Chapitre 5
Chapitre 5 : Sous son emprise.
LE POINT DE VUE DE d'Amaya
Kael s’est approché de moi avec une lenteur calculée. Ses yeux noirs ne me quittaient pas, et je sentais dans son regard une chose dure, sauvage, presque animale. Puis, sans prévenir, il m’a attrapée par le bras. Fermement. Comme s’il pensait que j’allais m’enfuir d’un instant à l’autre.
J’ai immédiatement essayé de retirer mon bras, mais sa poigne était comme du fer.
— Lâche-moi ! ai-je craché, furieuse. Putain, lâche-moi !
Il n’a pas bronché. Pire, il a approché son visage du mien, jusqu’à ce que nos souffles se mélangent. Mon cœur battait trop vite, ma poitrine se soulevait de colère… ou d’un autre truc que je refusais d’admettre.
Je l’ai fixé avec tout le mépris que j’avais en stock.
— Relâche-la ! a grondé mon grand-père en se levant d’un bond, sa canne à la main.
Mais Kael… il n’en avait strictement rien à foutre.
— Tu as peur de moi, Amaya ? a-t-il soufflé contre mes lèvres.
Je suis restée muette un instant. Pas parce qu’il avait raison. Mais parce que son regard m’avait figée. Ce n’était pas la peur… c’était autre chose. Un vertige. Une tension. Un bras de fer silencieux entre deux forces qui se refusaient à céder.
— Même pas en rêve, ai-je murmuré.
Son sourire s’est élargi, narquois.
— Tu mens. Tu flippes à mort. Avoue-le.
Et là… j’ai compris. Ce mec était un vrai taré. Un dangereux arrogant avec un ego trop grand pour ce salon.
Je ne sais pas comment vous décrire ce moment. C’était comme si l’air autour de nous était devenu électrique. J’étais en colère, blessée dans mon orgueil, et lui… lui, il savourait chaque seconde de cette tension comme un fauve qui joue avec sa proie.
— Tu flippes à mort. Avoue-le, a-t-il répété avec ce ton insolent, son visage toujours aussi proche du mien.
Je l’ai regardé droit dans les yeux, sans cligner. Mon sang bouillonnait. Ce type pensait me faire plier ? Moi ? Amaya ?
— Tu confonds peur et dégoût, ai-je soufflé. Faut apprendre à faire la différence, Kael.
Il a ricané, recula juste assez pour me laisser respirer, puis se redressa en gardant sa main sur mon bras, toujours aussi crispée.
— Tu as du répondant, hein ? T’as de la gueule… Dommage que ça te servira à rien.
— Tu veux vraiment qu’on parle de ce qui sert à rien ? Parce que là, à part venir faire ton numéro de mâle dominant devant mon grand-père, j’vois pas trop à quoi tu joues.
Il a haussé un sourcil, amusé. Son arrogance dégoulinait de chacun de ses gestes.
— Ce que je joue ? Très simple. Je viens te dire ce que ton futur mari n’a pas eu les couilles de te dire lui-même.
— Ah ouais ? Et c’est quoi ton grand discours ?
Il a lâché enfin mon bras, me libérant d’un poids invisible, mais ses mots ont claqué comme une gifle :
— Annule ce putain de mariage. Ou je le ferai moi-même.
J’ai éclaté d’un rire sec, sans joie.
— Tu te prends pour qui au juste ? Dieu ? Le président ? Ou juste un type en costard trop serré qui croit qu’il peut tout contrôler ?
Il s’est penché légèrement, me défiant du regard.
— Je suis Kael. Et dans ce monde, c’est plus qu’assez.
Je sentais mon grand-père derrière moi, tendu, prêt à intervenir, mais je levai la main pour lui faire signe de ne pas bouger. C’était entre Kael et moi, maintenant.
— Tu ne me fais pas peur, ai-je dit, lentement, pour que chaque mot pèse. Et je ne fais rien sous la menace. Tu veux que ce mariage n’ait pas lieu ? Trouve une autre méthode. Celle-là, elle marche pas avec moi.
