#Chapitre2️⃣ - 1
Kabir avait l'impression que sa pomme d'Adam allait obstruer sa gorge tellement il avait doublé de volume depuis que la main de Rahim s'était posée délicatement sur la taille de Sonia.
Et s'il avait porté une cravate, il l'aurait sûrement enlevé tellement il étouffait.
Ils étaient tous sur cette petite plage privée qui leur était réservée et pas une seule fois depuis qu'ils étaient arrivés, son regard ne s'était détaché de Sonia.
Il avait bu d'un seul trait le cocktail qui lui était servi pour étancher sa gorge sèche avant d'en commander un autre et un autre encore.
Et il aurait fallu d'un rien pour qu'il se mette dans un état second et cela, Sonia en avait conscience, rien qu'en le regardant. Toutefois ce qu'elle ignorait c'était le pourquoi de ce changement d'humeur brusque
Elle s'était laissée entrainer jusqu'à la plage tel un automate, le corps complètement refroidi par cette rencontre inattendue. Et tout en avançant vers la plage, elle priait intérieurement pour que Kabir ne soit pas venu avec Cheikh, son ancien patron.
Les deux étaient de grands amis, qui faisaient presque tout ensemble.
Que le monde est petit pensa t-elle !
Qui aurait pu croire que son rendez vous à Dubaï connaissait Kabir qui connaissait son ex patron et si jamais...
Elle stoppa sa réflexion alors qu'ils arrivaient à la plage et elle n'eut pas de surprise lorsqu'elle rencontra la fille de l'aéroport qui était avec un des amis de Rahim.
Tous, ils étaient sur cette petite plage au sable fin et d'une blancheur immaculée qui reflétait les rayons du soleil avec une telle splendeur que les baigneurs croyaient avoir changé de peau.
Cette plage leur était réservée depuis la semaine passée pour quelques moments de détente dans la solitude et l'isolement de cet endroit.
A ce stade là, plus rien ne la surprenait. Et Mariama avait raison car la fille en question était dans son élément parmi tous ces gens, elle était dans un bikini dont la petite culotte ne couvrait absolument rien derrière et elle dansait de manière si provocatrice devant le mec avec lequel elle était accompagnée.
Il y avait, en dehors de Rahim et Kabir, deux autres hommes qui étaient accompagnés aussi de filles. Seul Kabir était venu seul.
-Rahiiiim....mec tu es venue en bonne compagnie mon ami ! S'exclama un des hommes qu'ils y avaient trouvés en se levant et en allant serrer la main à Sonia.
-Sonia, je te présente Abdoul, très taquin comme tu vois ! Fit Rahim d'une manière très nerveuse alors qu'Abdoul n'avait toujours pas desserré sa main de celle de la jeune femme.
-enchanté Sonia. Vous êtes un soleil.
-merci
En la tenant toujours par la main, Rahim amena Sonia aux autres : je te présente aussi Babacar, un ami et collaborateur ainsi que leurs amies, Kya et Rahma. Voici Sonia.
La fille de l'aéroport s'appelait Rahma pensa
Sonia alors qu'elles lui affichèrent un large sourire en lui faisant des signes de la main, gestes auxquels elle répondit subrepticement
Babacar levant son verre : salut Sonia !
Elle se sentit petite et dégoûtée. Tout le monde ici savait qu'elle était la pute de Rahim, au même titre que les autres d'après les dires de Mariama, déplacée du Sénégal jusqu'ici pour baiser. Pensa t-elle
C'était devenu très amer tout d'un coup.
D'autant plus que Kabir n'avait pas une seule fois levé les yeux vers elle. Et son regard était plein de sens.
Tout était clair, ces hommes d'affaires qui sentaient le fric, la richesse à des milliers de kilomètres se déplaçaient en voyage avec des filles à qui ils payaient des fortunes, juste le temps d'un week-end ou quelques jours.
Comme c'était son cas à elle. Pensa t-elle encore.
Donc, elle ne valait pas mieux qu'aucune d'entre elles et décida de faire profil bas pour ne pas trop se faire remarquer.
Rahim, qui découvrait de plus en plus Sonia, semblait encore émerveillé par sa beauté naturelle à l'heure où les autres filles étaient venues à la plage maquillées comme des voitures volées selon lui. A chaque fois, il en fixait une avant d'embaucher un sourire moqueur que personne ne remarquait ou ne comprenait pour enfin se tourner vers Sonia.
-qu'est ce que tu as ? Je te sens un peu tendue ?
Ça va ? tu ne veux pas aller te baigner? Moi j'ai trop envie ! Chuchota Rahim dans l'oreille d'une Sonia qui ne voulait qu'une chose, prendre ses jambes à son cou et courir jusqu'à Dakar et oublier tout ce qui s'était passé.
-j'ai besoin d'aller aux toilettes. Est-ce qu'il y en a ici ?
Elle eut un si énorme haut le cœur que ses tripes lui firent anormalement et subitement mal.
-oui bien sûr, viens je te montre.
Les lui indiquant, il voulut l'attendre mais Sonia n'en ressentit pas le besoin
-Vas y, je te rejoins.
Tout ce qu'elle voulait en ce moment précis, c'était sortir du champ de vision de Kabir mais en même temps, n'avait pas du tout envie d'être à l'eau avec Rahim et devoir se dénuder devant tous ces gens. Elle n'en avait d'ailleurs jamais eu l'intention. Elle n'était pas dans son élément, rien de tout ce qui se passait autour d'elle n'avait à voir avec elle et ça virait en une situation plus que désagréable.
Dés qu'elle atteignit les toilettes, ses tripes ne la ménagèrent pas et elle sortit tout son petit-déjeuner tout en pleurant de dépit et de dégoût mêlés.
Un spectacle pas du tout beau à voir.
Se regardant dans le miroir, elle se passa encore et encore de l'eau sur le visage pour se calmer et faire descendre la chaleur que son énervement avait cause.
Elle prit une profonde inspiration et se décida à sortir pour aller prétexter un mal de crane et retourner dans la chambre pour n'y ressortir que pour rentrer, demain.
Mais à peine mettait t-elle le pieds hors des toilettes qu'une force inattendue l'y retourna avant de les refermer.
-mais qu'est ce que vous faites ? Pesta t-elle, ne revenant pas encore de sa peur.
L'homme en face de lui se contenait difficilement et respirait d'une façon anormale.
-qu'est ce que vous faites ici bordel ? Fit Kabir entre les dents.
-Non mais ça ne va pas ! Fit-elle en se débattant pour sortir de ses mains. Qui êtes vous pour me vous permettre ce comportement? Est-ce qu'on se connait?
-vous êtes venue ici pour faire la pute ? Je n'arrive pas à y croire !
Sonia se rebiffa du mieux qu'elle put et réussit à sortir de ses bras avant de lui flanquer une gifle qu'il ne vit pas venir.
Il lui prit alors fermement la main : vous valez, mille fois mieux que ça et vous savez pertinemment de quoi je parle. Ce n'est pas vous ça. Fit-il en la dévisageant avec dégoût
Sonia recula et releva la tête d'une manière hautaine.
En réalité, les paroles de Kabir avaient fait mouche chez elle mais tout autant ça l'avait terriblement mis hors d'elle parce que tout simplement il avait osé alors qu'il n'avait pas le droit.
-vous ne me connaissez pas, vous ne savez absolument rien de ma vie alors je ne vous permets pas de me parler de la sorte.
-dés l'instant où vous vous êtes faite payer pour venir ici, je peux tout me permettre. Mais vous-même vous ne vous reconnaissez plus !
