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Chapitre 4 – Pas même le droit de mourir

— Oh.

L'homme esquissa un sourire fin et méprisant, chargé de sarcasme.

— Donc, c'était pour l'argent. Après tout, pour quoi d'autre aurais-tu pu m'appeler ? Un mois à peine, quelle précipitation ? Rassure-toi, la famille Faucheux ne te laissera pas dans le besoin. Attends simplement.

Il réfléchit un instant, puis ajouta :

— À l'avenir, ne m'appelle pas sans raison. Si j'ai besoin de toi, je te contacterai.

La communication fut coupée net.

Élodie resta là, le téléphone à la main, abasourdie.

Il la méprisait donc à ce point !

— Ha… ha ha.

Son visage livide se décomposa. Elle se sentit misérable, humiliée d'avoir osé lui demander de l'argent.

Elle posa lentement une main sur son ventre, encore plat, et ferma les yeux. Les larmes coulèrent, silencieuses.

---

Huit mois plus tard.

Philadelphie, un quartier pauvre.

Élodie dormait sur son lit. Son ventre, désormais arrondi et proéminent, trahissait une grossesse avancée. D'après les calculs, l'accouchement était prévu pour ces jours-ci. Le médecin avait conseillé une hospitalisation précoce en raison de la position anormale du bébé.

Élodie avait souri sans répondre.

Car elle n'avait pas d'argent.

Huit mois plus tôt, après cet appel avec Adrien, malgré ses paroles cruelles, l'argent promis n'était jamais arrivé.

Élodie avait épuisé ses économies. Incapable de payer son loyer, elle avait dû déménager dans ce quartier misérable.

Elle n'avait plus jamais redemandé d'argent à Adrien.

Elle n'avait plus le courage d'entendre qu'elle était un parasite.

Une fois installée dans ce taudis, Élodie avait trouvé un travail à temps partiel, tout en continuant ses études.

Ses revenus étaient maigres, mais en économisant chaque centime, elle arrivait à se nourrir.

Elle dormait profondément…

Soudain, des cris chaotiques retentirent autour d'elle.

— Au feu !

— Vite, sauvez-vous !

Élodie se réveilla en sursaut et descendit du lit. En ouvrant la porte, elle découvrit un chaos indescriptible : des flammes dévorantes, une fumée épaisse.

Son visage pâlit instantanément.

Un voisin, également étudiant étranger, la vit et s'affola :

— Pourquoi es-tu encore là ? Il y a le feu ! Dépêche-toi !

— Oh ! D'accord !

Élodie se précipita à l'intérieur pour attraper son sac.

Elle tentait de retourner dans la pièce, mais son voisin la retint fermement.

— Tu ne veux donc pas vivre ? Où vas-tu ? Pars, vite !

— Non !

Élodie, désespérée, trépignait.

Son argent était là, économisé sou par sou pour son enfant à naître, pour les frais d'hospitalisation, les couches, le lait en poudre…

— Je dois y retourner !

Elle fit un pas en avant, mais une poutre enflammée s'effondra, bloquant le passage.

— Ah !

Élodie recula juste à temps pour éviter le danger.

Elle n'était pas blessée, mais le chemin était désormais impraticable.

— Viens, vite !

— Non !

Élodie secouait la tête avec frénésie. Elle ne pouvait pas partir ! Elle se dégagea de l'étreinte de son voisin et se précipita à l'intérieur.

— Ah !

Une langue de feu, poussée par le vent, la frappa au bas du dos. La douleur la fit grimacer.

— Élodie !

Son voisin la tira en arrière.

— Ça va ?

— Ça va… Tousse, tousse…

Elle secouait la tête, mais la fumée épaisse la faisait tousser sans arrêt.

— Viens, partons !

Le voisin la tira presque de force hors de l'incendie.

Élodie, le dos brûlé, n'avait pu sauver son argent. Elle ne put que regarder, impuissante, son modeste logement réduit en cendres.

Que ferait-elle désormais ?

— Ah !

Une douleur fulgurante la transperça. Elle se plia en deux, les mains sur le ventre.

— Qu'y a-t-il ? Qu'y a-t-il ?

Des gens s'approchèrent.

— Elle va accoucher !

— Vite, appelez une ambulance !

---

— Poussez !

Élodie fut emmenée à l'hôpital. Après des heures d'un accouchement périlleux, elle donna enfin naissance à un enfant.

