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Chapitre 3 – Tendre la main pour lui demander de l'argent

En voyant Élodie assise sur le canapé, Adrien plissa ses beaux yeux, mécontent.

— Pourquoi n'as-tu pas ouvert la porte ?

Parce que je n'en avais pas la force, songea Élodie en silence.

Mais elle ne s'expliqua pas. Elle se contenta de secouer la tête.

Car elle savait trop bien que, pour lui, toutes ses justifications n'étaient que des prétextes.

Quand quelqu'un ne vous aime pas, même votre souffle lui semble une faute.

Elle se sentait mal à l'aise et lui demanda directement :

— Pourquoi es-tu venu ici ?

Ne voulait-il plus la voir ?

— Tu crois que j'en avais envie ?

Adrien ne cachait pas son dégoût et la toisa avec froideur.

— C'est grand-mère qui m'a envoyé. Je suis là pour t'accompagner à l'aéroport.

Ah, c'est donc ça.

Le cœur d'Élodie se glaça. À quoi bon encore espérer ?

— Où sont tes bagages ? À l'étage ?

Adrien s'impatientait. Chaque seconde passée ici, chaque regard posé sur elle, était une torture.

Élodie hocha la tête, puis la secoua.

— Ils sont en haut, mais je n'ai pas encore fini de les préparer…

Elle avait prévu de les terminer la veille au soir.

Mais elle s'était sentie si mal qu'elle s'était endormie.

— Quoi ?

À ces mots, le visage d'Adrien se fit plus sombre encore.

— Tu ne fais rien de tes journées, et tu n'arrives même pas à préparer tes valises ?

Voyant son air hébété, la colère montait en lui. N'allait-elle pas essayer de s'incruster ?

Il lui aboya, pressant :

— Qu'est-ce que tu attends ? Dépêche-toi !

— Oh, bien.

Élodie, abasourdie, hocha la tête et monta quatre à quatre.

Après quelques pas, une sueur froide perla sur son front. Elle sentit que quelque chose n'allait pas et porta une main à son front.

Il brûlait !

Même son souffle semblait brûlant.

Elle avait de la fièvre.

C'était à cause de la pluie d'hier !

Son premier réflexe fut d'entrer dans la chambre et de chercher des médicaments contre le rhume. Elle s'apprêtait à en avaler un, mais s'arrêta net.

Elle était enceinte ! Elle ne pouvait pas prendre ça !

Elle ne savait pas encore si elle garderait cet enfant, mais tant qu'il était en elle, elle devait en prendre soin.

— Beurk…

Son estomac se souleva à nouveau.

Elle se précipita dans la salle de bain, s'agrippa à la cuvette et vomit jusqu'à l'épuisement. Quand elle s'arrêta enfin, elle était à bout de forces.

Elle ouvrit le robinet, se rinça la bouche et s'aspergea le visage d'eau fraîche pour faire baisser cette fièvre dévorante.

— Élodie !

La voix masculine, rauque et impatiente, retentit.

Adrien, excédé, était monté pour la presser.

En entrant, il constata qu'elle n'avait toujours pas fini ses bagages.

— Élodie, où es-tu ? Sors !

— J'arrive.

Élodie s'essuya le visage et sortit de la salle de bain, le teint livide, la voix faible.

— Adrien Faucheux.

Pour la première fois, elle l'appela par son nom complet, abandonnant toute familiarité.

— Est-ce que… est-ce que je pourrais partir un jour plus tard ?

Elle se sentait trop mal. Elle craignait de s'évanouir dans l'avion.

Seule, que deviendrait-elle alors ?

— Qu'est-ce que tu manigances ?

Adrien fronça les sourcils, méfiant.

— Encore un de tes tours ? Hier, tu es allée à l'hôpital pour voir Léa, je t'ai empêchée de l'approcher, et maintenant tu changes de tactique ?

Aux yeux d'Adrien, était-elle donc si méprisable ?

— Non, ce n'est pas ça…

Élodie le regarda avec ses grands yeux en amande, luttant pour ne pas éclater en sanglots.

— Je ne me sens pas bien, je voudrais voir un médecin…

— Assez !

Adrien ne la laissa pas terminer. Il l'examina longuement, puis un sourire ironique aux lèvres :

— Tu simules ? Encore cette comédie ? Tu crois que je vais tomber dans le panneau ?

Sa voix se durcit :

— Même si c'était vrai, à quel point pourrais-tu te sentir mal ? Léa a perdu son enfant, elle est alitée à l'hôpital, tandis que toi, tu es bien debout ! Supporte un peu, tu n'en mourras pas !

Élodie tressaillit, la bouche entrouverte.

— Je…

Adrien l'ignora et entra dans le dressing. Il en ressortit avec la valise déjà préparée.

