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Samedi 7 octobre
La chanson est terminée depuis bien longtemps maintenant mais nous n'avons pas bougé. Nous sommes toujours enlacés dans les bras l'un de l'autre, nos pieds dansant doucement au rythme des battements de nos cœurs tandis que nos lèvres ne cessent de s'avouer leur amour. Mes doigts s'agrippent au vêtement d'Ethan pour mieux le rapprocher de mon corps. J'ai l'impression que nous ne serons jamais assez proches, que ce sentiment de manque qui m'accompagne depuis maintenant six mois ne me quittera jamais vraiment. Et pourtant, c'est bien quand son cœur rugit contre le mien que je me sens enfin totalement vivante.
Je souris de plus belle avant de laisser ma langue s'aventurer sur la peau de son cou que je déguste tel le plus précieux des mets. Tu m'as tellement manqué Ethan ! Je le sens frissonner sous mes caresses et m'autorise à passer les mains sous son pull. Mes doigts câlinent d'abord ses flancs puis rejoignent rapidement ses abdos tendus dont je me rappelle chaque parcelle. Insatiables, mes lèvres se redressent pour se mouler aux siennes et je le sens frémir de nouveau. Sauf que cette fois, je réalise que ce n'est pas de désir. La pression de ses doigts dans mon cou se fait moins forte et j'ai presque l'impression que c'est mon étreinte qui le maintient debout. Je me redresse pour l'examiner plus en détails et si je ne voyais pas qu'il est aussi mal, je pourrais mourir de bonheur face à son sourire amoureux.
-Ethan ? Comment te sens-tu ?
-Je... je crois que je devrais m'asseoir.
J'enroule mon bras sous ses épaules pour l'aider à se déplacer.
-Donne-moi tes clés, je vais t'aider à monter jusque dans ton appartement.
Il récupère son trousseau dans la poche de son manteau et me montre le chemin qui mène jusqu'à chez lui. Je fais bien attention à ce qu'il garde l'équilibre dans les escaliers et déverrouille la serrure pour le laisser entrer. Quand j'allume la lumière, je découvre une toute petite pièce contenant à elle seule une minuscule kitchenette, un bout de table, quelques meubles et un lit. L'endroit semble dépourvu d'âme et je prends soudainement conscience qu'il a réellement tout sacrifié pour me retrouver. Ethan avance en direction de son lit tandis que je lui verse un grand verre d'eau pour lui faire avaler des comprimés. Quand les médicaments rejoignent son estomac, il s'allonge sur son lit et ferme les yeux quelques secondes.
-Viens là.
Son murmure est à peine audible mais je ne me fais pas prier. J'enlève mes chaussures et monte sur le lit pour m'allonger à ses côtés. Il tend le bras dans ma direction, m'intimant silencieusement de me blottir contre lui mais je préfère l'installer contre ma poitrine pour pouvoir le cajoler à ma guise. C'est à mon tour de prendre soin de lui. Quand ma main commence doucement à se balader à travers ses mèches brunes, il libère un petit soupir de contentement qui tremble jusqu'à mon cœur. Ses bras s'enroulent autour de ma taille et je respire le coeur léger. Nous restons ainsi une seconde, une minute, une heure. Le temps pour Ethan de se sentir un peu mieux et pour moi de laisser mes lèvres renouer avec le goût de sa peau.
Plus ma bouche se montre aventureuse, plus ses doigts s'enfoncent dans mes hanches. J'ai beau savoir qu'il ne se sent pas très bien, je ne parviens pas à me raisonner. J'ai besoin de le sentir à moi, de le marquer de mes baisers et de laisser nos parfums créer à nouveau cet opium entêtant. Mes mains se faufilent sous son t-shirt gris pour retrouver sa peau déjà recouverte de frissons. Mon cœur bat plus fort, encore plus fort, quand il loge sa jambe entre les miennes. Je me redresse légèrement pour avoir tout le loisir de l'inonder de baisers. Il est allongé sur le lit, totalement à la merci du désir qui gronde dans mon ventre et ses paupières sont closes. Seule sa respiration de plus en plus haletante trahit son impatience.
