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-Lâche-moi !
Bien évidemment, il ne m'écoute pas et s'empresse d'appuyer sur le bouton pour fermer les portes et bloquer la machine.
-Non mais qu'est-ce que tu fais ? Laisse-moi sortir !
-Pas avant que tu me dises ce qu'il se passe.
Sa voix légèrement brisée et irritée fait naitre d'innombrables frissons dans chacune de mes cellules. Sa paume chaude est toujours accrochée à mon bras. Mon cœur bat un peu trop vite. Ses yeux transpercent mon âme. Mes mains tremblent beaucoup trop fort. Ses lèvres appellent les miennes. Mon souffle se fait court et erratique. Sa colère s'entrechoque à la mienne et crée des étincelles. Je suis obligée de fermer quelques secondes les yeux si je veux éviter de lui tordre le cou en l'embrassant férocement.
-Candice, regarde-moi, me lance-t-il sur un ton dur.
Je rouvre les yeux et plante mon regard dans le sien. Je ne veux plus me défiler, ce temps est révolu.
-C'est quoi cette merde que j'ai entendue quand je suis arrivé ?
-De quoi tu parles ? je marmonne en fronçant les sourcils.
-De cet idiot d'Alessandro qui était soi-disant à deux doigts de te faire danser ! Ne me dis pas que... pendant que j'étais comme un con à me prendre la tête, toi tu passais ton temps dans les bras de ce connard ?
Je me dégage de sa prise en secouant mon bras.
-Qu'est-ce que ça peut bien te faire ? T'as fait une croix sur nous, non ?
Ethan recule imperceptiblement tandis que ses yeux s'arrondissent. Vu l'expression de son visage, j'ai l'impression de l'avoir profondément blessé.
-Comment... comment peux-tu penser une telle connerie ? me demande-t-il en passant nerveusement la main dans ses cheveux.
-Tu ne m'as pas appelée une seule fois pour t'excuser cette semaine !
-Non mais je rêve ! Tu me balances un tas d'horreurs à la gueule, tu me jettes comme une merde de chez toi et tu attends que je m'excuse ?
Ethan est clairement en train de perdre le peu de patience qui lui restait. Ses billes noires de rage m'incendient maintenant sans aucune pitié.
-Evidemment que j'attends que tu t'excuses ! Pourquoi est ce que tu...
-Réponds-moi ! Qu'est ce que tu foutais avec ce connard d'Alessandro ? crache-t-il durement entre ses dents serrées.
-Je ne faisais rien du tout ! Nous sommes tous sortis hier soir boire un verre entre collègues, il ne s'est rien passé de plus que des rires et des verres un peu alcoolisés.
-Je déteste l'idée que ce connard te veuille. Je ne le supporte pas putain !
Ethan tourne maintenant comme un lion en cage dans le petit espace réduit dans lequel il nous a coincés et si je suis honnête avec moi-même, je dois bien avouer que mon cœur de pierre commence à s'effriter quand je le retrouve si possessif.
-Ne change pas de sujet Ethan. De quel droit t'es tu permis de dire que j'étais malade ?
-Je n'ai jamais dit que tu étais malade. J'ai seulement voulu que tu comprennes que ton comportement n'est pas normal.
-On s'en fiche qu'il soit normal ou pas, l'important c'est qu'il me convienne, je bougonne, déjà agacée par la tournure que prend cette conversation.
-C'est là que tu te trompes Candice. Peut-être qu'avant tu pouvais faire ce que tu voulais pour te bousiller sans que personne ne réagisse mais c'est fini. Tu es ma... Tu es la personne la plus importante à mes yeux et je n'accepterai jamais que tu te fasses du mal. J'ai peut-être été maladroit et je suis désolé si je t'ai blessée mais je ne m'excuserai jamais de vouloir te protéger.
Il s'arrête quelques secondes afin d'être sûr que ses mots percuteront leur cible en plein cœur.
-Je sais que tu m'en veux pour... ma situation merdique et t'as sans doute raison. T'as l'air d'être résolue à me virer de ta vie et t'as pas idée à quel point cette idée me tue. Mais même si tu décides de me larguer, même si tu continues ta vie sans moi, je serai toujours là pour veiller sur toi et t'empêcher de faire des conneries. Je suis incapable de vivre une vie où je ne respirerais pas le même oxygène que le tien mais si c'est ce qu'il te faut pour aller mieux, je préfère crever dans mon coin plutôt que de te faire encore plus de mal.
La voix tremblotante, Ethan m'assène le coup de grâce alors que quelques larmes dévalent déjà mes joues.
-Cette semaine, j'ai compris que toute cette merde te déglinguait et j'ai eu envie de me frapper la tête contre un mur. Je te promets que je vais tout faire pour en sortir mais c'est à toi de décider si tu veux encore de moi. Si tu acceptes de m'accorder un peu de temps pour arranger les choses de mon côté. Si tu acceptes que je prenne soin de toi, même si t'en as pas envie. Si tu acceptes que je m'inquiète pour toi et que je te le dise, même si ça te plait pas. Réfléchis bien à tout ça et si la réponse est oui, alors reviens-moi vite parce que je crève sans toi.
Et sans que je ne puisse réagir, Ethan s'évapore dans les couloirs en me laissant dans cet ascenseur, le cœur et l'esprit totalement disloqués.
