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Je reste complètement abasourdie. Comment sait-il que je ne mange que des bouts de pain en ce moment ?
-Tu crois que je ne te vois pas, prostrée dans ton bureau à enchainer les heures et à gober des miettes de pain. Tu joues à quoi Candice ? Tu veux te rendre malade ? Tu as vu à quoi tu ressembles ? Putain, on dirait un minuscule petit oiseau tout frêle ! Tu as du perdre au moins cinq kilos depuis le mois dernier. Alors je ne le redirai pas une troisième fois. Soit tu manges, soit je te fais manger.
Son ton est calme, posé mais sans appel. Je prends doucement conscience qu'Ethan n'a jamais cessé de garder un œil sur moi. Cette simple pensée fait autant vibrer mon cœur qu'elle m'effraie tant les sensations qu'elle fait naitre en moi sont dangereuses. N'ayant pas envie que cette sortie improvisée se transforme en affrontement, je prends sur moi et tends le bras pour attraper une frite. Je la regarde fixement, comme si elle pouvait disparaître sous mes supplications silencieuses puis je soupire et ferme les yeux avant de la porter à ma bouche. Je la mâchouille quelques minutes et me surprends à apprécier ce goût gras mais tellement réconfortant. Tiens, prends ça dans les dents Maman !
Ethan me fixe intensément tout en souriant en coin. Je tends timidement la main vers les frites et en avale doucement une seconde. Soudain, il me tend son hamburger pour que je le goûte. Je n'ai pas réellement envie de toute cette nourriture dans mon ventre mais sentir le goût de ses lèvres dans ma bouche me convainc d'avancer légèrement et d'entrouvrir les lèvres. Je croque une petite bouchée et mordille lentement les aliments tandis qu'Ethan brise le silence.
-J'ai mangé de la junk food toute mon enfance. Quand tu m'as dit que tu n'avais jamais goûté un hamburger, j'étais tellement surpris ! Je veux dire, mon père m'en servait pratiquement tous les deux jours. Il ne savait pas cuisiner alors il se débrouillait avec des fast-foods à emporter, de la jelly et des nouilles instantanées. J'aurais à coup sur fini obèse si je n'avais pas pratiqué tout ce sport...
Son regard est totalement perdu dans ses souvenirs et la nostalgie qui l'habite lui confère immédiatement un air triste et abattu. Mais malgré la douleur qui l'assaille, il continue de se confier, comme s'il en avait réellement besoin.
-Je suivais mes copains partout où ils allaient. Tant que ça pouvait me faire sortir de notre maison froide et silencieuse, ça m'allait. Heureusement pour moi, ils étaient très branchés sport. On a tout pratiqué ensemble : foot, rugby, hockey, boxe... On n'arrêtait jamais. Le soir, je rentrais toujours avec de nouveaux trous sur mes vêtements ou mes chaussures. Quand mon père me découvrait dans cet état, la gueule amochée et les vêtements déchiquetés, il... il... enfin bon...
Je comprends immédiatement que ses heures de détente suivaient toujours des heures sombres marquées par les coups non justifiés qu'un père ne devrait jamais infliger à son enfant. Une lueur douloureuse traverse les beaux iris d'Ethan et je ne peux plus rester immobile. J'attrape brusquement sa paume de mes mains et je l'enveloppe de toute la douceur dont je suis capable en cet instant. L'homme qui se tient devant moi est peut-être celui qui a anéanti mon cœur mais je suis incapable de rester impassible face à lui. J'aimerais arracher chaque étincelle de souffrance qui émane de lui et les détruire une à une pour le libérer définitivement. Ethan me laisse cajoler sa main et ses doigts s'entremêlent nonchalamment aux miens. Une légère décharge électrique parcourt mon corps tout entier quand ses yeux se lient aux miens, chassant ainsi tous ses mauvais souvenirs. Nous restons un long moment à nous regarder sans prononcer la moindre parole.
J'ai beau ne rien laisser transparaitre, à l'intérieur de moi c'est un sacré foutoir ! Ma raison essaie tant bien que mal de se faire entendre mais les battements de mon cœur se font de plus en plus puissants.
