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CHAPITRE 6

Chez les Arikè, le temps était diablement beau. Tout était calme. Clara, la sœur de Linda était à la cuisine, en train de préparer le repas du soir. La mère était au salon avec le père. Linda était quant à elle, dans la chambre à coucher. Elle devrait normalement seconder sa sœur comme d’habitude à la cuisine. Mais ce soir-là, elle avait plutôt rejoint la chambre à coucher, laissant seule sa grande sœur en cuisine. Assise sur le lit, elle se souvenait de ses coups de cœurs de la journée. Tantôt, elle se voyait debout, en train d’échanger de propos avec le plus brillant de sa classe.

– C’est vraiment étonnant ! s’exclama-t-elle. Je me rappelle de la première fois où ce jeune garçon, cet élève vaillant et brillant m’a parlé pour la première fois.

Un sourire lui fendit les lèvres. Dans ses imaginations, elle se voyait en compagnie du jeune garçon.

– Moi, enfant du pauvre, c’est de moi que l’enfant du directeur est tombé amoureux ! Pourquoi n’a-t-il pas choisi quelqu’une d’autre ? En tout cas, je m’en fiche des conséquences.

Linda était seule dans la chambre mais levait le ton comme si elle était en compagnie de quelqu’un.

– En tout cas, cette lettre, je vais la garder en souvenir. Je peux tout perdre mais jamais elle. Je la garderai jalousement. Je prendrai bien soin d’elle jusqu’au jour de notre mariage.

Soudain, la porte claqua et fit apparaître sa grande sœur.

– Que fais-tu dans la chambre pendant que je suis en train de travailler à la cuisine ?

– Je suis désolée, Clara, j’étais en train de faire mes exercices.

– Quels genres d’exercices ?

– S’il te plaît Clara, j’ai déjà fini et je m’apprêtais déjà pour te…

– Tais-toi !

Sur ce, Linda se calma et ne dit plus mot. La sœur la considéra un instant et s’en fut, colère sur le cœur. Linda cacha la lettre après que sa sœur était sortie de la pièce.

***

Chez les Sonon, la nature était aussi au calme. Le silence était au top ce soir-là. Père et mère se taquinaient autour de la table à manger. La petite sœur d’Angel, un œil dans son assiette et l’autre sur les parents, mangeait elle aussi son macaroni. Certes, il y avait Angel qui était un peu triste devant son repas. Le père, ayant vite fait la remarque, l’appela calmement et lui demanda pourquoi il ne mangeait pas.

– Non, papa, je n’ai pas l’appétit.

– Et pourquoi ? lui demanda le père, ébahi.

– J’ai des soucis ! s’exclama-t-il.

L’étonnement du père s’agrandit aussitôt.

– Toi, à ton âge et tu as déjà des soucis ?

– Papa, l’âge importe peu quand il s’agit de souci.

– Ah bon ?

– Oui papa !

– D’accord ! Peux-tu me dire ce qui fait l’objet de ton souci ?

– Pas la peine de t’en parler, maman en sait quelque chose.

Surprise sur surprise, le père tourna la tête et fixa la mère droit dans les yeux.

– J’espère que tu as entendu ce que je viens d’entendre !

– Que venait-il de dire ? s’enquit la mère.

– Que tu en sais quelque chose de son stress.

Après une profonde inspiration, la mère racla la gorge et…

– Oui c’est vrai, avoua-t-elle ; c’est une affaire que je juge privée, répondit la mère toute souriante.

– D’accord ! Dans ce cas, je ne vais pas me mêler de votre affaire, dit le père en se levant des lieux.

Adolphe disparut de la pièce après avoir saisi son téléphone sur la table.

– Maintenant que ton père est parti, parle-moi ! Alors pourquoi tu es stressé, je veux savoir ?

– Au fait, quelque chose me dit que je vais perdre Linda et j’ai trop peur de la perdre.

– Comment vas-tu la perdre ?

– Maman, as-tu entendu ce que papa a dit hier ?

– Je ne me rappelle pas ! Qu’avait-il dit ?

– Maman, ne joue pas à la maligne s’il te plaît ! Je sais bien que tu t’en souviens correctement.

– Sérieux ! Ton père a beaucoup parlé hier ! Je ne sais donc pas ce que tu as pu garder de tout ce qu’il a dit et qui te crée tant de soucis dans l’esprit.

– D’accord, je vais te le rappeler ! Alors, te souviens-tu qu’il a dit hier qu’après mon CEP, j’irai à l’extérieur ?

– Non ! Tu as certainement mal entendu ! Il n’a pas dit après ton CEP. Il a plutôt dit, après ton BEPC.

– Tu es sûre, maman ?

– En quoi vais-je te mentir ? Je suis sérieuse !

– Maman, tu ne dis pas la vérité. Papa a bien dit qu’après les résultats du CEP.

– Sérieux ?

– Très sûr, maman !

– D’accord, et que veux-tu maintenant ?

– Je n’ai plus aucun espoir, maman ! Ce monsieur a déjà opéré son choix. Que je le veuille ou non, je partirai.