Son regard s’est assombri. Il avait l’air de vouloir exploser, mais à la place, il a souri. Froidement. Glacialement.
— Très bien. Tu veux jouer à ça ? Pas de problème. Mais je te préviens… si tu ne l’annules pas, je m’en chargerai. Et crois-moi, tu préféreras que ça vienne de toi.
Puis, sans un mot de plus, il a tourné les talons, marcha calmement vers la porte comme s’il n’avait pas balancé une bombe, et s’est évaporé dans la nuit… laissant derrière lui une tempête que j’étais à peine en train de comprendre.
LE POINT DE VUE DE KAEL
Je sors de cette maison en claquant la porte derrière moi, le cœur tambourinant non pas de rage… mais d’excitation.
Bon sang.
Cette fille a du feu dans les veines.
Elle me provoque, elle me tient tête, elle ose me défier dans mon propre jeu. Et le pire ? J’adore ça. Ça m’agace, ça me pique, ça me fout des frissons de frustration, mais… j’en veux encore. Elle ne comprend pas encore ce qu’elle déclenche chez moi. Elle croit peut-être qu’elle peut me repousser, me jeter des regards noirs, me dire non et que je vais m’en aller ?
Elle est naïve.
Je suis Kael. Et ce que je veux, je l’obtiens. Toujours.
Je m’avance vers mes hommes, alignés près du véhicule, gardes droits et muets comme la pierre. Mais moi, j’ai un sourire aux lèvres, le genre de sourire dangereux qui annonce la guerre.
— Trouvez-moi l’adresse de Leonardo, je dis en refermant mon manteau noir. Le futur marié… Il est temps que je lui rende une petite visite.
Mon second hoche la tête sans poser de question. Il me connaît trop bien. Il sait que quand je parle comme ça, il y a des dégâts dans l’air.
Je grimpe dans la voiture, la mâchoire contractée, les yeux perdus dans le vide pendant qu’on démarre. Mes pensées, elles, sont loin. Loin dans ce salon où Amaya m’a regardé droit dans les yeux pour me dire qu’elle ne m’aimait pas. Loin dans ce moment où elle m’a menacé de crier, où ses pupilles brillaient d’une rage qui m’a presque fait chavirer.
Elle ne m’aime pas. Pas encore.
Mais elle m’aimera.
Je vais la forcer à me voir autrement. À m’affronter encore. À me haïr tellement fort qu’elle finira par me désirer malgré elle. Elle est du genre à aimer les défis, je le vois. Elle ne veut pas d’un homme faible. Elle veut qu’on la bouscule, qu’on lui résiste. Eh bien, qu’elle se prépare : je vais la faire plier sans la casser.
Je vais lui faire comprendre que ce qu’elle croit être de l’arrogance chez moi, c’est juste de la détermination pure.
Et si elle ne m’aime pas pour ça… tant pis. Moi, je vais l’aimer à sa place. Je vais l’aimer jusqu’à ce que ça l’oblige à me haïr avec passion, jusqu’à ce qu’elle confonde cette haine avec du désir.
Ce n’est plus seulement une affaire de dette ou de promesse.
C’est devenu personnel.
Et ce Leonardo ? Ce pathétique fiancé qui croit pouvoir la garder ?
Je vais le lui arracher des bras. Doucement. Cruellement. Avec classe. Et je vais le regarder s’effondrer quand il réalisera qu’il ne peut pas rivaliser avec moi. Je ne vais pas le tuer. Non. Ce serait trop simple.
Je vais le briser, lentement, de l’intérieur.
Et pendant ce temps, Amaya n’aura d’autre choix que de me regarder, de me suivre du regard, de me haïr, encore et encore, jusqu’à ce que sa haine se transforme en obsession.
Je le jure.
Elle deviendra mienne.
Un point, c’est tout.