-Tu vois Candice, même si j'ai pas eu une enfance toute rose... je... aujourd'hui, j'ai compris qu'elle fait partie de moi. J'ai longtemps détesté mon père pour cette vie de merde qu'il m'a offert. Tu n'imagines pas le nombre de fois où j'ai rêvé de me tirer de la maison, de le laisser dans ses emmerdes et de partir sans jamais me retourner. Mais... je n'ai jamais pu... Ouais je suis parti mais... c'était pour lui. C'était uniquement pour lui si je me suis embourbé dans cette merde. Et aujourd'hui, j'en paye le prix. Mais tu sais, je lui en veux autant que je... J'y arrive plus...
Il se prend tout à coup la tête entre les mains et mes paumes à présent vides frissonnent tant sa peau rugueuse me manque déjà. Ses yeux rougis m'appellent à l'aide quand ils retrouvent les miens. J'ai terriblement envie de me lever et de le prendre dans mes bras, de le serrer si fort que ses tourments exploseront et le libéreront mais je ne fais rien. Je me hais à l'instant même où je prends la décision de me protéger au lieu de le réconforter.
-Ethan... S'il y a bien une leçon que j'ai appris à mes dépens, c'est qu'on ne peut pas changer le passé. On a beau essayer de faire de son mieux, de vivre en fonction des autres, il y aura toujours un jour où tout explosera. Alors... même si je ne sais pas ce qui te ronge et que je ne peux rien faire pour t'aider, je veux juste que tu entendes cela : ta vie t'appartient. A toi et uniquement à toi.
Son genou vient immédiatement se loger entre les miens et je le serre le plus fort possible. Je veux qu'il comprenne que je suis là pour lui et en même temps, je ne sais pas combien de temps je pourrai tenir ainsi, à me laisser consumer par cet attachement sans fin qui nous lie. L'émotion qui nous submerge tous les deux est si palpable que seuls nos cœurs communiquent désormais. Ils battent au même rythme, essayant chacun à leur tour de soutenir l'autre et de l'aider à avancer. Au bout d'un long moment, Ethan me ramène à la soierie et pendant tout le trajet, sa main reste plantée dans la chair de ma cuisse comme elle s'accrocherait à une bouée de sauvetage. Quand nous arrivons sur le parking, je prends une profonde inspiration avant de lui annoncer :
-Marina étant revenue, je vais pouvoir lui rendre le dossier Dior.
-Non ! Ne fais pas ça ! me répond-t-il du tac au tac en haussant légèrement la voix, dans un signe évident de panique. S'il te plait... continue-t-il en susurrant, je veux qu'on termine ensemble. Laisse-nous au moins aller jusqu'au bout...
Mon cœur s'emballe et mon ventre se tortille dans tous les sens pendant que je me force à réfréner tous les papillons qui tentent de prendre leur envol malgré moi. Il veut garder ce dernier lien, ce dernier prétexte pour que nous puissions passer encore un peu de temps ensemble. Alors que ma raison me hurle de refuser, mes lèvres répondent « d'accord » avant même que je ne leur en donne l'autorisation.
L'après-midi n'est qu'un enchainement de pensées assourdissantes qui tourbillonnent autour de moi et m'empêchent de prendre du recul. Ce moment passé avec Ethan à midi m'a complètement retournée. Malgré toutes mes bonnes résolutions, je n'arrive pas à rester impassible et à ignorer sa douleur. Mon cœur fond de plus en plus pour cet homme abimé mais ma raison me hurle de me protéger. Au fond, je sais que je suis terrifiée à la simple idée qu'il pourrait encore jouer avec moi. Je ne le supporterai pas. Cependant, il semblait tellement sincère... Quand son regard se perd au loin dans ses souvenirs, je sais au plus profond de mon cœur qu'il ne joue pas. Mais... et s'il utilisait ses faiblesses pour m'amadouer ? Je ne sais plus.
