Chapitre 5: Les ombres du passé
Élise s’approcha, méfiante, alors qu’il cherchait une clé. Mais quelque chose dans son attitude la dérangeait. Pourquoi semblait-il si calme, presque résigné ?
Lorsqu’il ouvrit finalement la caisse, Élise retint son souffle. À l’intérieur, des documents, des objets personnels de Thomas, et… une étoile en métal, identique à celle de son pendentif.
— "Qu’est-ce que c’est ?" demanda-t-elle, la voix brisée.
— "C’est ce que Thomas essayait de protéger," répondit Antoine.
Mais alors qu’elle plongeait ses mains dans la caisse, cherchant des réponses parmi les objets et papiers épars, une autre pensée l’effleura : et si tout cela n’était qu’une autre manipulation ? Antoine était peut-être en train de l’orienter vers une fausse piste, la menant plus loin de la vérité qu’elle cherchait désespérément. Dans l’ombre du hangar, Élise se rendit compte qu’elle ne savait plus à qui elle pouvait faire confiance.
La découverte des objets dans la caisse laissait Élise à la fois en état de choc et submergée par une confusion grandissante. Elle avait espéré trouver des réponses claires, mais tout ce qu’elle voyait ne faisait qu’éveiller davantage de questions. Les documents semblaient authentiques, et certains portaient même des annotations faites de la main de Thomas, mais leur signification restait floue.
— "Tu ne m’as toujours pas dit ce que tout ça signifie," lança-t-elle, brisant le silence tendu.
Antoine, toujours debout près de la caisse, la regarda longuement avant de répondre.
— "Thomas a mis les pieds dans une histoire qui le dépassait. Il ne savait pas dans quoi il s’engageait…" commença-t-il, sa voix tremblant légèrement.
— "Quelle histoire ? Et pourquoi tu sembles toujours savoir tout ce que je ne sais pas ?" répliqua Élise, la colère montant en elle.
Antoine détourna les yeux, comme s’il cherchait ses mots.
— "Il y avait quelque chose sur ce bateau… quelque chose qu’il ne devait pas voir. C’est tout ce que je peux te dire."
Ces demi-vérités ne faisaient qu’accentuer la frustration d’Élise. Elle s’approcha de lui, tenant un document qu’elle venait d’extraire de la caisse : un reçu d’expédition avec une mention écrite à la main en lettres rouges — “Confidentiel. Ne pas ouvrir.”
— "Et ça ? Tu vas me dire que c’est sans importance ? Qui sont ces gens qui semblent contrôler tout ce qui se passe ici ?" demanda-t-elle en levant le papier.
Antoine se passa une main nerveuse dans les cheveux.
— "Élise, si tu continues à poser des questions, tu risques de… attirer l’attention des mauvaises personnes."
Mais avant qu’il ne puisse terminer sa phrase, des bruits de moteurs résonnèrent dans la nuit. Antoine, soudain tendu, éteignit la lampe torche et tira Élise vers un coin sombre du hangar.
— "Ne fais aucun bruit," murmura-t-il, sa voix presque inaudible.
Dehors, des ombres se dessinaient sous la lumière tremblotante des phares. Élise distinguait plusieurs silhouettes, et bien qu’elle ne puisse pas entendre leurs mots, elle sentait une tension palpable dans l’air. Antoine semblait reconnaître les intrus, car son visage était marqué par une peur qu’elle ne lui avait jamais vue auparavant.
Après quelques minutes interminables, les silhouettes quittèrent le hangar, et les moteurs s’éloignèrent dans la nuit. Antoine se leva lentement, scrutant les environs avant de parler.
— "Je crois qu’on t’a suivie," dit-il finalement.
— "Moi ? Mais pourquoi ?" demanda Élise, bien que son esprit commençât à assembler les pièces du puzzle.
— "Parce que tu poses trop de questions," répondit-il, sa voix teintée de reproche.
Ils quittèrent le hangar peu après, et Antoine insista pour marcher avec elle jusqu’à chez elle, malgré ses protestations. Tout au long du chemin, elle ne put s’empêcher de repasser en boucle les événements de la soirée : la caisse, la boussole, les intrus… Mais plus que tout, les réponses évasives d’Antoine l’irritaient profondément.
Quand ils atteignirent enfin la maison, Antoine se tourna vers elle, l’air grave.
— "Élise, promets-moi de laisser tomber tout ça," dit-il.
Elle secoua la tête.
— "Je ne peux pas, Antoine. Thomas mérite que je sache la vérité."
— "Et si cette vérité te détruisait ?" murmura-t-il, avant de tourner les talons et de disparaître dans la nuit.
De retour à l’intérieur, Élise s’effondra dans son fauteuil, l’esprit en ébullition. Elle ouvrit les documents qu’elle avait pu emporter discrètement du hangar et tenta de les analyser. Certains semblaient liés à des itinéraires maritimes, d’autres contenaient des codes incompréhensibles. Mais ce fut une note manuscrite, griffonnée à la hâte, qui attira son attention :
“Les étoiles cachent la clé. Valmont est le début, pas la fin.”
Ces mots, mystérieux et énigmatiques, ravivèrent sa détermination. Valmont, un nom qui revenait sans cesse dans cette enquête. Si c’était le début, comme le disait cette note, alors peut-être trouverait-elle là-bas des réponses qu’Antoine refusait de lui donner.
Ce qu’Élise ignorait, c’est qu’Antoine, à cet instant, était retourné à son atelier, où il se tenait devant son bureau, les mains tremblantes. Il ouvrit un tiroir et en sortit une photo de Thomas et lui, prise à bord du Lune de mer.
— "Je suis désolé, mon ami," murmura-t-il, ses yeux fixant le visage souriant de Thomas sur la photo.
Antoine savait que le passé finirait par le rattraper, tout comme il savait qu’Élise finirait par découvrir ce qu’il avait fait. Mais il espérait pouvoir retarder ce moment aussi longtemps que possible, car lorsque la vérité éclaterait, elle détruirait plus que des souvenirs.