– D’accord, je comprends ton inquiétude. Mange ton repas. Je vais discuter avec lui et tu n’iras plus nulle part.

– Maman, je connais bien papa, tant qu’il a déjà décidé, tu ne réussiras plus à le convaincre, crois-moi.

– Ne doute pas ; si tu doutes, tu vas perdre la bataille.

– D’accord, maman !

– Mais promets-moi une chose, Angel.

– Quoi donc, maman ?

– Promets-moi que tu te donneras aux études dès que je réussirai à convaincre ton père.

– Maman, c’est promis.

– Puis-je te faire confiance ?

– Maman, t’ai-je une fois désobéie dans cette maison ?

– Je le sais ! Mais c’est bien possible que l’on fasse un jour ce qu’il n’a jamais fait de toute sa vie !

– C’est vrai, tu as parfaitement raison. Mais puisque c’est moi, fais-moi confiance.

– D’accord, je te ferai confiance ; maintenant mange !

– Ok ! Et merci beaucoup de ton soutien, maman.

– C’est mon devoir, fiston ! Une bonne mère, avec des conseils à l’appui, a le devoir soutenir son fils dans ses choix.

– Merci, maman ; tu es la meilleure !

Pendant ce temps, Ruth, la petite sœur d’Angel avait déjà fini de manger et observait sa mère et son frère dans leur entretien.

***

Deux jours plus tard et c’était lundi. Tous les élèves, après les cérémonies des couleurs, avaient tous rejoint leur classe respective. De son petit coin, Angel n’arrêtait pas de lancer de petits coups d’œil à l’endroit où était assise Linda.

Au bout de quelques heures, il sonna dix heures, l’heure des récréations. Monsieur Adolphe donna l’ordre à ses apprenants pour aller manger. Ces derniers, sous l’ordre de leur enseignant, avaient commencé par sortir de la classe.

Angel, se pressant les pas, alla se pointer à la portière. Lorsque Linda l’approcha pour passer à côté de lui, il l’interpela. Tout sourire, l’appelée vint à son adresse.

– Oui Angelo, tu as dit quoi ?

– Rien ! Je voulais juste te demander si on peut ensemble aller manger à la cantine ?

– S tu veux ; ça ne me dérange pas, moi ! Mais je n’ai que cent francs.

– Ne t’inquiète pas, nous allons manger un repas dépassant ce misérable argent.

La petite sourit et ensemble, ils prirent la direction du réfectoire.

– Tu proposes quoi comme manger ? questionna Angel.

– Que veux-tu qu’on prenne ?

– Je ne sais pas ! Propose un mets s’il te plaît !

– Voudrais-tu que j’en propose vraiment ?

– Oui, Linda, proposes-en !

– Mon cher, tu ne pourras pas supporter la facture alors propose.

– J’en supporterai parce que j’ai beaucoup d’argent.

Linda, devant les propos de son interlocuteur qui l’excitait de rire, pouffa de rire.

– D’accord, achète du riz, on va manger et quitter.

– Du riz sans poisson et sans viande ?

– Ça ne vaut pas la peine !

– Pour moi, cela en vaut ! En ce cas, achetons du riz avec du poisson et de la viande.

– Hum ? Ce sont les maîtres qui mangent la viande !

– Et pourquoi pas nous ? Ou n’avons-nous pas les dents ?

– Oui, mais…

– Arrête, ma chérie ! On va manger du riz accompagné de la viande. S’il vous plaît maman, faites-nous deux plats de riz de cent francs et ajoutez-y un morceau de viande. À combien coûtent d’ailleurs vos morceaux de viande ?

– Il y a pour cent francs et pour deux cents, répondit la bonne dame.

– D’accord ! Servez-nous ceux de cent francs et faites une complémentarité de poisson.

– D’accord !

La dame les servit et face à face, les deux écoliers amoureux mangèrent à satiété.

– Bien, on va en classe n’est-ce pas ? questionna Angel.

– Oui ! Et merci beaucoup de m’avoir offert ce plat garni de viande et de poisson.

– Pourquoi tu me remercies ? C’est plutôt un plaisir pour moi de passer cet agréable moment avec toi !

– Le plaisir est alors partagé !

– Ne t’inquiète pas ! Mon seul souci, c’est qu’il n’arrive rien qui puisse nous séparer.

– C’est aussi ma prière ! Je veux bien qu’on soit papa et maman comme tu l’as dit dans ta lettre. Mais j’ai peur de ton père et de ta mère.

– Et pourquoi ? Pourquoi as-tu tout le temps peur ?

– J’ai peur qu’ils ne rejettent pas nos désirs !

– Papa ne peut rien ! Maman, quant à elle, sait déjà que tu es ma meilleure amie.

– Ah bon ? Tu lui en as parlé ?

– Oui !

– Et elle a dit quoi ?

– Elle est d’accord ! Elle a même béni notre mariage.

– Waouh ! Que c’est génial !

– Vraiment génial ! Allons en classe !

– Ok !

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