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Chapitre 5

– Le Jeu du Séducteur--

‎Je passai la journée allongée dans le lit, incapable de fermer les yeux.

‎Le pacte que Kaelan m’avait proposé tournait en boucle dans mon crâne.

‎Si je survivais à ces nuits sans céder… si je ne ressentais rien… il me libérerait.

‎Mais au fond, je savais déjà que ce serait impossible.

‎Je portais encore la trace de Marek en moi : une douleur lancinante qui me rappelait chaque instant. Chaque gémissement. Chaque honte.

‎Je pensais que je ne pouvais pas descendre plus bas.

‎Je me trompais.

‎Quand la lumière du soir glissa entre les rideaux, mon ventre se contracta sous l’angoisse.

‎Je savais qui viendrait cette fois.

‎Evran.

‎Je l’avais observé la veille. Son sourire insolent. Son regard trop clair, trop intelligent. Il n’avait rien de l’animalité brutale de Marek. Mais il me faisait peur d’une autre façon : il semblait déjà me connaître.

‎Je me levai pour chercher quelque chose à me couvrir, mais je ne trouvai que la robe diaphane que la domestique avait laissée.

‎Je la passai, les mains tremblantes.

‎Un coup sec retentit.

‎Mon cœur bondit.

‎La porte s’ouvrit.

‎Il entra sans se presser, comme s’il venait me rendre visite après un dîner mondain. Ses cheveux bruns retombaient sur son front. Son sourire n’avait rien de cruel.

‎— Bonsoir, Yasha.

‎Je ne répondis pas.

‎Il referma la porte, puis s’appuya contre elle. Il croisa les bras, m’observa un long moment.

‎— Tu es plus belle encore que je ne l’imaginais.

‎Je détournai les yeux.

‎— Pourquoi faites-vous ça ? soufflai-je.

‎— Parce que c’est la tradition. Parce que c’est la vérité de cette maison.

‎Il avança. Son pas était silencieux. Quand il fut à ma hauteur, il effleura ma joue du dos des doigts.

‎— Et parce que, quoi que tu croies, tu le désires.

‎Je me crispai.

‎— Vous vous trompez.

‎Il haussa un sourcil, amusé.

‎— Vraiment ?

‎Il tourna la tête et désigna la petite table, près du lit. Une carafe de vin rouge attendait, avec deux verres.

‎— Bois avec moi.

‎— Non.

‎Il se pencha, son visage si proche que je sentis la chaleur de son souffle.

‎— Bois, Yasha. Crois-moi… cela sera plus facile.

‎Je serrai les dents.

‎Il versa le vin, puis prit ma main et y plaça le verre.

‎Ses doigts restèrent contre les miens plus longtemps que nécessaire. Leur chaleur m’envahit.

‎— À nous, murmura-t-il.

‎J’aurais dû refuser. J’aurais dû jeter le verre contre le mur. Mais mes lèvres se posèrent contre le cristal. J’avalai une gorgée.

‎Le vin était doux, presque sucré. Il descendit dans ma gorge comme une caresse.

‎Evran sourit.

‎— Voilà. C’est mieux.

‎Il prit le second verre et s’assit au bord du lit, m’invitant d’un geste à le rejoindre.

‎Je ne bougeai pas.

‎Il pencha la tête, son regard s’assombrissant.

‎— Yasha… viens.

‎Sa voix avait changé. Plus basse. Plus impérieuse.

‎Mon corps obéit avant ma volonté. Mes jambes me portèrent jusqu’au lit.

‎Je m’assis, le verre toujours entre mes mains.

‎Evran m’étudia en silence. Puis, sans me quitter des yeux, il tendit la main et écarta une mèche de mes cheveux. Ses doigts frôlèrent ma nuque.

‎— Tu trembles.

‎— Parce que je vous hais.

‎Il sourit.

‎— Non. Parce que tu attends.

‎Sa main glissa le long de mon épaule. Ses doigts effleurèrent la naissance de ma poitrine. Mon souffle se bloqua.

‎— Tu veux que je sois brutal ? demanda-t-il doucement. Comme Marek ?

