DOS AU MUR
**#CHAPITRE 07**
**RICHARD PABLOVARS**
La frustration l'envahit. Il déteste que ses parents le mettent dos au mur, surtout en ce qui concerne sa vie privée.
Il se sent indigne d’aimer une femme. L’amour lui a été refusé ; sa propre mère l’a abandonné après l’avoir conçu, le laissant sous une pluie battante, sans se soucier de savoir s'il allait mourir ou être dévoré par un chien errant. Cet abandon a engendré en lui une haine profonde envers la figure féminine, une haine qui ne s’effacera jamais.
Il ne tolère pas les femmes, et rien ne changera aujourd’hui. Pourtant, il doit agir pour rendre fiers ses parents adoptifs, qui ont tant fait pour lui. Il lui faut donc trouver une femme prête à jouer un rôle, disons, pour une année. Ensuite, ils pourront divorcer, et chacun fera sa route. C'est ce qu'il se dit intérieurement.
~GAËLLE.B
**ORNELLA SALENGRO**
Une semaine plus tard, Ornella foulait le sol américain, un regard froid et déterminé sur le visage, prête à accomplir sa mission et à tracer enfin sa vie loin des faux-semblants.
Elle arrêta un taxi qui la conduisit à l’hôtel qu’elle avait réservé bien avant son voyage. À son arrivée, elle remercia le chauffeur avant de descendre avec sa valise à la main, se dirigeant vers la réceptionniste.
— Bonjour, mademoiselle, salua-t-elle.
— Good morning, miss. How can I help you? rétorqua la réceptionniste.
Ornella réalisa qu’elle parlait en anglais. Elle regretta de ne pas avoir pris cette matière au sérieux durant ses études et s'interrogea sur la façon dont elle allait communiquer avec la dame.
Elle était perdue dans ses pensées lorsqu’un jeune homme d'une trentaine d'années s'approcha de la réceptionniste et lui parla en anglais. Puis, il se tourna vers elle.
— Bonjour, salua-t-il.
Ornella, la tête courbée, la releva et fut surprise de voir celui qui allait devenir sa « victime », souriant de toutes ses belles dents blanches.
— Bonjour, répondit-elle en affichant un faux sourire.
— Vous n’êtes pas d’ici, je vois, questionna-t-il, son sourire radieux illuminant son visage.
— Exactement, je suis française, répondit-elle.
— Ne vous inquiétez pas, j’ai déjà tout réglé pour vous. Voici votre clé, lui tendit-il. Elle le remercia.
— Merci bien, monsieur... Chercha-t-elle un moyen de connaître son identité, bien qu’elle la connaisse déjà. Elle devait jouer le jeu.
— Richard Pablovars, à votre service, répondit-il en lui tendant sa main.
— Ornella Salengro, répondit-elle en lui rendant son sourire.
Il baissa sa main avant d’ouvrir le chemin. Elle le suivit, se demandant intérieurement pourquoi il était si aimable avec elle. Après que celui qu’elle prenait pour son père l’ait trahie, comme tant d’autres, elle se promit d’être extrêmement prudente avec tous les êtres humains. Elle se dit qu’elle lui poserait cette question quand ils arriveraient dans ce qui allait être sa suite.
Après ce qui sembla être quelques minutes de route, ils arrivèrent devant une suite. Il ouvrit la porte et l’invita à entrer.
— Bienvenue chez moi, dit-il.
Ornella, étonnée, ne sut quoi lui répondre, le fixant avec stupeur.
— Je sais ce que vous pensez, mais avant de vous répondre, sachez que j’ai besoin de votre aide.
— On ne se connaît même pas, très cher monsieur, rétorqua-t-elle en arquant un sourcil.
— Je le sais. Nous ne sommes pas obligés de nous connaître, disons, pas dans son intégralité. Juste quelques détails qui nous aideront à bien mener notre mission, dit-il en lui souriant.
Ornella, confuse, ne sut que répondre et se laissa tomber près d'une chaise dans un coin de la chambre, le regard perdu.
À l'intérieur, une seule question la taraudait : mais où suis-je tombée, moi, là ?
À SUIVRE.
