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Mercredi 1er février 

                              

Ce matin, j'arrive au bureau avec le moral dans les chaussettes. Hier, après avoir arpenté le centre commercial de fond en comble avec Cassiopée, je suis rentrée seule dans mon appartement vide. Il était tard et je n'ai pas osé appeler Ethan pour lui demander de me rejoindre. J'ai eu peur de l'étouffer, de trop lui en demander et de le faire fuir. J'ai donc passé la soirée à ruminer l'attitude de mon amie et à me morfondre de tout ce que nous avons perdu. Je ne me rappelle plus de la dernière fois où un aliment a réellement passé la barrière de mes lèvres mais mon chagrin a nourri à lui seul mon corps tout entier.

                              

Cass est une personne spéciale pour moi depuis mon adolescence. Elle m'a aidée, elle m'a fait grandir, elle m'a soutenue et elle a rendu mon quotidien plus coloré. Son caractère de feu a toujours fait partie d'elle. Cependant, jusqu'à peu, j'ai toujours été du bon côté. Mais je découvre amèrement que tout peut changer, que même les certitudes les plus inébranlables peuvent être balayées du revers de la main par les surprises que la vie nous réserve. 

                              

Cette constatation a brisé quelque chose en moi. Cassiopée n'est pas ma seule amie mais elle est la seule personne avec qui je pouvais être totalement moi-même sans avoir peur d'être jugée. Ce temps est définitivement révolu et je le regrette mais je ne pourrai jamais affronter son regard plein de dégoût si elle apprend ma relation avec Ethan. Cela me révolte tellement ! Ethan est le seul homme qui a su lire entre les lignes et même si sa vie est compliquée, je suis incapable de me séparer de lui. Si mon amie ne peut pas le comprendre, cela signifie qu'elle ne tient pas réellement à moi. Et ça fait un mal de chien !

                              

Je suis fatiguée, presqu'épuisée de toutes ces déceptions. Le cœur en berne, je traverse le couloir vide et silencieux avec un bon quart d'heure d'avance. Au moment où j'entre dans mon bureau, je sens une présence menaçante derrière moi et mon cœur se met immédiatement à défoncer ma cage thoracique. Une main rugueuse se pose sur ma bouche pour empêcher mon cri de peur d'alerter les rares personnes présentes et de longues jambes musclées me poussent à l'intérieur de ma petite pièce. J'entends la porte claquer derrière nous et je commence à me relâcher lorsque je respire profondément le parfum de mon homme. 

                              

Mon corps a du mal à se calmer après cette approche effrayante et je peine à adoucir les battements déchirants de mon cœur ainsi que ma respiration totalement affolée. Ethan me sert alors contre lui et loge sa tête dans mon cou. 

                              

-Putain Candice, ça fait au moins trente minutes que je t'attends ! 

                              

Sa voix grave est transcendante. Elle me pénètre violemment et s'infiltre dans mes veines pour répandre son aura au plus profond de moi. Un dangereux mélange de désir, d'admiration et d'envie prend possession de mon corps et je commence à trembloter. Sa main qui couvrait jusque-là ma bouche se retire dans une lenteur insoutenable, caressant ainsi mes lèvres du bout des doigts. Je me crispe pour essayer de refouler le torrent de sensations qui menace de m'envahir à une vitesse folle mais Ethan me retourne et plante ses yeux dans les miens. 

                              

Son regard me coupe le souffle. Dans ses pupilles obsédantes, je lis en lui comme dans un livre ouvert. Aujourd'hui, aucun masque ne vient cacher son vrai visage et l'apaisement que je vois me retourne le cœur. Ses traits se détendent, ses iris se mettent à pétiller et un beau sourire nait timidement sur ses lèvres. Ses yeux sont intensément braqués sur moi et plus rien n'existe autour de nous. J'ai l'impression qu'il vient de trouver son oasis en plein désert, et cette pensée fait naitre un feu d'artifice dans mon corps jusque-là engourdi par la morosité. Sa paume se pose fermement sur ma joue et ses lèvres foncent sur les miennes. Je reste stoïque, trop abasourdie par sa réaction ce matin. 

                              

-Qu... qu'est-ce qui se passe Candice ? me demande-t-il d'une voix inquiète. 