Rapidement, mon esprit entame un voyage vers tout ce qui s'est passé ces dernières semaines. Je me souviens parfaitement du regard meurtri et désolé d'Ethan quand j'ai découvert son alliance. Il semblait réellement anéanti de refermer la porte derrière moi ce jour là. Ensuite, son regard assassin me percute quand je me remémore la petite scène qui s'est jouée entre Gabriel, Ethan et moi la semaine dernière. Ses avertissements étaient flagrants et sa rancœur mémorable. Pour la première fois, je découvrais un Ethan jaloux et possessif qui ne voulait pas que je lui échappe alors qu'il est le seul responsable de notre éloignement. Et aujourd'hui, il me somme de continuer à travailler avec lui sur le dossier Dior alors que Marina est revenue et qu'elle plus compétente que moi pour gérer ce type d'affaire...
C'est trop. Trop d'interrogations, trop de sous-entendus, trop de non-dits, trop de sentiments refoulés, trop de risques que mon cœur se brise à nouveau et ne s'en remette jamais. Cette situation doit stopper. Ma décision est prise.
Ce soir, soit Ethan m'explique tout, soit je m'en vais. Définitivement.
Alors que mes collègues terminent paisiblement leur journée de travail, je me débats avec l'effroyable anxiété qui s'est emparée de moi. Je suis tellement stressée que j'ai failli courir aux toilettes vider le contenu de mon estomac au moins trente fois ! J'ai griffonné sur au moins dix feuilles avant de parvenir à écrire correctement ma lettre et je ne même pas certaine qu'elle soit compréhensible. Si vous saviez comme l'issue de cette confrontation me terrorise ! Mais je n'ai plus le choix, je dois savoir pour avancer.
Lorsqu'un profond silence s'installe enfin au second étage, je me lève fébrilement de ma chaise et me dirige vers mon destin. Mon cœur tambourine si fort qu'il me déchire la poitrine, je n'entends plus que lui qui résonne violemment dans mes oreilles. Je fixe l'enveloppe blanche que je tiens entre mes doigts tremblotants comme si elle seule pouvait décider de mon destin ce soir. Mon ventre se tord si fort que j'en oublie de respirer et au moment où j'abaisse la poignée de la porte, je comprends que je ne peux plus revenir en arrière. C'est ce soir ou jamais.
Quand j'entre fébrilement dans le bureau d'Ethan, il relève la tête de son écran, surpris de me voir ici. La nuit est tombée et elle engloutit cette grande pièce où seule sa petite lampe de bureau nous éclaire. La faible luminosité fait ressortir les beaux yeux noisette de mon patron mais surtout ses tourments et sa détresse. Je suffoque presque, complètement ensevelie sous le stress que je ressens au plus profond de mon être mais il me suffit de repenser à la douleur déchirante qui m'a mise à terre ces dernières semaines pour trouver le courage d'avancer. Mes pas me guident à hauteur du bureau d'Ethan et je me plante debout, face à lui qui est toujours assis sur sa chaise. Il entrouvre la bouche mais je ne le laisse pas parler. Ce soir, c'est moi qui mène la danse.
-Ethan, cette situation ne peut plus continuer.
Un lourd silence s'abat sur nous et je l'observe froncer les sourcils et se renfermer instantanément.
-Je refuse de jouer à ton petit jeu. Je refuse que tu m'utilises ou que tu joues sur deux tableaux. J'ai besoin de connaître la vérité. Ce soir.
Il reste imperturbable, ignorant totalement mes réclamations.
-Comment tu m'expliques que tu ne me laisses pas partir alors que tu es marié ? Pourquoi veux-tu continuer à travailler avec moi sur le dossier Dior ? De quel droit t'es-tu permis cette crise de jalousie complètement déplacée lorsque Gabriel m'a embrassée ? Pourquoi m'as-tu amenée manger avec toi à midi ? Pourquoi m'as-tu choisie pour te confier ? Pourquoi me retiens-tu toujours alors que tu m'as clairement dit que tu ne quitteras pas ta femme ?
Je vois son regard virer au noir et ses poings se fermer si fort qu'ils en deviennent blancs. Sa mâchoire crispée à l'extrême lui dessine un visage si carré que j'ai l'impression qu'il s'apprête à monter sur un ring de boxe.
-Alors c'est simple, soit tu m'expliques tout ce soir, soit c'est la dernière fois qu'on se voit.
