Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

chapitre 3

Chapitre 3

La pluie de reproches dans son esprit ne s’arrêtait pas. Depuis que Zachary avait refermé la porte derrière lui, un silence oppressant l’entourait. Elle errait dans l’appartement, les yeux vagues, ses pensées en boucle sur une seule question  : pourquoi  ? Pourquoi elle  ? L’idée que toute cette mascarade puisse être liée à un testament la hantait. Ce n’était pas seulement de la domination ou de la cruauté, il y avait quelque chose de plus grand, de plus calculé, et ça lui échappait.

Dans l’urgence de comprendre, elle retourna le peu d’affaires qu’elle possédait dans son appartement. Puis elle se souvint de l’entrepôt de l’entreprise. Là où tout était stocké. Les papiers, les dossiers, les archives poussiéreuses. Son instinct la poussa à enfiler un manteau et à sortir.

Le bâtiment était désert à cette heure-là, et elle n’aurait jamais cru que cela jouerait en sa faveur. Son badge fonctionna sans problème, et elle s’engouffra dans l’obscurité, son souffle court. Les archives étaient un labyrinthe d’étagères qui semblaient s’étendre à l’infini. Elle chercha sans trop savoir quoi, jusqu’à ce qu’un carton étiqueté au nom de la famille Blackwell attire son attention.

Elle ouvrit le couvercle et commença à fouiller. C’était un chaos de documents juridiques, de lettres manuscrites et de rapports financiers. Et puis elle le vit  : un dossier jauni par le temps, marqué d’un sceau officiel. Ses doigts tremblaient lorsqu’elle le sortit.

Le premier document lui donna une sensation de vertige. Le nom de Zachary Blackwell était mentionné à plusieurs reprises, associé à des termes qu’elle ne comprenait pas tout de suite  : *lignée*, *droit de succession*, *compagne désignée*. Une page manuscrite, rédigée dans une calligraphie ancienne, semblait presque poétique dans sa tournure, mais le contenu était glacial.

— « À chaque génération, l’héritier portera la responsabilité de lier la clé au sang du pacte. »

Elle fronça les sourcils. Qu’est-ce que cela voulait dire  ?

Son téléphone vibra brusquement dans sa poche. Elle sursauta, manquant de faire tomber le dossier. Un message s’afficha sur l’écran  : *« Vous ne devriez pas être là, Madelyn. Revenez immédiatement. »*

Zachary.

Elle rangea le dossier en vitesse, mais garda la page manuscrite. C’était une preuve, ou au moins un début. Elle referma le carton, éteignit les lumières et quitta l’entrepôt aussi vite que possible, le cœur battant à tout rompre.

***

Le lendemain, elle ne pouvait pas se concentrer. La page qu’elle avait récupérée était cachée sous son matelas. Elle l’avait relue des dizaines de fois, mais les mots ne prenaient pas plus de sens. C’est alors qu’une voix à l’autre bout de la salle la fit sursauter.

— Mademoiselle Miller, dans mon bureau.

Elle releva les yeux. Richard Blackwell la fixait, les sourcils froncés.

Une fois dans son bureau, il ferma la porte derrière elle et s’assit lourdement sur son fauteuil.

— On m’a rapporté que vous avez été vue dans les archives hier soir.

Elle ne répondit pas, mais son silence la trahissait.

— Vous savez que tout ce qui se trouve là-bas est strictement confidentiel, n’est-ce pas  ?

— Je cherchais des informations sur… sur cette histoire de testament, dit-elle finalement.

Richard la fixa, ses yeux se plissant légèrement.

— Je vois. Donc Zachary vous en a parlé.

— Il m’a imposé un choix, répliqua-t-elle avec un mélange de défi et de panique dans la voix. Je voulais comprendre ce que cela signifiait.

Il ne répondit pas tout de suite. À la place, il soupira longuement, comme si le poids de toute cette histoire pesait sur lui.

— Ce testament est une relique d’un autre temps. Il ne vous concerne pas vraiment. Ce sont des traditions anciennes que nous maintenons par obligation.

Elle serra les poings.

— Si ça ne me concerne pas, pourquoi suis-je mentionnée  ? Pourquoi moi  ?

Un silence. Puis il se redressa, plus ferme.

— Ce n’est pas à vous de poser ces questions, Madelyn. Et je vous conseille fortement de ne pas fouiller davantage.

***

Elle quitta le bureau avec plus de questions que de réponses. Mais son instinct la poussait à continuer.

Le même après-midi, alors qu’elle hésitait à rentrer chez elle, elle remarqua une femme assise dans le hall. Élégante mais discrète, vêtue d’un tailleur sombre, elle semblait attendre quelqu’un. Lorsque leurs regards se croisèrent, la femme se leva et s’approcha d’elle.

— Vous êtes Madelyn Miller  ?

Elle hésita avant de répondre.

— Oui. Pourquoi  ?

La femme lui tendit une carte de visite.

— Je m’appelle Clara Valmont. Je suis avocate.

— Je n’ai pas besoin d’avocate, répondit-elle, méfiante.

— Peut-être pas, mais vous avez besoin de savoir la vérité, n’est-ce pas  ?

Elle sentit un frisson lui parcourir l’échine.

— De quoi parlez-vous  ?

Clara sourit légèrement.

— Il y a une clause cachée dans ce testament, une clause que les Blackwell préfèreraient que vous ne découvriez jamais.

— Et vous savez ce qu’elle contient  ?

Clara hocha la tête.

— Je peux vous aider à comprendre ce que vous représentez réellement.

***

Elles se retrouvèrent dans un café discret, loin des regards indiscrets. Clara lui expliqua que son cabinet avait eu accès à des documents liés aux Blackwell il y a plusieurs années, mais que certaines informations étaient restées verrouillées, protégées par des clauses juridiques complexes.

— Ce que je sais, dit-elle, c’est que vous n’êtes pas simplement une employée dans cette histoire. Vous êtes… un élément central d’un pacte qui remonte à des générations.

— Un pacte  ?

— Oui. Un accord qui lie leur fortune, leur pouvoir, à certaines conditions. Et vous êtes l’une de ces conditions.

Madelyn sentit sa tête tourner.

— Pourquoi moi  ?

— C’est ce que nous devons découvrir. Mais ce que je peux vous dire, c’est que vous avez plus de pouvoir que vous ne le pensez.

Elle voulait poser mille questions, mais Clara se leva.

— Nous devons être prudentes. Je vous recontacterai.

Et avant qu’elle ne puisse protester, Clara disparut dans la foule.

***

Cette nuit-là, Madelyn ne dormit pas. Elle repensa à tout ce qu’elle avait appris, ou plutôt à tout ce qu’elle ne comprenait toujours pas. Mais une chose était claire  : les Blackwell n’étaient pas simplement une famille riche et cruelle. Il y avait quelque chose de bien plus sombre derrière leur empire. Quelque chose qui, d’une manière ou d’une autre, la concernait.

Et elle était bien décidée à découvrir quoi.

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.