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**CHAPITRE 05**

Et soudain, aujourd’hui, son rêve est presque arraché de ses mains à cause de cet insignifiant être humain. Moi. À cause de sa décision impulsive de me sauver.

Puis, je me rappelle quelque chose que Maman m’a dit il y a un an.

Maman, pourquoi tu pleures ?

Je pénètre dans la chambre de Maman dès que je la vois essuyer une larme de son œil, assise sur son lit.

En me retrouvant face à elle, je remarque le nouveau bleu qu’elle a sur la joue.

Cet enfoiré t’a encore fait ça, pas vrai ?

Ma voix tremble de rage. Comment Tuck ose-t-il encore la blesser ? Je me sens malade, tout simplement malade.

Il mérite de pourrir en enfer. Je déteste les hommes comme lui. Ils pensent qu’ils peuvent traiter les femmes comme des déchets, juste parce qu’ils sont physiquement plus forts et qu’ils ont plus de pouvoir sur nous.

Maman passe ses doigts sur ma joue, un sourire triste effleurant ses lèvres.

Tous les hommes ne sont pas comme ça, ma chérie. Ton père n’était pas comme ça. Il n’était rien de tout ça.

J’aurais aimé connaître mon père biologique, mais je ne pouvais pas. Il était mort dans un accident de voiture quand j’avais à peine deux ans.

Comme si elle ressentait ma confusion, Maman continue d’expliquer :

Certains hommes sont les êtres humains les plus merveilleux qui puissent nous arriver. Ils nous aiment et nous chérissent. Ils nous respectent. Ils nous protègent.

_Ils nous respectent. Ils nous protègent._

Ces mots résonnent dans mes oreilles. C’est ça dont elle parlait ? Est-ce que je viens de le voir me protéger ?

Quelque chose d’inconnu s’agite dans mon cœur. Quelque chose d’étrange. Je ne sais pas comment c’est arrivé, mais maintenant, en pensant à un garçon en particulier, je sens une chaleur m’envahir.

La cloche sonne, c’est l’heure de la pause déjeuner. Je soupire en rangeant mes livres dans mon sac.

Je n’arrive pas à me concentrer en cours tout à l’heure, car mon esprit est envahi par l’inquiétude pour Jake et son prochain match de football.

Et si l’entraîneur ne le laisse toujours pas jouer parce que sa blessure ne s’améliore pas ?

Ou même s’il est autorisé à jouer, et s’ils perdent le match parce qu’il n’est pas en condition physique ?

En sortant de la salle de classe, je me demande comment je vais lui parler.

Je ne l’ai toujours pas remercié de m’avoir sauvée, et je ne me suis toujours pas excusée pour ce qui s’est passé.

Par chance, alors que je me dirige vers mon casier, je le vois. Jake marche dans ma direction, son sac à dos en bandoulière sur son épaule.

Son bras gauche est enveloppé dans un bandage, attirant l’attention des passants qui se demandent ce qui a pu arriver au quarterback.

Oh non. Qu’est-ce que je fais ?

Je ne parle généralement pas aux garçons de mon lycée, et je n’ai jamais pensé devoir le faire avec Jake Spencer, surtout après l’avoir clairement mis dans un sale pétrin.

Qu’est-ce qu’il pense de moi maintenant ?

Alors que la distance entre nous se raccourcit, nos regards se croisent, et je retiens mon souffle, me préparant à tout ce qu’il pourrait dire. Et aussi à lui dire que je suis sincèrement désolée mais également reconnaissante qu’il m’ait sauvée.

Mais, étrangement, ses yeux et son expression restent indifférents, comme s’il ne me reconnaissait pas.

Il passe simplement à côté de moi, et je suis tellement focalisée sur lui que je ne me rends pas compte que je marche droit sur mon casier, mon visage s’y écrasant.

Les gens autour de moi éclatent de rire.

Merde. Ils doivent penser que j’étais trop hypnotisée par le prince du lycée.