Une infirmière à la peau pâle déposa le nouveau-né dans ses bras. Élodie, les larmes aux yeux, sourit.

C'était son enfant…

Sa famille…

Désormais, elle ne serait plus jamais seule !

Elle ferma les yeux et s'évanouit.

---

En rouvrant les yeux, Élodie serrait son enfant contre elle, les paupières baissées, silencieuse.

L'infirmière la regardait avec compassion. Elle était venue pour lui réclamer les frais d'hospitalisation. Élodie avait payé, mais c'était loin d'être suffisant.

Élodie garda le silence, la tête basse.

Elle savait qu'elle était honteuse, mais elle n'avait vraiment plus d'argent…

— Oh…

L'infirmière, au cœur tendre, la voyait si jeune. Elle devina qu'elle avait été abandonnée par un homme sans scrupules.

— Tu n'as pas de famille ? Ou des amis ? Contacte-les, qu'ils t'aident.

Sur ces mots, elle s'éloigna sans insister davantage.

Élodie releva la tête, les yeux emplis de larmes.

Famille ? Amis ? Elle n'en avait plus…

Mais elle était mère. Elle ne pouvait pas se comporter comme une misérable, en laissant des dettes à l'hôpital !

Elle fouilla dans son sac et en sortit son téléphone.

Huit mois après leur dernière conversation, elle composa à nouveau le numéro d'Adrien.

La sonnerie retentit, longue, interminable.

Enfin, on décrocha.

— A…

— Allô ?

À peine avait-elle ouvert la bouche qu'une voix féminine familière lui répondit. C'était Léa !

— C'est Élodie ?

Léa sourit légèrement, d'une voix douce et légère :

— Tu cherches Adrien ? Il n'est pas disponible pour le moment. Tu peux me dire ce que tu veux, c'est la même chose.

Serait-elle donc si bonne ?

Ne la haïssait-elle pas ?

Mais Élodie, désespérée, n'avait plus le choix.

Elle n'avait plus aucune issue.

Elle se força, presque honteusement :

— Je… je voulais savoir s'il… pourrait me prêter un peu d'argent ?

Elle n'osait plus lui demander, alors elle présenterait cela comme un prêt.

— S'il te plaît, je te le rendrai. Dès que j'aurai de l'argent, je lui rembourserai !

— Je vois.

Léa sourit.

— Très bien, je lui transmettrai. Au revoir.

— Merci…

Élodie n'eut pas le temps de terminer sa phrase que la communication fut coupée.

Elle serra son téléphone, le cœur battant.

Adrien accepterait, non ? Peut-être par égard pour sa grand-mère, ou parce qu'ils n'étaient pas encore officiellement divorcés…

Mais les jours passèrent.

Élodie n'attendit rien.

Deux jours plus tard, elle se tenait devant l'entrée de l'hôpital, son enfant dans les bras, son sac sur le dos.

Faute de pouvoir payer les frais d'hospitalisation, on l'avait chassée.

Elle leva les yeux vers le ciel. Le soleil hivernal lui brûla les paupières, et les larmes jaillirent.

— Ne pleure pas.

Élodie serra les dents, s'admonestant en silence.

— Tu n'as pas le droit de pleurer. Tu es une mère, tu as une enfant à élever. Ne pleure pas !

Elle n'avait plus un sou, son logement avait brûlé, elle n'avait même plus où dormir…

---

Deux semaines plus tard.

Élodie, son enfant dans les bras, courait désespérément.

— Au voleur ! Elle a volé !

— Vite, attrapez-la !

Les pas précipités derrière elle se rapprochaient.

Elle comprit qu'elle ne pourrait pas s'échapper.

Elle trébucha, tomba en avant, et dans sa chute, se retourna pour protéger l'enfant qu'elle serrait contre elle.

— On l'a !

Avant qu'elle ne puisse se relever, l'employé du magasin la plaqua au sol.

— Tu ne t'en tireras pas comme ça ! Qu'as-tu volé ? Sors-le immédiatement !

Son sac fut ouvert, vidé sur le sol.

— Du lait en poudre ? Des couches ? Pourquoi voler ça ?

— Regardez ! Elle a un bébé !

Élodie ferma les yeux, honteuse. À cet instant, elle aurait voulu mourir, tant sa dignité était piétinée.

Mais elle serra plus fort son enfant contre elle.

Elle n'avait même pas le droit de mourir…

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