Je dépose sur son bureau l'enveloppe blanche que je tenais fermement entre mes doigts et je vois ses yeux passer rapidement de l'enveloppe à mon visage. Il comprend immédiatement ce qu'elle contient et je jurerai apercevoir un éclair de panique traverser ses beaux yeux. Mais il ne bouge toujours pas et ne prononce aucun mot. Mon cœur tambourine si fort dans ma poitrine que j'en ai mal mais je continue, coûte que coûte.
-Ethan, je ne plaisante pas. C'est ta dernière chance. Si tu veux vraiment que je reste avec toi, alors tu dois tout me dire. Maintenant. Sinon, tu peux faire passer ma lettre de démission aux ressources humaines dès ce soir.
Son regard brûlant se vrille au mien et il se décide enfin à bouger. Doucement, il se lève de sa chaise et s'approche de moi, tel un prédateur affamé. La faible lueur de sa petite lampe fait ressortir tous ses muscles et mes yeux se perdent un instant sur ses bras dans lesquels j'ai envie de fondre. Mon regard ne lâche plus son torse, ses mains puis son cou et ses prunelles ardentes m'avertissent qu'il va bientôt me dévorer. Je tremble sous l'intensité de son approche et mon cerveau m'intime l'ordre de partir en courant mais mes pieds restent cloués au sol. D'un geste brusque, Ethan attrape mon manteau ainsi que mon sac-à-main et les envoie valser à travers la pièce. Mon cœur manque de défaillir à multiples reprises quand Ethan pose possessivement sa grande main sur ma joue. Ma peau crépite instantanément, mon cœur vacille, mes jambes menacent de me lâcher et ma détermination fond comme neige au soleil. Il me surplombe de toute sa splendeur et je dois lever la tête pour pouvoir continuer à le regarder dans les yeux. Son imposante carrure m'enveloppe et je ne respire plus que son parfum envoûtant qui fait disjoncter ma conscience. Quand sa deuxième main se loge dans mon cou en déposant une trainée de frisson sur son passage, je comprends que je ne pourrai pas l'arrêter.
Dans une lenteur insoutenable, Ethan baisse la tête et nos lèvres se frôlent tandis que nos regards ne se quittent plus. Ils se jaugent, se défient et se menacent. Nous restons ainsi une éternité jusqu'à ce que sa langue commence à humecter lentement ses lèvres. Son geste se répercute immédiatement entre mes cuisses où un désir animal se met à pulser fiévreusement. Soudain, ses lèvres rejoignent brutalement les miennes et je lâche un gémissement incontrôlé de désir. Il traverse la barrière de ses lèvres pour se loger en lui, nourrissant ainsi la bête hors de contrôle qui me fait face.
Ethan agrippe fiévreusement mon cou de ses deux mains et sa langue entre brutalement dans ma bouche pour s'enrouler rapidement à la mienne. Son baiser est brusque, presque violent et son corps se colle au mien pour me faire sentir son désir grandissant. Ses lèvres d'habitude si envoûtantes ne taquinent pas les miennes, elles m'engloutissent. Elles ne me laissent pas respirer, elles ne cherchent pas à me donner du plaisir, elles prennent seulement tout ce qu'elles veulent. Ethan grogne et mon cœur sursaute. Malgré sa fougue et sa brutalité, même si je ne le reconnais pas dans ce baiser, sentir enfin la chaleur de son corps sur le mien me réveille. J'oublie tout pour mieux revenir à la vie. Je sens mon corps s'exciter, renaitre de ses cendres et s'embraser. Je comprends alors que je ne veux plus vivre une relation paisible et platonique. Je ne veux que ce feu, cette passion et j'oublie tous les avertissements que mon cerveau complètement dépassé tente de m'envoyer.
La main droite d'Ethan descend le long de mon dos pour se poser crûment sur mes fesses. Il malaxe violemment ma chair et enfonce ses doigts dans mes hanches, comme s'il voulait me marquer à tout jamais. Sa langue ne me laisse aucun répit, elle continue de me faire perdre la tête. Contre ma cuisse, je sens son impressionnante érection et mon cerveau décroche. Je ne l'entends plus, je ne ressens que ce désir foudroyant qui me fait me cambrer entre les mains puissantes de mon bourreau.
