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3-

Je me tenais devant la photocopieuse, la lumière pulsée éclairant la pièce en rythme, accompagnée du bourdonnement familier de la machine. Mes doigts tapaient doucement sur le bord de l’appareil. Tac. Tac. Il était bien au-delà de l’heure de sortie, mais il me restait encore quelques contrats à copier avant de pouvoir enfin rentrer. La plupart de mes collègues étaient déjà partis, seuls quelques-uns traînaient encore dans les bureaux voisins. Mais eux aussi ne tarderaient pas à filer.

Je fermai les yeux un instant et glissai ma main sur ma nuque, là où la tension s'était logée, douloureuse. Mes épaules étaient tendues comme des cordes prêtes à céder. Et je ne pouvais m’empêcher de penser à Mark, à Deacon… et à Grayson.

J’avais pris des notes pour eux cet après-midi, durant une réunion, et j’aurais juré que leurs regards n’avaient cessé de se poser sur moi tout du long. C’était peut-être mon imagination, mais cette sensation m’avait rendue nerveuse, fébrile, à fleur de peau.

Évidemment, j’avais envie de croire qu’ils me regardaient parce qu’ils me désiraient. Pas simplement pour s’assurer que je faisais bien mon travail.

J’expirai doucement et rouvris les yeux, juste au moment où le flash blanc de la photocopieuse me frappa brièvement la rétine. Quand les copies furent terminées, je ramassai la pile de documents et me retournai.

Mon cœur se bloqua dans ma gorge.

Un hoquet de surprise m’échappa lorsque je le vis, là, dans l’encadrement de la porte. Grayson. Appuyé contre le chambranle, les bras croisés, les muscles tendus sous sa chemise retroussée jusqu’aux avant-bras. Il n’avait pas sa veste, juste cette chemise qui moulait ses épaules larges et sa silhouette athlétique. Ses hanches étroites. Et ses yeux… bleus, perçants, plantés dans les miens.

Je n’aurais pas dû baisser les yeux. Mais je l’ai fait. Et ce que je vis me fit rougir jusqu’aux oreilles. Son pantalon était ajusté. Trop ajusté. Et ce qu’il dissimulait ne l’était pas très bien.

On resta là, figés, à se dévorer du regard. Mon souffle devint plus court. Plus irrégulier. Mes tétons se durcirent sous ma blouse. Une chaleur moite envahit l’espace entre mes cuisses. Rien qu’à sa présence dans la pièce, sans même un mot échangé, mon corps réagissait, incontrôlable.

— Tu travailles tard, dit-il d’une voix grave, rauque, presque féline.

Je passai ma langue sur mes lèvres et hochai la tête. Impossible de parler sans trahir le trouble dans ma voix.

Il fit un pas vers moi, et l’air sembla s’alourdir, chargé d’électricité.

Des perles de sueur commencèrent à naître entre mes seins, et je sentais mon souffle s’accélérer encore. Il le voyait. Je le savais. Il sentait chaque frémissement en moi.

— Oui… soufflai-je. Je termine juste les copies des contrats de tout à l’heure.

Il hocha la tête, mais ses yeux ne me lâchèrent pas.

— J’ai quelques documents à te faire relire. Dans mon bureau. Tu viens ?

Sa voix… profonde, assurée, autoritaire. Mais ce viens… Dieu, mon esprit l’avait tout de suite interprété autrement.

Je déglutis, rougissante, et hochai la tête une nouvelle fois. Toujours sans trouver la force de parler.

Il resta quelques secondes à m’observer, puis se détourna. Et je le suivis.

Mes mains moites glissèrent sur le tissu de ma jupe. J’étais nerveuse. Excitée. Mon désir pour ces hommes, pour lui, commençait à m’envahir totalement. Et je savais que si je n’y prenais pas garde… je tomberais tête la première.

GRAYSON

Je la fis entrer dans mon bureau, refermai la porte derrière elle, et tentai de maîtriser le feu qui grondait en moi.

Elle jeta un coup d’œil autour d’elle, sans dire un mot, et je passai près d’elle, frôlant au passage une mèche de cheveux échappée de son chignon. Un contact à peine perceptible, mais qui me fit frissonner.

Je m’approchai de mon bureau pour saisir le dossier. Je devais simplement le lui tendre, me contenter de ça. Mais j’en étais incapable.

J’avais attendu trop longtemps. Trop retenu. Et je savais maintenant que je ne pouvais plus faire semblant. Pas avec elle.

Je n’avais aucune idée de ce que Deacon ou Mark décideraient de faire, s’ils allaient eux aussi se jeter à l’eau. Mais ce soir… elle était là, dans mon bureau. Et je refusais de continuer à taire ce que je ressentais.

C’était le moment. Le moment de lui dire, de lui montrer. Et si elle devait me repousser, me coller un genou entre les jambes… tant pis.

Quand je revins face à elle, j’entendis aussitôt son souffle s’accélérer. Elle aussi ressentait quelque chose. Elle aussi était troublée.

Il y avait chez Sophia ce quelque chose qui me bouleversait. Putain, je la voulais. Dans mon lit. Dans ma vie. Dans chaque putain d’espace de mon existence.

Et je savais qu’elle m’appartenait. Même si elle partageait quelque chose avec Mark ou Deacon… Je savais qu’une part d’elle serait à moi. Et cela me suffisait.

Depuis qu’elle était entrée dans nos vies, je n’avais couché avec personne d’autre. Des années de silence. De frustration. Mais elle en valait chaque seconde.

Sans réfléchir, porté par cet instinct sauvage qui montait en moi, je levai la main et posai mes doigts sur sa joue. Sa peau était chaude, douce. Elle aspira une bouffée d’air, surprise, mais elle ne recula pas.

Et moi, je savourai sa réaction.

Je n’étais plus là pour observer, pour attendre. J’étais prêt à me dévoiler. À la revendiquer. À lui montrer que je la voulais, que je la désirais. Que je la choisissais.

Restait à savoir si elle me laisserait franchir cette ligne.

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