— Ce que tu n'as pas fini de préparer, tu n'as qu'à l'acheter là-bas ! Après tout, c'est l'argent de la famille Faucheux. Je n'ai pas de temps à perdre avec toi !

Sur ces mots, il descendit l'escalier, la valise à la main.

Élodie se mordit la lèvre, le cœur tordu de douleur. Les larmes coulèrent sans retenue. Elle leva une main pour les essuyer maladroitement.

Quelle différence entre rester ici et partir à l'étranger ?

Elle était seule. Personne ne se souciait de sa détresse.

À l'aéroport, Adrien ne l'accompagna pas jusqu'à l'intérieur. Ce fut son assistant qui s'occupa des formalités et la conduisit jusqu'au contrôle de sécurité.

— Bon voyage, Madame.

Éloi lui tendit son passeport et son billet.

— Une fois là-bas, appelez la vieille dame. Les frais de subsistance vous seront envoyés chaque mois.

Élodie hocha poliment la tête.

— Je sais, merci.

Elle franchit le portail d'embarquement.

---

Un mois plus tard.

Philadelphie, centre-ville, un appartement.

La nuit était déjà avancée.

Mais Élodie n'osait pas allumer la lumière. Elle se recroquevillait dans son lit, sans oser faire le moindre bruit.

Bam ! Bam ! Bam !

La porte tremblait sous les coups violents. Dehors, la voix rauque du propriétaire, un homme d'âge mûr et bedonnant, tonnait :

— Tu es là ? Ton loyer est en retard !

— Je sais que tu es là ! Dis quelque chose !

Élodie se boucha les oreilles, ferma les yeux et secoua la tête, priant pour qu'il s'en aille.

Ne recevant aucune réponse, le propriétaire finit par abandonner.

— Tu crois que tu peux t'en tirer comme ça ? Ma petite, ne sois pas si naïve !

— Elle n'est vraiment pas là ? murmura-t-il pour lui-même. À cette heure-ci… Bon, que Dieu la protège.

Les coups cessèrent, les pas s'éloignèrent. Le propriétaire était parti.

Élodie relâcha ses mains et soupira longuement.

Elle avait survécu à une journée de plus. Mais demain, que ferait-elle ?

Elle glissa une main sous son oreiller et en sortit son téléphone. Elle chercha le numéro de Camille.

Depuis son arrivée à Philadelphie, un mois plus tôt, l'argent promis pour vivre n'était toujours pas arrivé. Ces derniers jours, elle avait essayé sans cesse de joindre Camille, en vain.

Elle prit une profonde inspiration et composa à nouveau le numéro.

Une voix féminine répondit aussitôt :

— Désolée, le numéro que vous avez composé n'est pas attribué.

Encore !

Ne pouvant joindre Camille, à qui pouvait-elle se tourner ? Il ne restait plus qu'Adrien.

Après une longue hésitation, Élodie prit son courage à deux mains, trouva son numéro et appuya sur la touche d'appel.

Ça sonna.

— Allô.

À l'autre bout, la voix masculine familière, grave et légèrement rauque, résonna. C'était Adrien !

Élodie, la bouche sèche, balbutia :

— C'est… c'est moi.

— Qu'est-ce que tu veux ?

Son ton trahissait une impatience évidente.

Élodie sursauta, serra les dents et dit :

— Je… je voulais joindre grand-mère. Je lui ai téléphoné, mais on me dit que son numéro n'existe pas.

— Hum.

Adrien répondit froidement :

— Pourquoi veux-tu parler à grand-mère ? À peine partie, tu cherches déjà à t'accrocher à elle, à la flatter pour qu'elle te fasse revenir ?

— Non…

Élodie se hâta de nier.

— Ce n'est pas ça…

Adrien n'avait pas envie de l'écouter.

— Ne l'appelle plus. J'ai changé son numéro justement pour t'empêcher de la harceler !

Les yeux d'Élodie s'emplirent de larmes.

Elle savait qu'il la détestait, mais n'était-ce pas suffisant qu'elle soit à l'étranger ? Fallait-il aussi qu'il coupe le dernier lien qui lui restait avec grand-mère ?

Elle n'avait plus de famille. Grand-mère était la seule personne au monde qui lui vouait encore un peu de bien…

— Tu as quelque chose à dire ou non ?

Adrien perdait patience.

— Nous t'avons envoyée à l'étranger pour que tu changes tes mauvaises habitudes. Tu n'es plus une enfant, il est temps d'apprendre à te débrouiller seule, au lieu de dépendre de la famille Faucheux comme un parasite ! Je raccroche !

— Attends ! J'ai quelque chose à te dire !

Élodie le retint, la honte au ventre.

— C'est… c'est pour l'argent de subsistance. Je… je ne l'ai pas encore reçu.

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