Mes mains commencent à libérer son corps de ses habits pendant que ma bouche trace un sillon humide à travers son torse musclé, s'arrêtant un instant sur l'encre noire de son tatouage que j'aime tant. Les caresses d'Ethan se déposent délicatement sur ma nuque, mes bras, mon dos mais j'en veux plus. Je veux nous retrouver entièrement. Alors je continue de faire tomber toutes les barrières qui nous séparent et je recouvre sa peau de mon amour. Quand ma langue devient plus impérieuse, je l'entends gémir en silence. Quand ma main enlace la preuve de son désir, je l'entends vibrer de tout son être. Quand mon corps nu irradie au-dessus du sien, je le vois ouvrir les yeux avec délectation. Mais à aucun moment, je ne le vois s'enflammer.
Légèrement frustrée, je passe mes jambes de part et d'autre de ses hanches en connectant mon front au sien. J'ai besoin de sentir chaque parcelle de mon corps soudé à sa peau. Les mains de mon homme continuent leurs sages caresses mais je sens que quelque chose ne va pas. Je ne reconnais pas l'homme qui m'a aimée de toute sa fougue. C'est comme s'il se retenait, comme s'il ne voulait pas succomber au désir fulminant qui me consume.
-Qu'est-ce qui se passe Ethan ?
-Rien, souffle-t-il imperceptiblement.
Mon cœur se serre mais je refuse de laisser son mensonge nous atteindre à nouveau. Mon entrejambe déjà prêt pour lui entame de langoureux mouvements et je l'observe se mordiller la lèvre inférieure en fronçant les sourcils.
-Ne me mens pas s'il te plait.
Une seconde durant, j'ai peur qu'il nous engloutisse à nouveau dans une spirale de non-dits mais quand nos regards s'accrochent l'un à l'autre, il décide d'endiguer nos erreurs.
-Je ne veux plus merder avec toi. Je... je veux juste faire les choses bien.
Et voilà comment je tombe encore un peu plus amoureuse de lui !
-J'aime tout ce que tu es Ethan et je ne te veux surtout pas autrement. J'aime quand tu es tendre, doux et attentionné. J'aime quand tu sauvage, rude et pur. Alors ne fais pas semblant d'être un autre. Caresse-moi et fais-moi l'amour de tout ton être.
J'ai à peine le temps de terminer ma phrase qu'Ethan capture mes lèvres dans un grognement. Il plaque ses grandes mains rugueuses sur la peau laiteuse de mes hanches pour leur intimer de continuer leur danse enivrante et je sens tout mon corps s'enflammer. Le feu se propage à travers nos baisers, nos caresses et nos souffles. Nos gestes sont aussi passionnés que désordonnés. Ethan suçote tour à tour mon cou puis mes seins et je gémis d'impatience au moment où il ralentit mon rythme. Mais quand sa main descend plus au sud, je grogne sous l'avalanche du désir bouillant qui se déverse dans mes veines. Je ne tiens plus, je le veux en moi. Maintenant.
J'approfondis notre baiser en lui offrant tout ce que je possède. A travers mes lèvres, je lui dis tout. A quel point je l'aime, à quel point mon cœur ne voit que lui, à quel point il m'a manqué, à quel point je ne saurais jouir que par son corps. J'attise le feu ardent qui nous calcine lorsque nos corps se complètent enfin. Je m'immobilise une seconde, le temps de savourer cette connexion unique qui nourrit désormais mon âme. Puis je laisse mon désir prendre les rennes de notre étreinte et je plonge les mains dans les cheveux d'Ethan tout en le chevauchant passionnément. Les caresses qu'il m'offre sont exquises. Il sait exactement où me toucher, comment me toucher pour démultiplier le plaisir qui ricoche dans notre bulle. Sa bouche rejoint ma poitrine dressée et il ne perd pas une seconde pour déguster la pointe si sensible de mes seins qui n'attend que lui. Nos peaux sont moites et nos regards verrouillés. Mes gémissements répondent aux râles de mon homme et ses coups de reins propulsent ma danse à un niveau supérieur d'extase.
La chaleur de nos corps me shoote. Les flammes du plaisir nous dévorent. L'ivresse nous guette. Nos bouches multiplient les collisions. Nos caresses sont déchainées. L'enivrement déploie ses ailes. Nous planons. Très haut. Très loin. Nos corps accélèrent le rythme, nos cœurs sont au bord de l'explosion et la boule de feu qui nous consume éclate enfin. Un intense orgasme se déchaine au plus profond de mon être qui crépite sous l'assaut d'Ethan. Son amour m'aveugle et je ne vois plus que lui. Plus que nous. Je loge ma tête dans son cou quand je sens que l'homme de ma vie se crispe une dernière fois avant de m'envelopper dans ses promesses d'avenir.
