Elle a beaucoup changé.
Ben.
J’étais loin de me douter que Clara avait autant changé. Lorsqu’Alex m’a appelé pour me dire qu’il voulait que je m’occupe de sa petite sœur, j’étais loin de m’imaginer qu’elle avait autant grandi, qu’elle était devenue une si belle jeune femme.
Je souris quand je repense à ma conversation avec Al. Il a dit qu’elle voulait se sentir libre de ses propres décisions, qu’elle se sentait totalement étouffée. Et c’est sans doute vrai, connaissant monsieur et madame Wilkinson comme je les connais ils ont sans doute dû couvrir leur dernier d’un amour un peu trop protecteur et Alex est totalement gaga de sa sœur, il ne jure que par elle, elle représente tout pour lui.
Quand moi je repense à mon enfance, je suis envieux de l’amour que leurs parents leur donne. Je suis né dans une famille, si on peut appeler ça ainsi. Mon père trompait ma mère et là faisait souffrir, il n’a jamais pensé qu’à lui et il ne s’en cachait même pas. Mais elle l’a toujours aimé malgré ses défauts. Il comblait l’amour qu’il ne pouvait nous donner avec des cadeaux onéreux à mes quinze ans, j’avais déjà un appartement rien que pour moi en France, mon père ne savait pas quoi faire de son argent. À ma sortie de l’université, j’avais une petite amie que j’avais décidé de présenter à mon père. Malgré ses défauts, ma mère m’avait appris à l’aimer, alors après l’université, je comptais me marier, reprendre la compagnie familiale et vivre en France avec Ashley. Je l’ai présenté à ma famille lors d’un dîner familial. Je l’avais présenté comme ma fiancée, la femme que je veux épouser. Je l’ai laissé vivre avec nous au manoir, ça été ma plus grosse erreur.
Un soir, alors que je rentrais plus tôt du travail, j’ai entendu des bruits étranges dans notre chambre. Pris de panique, j’ai couru dans celle-ci inquiet pour Ashley. J’aurais dû mieux faire de rester au travail. J’ai trouvé la femme que j’aimais plus que tout, au lit avec mon géniteur. Je me rappelle encore de ma réaction ce jour-là, j’ai pris mes affaires sans adresser la parole à qui que soit et je suis sorti de la maison. Depuis ce jour, j’ai tout fait pour que plus rien ne me lie à mon père. La seule chose qu’il me reste de lui c’est son nom. Un nom de famille qui m'horripile, que je déteste plus que tout. J’ai monté ma société de pharmaceutique, avec l’aide d’Alex, qui est devenue trois ans plus tard, une multinationale, j’en ai même créé d'autres dont celle où Clara effectue son stage professionnel. De cet épisode j’ai appris deux choses importantes, on ne peut faire aucunement confiance aux femmes et que mon père est l’être le plus abjecte qui existent sur cette terre. Celà s’est passé il y’a environ cinq ans maintenant et je n’ai plus jamais parlé à mon père. Et je n’ai rien dit à ma mère aussi, je ne veux pas être la cause d’une séparation entre elle et mon père, si elle refuse d’ouvrir les yeux sur lui, alors grand bien lui fasse moi cette histoire ne me concerne plus.
Je déteste les femmes d’abord ma mère pour être aussi faible, elle connaît très bien qu’elle genre d’ordure est mon père, mais elle choisit de fermer les yeux est-ce donc ça l’amour ? Pathétique ! Et ensuite toutes ces femmes qui ne vivent que pour l’argent et encore l’argent. Cette histoire m’a rendu amer, je le sais, maintenant j’utilise les femmes uniquement pour mon plaisir, et aucune n’a jamais réussi à me faire changer d’avis, elles sont toutes soit vénales, soit beaucoup trop faibles et pleurent pour rien.
Mon téléphone sonne, c’est Al.
- T’es déjà arrivé ?
- Oui mon vieux, alors comment va ma sœur ?
- Plutôt bien, elle est dans sa chambre.
- Elle n’est pas trop fatiguée ?
- Non, elle ne paraît pas fatiguée le moins du monde, elle a plutôt l’air d’aimer ça.
- Je savais que ça la plairait, c’est pas facile de vivre quand on est enfermé.
- Tu avoues enfin que vous surprotéger cette pauvre petite.
- Oui, dit-il dans un soupir. On a tendance à un peu trop la surprotéger, mais c’est parce qu’on l’aime.
- Alors laissez la être libre.
- Et toi ? Comment vas-tu ?
- Ça peut aller.
- Tu sais très bien de quoi je veux parler.
- Et moi je n’ai pas envie de parler de ça.
- D’accord, tu as vu le dernier match contre les Lakers ?
Je souris avant de lui répondre. Il y’a qu’Alex qui pouvait être comme ça, capable de passer du coq à l’âne sans aucune transition.
- Non je n’avais pas le temps. Qui a gagné ?