                              

Que se passe-t-il ? Tu veux savoir ce qu'il se passe à l'intérieur de moi ? Comment voudrais-tu que je réponde à cette question quand je suis moi-même incapable de comprendre l'ouragan qui dévaste tout sur son passage pour tout recréer en plus beau, en plus intense mais en plus effrayant aussi. Comment pourrais-je décrire la course folle dans laquelle mon cœur se lance à chaque fois que tu es près de moi ? Comment t'expliquer que ma peau ne frémit qu'en ta présence ? Que mon corps ne réagit qu'au tien ? Comment te dire que loin de toi, je suffoque, je me perds et je me noie ? Comment ne pas te faire peur autant qu'à moi, ça me fait peur ?   

                                          

              

                    

Je ravale tous ces mots qui fusent bien trop vite autour de moi et je secoue imperceptiblement la tête pour reprendre mes esprits. 

-Rien, tu m'as surprise c'est tout. 

Rassuré, Ethan ne perd pas une minute de plus pour plonger sa main dans mes cheveux afin d'enrouler mes mèches brunes autour de son poing. Il tire dessus pour me forcer à pencher la tête en arrière et fonce sur ma bouche. Sa langue caresse délicatement mes lèvres et je la laisse retrouver la mienne. Je ferme les yeux et m'imprègne de ce goût unique qui m'ensorcèle toujours un peu plus. Sa main gauche vient se poser dans le creux de mes reins pour me plaquer encore plus fermement contre son torse. Quand son baiser s'intensifie, je ne parviens plus à retenir un petit gémissement de plaisir qui fait immédiatement grogner Ethan. 

-Candice... 

Son ton est dur et chaud. Je sens son sexe durci et un éclair de désir transcende mon corps avant d'exploser entre mes jambes. Je passe mes bras autour de sa taille et enfonce mes doigts dans sa chemise. Sa peau me manque. J'ai besoin de la sentir au plus près de la mienne pour oublier. Je plonge alors à corps perdu dans cette étreinte volée et mes mains s'attaquent maintenant aux boutons de sa chemise. 

Enveloppée dans ses bras, je ne sais plus où je suis. J'oublie le bureau, les collègues qui peuvent arriver à n'importe quel moment, ma tristesse et la fatigue qui ne me quitte plus depuis quelques jours. Je ne ressens que son corps contre le mien, son cœur avec le mien et son âme liée à la mienne. Et cela me suffit pour continuer à respirer pleinement. Je me laisse totalement aller et mes doigts tremblants continuent de dévoiler ce corps qui me fait perdre la raison. 

Mais soudain, ma bulle se désintègre. Les lèvres d'Ethan quittent les miennes, son corps se décolle du mien et ses mains stoppent les miennes. 

-Qu'est-ce que tu fais Candice ? me demande-t-il avec des yeux ronds comme des billes. 

-Je...je... ne sais pas. 

Je me sens gênée qu'il me repousse ainsi et au fond de moi, je sais que ce qui me peine le plus c'est qu'il ne ressente pas ce même besoin. Je m'éloigne de lui et lui tourne le dos. Je fais semblant de ranger mon manteau et mon sac-à-main pour qu'il ne remarque pas mon malaise mais il ne me laisse pas faire mon petit manège bien longtemps. Rapidement, il me rejoint et attrape délicatement mon coude pour me faire pivoter vers lui. Je prends une profonde inspiration et le laisse faire. Ses mains se posent sur mes joues et il me force tout en douceur à soutenir son regard. 

-Tu n'imagines même pas à quel point j'ai envie de toi, gorgeous. Et même si l'idée que tout le monde sache que tu es à moi me plait beaucoup trop, on ne peut pas se laisser aller maintenant. Tout le monde va arriver. 

Je sais qu'il a raison. Je sais que c'est une mauvaise idée et que la situation est risquée mais je ne parviens pas à penser raisonnablement. J'aimerais juste qu'il ait autant besoin de moi que moi j'ai besoin de lui. Mais comme toujours, j'en attends beaucoup trop des gens qui partagent ma vie. 

Je ravale difficilement mon amertume et j'effleure furtivement sa pommette. 

-Tu as raison Ethan. 

Ma voix est blanche et il le remarque immédiatement. Ses sourcils se froncent et sa paume agrippe précipitamment ma nuque tandis que son pouce se loge sous mon menton pour me forcer à le regarder dans les yeux. 

-Dis moi ce qui te prends la tête. 

-Je... 

-Sans me mentir s'il te plait.    

Je souffle longuement et baisse la tête. Je ne sais pas réellement ce qui me tracasse, j'ai beaucoup de mal à mettre des mots sur ma morosité. Je sais juste que je ne suis pas très bien. Malgré cela, j'essaie de m'ouvrir à lui comme lui s'est ouvert à moi ces derniers jours. 

            

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