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CHAPITRE 03

Chaque pas qu'elle faisait ressemblait à une crapahute, qui la mènerait vers une collision immense, les batailles de la vie. Ses yeux larmoyants témoignaient de la peur bleue qu'elle éprouvait.

Chaque fois qu'elle voyait les amoureux, cette dualité amoureuse ressassait en elle, les promesses que son amant lui avait faites, ce qui la rendait encore plus malheureuse que jamais.

Elle marchait pas à pas, quand le soleil atteignit son apogée, il faisait midi quand elle se sentit épuisée, elle alla s'assoir sur un bout de bois, afin de reprendre ses forces.

Elle finit par s'endormir sans qu'elle ne s'en rende compte, toute patraque, dans cette position de faiblesse, la somme modique que la mère de son amant lui avait remise, était à la merci de ces personnes avides, dépourvues de conscience :

- Non mais, qu'est-ce que je suis en train de voir là ? Est-ce une liasse d'argent ? Je vais un peu m'approcher pour élucider mes doutes.

Après son monologue face à sa trouvaille, le jeune homme s'approcha avec réticence, quand elle commença à soutirer discrètement la somme d'argent, aussitôt que ce dernier avait atteint ses fins, il s'en alla en courant, entre ses mains, son rançon.

Le soleil brillait encore plus fort, très fort et il libérait ses rayons solaires les plus torrides, sur le corps de Manuella, qui ne connaissait plus ce qui se passait à ses côtés.

Pour elle, les bras de Morphée étaient la seule place où, elle finit enfin de retrouver une accalmie, ses peines n'avaient plus vraiment d'impacter là-bas.

Elle y était et resta endormie pendant deux heures sur la ruelle d'une grande route, et pour les autres, elle était juste une SDF ou une folle récemment devenue.

Elle finit par quitter sa somnolence quand les cieux devenaient de plus en plus noirs, annonçant la venue d'une pluie torrentielle et ceux qui avaient des toits, accouraient vers ceux-ci.

Elle regardait de part et d'autre, aucune solution ne lui passait par la tête, elle faisait face à un problème cornélien que labyrinthique.

- Je ne sais pas du tout où je vais aller avec cette grossesse, toutefois, je vais aller un peu à la pharmacie avant que cette pluie ne tombe sur moi de toute sa rage. Je ne vais pas garder un enfant dont, le père n'en veut pas.

Dans la crispation et une mélancolie immense, elle se dirigea tout droit dans la pharmacie qui était à ses côtés, la propriétaire s'apprêtait à la renfermer et rejoindre les siens, car la ville devenait de plus en plus assombrie par les orages.

- Désolée madame ! Je sais que vous comptez déjà fermer, mais il y a encore toute la journée voyons, je comprends, vous redoutez cette averse qui arrive.

- Ah ma chère ! J'ai des enfants qui ne supportent pas ces genres des situations, ils ont horreur des éclairs et leur papa, ne se sent pas toujours rassuré de faire face à cette peur que nos enfants ont de la pluie, je dois vite rentrer pour les aider, lui avait-elle répondu, gaiement.

- J'aurai besoin des abortifs qui sont ici dans ta pharmacie, disait-elle avec une voix moins rassurée.

Étonnée, la jeune femme ne voulut pas en savoir davantage, parce que pour elle, c'était un des produits qu'elle vendait le plus dans sa pharmacie, mais elle sentit comme un poids lourd dans son cœur, une certaine culpabilité , elle se sentait comme une personne ayant porté un fardeau aussi longtemps et qui se retrouvait au bout de ses efforts.

- Tiens, il te suffit de les prendre deux fois et tu ne garderais plus cet enfant que tu ne veux pas. Au fait, je te les vends, ces abortifs, parce que, ce sont des produits que je vends plus ici, je pense que les jeunes femmes tombent vite enceinte dans cette ville, mais ne supportent pas du tout les responsabilités qui impliquent le fait de devenir mère. Pourquoi récurer la marmite alors qu'on sait qu'on pourra sûrement tomber enceinte ? Tu sais, si cela ne dépendait que de moi, je ne pourrais jamais avorter, je préfère autant qu'il vienne souffrir dans ce monde que de le tuer, qui sait, s'il pourrait être en réalité ce que je n'ai jamais été ?

Manuella resta aphone et ébahie face aux dires de la vendeuse, toutefois, elle se décida de mettre de côté sa sournoiserie:

- Attends, tu garderais une grossesse, en dépit que son propriétaire n'en voudrait plus ? Et du moment où, tu répondais positivement, quelle vie auriez-vous toi et l'enfant, alors que tu n'as rien? A la base, les enfants sont les sources du bonheur, seront-ils autant à des circonstances pareilles ? Avait-elle dit, incrédule !

