Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

Chapitre 4:Les ombres du passé

La pluie tombait doucement sur les pavés de Rivemarine, recouvrant la ville d’un voile mélancolique. Les gouttes s’écrasaient sur les fenêtres de la maison d’Élise, traçant des sillons qui brouillaient la lumière timide du matin. Assise à son bureau, le regard perdu dans le vide, elle tenait entre ses mains une photo d’elle et de Thomas, prise lors d’une sortie en mer, bien avant que tout ne s’écroule.

Sur l’image, Thomas avait ce sourire éclatant qu’elle aimait tant, ses cheveux en bataille, la lumière dorée du soleil soulignant les éclats de rire dans ses yeux. Derrière lui, le bateau qu’il chérissait tant se tenait fièrement, les voiles blanches gonflées par le vent marin. Élise se souvenait encore de ce jour, de la sensation du sel sur sa peau, du vent qui lui faisait voler les cheveux, et de la promesse qu’il lui avait faite.

— "Un jour, je t’emmènerai de l’autre côté de l’horizon," avait-il dit, les mains posées sur le gouvernail. "Nous découvrirons des étoiles que personne n’a jamais vues."

Elle avait ri, le traitant de rêveur, mais une part d’elle avait espéré que ce jour viendrait. Aujourd’hui, il ne lui restait que cette photo, ce souvenir figé dans le temps, et des milliers de questions sans réponses.

La soirée où elle avait rencontré Thomas revenait souvent hanter ses pensées. C’était à une fête organisée sur la plage de Rivemarine, une de ces nuits où le ciel était si clair qu’il semblait possible de toucher les étoiles. Élise, fraîchement arrivée dans cette petite ville côtière pour y commencer un travail comme restauratrice d’œuvres d’art, ne connaissait presque personne. Thomas, avec son énergie débordante et son charisme naturel, s’était approché d’elle avec un verre de jus de fruit en main et un sourire désarmant.

— "Vous êtes nouvelle ici, n’est-ce pas ?" lui avait-il demandé.

— "Et si je dis que non ?" avait-elle répliqué avec un sourire en coin.

— "Alors je dirais que je suis mauvais observateur, mais ça, je ne le crois pas," avait-il répondu.

Ce fut le début d’une conversation qui dura toute la nuit, et d’une histoire qui semblait hors du commun dès ses premiers instants. Thomas, avec sa passion pour la mer et ses récits de voyages maritimes, avait ouvert un monde nouveau à Élise. Elle, en retour, l’avait fasciné avec sa capacité à voir la beauté dans les détails les plus insignifiants.

Un éclair soudain illumina la pièce, ramenant Élise au présent. Ses doigts effleurèrent la boussole qu’elle avait récupérée auprès d’Antoine, un objet qui semblait murmurer des vérités oubliées. Elle ne pouvait s’empêcher de se demander combien de secrets cette boussole détenait, combien de vérités sur Thomas et sur cette nuit fatidique étaient encore cachées dans l’ombre.

Le souvenir de Samuel restait également présent dans son esprit, bien que trouble. Elle savait qu’il jouait un rôle dans tout cela, mais son comportement ambigu laissait plus de questions que de réponses. Et Antoine… lui, semblait insaisissable, toujours entre ombre et lumière.

Ne sachant plus vers qui se tourner, Élise décida de fouiller dans les quelques affaires personnelles de Thomas qu’elle avait conservées depuis sa disparition. Parmi les livres, les lettres, et les souvenirs de leurs escapades, une carte attira son attention. Une vieille carte maritime, annotée de l’écriture soignée de Thomas. Elle la déploya sur sa table, découvrant des marques sur plusieurs points de la côte, des annotations qu’elle ne comprenait pas entièrement, mais qui semblaient correspondre aux trajets maritimes du Lune de mer.

Près de l’un des points marqués se trouvait une phrase écrite en rouge : "Le silence cache ce que les vagues ne peuvent effacer."

Un frisson parcourut Élise. Ces mots, bien qu’énigmatiques, semblaient presque résonner avec ce qu’Antoine lui avait dit. Elle sortit son téléphone et composa son numéro, mais comme à son habitude, il ne répondit pas.

Elle ne savait pas pourquoi, mais une intuition la poussa à retourner à l’atelier d’Antoine, malgré son avertissement de rester à l’écart.

Lorsqu’elle arriva sur place, la nuit avait déjà enveloppé Rivemarine. La lumière dans l’atelier était éteinte, mais la porte était à nouveau entrouverte. Avec précaution, Élise entra. La pièce était plongée dans l’obscurité, mais un faible rayon de lune illuminait un objet posé sur l’établi : un carnet, différent de celui qu’elle avait trouvé auparavant.

Elle s’en empara et se mit à le feuilleter rapidement. Les premières pages contenaient des croquis de symboles, des coordonnées, et des notes en abrégé. Mais ce fut une photo insérée entre deux pages qui la fit s’arrêter brusquement : une photo de Thomas, entouré de plusieurs hommes qu’elle ne connaissait pas, tous debout devant ce qui semblait être le Lune de mer.

Elle tourna le carnet, son cœur battant de plus en plus vite. Une annotation au dos de la photo attira son attention : "Dernier voyage - Port de Valmont."

Alors qu’Élise continuait à parcourir les pages, des bruits de pas retentirent derrière elle. Elle se retourna brusquement, son souffle coupé. Antoine se tenait dans l’encadrement de la porte, son visage plongé dans l’ombre.

— "Je t’avais dit de rester loin de tout ça," dit-il calmement, mais avec une dureté dans la voix qui fit frissonner Élise.

— "Je ne peux pas rester loin," répliqua-t-elle, serrant le carnet contre elle. "C’est toi qui cache des choses, Antoine. Ce symbole, cette boussole, ce carnet… Tu savais tout depuis le début, n’est-ce pas ?"

Antoine s’approcha lentement, mais ne répondit pas immédiatement.

— "Ce que tu fais est dangereux, Élise. Tu ne comprends pas ce que tu mets en marche," dit-il finalement.

— "Alors explique-moi !" cria-t-elle, la colère et la frustration éclatant dans sa voix. "Dis-moi ce qui est arrivé à Thomas. Dis-moi pourquoi tu joues à ce double jeu avec moi."

Antoine la fixa un long moment, son expression indéchiffrable. Puis, lentement, il tendit la main.

— "Donne-moi ce carnet," dit-il.

Mais Élise recula, refusant de céder.

— "Pas tant que tu ne me dis pas la vérité."

Antoine soupira, mais un éclat dans son regard trahit quelque chose d’inquiétant.

— "Très bien," dit-il finalement. "Si tu veux savoir, alors suis-moi."

Antoine la conduisit hors de l’atelier, jusqu’à un vieux hangar près du port. Le bâtiment, abandonné depuis des années, était rempli d’outils rouillés et d’anciennes caisses marquées par l’usure du temps. Antoine alluma une lampe torche et pointa vers une caisse en particulier, fermée par un cadenas.

— "Tout ce que tu veux savoir est là-dedans," dit-il.

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.