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Une semaine depuis que je suis à Dakar et que je suis enfermée dans la maison de Moulanie. Je n'apercevais la rue que par les fenêtres.
J'ai besoin de sortir d'ici, prendre l'air, respirer, voir la rue, du monde.
Pas étonnant que Moulanie s'ennuie dans sa propre vie car mis à part Hariss, son appétit sexuel demesuré et anormal et le fait qu'il soit anormalement collant, il n'y a absolument rien d'autre qui puisse l'occuper ou lui permettre de s'épanouir.
Pire que la mienne.
Moi je n'ai pas de petit copain, je ne suis pas active (mis à part ces quatre jours ci) sexuellement, mais j'ai deux travails que j'adore par dessus tout et des amies avec qui je sors et m'éclate.
Je ne comprends pas comment elle peut passer ses journées à ne rien faire. Mais bon, Moulanie n'est pas seule aussi dans sa tête, elle peut se faire la causette toute seule et refaire le monde avec elle même
Hariss part au travail le matin ou est en voyage quelques fois et elle ne fait rien d'autre que se coucher et se lever dans sa maison toute seule.
Et j'en fais toujours les frais car on est H24 connectée elle et moi, même quand je travaille.
Je la connais paresseuse mais là....
J'avais besoin d'être un peu loin de Haris pour pouvoir m'occuper de son cas.
Elle n'avait donné aucun signe de vie depuis une semaine qu'on s'était quittées à Paris.
Ce qui n'était pas du tout dans ses habitudes car peu importe où elle se trouvait, on se parlait mine de rien deux à trois fois par jour par appel vidéo ou texto via WhatsApp. Et là, j'étais vraiment inquiéte.
Hariss interrompit mes pensées
-Moula, dis moi que se passe t-il avec Guila. Vous vous êtes sevrées ou quoi?
-pourquoi dis-tu cela?
-depuis que tu es revenue, pas d'appel vidéo ni d'appels interminables à vous raconter des trucs même les plus banales. Ça m'étonne.
Je me levais alors et allais vers lui. J'enlaçais son cou de mes bras avant de lui donner un bisou.
-tu ne m'en as pas donné le temps, lui dis-je avant de me détacher de lui. Guilanie est en congés et elle est partie en voyage avec sa copine. Du coup, elle m'oublie...voila; terminais-je avec la mine triste.
-oh t'inquiéte pas, je suis sûre qu'elle pense à toi comme tu le fais. En plus ça fait juste une semaine que t'es rentrée, fit-il en passant de maniére doux ses mains sur ma tête.
-si tu le dis...
Au même moment mon téléphone sonna.
Un message.
J'ouvris
《Alors ça gére? Désolée pour ce petit imprévu mais j'ai bientôt fini. Gros bisous. MOULA ou GUILA, comme tu veux.》
-qu'est ce qu'elle raconte ta sœur? Fit Hariss en me devisageant gravement.
Au même moment mon téléphone sonna.
Sauvée par le gong.
J'avais le numéro sénégalais de Moula et utilisais en même temps mon numero de la France sur Whats'APP pour au cas où on aurait besoin de moi pour le taf.
Mais un autre probléme venait se faufiler à l'horizon, de maniére immédiate.
Ma tante m'appelait sur What'App et j'étais encore dans les bras de Hariss.
-Allo, Guilani. Ça va ma fille?
Je diminuais au mieux le volume de l'appel, Hariss était collé à moi et j'avais peur qu'il entende.
-oui Tata, ça va.
-Guilanie, tu vas bien? Ça fait longtemps que tu n'as pas donné de nouvelles. Comment ça va? Insista t-elle.
-ça va Tata, je vais trés bien. C'est vrai, j'étais trés occupée ces temps ci motah.
Hariss eut un petit sourire au coin des lévres avant de m'embrasser dans le creux de l'épaule.
-et ta sœur Moulanie, guedioko deeg? Mom deih soko wowoul doula wo. (Et ta sœur, tu as de ses nouvelles? Si je ne l'appelle pas elle ne le fait pas)
Non mais comment peut-on appeler quelqu'un qui se trouve à Paris pour lui demander des nouvelles de quelqu'un qui se trouve à côté de soi? Vraiment!
Je me degageais doucement des bras de Hariss qui me tenait collée à lui par la taille et allais vers le frigo pretextant chercher quelque chose, je chuchotais
-Moula, elle doit sûrement être absorbée par Hariss. On s'est entendue hier rek. Elle va bien deih, elle est juste distraite tu la connais. Je vais lui dire de t'appeler.
-non laisse, je vais l'appeler aprés avoir raccroché avec toi et je pense même que je vais passer la voir car j'ai des choses à lui dire.
Mon cœur rata un battement.
-d'accord fais ça oui, fis-je d'une petite voix.
Je raccrochais et desactivais la sonnerie du téléphone.
-dis moi chérie, ça te dirais de sortir un peu, prendre l'air, manger dehors...je sais pas mais j'ai envie de prendre l'air.
Il fallait que je sorte pour éviter que ma tante debarque ici.
-d'accord, on y va.
Une heure plus tard, on était pret.
Juste au moment de sortir, un petit garçon vient tendre une enveloppe à Hariss en lui disant
-c'est Mr Haddal qui vous l'a donné.
-merci petit lui repondit-il. Qu'est ce que c'est que ça encore?
Il l'ouvrit dans l'ascenceur et commença à le lire.
《Mr Diop
Suite à de nombreux bruits constatés au dessus de notre logement toute ces nuits et la nuit durant et récemment le long de la journée, nous avons parlé à notre voisin du dessus qui nie que les bruits proviennent de chez lui.
Je reviens donc vers vous pour la deuxiéme fois.
Nous sommes des retraités avec des problémes de santé. Nous avons besoin de sommeil et de calme surtout la nuit. Chose qui nous fait defaut en ce moment. Afin de regler ce probléme à l'amiable et dans le respect de chacun, je vous envoie cette lettre dont j'ai fait une copie que j'enverrai au bayeur si jamais le probléme n'est pas resolu afin qu'il puisse statuer sur cela.
Afin de vivre ensemble dans le respect et la paix, merci de votre compréhension, Mr Diop.
