#Chapitre2️⃣ - 2

Admettez-le ! Fit-il en saisissant ses deux mains.

Il la retourna si brusquement qu'elle ne vit rien venir avant de la plaquer contre le mur.

Approchant son visage du sien, il la regarda profondément avant qu'une expression de dégoût ne vienne remplacer la colère qui se lisait sur son visage depuis qu'il avait atterri sur cette plage et que Rahim ne cessait de mettre sa main dans celle de la ieune femme et de lui parler dans l'oreille.

Son dégoût se ressentait tellement que le cœur de Sonia se gonfla pour avoir inspiré un sentiment pareil à une personne, qui qu'elle soit.

Kabir la lâcha après un dernier regard qui glaça le sang de Sonia avant de sortir. Mais juste devant la porte, il rencontra Rahim, qui s'inquiétait que Sonia ait autant duré aux toilettes.

-Kabir, qu'est ce que tu fais là ?

-tu me demandes ce que je fais aux toilettes ?

Ou tu veux que je te fasse un dessin ?

Sans attendre de réponse, il le dépassa et sortit des lieux, plus énervé contre son ami.

Sonia, elle, était restée coite une bonne minute, les yeux larmoyants dans le vide et l'esprit en compote.

Comment avait-il osé ? Pensa t-elle de manière enragée.

Il n'avait pas le droit!

Personne n'avait le droit d'ailleurs peu importe ce qu'elle faisait.

Elle ne s'est pas une seule fois souciée de la motivation d'aucune des personnes qui étaient là avec elle, tant pour les hommes que pour les femmes, alors pourquoi, lui, devait se permettre ? Pourquoi serait-il là à la juger ? Et lui, que faisait-il ici en compagnie de ses amis? N'était-il pas comme eux, puisque tout ce qui se ressemble s'assemble ?

Elle enrageait, respirant de plus en plus difficilement.

-Sonia? Ça va ?

Elle sursauta presque avant de se retourner et de faire face à Rahim : oui !

-on ne dirait pas ! C'est Kabir ? Qu'est ce qu'il voulait ?

-je ne vois pas de quoi tu parles. Fit-elle de manière très sèche.

Elle ne s'était toujours pas calmée et avec les questions de Rahim, elle avait envie de faire exploser sa rage pendant que ce dernier la regarda, presque tout aussi hors de lui qu'elle Tétait, surtout en voyant ses yeux rouges et sa mine.

-j'ai rencontré Kabir sortant d'ici et je te retrouve dans cet état. Et en y repensant tu es toute bizarre depuis qu'on l'a vu. Tu es sûre que tu ne le connais pas?

-je ne vois pas de quoi tu parles encore une fois.

Et puis Rahim, je te signale que je ne te dois absolument aucune explication. Et d'ailleurs, tout avait été très clair hier soir. Fit-elle d'un ton très ferme.

Le ton était monté tout d'un coup, d'un cran et la colère se sentait de part et d'autre des deux parties.

Rahim resta une bonne minute interdit face au ton oh combien acerbe d'une Sonia qu'il avait jusque là jugé trop douce et trop fragile.

Il se retourna sans rien ajouter, mais quand même toujours vert de colère.

Massant ses mains sur son visage, elle se rendit compte qu'elle y était allée un peu fort avec un Rahim qui semblait réellement s'inquiéter pour son sort. Et puis, s'il y avait une personne dont elle devait s'en prendre, c'est bien à sa propre personne. Fit-elle par penser.

Reprenant son souffle, elle retourna au lavabo et se passa de l'eau sur le visage avant de sortir et de rejoindre la plage alors que Kabir était retourné à sa place, lunettes de soleil bien vissées sur le nez et Rahim, pour se calmer et ne pas avoir à en faire trop sans avoir compris ce qui se passait, était allé piquer une tête dans l'eau.

Lorsque le regard de Sonia rencontra celui arrogant de Kabir qui avait baissé ses lunettes pour la regarder alors qu'elle se penchait pour récupérer son fourre tout de plage, elle se dit qu'il serait trop facile qu'il le laisse faire car elle avait compris à cette minute même que tout ce qu'il cherchait c'était de faire en sorte qu'elle aille s'enfermer ou pire qu'elle ne veuille qu'une chose, rentrer. Et qu'au-delà de tout, Rahim ne méritait pas ça.

Elle n'avait aucune envie d'être là et pourtant elle y était. Tout son esprit était à Dakar, avec sa petite fille mais c'est pour elle qu'elle était là et puisqu'elle ne pouvait pas partir, autant faire sortir pour de bon le cœur de Kabir vu que c'est ce qu'il cherche depuis qu'il l'a vu. Pensa t-elle.

Et puis, tout allait bien à Dakar.

Elle se releva en dévisageant Kabir avec un regard fier et se débarrassa langoureusement de la robe qu'elle portait par-dessus son bikini et la jeta furtivement sur son transat, les yeux toujours fixes sur Kabir qui la dévisageait.

Mieux, elle lui tourna le dos et se courba pour prendre son verre et le but d'une manière qui se passait de mot avant de le reposer.

Son attitude choqua quelque peu un Kabir qui pensait avoir fait en sorte qu'elle comprenne qu'elle n'était ni à sa place ni dans son élément.

Se dandinant tout doucement, elle rejoignit le reste du groupe, dans l'eau et qui ne semblait pas avoir remarqué ce qui se passait entre les deux, excepté Rahim qui commençait à se poser des questions.

Mais il n'eut pas le temps de pousser sa réflexion car Sonia le rejoignit tout en sourire : je suis désolée pour tout à l'heure. J'étais juste un peu à bout.

-des soucis à Dakar? Lui demanda t-il pour la mettre à l'aise et ne pas insister.

-non ! Juste quelques appréhensions depuis que j'ai vu ces gens de Dakar auxquels je ne m'attendais pas. Mais maintenant ça va.

Profitons de cette bonne eau. Fit-elle de manière penaude.

Rahim lui versa encore et encore de l'eau sur le corps avant de passer derrière elle et lui masser les épaules. Ce qui la fit rire, un rire forcé pour énerver plus Kabir qui ne les quittait plus du regard.

Cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas été à la plage que l'eau de la mer réussit à lui faire oublier un tant soi peu ce petit incident amer qu'elle venait de vivre dans les toilettes.

Ne se souciant guère de ses cheveux, elle plongea totalement en immersion dans l'eau salée telle une sirène alors que les deux autres filles toujours dans l'eau, ne voulaient pas qu'elle dépasse le niveau de leurs seins ou que leurs perruques

qu'elles gardaient encore ne soient mouillées.

Rahim rejoignit Sonia sous l'eau alors que le corps même de Kabir, plus que son visage, virait au gris.

A suivre….