Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

Chapitre : 06

La voix du professeur résonnait dans la salle. Tout le monde était concentré, sauf Olive, qui ne suivait rien. La seule chose qu’elle voyait devant elle, c’était les mouvements de la bouche de ce dernier. Les sons ne lui parvenaient pas. Remarquant son absence, le professeur lui posa une question qui la fit sursauter.

– Mademoiselle Olive, vous ne répondez pas ? demanda-t-il.

– Monsieur, qu’est-ce que vous avez dit ?

– Soit vous êtes ici avec nous, soit vous êtes dehors. Si vous avez un problème, attendez la fin du cours pour le régler.

– Excusez-moi, monsieur, je vais vous suivre.

– Vous avez intérêt.

Le professeur reprit ses explications. Malgré ses mises en garde, rien ne rentrait dans les oreilles d’Olive. Lorsque la cloche sonna, tout le monde sortit, sauf elle. Elle prit son téléphone portable et essaya de joindre Kent, mais elle tomba encore et encore sur le répondeur.

La journée fut un véritable fardeau. À vingt heures, lorsque sa mère vint la chercher, Olive s’assit comme d’habitude à l’arrière de la voiture.

– Alors, j’imagine qu’il ne t’a pas écoutée ?

– Maman, il n’est pas venu en cours. Je pense que j’ai été un peu violente. Je n’aurais pas dû lui demander s’il était un espion.

– Chérie, calme-toi. Il finira par revenir.

– Et s’il ne revenait pas ?

– Ça voudrait dire qu’il a pris une décision : s’éloigner de toi pour ne plus croiser ton chemin et te montrer qu’il n’est pas ce que tu penses.

– Y a-t-il une forte chance que ce que j’ai dit soit vrai ?

– Juste vingt pour cent. Et quatre-vingts pour cent qu’il veuille s’éloigner de toi pour te donner de l’espace. Mais ne t’inquiète pas, il finira par revenir. Tu sais où il habite ?

– Non, maman, je ne connais pas son adresse, mais il est du quartier.

– Tu finiras par le croiser.

Arrivées à la maison, Olive monta dans sa chambre. Elle n’avait même pas l’intention d’apprendre ni d’avaler quoi que ce soit ce soir-là.

***

Assis devant son ordinateur portable, les dix doigts sur le clavier, Clark faisait des recherches lorsque Kent le rejoignit.

– Quand veux-tu reprendre les cours ?

– Dans une semaine. Je pense que c’est suffisant pour prendre mes distances avec elle. Tu penses que c’est une bonne idée ?

– Je ne saurais te le dire, frère, mais si tu juges que c’est nécessaire, je ne peux que te soutenir.

Kent hocha la tête, saisit la télécommande de la télévision et l’alluma, se concentrant sur les images qui défilaient à l’écran.

***

Quelques jours plus tard...

L’absence répétée de Kent avait creusé un vide douloureux dans le cœur d’Olive. Chaque jour sans lui ressemblait à une pièce manquante dans le puzzle de sa vie. Elle le cherchait partout, dans les regards des autres, dans les silences de la salle de classe, mais il n’était nulle part. C’était comme si une partie d’elle, une part essentielle, lui avait été arrachée, emportée avec lui dans son éloignement.

Ce matin-là, assise en classe, les mots du professeur résonnaient dans un lointain brouillard. Olive fixait son cahier, les yeux perdus, les pensées tourbillonnantes. Une question obsédante lui vrillait l’esprit, sans répit, sans réponse.

– Suis-je vraiment amoureuse ? murmura-t-elle intérieurement, le cœur serré.

Elle sentait une chaleur lui monter aux joues, un mélange de confusion et de tristesse. Et si tout cela n’était qu’une illusion ? Et si ce qu’elle ressentait n’était que de l’estime, de l’admiration, et non cet amour qui lui faisait si mal ?

Perdue dans ses pensées comme dans un rêve infini, une silhouette entra dans la salle. Lorsque le regard d’Olive se posa sur ce dernier, elle sentit son cœur danser dans sa poitrine. Était-ce un rêve ? Ou son imagination ? Non, ce n’était ni un rêve ni une illusion. C’était bien Kent.