‎— Non…

‎— Alors laisse-moi te montrer qu’il existe d’autres façons.

‎Il prit mon verre, le posa. Puis il saisit ma main et la posa sur sa poitrine, contre son cœur.

‎— Tu le sens ?

‎Je serrai les dents.

‎— Non.

‎Son pouce caressa l’intérieur de mon poignet.

‎— Tu mens.

‎Il se pencha et posa ses lèvres sur ma clavicule. Leur douceur me désarma. Sa bouche remonta lentement jusqu’à mon cou. Je fermai les yeux, une plainte étranglée m’échappant.

‎— Regarde-moi, ordonna-t-il.

‎Je relevai les paupières.

‎Ses yeux brillaient d’une lueur que je ne compris pas d’abord. Ni haine, ni mépris. Seulement une certitude tranquille : qu’il me posséderait d’une autre manière.

‎— Allonge-toi.

‎— Non…

‎Il posa une main sur mon épaule et me poussa doucement en arrière. Le matelas céda sous mon poids.

‎Il se pencha sur moi, ses cheveux caressant ma joue. Ses mains relevèrent lentement le tissu de ma robe.

‎— Tu es plus douce que je ne l’imaginais.

‎Sa paume se posa sur mon ventre, y traça des cercles lents. Chaque frôlement allumait un feu qui me consumait.

‎— Pourquoi… pourquoi êtes-vous si calme ?

‎Il sourit contre ma peau.

‎— Parce que j’ai appris qu’on obtient plus de vérité dans la lenteur.

‎Ses doigts remontèrent jusqu’à mon sein. Il le coupa dans sa main, son pouce effleurant le téton. Mon dos se cambra malgré moi.

‎— Dis-moi que tu ne sens rien.

‎— Je…

‎Sa bouche se referma sur mon téton, l’aspira dans une caresse lente. Mon cri jaillit, brisé.

‎Il se redressa, me regarda avec une patience cruelle.

‎— Tu vois ? La vérité.

‎Je tentai de reculer, mais il attrapa mes hanches.

‎— Ne bouge pas.

‎Il écarta mes cuisses. La soie de la robe glissa jusqu’à ma taille. Je plaquai mes mains contre mon visage, honteuse.

‎— Non… pitié…

‎— Ne cache pas ton plaisir.

‎Sa bouche descendit entre mes cuisses. Quand je compris ce qu’il s’apprêtait à faire, je tentai de me redresser. Il me maintint d’une poigne tranquille.

‎Ses lèvres se posèrent là où nul n’avait jamais osé.

‎Je hurlai.

‎Sa langue explora ma chair avec une lenteur méthodique, traquant chaque frisson, chaque soupir. J’aurais voulu mourir. Ou le supplier d’arrêter. Mais bientôt, je ne pus plus rien faire qu’ouvrir les jambes, le laisser prendre ce qu’il voulait.

‎Quand je crus que je ne pourrais plus respirer, l’orgasme me brisa. Je me cambrai, un gémissement animal m’échappant.

‎Il remonta enfin, son souffle brûlant sur mon ventre.

‎— Tu comprends ? murmura-t-il contre ma peau. C’est plus facile quand tu l’acceptes.

‎Je pleurais sans bruit.

‎Il écarta la robe de mes hanches et s’enfonça en moi d’un seul mouvement.

‎Cette fois, je ne luttais plus. Je ne savais même plus pourquoi je devais lutter.

‎Son corps se mouvait contre le mien avec une douceur insoutenable. Ses lèvres cueillaient mes larmes, comme s’il me remerciait de céder.

‎Quand je sentis qu’il atteignait la limite, je crus me briser avec lui.

‎Il se tendit, me posséda une dernière fois.

‎Quand il se retira, je restai étendue, incapable de bouger.

‎Il se pencha, embrassa ma bouche.

‎— Demain, tu croiras pouvoir encore nous haïr.

‎Il se leva, remit sa chemise. Avant de partir, il se retourna.

‎— Mais tu comprendras bientôt. C’est ton corps qui décide. Pas toi.

‎Quand il quitta la chambre, je restai seule avec ma honte et un désir qui me dévastait.

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