CHAPITRE 5
– Oui, fais-moi confiance.
– Mais une chose ?
– Quoi encore ?
Linda, fixant son interlocuteur droit dans les yeux, lui sourit et lui dit :
– Il ne faut pas me laisser après, s’il te plaît.
– Linda, au nom de Dieu, je ne vais pas te laisser.
– Et s’il arrivait et que tu me laissais un jour ?
– Si je te laissais, que le diable joue sa mélodie dans ma tête.
– Tu es sérieux ?
– Oui, parce que je sais que je ne vais jamais te laisser tomber.
– Tu es très sérieux là ?
– Oui, je suis sincère.
– D’accord, tes mots me réjouissent.
– Viens, nous irons nous asseoir à ma place.
– Non, cette fois, c’est à ma place que nous allons-nous asseoir.
– D’accord, allons-y.
Les deux nouveaux amoureux se dirigèrent vers une table et prirent enfin siège. Quelques minutes plus tôt, la classe commença par se peupler de monde.
– Il faut que je retourne à ma place, dit le gamin.
– D’accord ! Et tu sais, je ne comprends même pas pourquoi Bella nous regardait depuis.
– Ne t’inquiète pas, peut-être qu’elle est jalouse de nous.
– Jalouse ?
– Oui ! À tout à l’heure, Linda !
– Oui à tout à l’heure Angelo.
– Ce n’est plus Angel ? s’étonna le garçon.
– Non. Tu es Angel pour les autres, mais à moi seule, tu es Angelo !
Le jeune garçon pouffa un rire et s’esquiva.
– Linda, je ne te comprends pas ; tu es désormais devenue la femme d’Angel ?
– Pourquoi cette question, Bella ?
– Rien ! C’est parce que je ne vous comprends plus. Depuis le matin, vous êtes collés on dirait un nouveau-né attaché à sa mère.
– Et j’espère que ça ne te dérange pas !
– Non, pas du tout !
– Alors, détache-nous de ton regard et occupe-toi de tes affaires, ok ?
– Linda, sais-tu que tu es parfois arrogante ?
– C’est mon affaire, alors ne me juge pas s’il te plaît.
– Oh, ton affaire ! Je vais te dénoncer au directeur que tu manigances quelque chose avec son enfant, crois-moi.
– Oh mon Dieu ! Qu’attends-tu pour aller le voir ? Va vite ! De n’importe quoi ! Tu penses que je vais avoir peur ? Mon œil !
– Hum ? Mais…
– Assez maintenant, ça suffit ! Occupe-toi de ton cahier et cogne-nous la paix.
***
Dix-sept heures.
Comme tous les soirs, papa Angel ne rentrait jamais immédiatement à la maison comme ses collègues à la sortie des classes. Étant nommé chef de l’école, certaines responsabilités lui avaient été admises et qui l’obligeaient tous les jours à faire des escales sur la ville avant de rentrer à la maison. Il rentrait à la maison parfois à dix-neuf heures et quelquefois, à vingt heures.
Et puisque la distance séparant l’école de la maison était un peu kilométrique, papa et maman Angel s’étaient entendus sur certaines bases où, à chaque midi et à chaque dix-sept heures, maman Angel devrait tous les jours passer à l’école chercher son garçon et sa fille qui était en deuxième année.
Comme à la routine, s’impatientait déjà la mère d’Angel sur le portail, guettant la sortie de son fils pour le remorquer dans sa Mercedes. Depuis quinze minutes, la maman était arrivée. La sœur d’Angel était déjà à bord du véhicule. Dans la cour, Angel traînait encore les pas. Cette fois, il était accompagné de sa nouvelle amie. Tous deux, ensemble, traînaient les pas. Or, même si Linda ignorait qu’il y avait quelqu’un sur le portail qui serait en train d’attendre son compagnon, Angel, lui, tout au moins, en était conscient. Pourtant, il avait choisi de traîner les pas.
– Linda, voilà qu’aujourd’hui c’est le dernier jour des classes et on ne pourra pas se voir ni demain ni après-demain, s’inquiéta le jeunot.
– C’est vrai, Angelo ! Mais tout compte fait, on se verra lundi !
– C’est aussi vrai ! Alors je te souhaite bon week-end.
– Merci, Angel ! Et bon week-end à toi aussi.
– Merci !
Les deux écoliers, mains serrées, entretenaient jusqu’à arriver sur la pelouse externe du portail.
– Oh Angelo, s’écria Linda, ta maman est déjà là !
– Oui, je le savais !
– Nous lui avions sûrement déjà perdu trop de temps ! Va monter vite !
– Tout compte fait, elle ne va jamais rentrer sans moi, ironisa-t-il.
– Tu es sérieux ? En tout cas, vas-y et à lundi.
– Oui à lundi !
Les deux amis se séparèrent l’un de l’autre. Angel monta à bord du véhicule et, la mère, sans attendre une seconde, démarra le moteur et monta sur le pavé. Linda, debout à la même place, regardait la voiture s’avancer pendant qu’Angel, par la vitre, lui faisait au revoir de la main. Tout sourire, Linda lui retourna un ciao de la main.
– Maman, ma joie est si grande si tu pouvais l’imaginer, disait Angel à sa mère.
– Puis-je avoir une idée sur cette chose qui t’inspire de joie ?
– Oui, maman, j’ai enfin gagné le cœur de la fille dont je t’avais parlé.
– La nommée Linda ?
– Tu te rappelles même encore du prénom ; oui, Linda !
– Tu as pu lui dire que tu l’aimes enfin ?
– Oui, maman, je l’ai fait.
– J’aime ton courage et ta détermination, mon petit !
– Merci maman.
– Mais dis-moi comment tu es arrivé à rompre ta peur ?
– Je n’ai pas su me tenir devant elle ; je le lui ai dit à travers un message.
– Et tu lui as dit quoi ?
– Que je l’aime ! Je ne lui ai pas raconté que ma maman à une voiture et que mon père en a deux et que nous vivons dans une belle villa et tout !
– Wouah, alors c’est bien ! Et elle a accepté ?
– Oui maman ; elle a accepté.
– D’accord, c’est une très bonne nouvelle ! Que Dieu vous unisse pour le meilleur et pour le pire.
– Amen et merci maman.