Leurs visages expriment : « Rêve toujours. » Maintenant, je ne sais même pas ce qui me rend le plus rouge comme une tomate cuite — la douleur de l’impact, ou l’embarras.

Idiote que je suis. Je me rends compte maintenant que Jake ne m’a même pas reconnue.

C’est compréhensible, puisque j’avais le dos tourné dans le bus.

Si seulement je pouvais voyager sur une autre planète pour fuir cette humiliation, je le ferais sans hésiter.

Deux jours ont passé depuis l’incident, et je n’ai toujours pas trouvé le courage de parler à Jake.

Je ne sais pas pourquoi, mais depuis que j’ai appris qu’il ne m’a même pas reconnue, lui dire que j’étais la fille agressée par le pervers me semble humiliant.

Je me déteste pour avoir tant de mal à simplement dire « Merci » et « Désolée ».

En attendant le début du premier cours ce matin, je remarque Matt, l’un de mes camarades de classe qui fait aussi partie de l’équipe de football, entrer dans la salle. Il est accueilli par le délégué de classe.

Comment se passe l’entraînement de football ? Tout est bon ? demande le délégué en lui faisant un check du poing.

Ouais. Bonne nouvelle, d’ailleurs. Jake est de retour, donc on peut rester sur le plan initial. Je suis plutôt confiant pour ce vendredi, répond Matt avec un sourire en coin.

Mon cœur s’emballe d’excitation. Dieu merci.

Il s’avère donc que l’entraîneur donne encore une chance à Jake de diriger le match de vendredi. Je suis soulagée.

Le professeur arrive, et nous nous installons tous à nos places, prêts pour le cours.

Enfin, après ces jours de torture, mon cœur semble plus léger, comme si un énorme poids en avait été retiré.

C’est la veille du match que je décide enfin d’approcher Jake. Il mérite mon appréciation et mes excuses.

Les cours viennent de se terminer, et je me retrouve à le chercher.

Mon cœur tambourine fort contre mes côtes alors que je l’aperçois avec ses amis à l’extérieur de la cafétéria, en train de se détendre à une table en plein air.

Ils rient de quelque chose, et j’avale ma salive, m’avançant vers eux.

Une fois devant eux, je sens mon cœur battre comme si je courais un marathon.

Peut-être que ce n’est pas une bonne idée de faire ça devant les autres gars, car cela ne ferait qu’ajouter à mon embarras.

Mais je n’ai jamais eu l’occasion de lui parler en tête-à-tête, donc c’est ma chance. Je sens que je dois le faire avant le match de demain.

Attends. Il n’y a pas que des garçons ici. Il y a aussi une fille assise à côté de Jake. C’est Mélanie, sa sœur, qui mange joyeusement une glace.

Elle est encore en seconde, deux ans de moins que nous. Elle est comme la princesse du lycée, ressemblant à une véritable héroïne de conte de fées, avec ses cheveux blonds impeccables et ses yeux émeraude.

Beaucoup de garçons la convoitent, mais ils ont trop peur de se frotter à Jake.

Et sa présence ici n’aide apparemment pas du tout ma confiance en moi.

En bref, je me sens comme une extraterrestre debout devant toutes ces personnes.

Les gars n’ont même pas remarqué ma présence, mais Mélanie, si. Elle s’arrête de lécher sa glace et donne un coup de coude à Jake dans l’estomac.

Euh… Jake, je crois que quelqu’un veut te parler, dit-elle à son frère en me lançant un sourire chaleureux.

Donc, les rumeurs sont vraies. C’est un véritable ange.

Jake tourne son attention vers moi, et ses amis aussi. Leurs rires cessent net, tout comme mon cœur.

Merde. Ils me regardent tous. Moi, cette fille ringarde. Ils vont tous se moquer de moi, pas vrai ?

Je baisse les yeux, ajustant mes lunettes. Quand je les relève, je remarque que certains gars ricanent. Mais pas Jake.

Il attend que je parle, et son regard n’est pas intimidant. Il est attentif.