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Chapitre 3 : Les reflets trompeurs

Le soleil déclinait lentement sur Rivemarine, peignant le ciel d’un mélange de pourpre et d’or. Élise, assise près de la fenêtre de son salon, fixait le mot qu’elle avait trouvé devant l’atelier d’Antoine. “Garde tes distances. Ne fais confiance à personne.” Ces mots résonnaient dans son esprit, un avertissement qui semblait venir de quelqu’un pris dans une toile de secrets bien plus vaste qu’elle ne l’avait imaginé. Malgré sa méfiance croissante, quelque chose en elle refusait d’abandonner. Si Antoine savait quelque chose, elle devait le découvrir, même si cela signifiait désobéir à son propre instinct.

Alors qu’elle s’apprêtait à quitter sa maison pour retourner voir Antoine, son téléphone vibra. Cette fois, ce n’était pas un message. C’était un appel. Le nom qui s’affichait à l’écran la fit hésiter : Samuel. Après un court instant, elle décrocha.

— Samuel ? fit-elle, un mélange d’espoir et de prudence dans la voix.

— Élise, je crois que j’ai trouvé quelque chose, répondit-il rapidement. C’est à propos du carnet. Il y a un homme, à Valmont. Il prétend qu’il a des informations sur le Lune de mer et… sur ce qui s’est passé cette nuit-là.

Le cœur d’Élise bondit. Enfin, une piste concrète, quelque chose de tangible.

— Tu en es sûr ? demanda-t-elle, la voix tremblante.

— Oui. Mais fais attention. Ces gens… ils ne plaisantent pas. Tu dois rester sur tes gardes.

La conversation s’interrompit brusquement, et malgré ses appels répétés, Samuel ne répondit plus. Élise resta un instant paralysée, essayant de calmer les battements frénétiques de son cœur. Elle savait qu’elle devait agir, mais une ombre de doute planait sur ses pensées. Pourquoi Samuel semblait-il si soudainement impliqué ? Et pourquoi ne lui avait-il pas parlé de cet homme plus tôt ?

Plus tard dans la soirée, Élise se rendit au port de Valmont, suivant les instructions que Samuel lui avait laissées dans un message ultérieur. Le quai 7 était désert, plongé dans une obscurité pesante, à peine éclairée par les réverbères faiblissants. Un bateau, long et étroit, était amarré à côté. Alors qu’elle avançait, une voix masculine s’éleva dans l’obscurité.

— Vous êtes Élise, je présume ?

Elle sursauta légèrement et se tourna vers un homme grand et robuste, vêtu d’un imperméable gris. Son visage était dissimulé sous une capuche, mais sa voix était calme, presque rassurante.

— Qui êtes-vous ? demanda-t-elle, tentant de dissimuler son inquiétude.

— Je suis quelqu’un qui veut vous aider, répondit-il.

L’homme tendit un dossier qu’Élise saisit avec hésitation. Elle ouvrit les premières pages et découvrit des copies de documents officiels, des manifestes de cargaisons maritimes, ainsi qu’une série de noms qui lui étaient inconnus. À la dernière page, une photo retint son attention : celle du Lune de mer, prise quelques jours avant son naufrage.

— Pourquoi me montrez-vous ça ? demanda-t-elle.

L’homme baissa légèrement la tête.

— Parce que vous méritez la vérité. Et parce que vous n’êtes pas la seule à chercher des réponses. Mais sachez que la vérité peut être plus dangereuse que vous ne le pensez.

Avant qu’elle ne puisse poser plus de questions, l’homme s’éloigna rapidement, disparaissant dans la nuit comme une ombre.

De retour chez elle, Élise étala le contenu du dossier sur sa table. Chaque document semblait contenir des indices potentiels : des dates, des itinéraires, des noms. Mais un détail particulier attira son attention. L’un des manifestes mentionnait une caisse marquée d’un symbole étrange : une étoile encerclée par un anneau. Ce symbole réveilla en elle une vague de souvenirs. Où l’avait-elle déjà vu ?

Et puis cela lui revint. Antoine. Lorsqu’il avait brièvement ouvert son carnet à l’atelier, elle avait aperçu ce même symbole dessiné dans un coin de la page. Une colère sourde monta en elle. Pourquoi Antoine ne lui avait-il jamais parlé de ça ? Pourquoi continuait-il de lui cacher des choses alors qu’il prétendait vouloir l’aider ?

Malgré ses doutes et ses frustrations, Élise se convainquit qu’elle tenait enfin une piste solide. Si ce symbole était lié au naufrage, alors il pourrait également être la clé pour comprendre la véritable raison de la mort de Thomas.

Le lendemain matin, Élise retourna voir Antoine. Cette fois, elle n’était pas là pour discuter calmement. Dès qu’elle entra dans l’atelier, elle lui lança une copie de la page contenant le symbole.

— Explique-moi, Antoine. Pourquoi ce symbole se trouve-t-il à la fois dans le manifeste et dans ton carnet ? Qu’est-ce que tu me caches ?

Antoine, visiblement surpris, prit la page et la regarda un long moment sans rien dire.

— Élise… Ce n’est pas ce que tu crois, dit-il enfin, sa voix empreinte d’une fausse sincérité.

— Alors qu’est-ce que c’est ? cria-t-elle, les larmes menaçant de couler.

Antoine posa la page sur l’établi et la regarda droit dans les yeux.

— Ce symbole appartient à une société privée. Ils utilisaient le Lune de mer pour transporter quelque chose… quelque chose d’illégal. Thomas n’avait rien à voir avec ça, je te le jure. Mais il a été pris au mauvais endroit, au mauvais moment.

Les mots d’Antoine semblaient vrais, et pourtant, une petite voix en elle lui soufflait qu’il ne disait pas tout.

— Pourquoi ne m’as-tu rien dit plus tôt ? demanda-t-elle, la voix tremblante.

— Parce que je voulais te protéger, Élise, répondit Antoine, posant une main sur son épaule.

Ce geste se voulait réconfortant, mais il ne fit qu’accentuer sa méfiance. Antoine souriait, mais ce sourire était teinté d’une nuance qu’Élise ne pouvait pas nommer. Était-ce de la pitié ? Ou autre chose, quelque chose de plus sombre ?

Alors qu’Élise repartait avec l’impression d’être enfin sur le point de découvrir la vérité, elle ne savait pas que chaque détail qu’on lui avait donné jusqu’à présent — les manifestes, le symbole, et même le soi-disant homme du port — faisait partie d’un mensonge soigneusement orchestré par Antoine lui-même.

Dans l’ombre de l’atelier, Antoine déplia un document secret qu’il avait pris soin de garder hors de la vue d’Élise. Sur ce document, le même symbole de l’étoile encerclée. Mais cette fois, les mots inscrits en dessous révélaient un sombre secret : “Mission achevée. Toutes traces effacées.”

Antoine soupira profondément. Il savait qu’Élise n’était qu’à un pas de découvrir la vérité. Mais ce pas, il ferait tout pour l’empêcher de le franchir.

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