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chapitre 4

Chapitre 4

Une valise suffit. Tout ce qu’elle possède pourrait tenir dans un sac à dos, mais elle choisit une valise pour ne pas éveiller de soupçons. Madelyn passe en revue ses maigres affaires  : deux jeans, trois chemises, une paire de chaussures de rechange. Elle se dit que c’est risible de réduire toute une vie à si peu, mais au fond, rien ici ne lui appartient vraiment. Pas cet appartement, pas le lit où elle ne dort presque jamais, pas même les vêtements qu’elle porte chaque jour. Tout est une cage déguisée.

Elle trouve des billets de bus en ligne, hésite, puis clique pour réserver. Départ à l’aube. Destination  : n’importe où. L’important, c’est de mettre de la distance entre elle et eux. Elle ne peut pas rester ici. Pas après tout ce qu’elle a découvert. Pas après ce que Zachary lui a fait comprendre  : elle n’a pas le droit d’exister en dehors de son contrôle.

La nuit est longue. Chaque bruit dans le couloir la fait sursauter. Elle fixe l’horloge murale comme si elle pouvait accélérer le temps par la force de sa volonté. Une partie d’elle espère qu’il ne remarquera rien. Une autre sait que c’est un mensonge. Zachary Blackwell n’ignore jamais rien.

Quand l’aube pointe, elle attrape la valise et sort sans un bruit. Ses doigts tremblent en verrouillant la porte. Elle descend les escaliers en apnée, le cœur battant dans ses tempes. Une fois dehors, l’air froid la frappe. Elle inspire profondément. Elle se sent vivante, juste une seconde, comme si la liberté était une promesse à portée de main.

Elle marche rapidement, sans se retourner. La station de bus est encore vide. Elle s’assoit sur un banc, la valise posée à ses pieds. Chaque minute qui passe la rapproche de la délivrance, mais l’attente est insoutenable. Elle vérifie son téléphone  : aucun message. Peut-être qu’il ne sait pas encore.

Le bus arrive. Elle monte, tend son billet au chauffeur, puis trouve une place près de la fenêtre. Les lumières de la ville s’effacent lentement alors que le bus démarre. Pour la première fois depuis des mois, elle sent un poids se lever de ses épaules. Elle ferme les yeux.

Une voix familière la tire brutalement de ce semblant de paix.

— Tu pensais vraiment pouvoir t’enfuir  ?

Son sang se glace. Elle n’a pas besoin de tourner la tête pour savoir qui est là. Zachary est debout dans l’allée, son regard planté sur elle.

Elle serre les accoudoirs de son siège, incapable de bouger.

— Descends du bus, Madelyn. Maintenant.

— Non.

Sa voix est faible, mais elle refuse de céder.

— Ne me fais pas répéter, gronde-t-il, un éclat dangereux dans les yeux.

— Tu n’as pas le droit  ! Ce n’est pas légal  !

Il rit, un son froid et sans joie.

— Depuis quand les lois m’arrêtent, Madelyn  ? Tu le sais mieux que personne.

Elle reste immobile. Les autres passagers les regardent, mais personne n’intervient. Zachary s’avance, attrape sa valise et la tire hors du compartiment à bagages.

— Tu descends avec moi ou je te porte.

— Lâche-moi, murmure-t-elle, les larmes aux yeux.

— Non.

Il la saisit par le poignet, et malgré ses protestations, il l’entraîne hors du bus. Une fois dehors, il lui bloque la route, son visage à quelques centimètres du sien.

— Tu croyais quoi  ? Que tu pouvais partir sans conséquences  ?

— Tu ne peux pas me retenir prisonnière, Zachary. Je ne t’appartiens pas.

Son sourire s’élargit, mais ses yeux restent glacials.

— C’est là que tu te trompes.

Elle essaie de se dégager, mais il resserre sa prise.

— Écoute-moi bien, Madelyn. Tu peux rêver autant que tu veux d’une vie ailleurs, mais tu reviendras toujours ici. C’est une promesse.

Elle sent sa colère monter.

— Je te déteste.

— Parfait, réplique-t-il en relâchant enfin son poignet. La haine, c’est un bon début.

Il lui tend la valise, comme s’il offrait un cadeau empoisonné.

— Rentres chez toi. Et ne recommence pas.

Elle le fixe, cherchant une faille dans son armure, mais il n’y a rien. Rien d’humain, en tout cas.

***

Elle rentre chez elle avec la valise à bout de bras, les jambes lourdes. Une fois à l’intérieur, elle laisse tout tomber sur le sol et s’effondre sur le canapé. Son corps tremble encore de rage, de peur, d’épuisement.

Elle allume son téléphone. Un seul message.

*« On parlera demain. Prépare-toi. »*

Elle jette le téléphone à l’autre bout de la pièce. Les murs de l’appartement semblent se refermer sur elle. Chaque seconde passée ici est une torture. Elle veut hurler, mais elle sait que ça ne changera rien.

Zachary pense qu’il a gagné. Qu’il peut la briser.

Elle se lève, déterminée.

Elle trouve un carnet et un stylo dans un tiroir. Si elle ne peut pas fuir maintenant, elle préparera un plan encore plus solide. Il ne gagnera pas.

Elle passera ses nuits à chercher une issue, à imaginer des scénarios, à calculer chaque mouvement. Il ne la possède pas. Pas encore. Pas pour toujours.

Et cette fois, elle ne fera aucune erreur.

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