- Les Lakers bien évidemment. Quand compte tu dire à Clara qu’elle effectue un stage dans ton entreprise.
- Sais pas.
- C’est toi qui a accepté sa candidature ?
- Bien sûr que non. Ce sont Hélène et Christian qui s’occupent de ça, si elle a été prise ça veut tout simplement dire une chose. Elle est douée, elle est intelligente.
- Je sais qu’elle est intelligente. Mais elle va péter un câble en l’apprenant.
- On verra bien le moment venu. Pour le moment je vais veiller sur elle de loin.
- Merci. Clara peut-être très têtue parfois.
- Ne t’en fais pas, elle est aussi un peu comme ma petite sœur.
- Je sais qu’avec toi, elle ne court aucun danger. Bon je te laisse à plus tard.
- Ouais.
Je raccroche et je me tourne vers la baie vitrée, j’observe le panorama de la ville de Paris qui est splendide en ce mois de juin, j’ouvre la fenêtre et je me place sur le balcon, je laisse le froid fouetter mon torse nu, et mes cheveux en bataille. Je n’ai pas tout de suite remarqué sa présence, mais une fois lorsque je me retourne elle est là, le regard lève sur la lune, la clarté de la lune se reflétait sur sa peau, elle portait une nuisette rouge, je ne l’avais jamais vu comme ça, je dois dire, la dernière fois que je l’ai vu elle avait quoi ? Quinze ans ? Elle a beaucoup changé, surtout physiquement.
- Je croyais que tu étais fatiguée lui dis-je.
Elle se tourne vers moi et me regarde d’un air surpris.
- Que fais-tu là ?
- Clara tu sais qu’il s’agit de mon appartement n’est-ce pas ?
- Je veux dire sur le balcon à cette heure.
- Je voulais prendre de l’air et toi ?
- Je voulais prendre de l’air.
Elle veut rentrer dans sa chambre mais je la retiens.
- On n'a pas vraiment eu le temps de se parler depuis que tu es arrivée. J’ai l’impression que tu m’évites.
- Pourquoi est-ce que je t’éviterai demande t’elle sur la défensive.
- Je ne sais pas c’est à toi de me le dire. Tu sais, tu peux me prendre comme ton grand frère, je t’ai toujours comme ma petite sœur.
Elle fronce les yeux.
- Eh bien il est peut-être là le problème vois-tu, je ne suis pas ta sœur.
Puis elle entre dans sa chambre et me laisse là, pantois. Je regarde l’endroit où elle venait d’être, sans savoir quoi dire. Qu’est-ce que j’ai bien pu dire de mal ? Est-ce que j’ai mal fait de lui dire qu’elle peut compter sur moi en cas de besoin ?
De toutes façons qu’est-ce que je vous disais ? Les femmes sont les êtres les plus étranges de la terre, j’entre me coucher sans plus me poser de question.
Le matin à mon réveil, je la trouve dans la cuisine qui se fait un petit déjeuner. Elle porte une jupe à carreaux, avec des collants noirs et un pull rouge, j’ai l’impression que c’est sa couleur préférée. Elle a retenu ses cheveux en un chignon sur le sommet de sa tête, elle est magnifique.
- Bonjour me dit-elle, j’ai fait des œufs. Et pour toi, une salade, je sais que tu n’aimes pas les œufs.
- Comment tu sais ça ?
Elle s’arrête un instant et se tourne vers moi.
- Peut-être parce que tu as vécu chez nous pendant un certain temps.
- C’est vrai dis-je en souriant.
Puis elle s’assoit en face de moi et mange. Je goûte à sa salade et elle est vraiment délicieuse.
- C’est très bon.
- Merci, c’est Héloïse qui m’a appris.
- Elle a fait du bon boulot dans ce cas.
Elle pose sa fourchette et me regarde, puis pousse un soupir, puis un autre.
- Vas-y accouche.
- De quoi tu parles ?
- Tu faisais toujours ça à Alex quand tu voulais attirer son attention et à tes parents aussi.
- Comment le sais-tu ? Me demande-t-elle d’une voix surprise.
- Peut-être parce que j’ai vécu chez vous un certain temps.
Elle secoue la tête puis sourit, un sourire qui illumine son visage.
- D’accord, c’est bien joué.
- Alors dis moi ce que veux-tu ?
- Je voudrais que tu arrêtes de m’accompagner au travail et de venir me chercher, je peux rentrer toute seule tu sais.
- Clara…
- S’il te plaît dit-elle en croisant les bras, j’aimerais juste un tout peu que l’on me laisse me débrouiller seule.
Je réfléchis un instant puis je décide d’accepter.
- D’accord, mais tu devras m’appeler quand tu rentres tard.
- Merci, merci dit-elle en venant déposer un baiser sur ma joue.
Je me pétrifie un instant, puis elle prend son sac et sort. Je n’ai aucune idée de ce qui vient de se passer là, mais quelque chose vient de se passer.