Ce dernier marcha et, au lieu de saluer Olive, la dépassa et alla s’installer derrière elle. Chaque fois qu’elle tentait de regarder en arrière, leurs yeux se croisaient, mais Kent détournait aussitôt le regard. Lorsque le premier cours fut terminé, Kent prit son sac et sortit sans prêter attention à Olive.

Ne pouvant supporter cette indifférence, Olive prit son courage à deux mains et le suivit jusqu’au jardin.

– Bonsoir, Kent, fit-elle avec un sourire triste.

– Bonsoir, répondit Kent, le visage fermé.

– Je peux m’asseoir ?

Il hocha la tête.

– Merci, souffla Olive en prenant place à ses côtés. Kent, je tenais à te présenter mes excuses les plus sincères. Je suis tellement désolée de t’avoir traité d’espion ou d’avoir imaginé des choses sur toi. Ton absence m’a beaucoup attristée. Je suis vraiment désolée.

Kent ne pipa mot.

– S’il te plaît, dis quelque chose.

– Tu veux que je dise quoi, Olive ?

– Que tu acceptes mes excuses. Que tu me croies quand je dis que je suis sincèrement désolée d’avoir affirmé ces choses sur toi.

– Tu as dit ce que tu avais dit, Olive. Mais crois-moi, je ne t’en veux plus. Maintenant, si tu peux me laisser seul, je t’en serais reconnaissant. Tu veux bien partir ?

– Je suis sincèrement désolée.

Kent la regarda. Il sentit le cœur d’Olive se serrer et comprit immédiatement qu’elle était sincère, mais il ne pipa mot. Olive se leva alors et s’éloigna.

Après quelques minutes, Kent retourna en cours sans adresser un mot à Olive.

À la fin des cours, alors qu’Olive était assise sur un canapé dans le jardin, attendant sa mère, elle sentit une main sur son épaule.

– Tu viens ? demanda une voix.

Elle se retourna doucement et fut surprise de voir Kent.

– J’attends ma mère, merci.

– Laisse-moi te déposer.

Sans ajouter un mot de plus, elle se leva et suivit Kent jusqu’à sa voiture. Il démarra le moteur et prit la route. Un silence s’installa, seulement troublé par le bruit du moteur. Kent jeta un regard à Olive, qui observait le paysage défiler.

– Olive, je sais que tout à l’heure je t’ai demandé de me laisser seul, mais j’aurais pas dû. C’est à ce moment-là que j’ai compris que tu étais vraiment désolée et que tu t’en voulais. Je me suis dit que te raccompagner serait la moindre des choses.

Olive tourna la tête vers lui.

– Je t’ai compris, Kent. Tout ça ne serait pas arrivé si je ne t’avais pas accusé de quelque chose que tu n’es pas.

– D’une certaine manière, tu avais des raisons de douter, vu la façon dont on s’est rencontrés.

– Tu sais ? Tes absences répétées en cours m’ont pesé. Je me suis demandée si j’étais responsable, si tu comptais abandonner à cause de moi. Tu ne décrochais pas, tu ne répondais pas à mes messages, et j’étais complètement perdue. Quand je t’ai vu ce matin, j’étais tellement heureuse. Je m’attendais à ce que tu me salues, que tu viennes t’asseoir près de moi, mais tu ne m’as même pas regardée. Et au jardin, après ce que tu m’as dit, ça m’a attristée.

Elle s’interrompit un instant, observant Kent, dont le regard restait fixer sur la route.

– Olive, tu n’as plus besoin de t’excuser. Je suis de retour maintenant. Et crois-moi, j’ai essayé de m’éloigner de toi, mais je n’ai pas pu. J’ai voulu répondre à tes messages, prendre tes appels, mais j’avais peur que tu me voies encore comme un espion. Olive, il faut que je t’avoue quelque chose. Je pense que…

Le téléphone d’Olive sonna, coupant net ses paroles. Elle le prit et jeta un coup d’œil.

– C’est ma mère.

– Décroche.

Elle répondit.

– Allô, maman… Oui… Je suis avec Kent… Non… Il va me déposer… À tout à l’heure.

À peine raccrocha-t-elle que la voiture s’arrêta devant chez elle.

– Tu voulais me dire quelque chose ?

– Une prochaine fois.

– Merci de m’avoir déposée.

Elle sortit, fit un signe de la main à Kent, qui redémarra et s’éloigna.

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.