- Je ne te juge pas jeune fille, on a tous un choix dans la vie, et il faut vraiment du courage mais aussi de la vertu pour faire ce qui est juste et vrai dans la vie. J'ai été évincée par mes parents, du droit de la première héritière, ils m'ont dépouillée de tout mais au final, j'ai survécu et ma fille est devenue une vraie lumière dans ma vie. Et les hommes quant à eux, ne sont que des pauvres imbéciles, qui ne savent pas ce qu'ils font ou plutôt ce qu'ils veulent, l'amour qu'ils disent avoir, dans la majorité de cas, n'est que filouterie pour qu'ils nous mettent sur leurs lits, et tu sais, ce même amour se teste quand vient l'heure de vérité, les autres hommes se disent ne pas être prêts ou pire, ils disent qu'ils n'ont jamais aimé ces femmes qu'ils raffolaient, et ça, c'est la cruauté de l'amour. Quant à moi, je voudrais que tu sois courageuse, que tu te dises que tu fais face aux faits accomplis. Tu dois juste te battre pour cet enfant, il pourrait être pour toi, les réponses positives aux questions que tu t'es toujours posée.

Sans que Manuella ne dise plus un mot, elle se retourna et reprit sa route vers sa petite cabane, qui lui servait de maison. Ses douleurs n'étaient pas physiques, une blessure profonde naissait en elle, qui pour se cicatriser, il lui faudrait grimper une montagne sous la pluie.

Trempée jusqu'aux os, elle finit par arriver chez elle, elle resta prostrée sur le sol, plongée dans une longue méditation, devrait-elle garder l'enfant d'un homme qui l'a rejetée pour ses aspirations, pour ses ambitions ? Ou prendre les abortifs qu'elle avait achetés, courant le risque de mourir par automédication et sauver sa peau dans ces beaux draps dans lesquels, elle se retrouvait.

Elle passa des minutes à réfléchir sur son petit lit, jusqu'à ce qu'elle se décida de se mettre dehors, ses yeux vers les cieux, espérant y trouver les solutions à son aporie.

Ahana, baisant la tête, la remuant de désespérément, tâtant son ventre et dira:

- Je suis peut-être une mauvaise personne, mais je ne saurais être une meurtrière, je ne saurais prendre vie à cet être innocent qui prend vie dans mon corps, je ne sais pas comment je vais tenir le coup, mais tout ce qui ne nous tue pas, nous rend toujours plus fort. Je vais essayer de donner vie à cet être innocent ou je mourais en essayant de le faire.

Elle ne se donna pas la peine de savoir comment cela se passerait, preuse et telle une amazone qui devrait aller défier un guerrier bien plus puissant qu'elle, elle se décida de se fier à sa petite voix, qui lui rassurait que tout irait pour le mieux, en condition de tenir tête à cette situation avec détermination et ténacité.

Toute belle histoire, les plus grands exploits dans la vie, ont bien commencé quelque-part, ainsi, elle alla visiter sa petite caisse, où, elle ne trouva plus qu'une petite somme modique, cependant, étant un as du commerce, c'était bien suffisant pour commencer une activité mercantile afin d'essayer de survivre.

C'est ainsi, chaque matin, elle sortait et le soir, elle revenait, une vielle dame dont sa maison était contiguë à la sienne, était devenue pour elle une amie, l'accointance qu'elles avaient développée, était comparable à un amour maternel et les remontrances de cette veille femme qu'elle ne connaissait pas, ont été les seules énergies qui la maintenaient en vie.

Huit mois furent passés, delai assez pour qu'une primipare accouche, mais son cas se faisait attendre, attablées en train de discuter sur des broutilles, après leurs mets vespéraux, elles se languissaient de la venue de l'enfant, c'était Manuella qui dira :

- Tu ne vois pas que j'ai mis assez de temps pour que je mette enfin au monde ? Et pour être honnête, je me sens vraiment fatiguée là, je dois vraiment me libérer de ce poids.

- On se calme madame, je ne pense pas que tu ferais deux jours sans que que tu ne tiennes ton bébé entre tes mains, tu verrais que, le jeu en valait vraiment la chandelle, cet enfant sera la lumière que tu as toujours attendue dans ta vie, la joie que les autres t'ont prise et l'espoir d'un avenir rayonnant aux côtés de ton........

Sa phrase resta en suspens, lorsque Manuella, prise au dépourvu, se mit à toucher son ventre bedonnant, tout en criant des douleurs abdominales, les contractions utérines annonçaient la venue de l'enfant, à leur grand bonheur.

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