait que le chef, l’homme qu’il était, ne se laissait pas abattre. La faiblesse n’avait pas de place parmi eux. Et ici, dans cette grande salle, ils étaient en train de la voir se briser. La détester, la renier. Ils la traitaient comme si elle n’était rien, comme si elle n’avait jamais eu sa place parmi eux.

Elle sentit les larmes monter, brûlantes, prêtes à déborder, mais elle se força à les retenir. Elle ne pleurerait pas devant eux. Pas devant lui. Pas devant ce loup qui l’avait rejetée publiquement, la laissant exposée aux yeux de tous, comme un animal fragile qui ne méritait même pas d’être vu. Elle serra les poings, les ongles enfoncés dans la chair, comme si ça pouvait la maintenir en vie, la maintenir debout, mais tout était devenu flou, brisé. Elle n’était plus qu’une silhouette tremblante dans un océan de moqueries.

« Regardez-la, » dit-il, d’un ton presque amusé. « Elle croit qu’elle peut prétendre à un rôle parmi nous. Mais elle ne comprend pas que c’est moi qui dirige ici, pas elle. Elle n’a même pas les capacités nécessaires pour être une compagne digne. »

Chaque mot qu’il prononçait la frappait comme un coup de poing dans le ventre. Elle avait espéré, au fond d’elle, qu’il viendrait à sa défense, qu’il verrait en elle quelque chose de plus que ce qu’il était en train de dire. Mais non. Il l’avait jetée en pâture à la meute. Elle n’était rien, et il n’allait même pas la protéger.

L’humiliation était si grande qu’elle ne savait même plus où se mettre. Elle avait l’impression que tout le monde la voyait maintenant, qu’elle était la seule à être réduite à cette condition, à ce point de non-retour. La lumière de la salle la frappait, la brûlait, et elle avait envie de disparaître, de fuir. Mais elle était prise au piège. Piégée par ce regard glacial, piégée par l’inaction de son corps, piégée par cette meute qui l’observait avec un intérêt malsain.

Il se tourna à nouveau vers elle. Son regard, ce regard d’acier, glissa sur elle avec une dédain qui la coucha au sol. « Tu n’es pas la compagne que j’ai reçue. Je ne t’ai jamais voulue. » Sa voix était basse, presque un murmure, mais c’était comme s’il avait hurlé dans son âme. Le monde autour d’elle devint un tourbillon, un bruit incessant, un chœur moqueur qui lui martelait le crâne. Ses pensées se brouillèrent. Il ne la voulait pas. Il n’avait jamais voulu d’elle. Et tout ce qu’elle avait espéré – cet amour, cette acceptation – se brisait sous le poids de sa cruauté.

Elle voulait fuir. Elle voulait se cacher dans l’ombre, s’échapper loin de cette pièce, loin de ce regard. Mais son corps ne lui obéissait pas. Ses jambes fléchirent, ses genoux se replièrent sous elle. Elle s’effondra à genoux, incapable de tenir plus longtemps. Elle n’était plus qu’une ombre, une douleur vivante, une créature sans nom. L’injustice, l’humiliation, la colère et la tristesse se Mélangeaient en elle, l’étouffant, la rongeant de l’intérieur. Pourquoi ? Pourquoi lui faire cela ? Pourquoi, alors qu’elle avait cru en cette union, en ce lien, en ce destin ? Pourquoi la détruire ainsi ?

Les murmures des autres membres se faisaient de plus en plus forts, certains se moquaient ouvertement, d’autres se tenaient à l’écart, visiblement mal à l’aise. Mais il y avait aussi ceux qui se taisaient, qui observaient en silence. Leur regard, celui des témoins indifférents, achevait de la briser. Le seul qu’elle aurait voulu voir compatir, c’était lui. Lui, son compagnon, celui qu’elle avait cru capable de tout, celui qu’elle aurait suivi, aimé, chéri. Mais il la méprisait. Il n’y avait plus de place pour elle dans son cœur. Elle n’était qu’une erreur de parcours. Un fardeau. Il l’avait dit, et la réalité avait éclaté comme un verre brisé.

Ses yeux se fermèrent. Elle se laissa tomber dans l’oubli. Mais, même dans cette obscurité, elle entendait encore sa voix, tranchante, nette comme une lame. Elle entendait encore l’humiliation, les rires, le poison qui se répandait dans son cœur. Elle n’était plus qu’une ombre sur cette terre. Un corps sans âme.

Et au fond d'elle, une question naquit, lourde, insupportable. Si elle n’était pas digne de lui, si elle n’avait aucune valeur, pourquoi avait-elle été choisie ? Pourquoi la déesse de la lune l’avait-elle unie à un homme qu’elle ne méritait pas ? Pourquoi la souffrance, pourquoi l’isolement, pourquoi l’abandon ? Elle n’avait pas les réponses. Et elle n’en aurait probablement jamais. Mais pour l’instant, elle devait survivre à ce rejet, à cette humiliation, et se raccrocher à ce qui restait d’elle. Car au fond de ce chaos, elle savait qu’elle n’était pas encore finie. Pas tout à fait.

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