Habilement, Ethan nous guide contre la grande table qui se trouve à notre droite sans jamais libérer ma bouche. Plus les secondes passent, plus son baiser se fait vorace et éreintant. Il ne m'offre aucune accalmie, mes mains logées dans ses cheveux ébouriffés commencent à tirailler de fines mèches et Ethan grogne de plus belle. Sa prise est plus marquée que les fois précédentes et malgré mon désir, je ne suis pas à l'aise. Il se met à mordre durement ma lèvre inférieure et je crois sentir des gouttes de sang dans ma bouche. Il me fait presque mal. Quand il m'allonge sévèrement contre le métal froid de la table, je prends violemment conscience de la situation. Alors que sa main cherche à passer la barrière de mon jeans, je le repousse de toutes mes forces et tourne la tête pour lui échapper. Pas vraiment surpris par mon rejet, Ethan me laisse le chasser sans dire un mot.
Son regard est affolé et perdu, ses pupilles bougent frénétiquement dans tous les sens comme si elles cherchaient de l'aide. Je vois son torse monter et descendre rapidement tandis que ses mains agrippent violemment ses cheveux. Je sens encore le goût de ses lèvres sur ma bouche mais aujourd'hui, cette saveur m'écœure. La façon dont Ethan m'a traitée ce soir me fait froid dans le dos. Je ne ressens plus aucune excitation, juste un profond... dégoût. Alors c'est ça ? Je ne suis bonne qu'à l'aider à assouvir ses envies, rien de plus ? Du revers de la main, je m'essuie rageusement la bouche tout en me redressant. Je descends de la table et passe devant lui pour rassembler rapidement mes affaires. Dans mon dos, je sens Ethan faire les cents pas et marmonner des jurons en anglais.
Des larmes commencent à se former dans mes yeux et je n'arrive pas à les retenir. J'ai honte, je me sens humiliée d'avoir été traitée de la sorte alors que je lui demandais de m'ouvrir son cœur. Et en même temps tout me paraissait tellement évident il n'y a encore que quelques minutes. Quand mon corps a retrouvé le sien, toutes mes terminaisons nerveuses se sont reconnectées. Ethan a réussi à redonner vie à mon corps tout en anéantissant mon cœur.
Quand ses lèvres se sont scellées aux miennes, j'ai enfin eu l'impression de respirer. De respirer profondément après toutes ces semaines d'apnées. Mais maintenant que mon esprit sort peu à peu du brouillard toxique dans lequel seul lui peut me plonger, je me rends compte que ce n'était pas de l'oxygène. C'était du poison. Un poison qui m'est vital. Et je n'ai pas encore trouvé l'antidote.
Alors qu'Ethan me supplie de rester, je sors en courant de son bureau et ne me retourne pas. Je n'entends plus ses cris, je ne vois plus ses prunelles implorantes, je ne perçois que le martèlement de mon cœur déchiquetant vicieusement ma poitrine. Je cours à travers le couloir et plus je m'éloigne d'Ethan, plus je prends conscience que tout va recommencer. La douleur, la souffrance, le déni, la déception. Quand mon téléphone vibre et que le prénom de Gabriel s'affiche sur mon écran, je ne trouve pas la force d'appuyer sur le bouton vert. Ma culpabilité ne fait qu'augmenter à la vitesse de la lumière et je suis incapable d'entendre sa voix en cet précis. Je réalise alors que je ne vais pas être la seule à souffrir et ma douleur augmente instantanément. Il ne mérite pas ça.
J'ai replongé. Et c'est la pire chose que je pouvais faire.
Des larmes torrentielles ravagent mon visage quand je comprends que je vais devoir parler à Gabriel. Je ne peux plus faire semblant. J'ai honte. Je me dégoûte. Je ne peux plus rester ici une seconde de plus. Tout va recommencer et je ne le supporterai pas.
J'atteins rapidement le rez-de-chaussée désert plongé dans la pénombre de ce mois de Janvier et je ne m'arrête pas. Je cours jusqu'à la sortie mais avant de pouvoir abaisser la poignée, je sens une poigne ferme agripper mon bras gauche et me tirer en arrière, me blottissant ainsi tout contre son torse.
-Lâche-moi ! Dégage ! je hurle, en vain.
